20/11/2006
C'est le pied
PARIS (AFP) - L’idée de marcher debout date de la plus haute antiquité et même plus. Il paraîtrait que le pied (le notre) est un organe incroyablement efficace et que nos pas sont très économes en énergie puisque, a relevé le spécialiste belge Marc Libotte (un nom prédestiné) : « un petit sachet de cacahouètes suffit pour marcher pendant deux heures.»
Certes, certains reptiles et des dinosaures étaient bipèdes, les oiseaux et les kangourous le sont également ainsi que gorilles, chimpanzés, orangs-outans ou encore les ours et les caniches qui se redressent de temps à autre.
Mais cela n’a rien à voir... eux n’ont jamais pensé à faire griller les cacahuètes.
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19/11/2006
Laboureur de nature
Bravo JPaul.
Il s'agit bien du Pantagruel, deuxième livre de maître Alcofribas Nasier,
abstracteur de quintessence,
autrement connu sous le nom de Rabelais
dans un texte très...
rabelaisien.
Dans la vie il y a la bonne chair et les plaisirs de la chair.
« Les autres enflaient, mais en longueur, du membre qu'on nomme le laboureur de nature, de telle sorte qu'ils l'avaient prodigieusement long, grand, gras, gros, vert et dressé à la mode antique, si bien qu'ils s'en servaient de ceinture, s'en entourant le corps cinq ou six fois; et quand il était en forme et avait le vent en poupe, à les voir vous auriez dit que ces gens tenaient leurs lances sur l'arrêt pour jouter à la quintaine.
Et de cette race, on n'en trouve plus, comme le disent les femmes, car elles lamentent continuellement qu'
Il n'en est plus de ces gros, etc.
vous savez le reste de la chanson.
D'autres se développaient des couilles si démesurément qu'avec trois on remplissait bien un muid. C'est d'eux que descendent les couilles de Lorraine, qui ne restent jamais dans les braguettes : elles tombent au fond des chausses.
* texte mis en françois moderne.
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18/11/2006
Irak
LOS ANGELES (AFP) - "Nos résultats préliminaires semblent montrer qu'en manipulant les substances chimiques sur les fourmis, nous pouvons interrompre leur coopération et provoquer une guerre civile à l'intérieur de ces colonies géantes"
C'est ce qu'a affirmé M. Shea lors du congrès de la Société américaine de chimie. Selon les chercheurs les 1.200 fourmis cobayes ainsi traitées se sont battues et décapitées.
C'était donc ça... la raison de la guerre en Irak... ils testaient une méthode pour se débarrasser des fourmis venus d'Amérique du sud. En Irak, en tout cas, ça a bien marché.
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17/11/2006
Château lapin
Le vicomte de Lapereau qui, entre parenthèse, préférait qu’on l’appelle d’Ouble car il n’avait jamais aimé son zoonyme*, le vicomte donc, a fait construire ce château sur le modéle de Vaux le Vicomte, au début du XIXième siècle, au lieu dit Ouble, après avoir asséché le marais environnants. Sur la droite, vous pouvez voir ces charmantes miniatures accrochées à une cimaise*. Je vous laisse deviner le thème de cette collection de portraits… Eh oui, madame a raison, enfin presque, ce ne sont pas des animaux humains mais des gens à zoonyme : madame Vache pour l’élégante dénudée à gauche, monsieur Caniche pour le barbu à l'oeil de satyre du milieu et les frères Chameau sur cet élégante toile du XVIII ième.
La salle dans laquelle nous entrons, qui a longtemps servie de boudoir à la vicomtesse est appelée la salle des phéromones* à cause de l’odeur étrange et prétendument aphrodisiaque qui s’est imprégnée dans les tentures. Vous pouvez respirer à plein poumon, on prétend que les gens stressés en ressortent apaisés.
La pièce suivante est la chambre des empaillés ou salle des vibrisses*. A gauche une belle collection de chats, des siamois, des européens, des abyssins, des balinais, un superbe mau égyptien, et à droite des rats, le vicomte était un grand collectionneurs de rats, on distingue des Long-Evans ces rats de laboratoire que l’on dit plus intelligents que bien des humains, des rats gris les grey-robe, des rat d’égout presque noir capturés dans les environs d’Ouble par le vicomte lui-même.
Voici la chambre de la vicomtesse où ont séjournées les nombreuses conquêtes du vicomte qui les accueillaient quand son épouse partait chasser le pihi* dans les montagnes corses avec sa bande de robustes veneurs, des jeunes gens recrutés dans le voisinage d’Ouble. Le vicomte appelait toujours de ses vœux la capture et la naturalisation d’un pihi mais il bien connu que cet oiseau vient à bout des meilleurs rabatteurs même traqué par leurs longues lances.
Suivez-moi messieurs-dames…
Nous entrons dans la grande salle des spectacles. C’est ici que le vicomte faisait jouer ses pièces. Les villageois l’appellent maintenant la salle du Show Lapin. Le vicomte était un piètre auteur dramaturge mais très prolixe et souvent licencieux. Il confiait ses œuvres aux meilleurs metteurs en scène et exigeait que ses didascalies* soient parfaitement exécutées. On raconte qu’il aurait renvoyé un metteur en scène qui n’avait pas exigé que l’actrice se déshabille comme indiqué à la fin de la scène. L’homme avait bien argumenté qu’il avait respecté l’essentiel du paradigme* en demandant à l’actrice de poser son châle mais le vicomte n’a rien voulu savoir.
A main gauche vous pouvez voir ce petit compendium* fabriqué par le vicomte d’Ouble pour l’éducation de son fils. Il tenait à ce que son héritier sache utiliser les mesures de l’ancien régime, les objets exposés se pèsent donc en onces, se mesurent en toises et en coudée, en boisseau, en muid ou en setier. On remarquera derrière la vitre, ce petit bijou qui n’est pas un diamant malgré son apparence adamantine* mais une aigue-marine, on suppose qu’il était ici pour illustrer le carat, non pas le carat métrique ni le carat Font ou le carat thé mais le carat qui vaut un tiers d’obole encore utilisé par les bijoutiers de nos jours.
Par ici mesdames et messieurs… attention à la marche…
Vous entrez dans la salle de méditation de la vicomtesse. On la nomme aussi salle du pilier des égrégores*, C’est ici qu’après une vie de débauche la vicomtesse venait se reposer. Elle faisait appel aux meilleurs thérapeutes et tentait d’établir ici un puissant courant spirituel en harmonie avec le Cosmos, on pratiquait dans cette salle le yoga tantrique, le yoga aérobic, le hatha-yoga, le thatha-yoga, le ghagha yoga et aussi une forme de yoga du rire qu’on appelait la gélothérapie*.
La visite se termine ici, messieurs-dames. Avant de quitter le château pour aller vous promener dans le merveilleux jardin botanique* et sa collection unique d’arbres aux quarante écus, les ginkgos* biloba plantés par un descendant du vicomte d’Ouble, je vous conseille d’essayer la gélothérapie. La recette consiste à mettre votre main contre le pilier des égrégores, à penser à une anecdote drôle et à laisser venir doucement le rire. Pas plus tard qu’hier une dame a eu un véritable orgasme d’une bonne dizaine de minutes en pratiquant ainsi.
Attention aux escaliers en sortant et si la visite vous a plu, n’oubliez pas le guide.
Ce texte oulipien répond au jeu proposé par le blog autour des mots et utilise 13 mots (à la douzaine) issus de l'excellent blog du Garde-Mots :
Adamantin, Cimaise, Compendium, Didascalie, Egrégore, Gélothérapie, Ginkgo, Jardin botanique, Paradigme, Phéromones, Pihi, Vibrisses, Zoonyme.
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16/11/2006
Hervé Le Tellier
La dispartion de perek
un poulpe
par Hervé Le Tellier
Hervé Le Tellier est entré à l’Oulipo en 1992. Après des études de mathématique puis de journalistisme, il a d’abord été journaliste scientifique, avant de publier ses deux premiers livres chez Seghers (Sonates de Bar et le Voleur de nostalgie), dont Paul Fournel était le directeur. Collaborateur de l’émission de France-Culture « Les Papous dans la tête », il est l’un des membres fondateurs des Amis de Jean-Baptiste Botul (1896-1947). Docteur en linguistique, auteur d’un essai sur l’esthétique de l’Oulipo, il enseigne également le journalisme à Paris III et les pratiques rédactionnelles à Paris V.
La plupart de ses travaux oulipiens et de ses publications (Les amnésiques n’ont rien vécu d’inoubliable, Joconde jusqu’à cent) se situent dans le domaine du texte court, voire très court.
Ses derniers livres, Cités de mémoire, et La Chapelle Sextine, sont illustrés par Xavier Gorce, son comparse dans le mégalomaniaque projet Inzemoon (voir aussi le site Inzemoon), et au Monde.fr, où, depuis début 2002, il écrit un billet quotidien pour la micro-édition matinale du journal, la « check-list », réservée aux abonnés.
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15/11/2006
Henri Cueco
J'ai hésité à vous passer la bio de Cueco, peintre reconnu, muséifié et précieux comparse des papous dans la tête. Finalement j'ai opté pour des extraits d'un texte que vous pouvez trouver ici. Un lumineuse réflexion sur peinture et jubilation.
« "Je vais prendre un exemple de délectation dans mon propre travail. Je voulais essayer de peindre un objet simple. Je souhaitais réaliser le portrait d’une pomme de terre.(…) J’ai placé une pomme de terre sur mon bureau et j’ai fait 180 petits tableaux que j’ai appelé des portraits de pomme de terre. J’ai travaillé comme une bête ces tous petits, très petits tableaux en essayant d’ « aller le plus loin possible » mais sans savoir ce que cela signifie. Je ne le sais pas plus aujourd’hui (...) J’ai passé un an et demi à ce travail, en éprouvant de temps en temps un plaisir manifeste mais aussi une difficulté telle que j’ai dû écrire un livre en même temps dans lequel j’ai raconté au jour le jour — Journal d’une pomme de terre -— l’expérience de ce rapport à un objet banal. Au final, je suis plutôt content de ce travail que je peux appeler « Comment réussir à ne peindre une pomme de terre ».
« Ce combat sous une autre forme, en un autre temps se voit dans Les demoiselles d’Avignon. Picasso commence à transformer les traces cézaniennes de son point de départ en faisant référence aux Ibères, à l’art nègre… Il se retrouve un jour dans son atelier avec une toile composite qu’il doit apprendre à voir, qu’il garde et qui se terminera toute seule. C’est de cette disparité, de ces éclats qui se sont produits dans cette peinture évolutive à jamais ratée mais porteuse d’une énergie fantastique que va se déterminer le travail de Picasso. Il va devenir un peintre qui saura articuler des décalages, des différences, des contradictions. Il ne se croira pas obligé comme dans la peinture classique de réduire son œuvre à une unité formelle, et voilà une toile « ratée » qui deviendra une œuvre majeure du début du siècle.
« En Hollande, un élève, à qui j’avais montré que chez Vermeer il y avait une structure géométrique qu’on pouvait isoler, dessiner, une ossature de type Mondrian, m’a dit « ça ne marche pas ce que vous nous racontez, parce que ce n’est ni tout à fait vertical ni tout à fait horizontal ». J’ai compris alors qu’au contraire d’une structure rigide ça fonctionnait parce que c’était monté comme une chaise ancienne ; ce n’étaient pas des articulations bloquées. Les articulations fixées, vous vous asseyez dessus et quand vous avez pris un peu de poids la chaise casse. Et puis vous prenez ces vieilles chaises qui sont montées avec des articulations souples et la chaise bouge et encaisse les poids par ses articulations.
« L’élève avait trouvé ça dans Vermeer ; c’était beaucoup plus intéressant que la rigidité parce que l’œil utilisait cette souplesse articulaire. C’est un élève qui avait trouvé cela et j’étais heureux. Voilà un exemple de jubilation d’un enseignant !
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14/11/2006
Papous lyonnais
Samedi les papous sont lyonnais à 19 H, à l'Ecole Normale Supérieure
Je l’ai déjà dit, j’ai un papou dans la tête. Il loge là depuis pas mal de temps et depuis quelques années il fait des petits qui ont commencé à me manger une partie de plus en plus grande de cette tête qui leur sert de case.
Les symptômes sont sachaguitriens ou encore perecoulipiens. Il me prend des envies irrépressibles de faire des jeux de mots aux homophonies approximatives, des lipogrammes, des contrepèteries et autres calembours. Je suis pris de l’envie soudaine d’écrire une lettre de l’Agneau à Lafontaine, de Lafontaine au Loup, du Loup à l’Agneau ou à son frère, du Fromage au Corbeau puis au Renard, de la Cigale à la Fourmi. Que sais-je ? Ou encore l’idée d’envoyer un curriculum vitae pour postuler au job de charpentier de marine sur le chantier du Titanic, éventuellement celle de répondre à ce même CV ou celle de réécrire un morceau du journal de Gide en vacances à Djerba. De raconter les aventures d’un espion de banlieue parti au hasard en Moldavie ou en Moravie, sans savoir…
Ces papous me bouffent la tête alors chaque semaine j’écoute France-Culture ou je télécharge le podcast car grâce à la technologie, chère à Apple et à monsieur Loïc Le Meur, je peux désormais alimenter mes papous avec plus de régularité. Le lundi soir, je charge cette nourriture de l’esprit dans iTunes, un soft gratuit, et je peux me l’écouter quand je veux toute la semaine, deux ou trois fois si je veux. C’est une heure et quart de pur bonheur avec Patrick Besnier, Hélène Delavault, Nelly Kaplan, François Caradec, Henri Cueco, Serge Joncour, Jacques Jouet, Gérard Mordillat, Jean-Bernard Pouy et autres grands nourrisseurs de papous.
Alors si, comme moi, votre papou vous gratte l’intérieur de la tête. N’hésitez pas.
Samedi il n’y aura pas Henri Cueco. Demain je vous parlerai de Cueco, un grand artiste.
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