12/11/2006
PdJ
Lorsque j'étais alors peintre, j'étais peintre en bâtiment ; Liu Sian, lui, était peintre, vraiment peintre. D'ailleurs, je suis aussi peintre, vraiment peintre, enfin, pas uniquement peintre en bâtiment, non je peins, comme on dit.
Mais à l'époque, je peignais peu. Enfin sur toile. Parce que je peignais beaucoup, enfin suffisamment pour vivre, pour nous faire vivre ma femme et moi, encore que je devrais écrire mon ancienne femme et moi - c'est toujours ce que dit ma femme d'ailleurs -ton ancienne femme- encore qu'à l'époque, elle n'était pas mon ancienne femme, pas même ma femme, bref, c'était surtout de la peinture alimentaire, comme on dit, sauf que quand on dit peinture alimentaire, le plus souvent on pense quand même à la vraie peinture, enfin la peinture sur toile ; c'est en général ce que font les peintres en matière de peinture alimentaire. Liu Sian m'avait souvent dit que pour une hypothétique exposition de mes toiles au Canada qu'il comptait organiser lui-même, il faudrait faire des choses en bleu pour qu'elles se vendent. Sauf que, moi, j'avais surtout pensé que l'exposition au Canada serait l'occasion rêvée de montrer mes nouvelles toiles. Et j'étais davantage dans une période rouge. Encore que si effectivement le rouge qualifiait le mieux ma peinture du moment, pour ce qui était du reste de mon existence, je traversais surtout une période noire.
17:55 Publié dans Au fil de la toile | Lien permanent | Commentaires (7) |
11/11/2006
Con-solation
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Pour compenser le manque d’épaisseur d’une vie conditionnée et qui concorde si peu à nos rêves on consomme.
On se console comme on peut, on convoque les vendeurs, on compare les prix d’objets dont on a pas besoin, on concocte des plans de vacances, on conduit une grosse voiture, on remplit le congélateur, on conjure le sort en grattant des tickets convertibles, on condimente notre vie d’achats compulsifs et continuels. Tout ceci ne serait-il pas un peu… idiot.
10:45 Publié dans Brèves | Lien permanent | Commentaires (2) |
10/11/2006
Dyadique
Psychanalyse
et
oeil d'Horus
Dyadique
synonyme de binaire
On était donc simpliste, binaire ou manichéen, désormais, on se doit d'être dyadique.
Les Psys de toutes obédiences qui adorent utiliser un mot nouveau pour désigner un concept antique l'ont cuisiné a toutes sortes de sauces. Une partie de jambes en l'air à deux devient donc une sauterie dyadique. Il existe une version tryadique voire plus si affinités...
Le Dr Tronick parle d'état de conscience dyadique mère-enfant c'est-à-dire de l'émergence d'un état de conscience singulier créé dans l'échange interactif mère-enfant.
Les mathématiciens se sont aussi emparés du mot, on parle de fractions dyadiques dont le dénominateur et une puissance de 2. Les fonctions dyadiques forment un groupe, un anneau et même peut-être un corps surréel, ou 2 corps, faut voir... Ces fractions nous amènent à l'Egypte qui mesurait déjà en dyadique.
D'après le mythe, Horus, fils d'Isis et d'Osiris, aurait perdu un œil dans le combat mené contre son oncle Seth pour venger son père que ce dernier avait assassiné. Au cours du combat, Seth lui arracha l'œil gauche, le découpa (en six morceaux, d'après une version de la légende) et jeta les morceaux dans le Nil. À l'aide d'un filet, Thot, le dieu de la connaissance, repêcha tous les morceaux sauf un. Il suppléa miraculeusement le 64e fragment manquant pour permettre à l'œil de fonctionner de nouveau, rendant ainsi à Horus son intégrité physique.
En arithmétique égyptienne, les parties constituantes de l'Oudjat (signe ci-dessus, simplification de l'oeil d'Horus), servaient à écrire les fractions ayant 64 comme dénominateur commun. L'oudjat est un mélange dyadique d'oeil de faucon et d'oeil d'homme (vraicon).
Hiéroglyphe Signification >> Valeur
L'addition des six fractions, 32/64 + 16/64 + 8/64 + 4/64 + 2/64 + 1/64, donne 63/64, la fraction manquante étant sans doute ajoutée magiquement par Thot.
Cette notation était employée pour indiquer les fractions du boisseau, le heqat, mesure de capacité des céréales.
Exemple:
orge heqat 1/2 + 1/4 + 1/32 ( = 25/32 boisseaux d'orge).
Le heqat valait environ 4 litres et demi ce qui est mieux que le gallon américain et plus ou moins égal au gallon impérial.
10:40 Publié dans Mots | Lien permanent | Commentaires (8) |
08/11/2006
Messie
Mais si... c'est...
La création du monde
par Jean
D’Ormesson
chez
Robert Laffont
-
Dieu a mis sept jours pour créer le monde, Jean d’O. n’en met qu’un de plus, un assez bel exploit. Pour cela, il convoque 4 amis qui se réunissent chaque année sur une île grecque. L’un deux a amené deux petits cahiers qui contiennent un texte fondateur : la rencontre de Simon Laquedem et de Dieu. Simon est le nouveau prophète, après Bouddha, Moïse ou Mahomet, que Dieu a choisi, signe des temps, pour son insignifiance de petit archiviste-paléographe un peu terne.
Cette divine révélation permet à Jean d’O de faire un petit bilan de l’histoire du monde et des connaissances essentielles de l’honnête homme du XXIième. Ce n’est pas trop pédant, l’histoire d’Alamut et des assassins par exemple qui vient un peu comme un cheveu sur la soupe (primitive comme il se doit) est très, trop connue. Non, ce n’est pas le style de Jean d’O d’écraser de sa culture.
L’académicien sautillant balaie simplement une quinzaine de milliard d’années racontées par un Dieu patelin et débonnaire qui peine parfois un peu à croire en lui-même. Un jour pour la naissance de l’univers, un autre pour le système solaire, un pour la vie, la vaste question du temps et de l’espace… Tout y passe, le big-bang, les nombres, l’air, l’eau, la pensée… et puis bien sûr Dieu parle de l’homme, le seul sujet qui l’intéresse vraiment. Il avoue même que l’homme l’a épaté avec la théorie de la relativité et la physique quantique. L’homme va-t-il s’affranchir de lui ? Et pour tomber dans quelle turpitude ?
Les huit jours de vacances se terminent et Jean d’O nous offre une double chute, un double saut périlleux arrière. À son âge, 80 passés, il est resté drôlement agile notre immortel.
17:55 Publié dans Lecture | Lien permanent | Commentaires (3) |
07/11/2006
Kellogg
John Harvey Kellogg,
ci-contre,
détestait la viande
Il devient célèbre grâce au sanatorium de Battle Creek, établi sur les principes des adventistes du septième jour. L'alimentation était végétarienne et accompagnée de beaucoup d'exercices. Quand un patient n'était pas guéri par ce régime, Kellog leur ôtait chirurgicalement une partie des intestins.
Il crée
avec son frère
Will Keith Kellog
une société de
production de céréales vers 1897
Ardent militant contre toutes les formes de sexualité, il recommande des méthodes extrêmes contre la masturbation : chez les garçons la circoncision sans anesthésie dont la courte douleur [occasionnée] aura un effet salutaire sur l'esprit ; chez les filles, l'application d’acide carbolique sur le clitoris est un excellent moyen de prévenir toute excitation anormale.
Hum, on se demande si ces traitements ne risquaient pas de provoquer l'inverse des effets recherchés... Faut essayer pour savoir! Des candidats ou candidates?
*L'acide carbolique ou phénol est entre autre un puissant antiseptique.
01:40 Publié dans Religion | Lien permanent | Commentaires (12) |
06/11/2006
Luc Fayard
Cela fait un moment que je n'ai plus fait de portrait de blog.
Le prochain sur ma liste était celui de Luc Fayard . Site dans la liste à gauche.
Luc est journaliste depuis 25 ans dans les technologies et l'économie. Il enseigne à L'Université Paris-Dauphine sur le thème "Maîtriser son information". Il est l'auteur du "Dictionnaire impertinent des branchés", First, 2002 et l'animateur de l"émission de radio "01 Business, l'entreprise face aux nouvelles technologies", sur BFM
J'avoue que résumer un blog aussi profus que celui-ci ou que celui de JLK laisse mon clavier sans touche. Dans le petit carré en haut à gauche du blog de Luc on trouve : BD, Blog et journalisme, Débat, Animation, Communication, dessin, flash, illusion, humour, information, langage, littérature, management, mots, phot, poésie, écriture... Et moi qui pensais être éclectique *... Ce blog est donc un mélange de techno branchée, de hype, d'esbroufe, d'art et littérature y compris d'art de vivre, de vraie poésie et d'humanité. A preuve cette note (que je signe à deux mains) intitulée "La complainte du zygopétale" Le zygopétale est une espèce d'orchidée en photo plus bas, ne pas confondre avec l'endive en photo plus haut.
...je dis : halte-là !
Je voudrais un peu de poésie dans ce monde de la vitesse reine. Je voudrais du temps pour une âme calme et sereine.
Je voudrais que les gens se regardent dans les yeux quand ils se parlent, que chacun puisse se contempler dans sa glace tous les matins sans faire des grimaces.
Qu’on se souvienne plus souvent qu’on va mourir (...)
Je voudrais que l’entreprise redevienne un lieu social habité par des âmes fortes et droites, soucieuses de développer un grand projet utile. Je voudrais combattre la lâcheté grandissante d’une planète affolée qui ne parvient même plus à intéresser les nouvelles générations.
Les salariés de Larousse, inquiets d’être repris par un groupe qui monopoliserait toute l’édition française (en clair : achetés par Hachette, le roi de la machette), manifestaient en disant : « Voici comment nous serons gérés : les lettres W et Z, n’étant pas assez utilisées, seront supprimées de l’alphabet
Ils avaient compris, eux, que le summum de l’Ebitda (en gros les bénéfices) est de faire tout avec rien.
D’ailleurs, quand nous aurons installé toutes nos usines ailleurs (c’est-à-dire là où c’est moins cher), puis tous nos services (parce que, c’est incroyable, même les pauvres deviennent intelligents), alors, que nous restera-t-il d’autre à faire que se demander à quoi on sert ? Et quand les pauvres seront riches, où ira-t-on, ratons erratiques ?
Bref, le choix est simple : d’un côté, compter ; de l’autre, aimer. Avoir ou être, telle est la question binaire du monde digitalisé.
Je sais, certains militent pour que le commerce soit durable, l’économie solidaire, les échanges équilibrés, les politiques intelligents et les patrons intègres. Mais en général, ce sont les pauvres qui font semblant d’y croire, les riches, eux se marrent en allumant leur cigare.
Voilà donc, triste bilan, où nous a amené la techno : à accélérer le temps et à supprimer l’espace. Le monde digital est un monde virtuel, au sens propre, c’est-à-dire unidimensionnel.
Essayez de le dessiner, ce monde à un seul axe (l’argent), vous verrez, ce n’est pas facile ! Même le point le plus minuscule écrit sur une feuille blanche possède au moins trois dimensions. L’argent n’avait déjà pas d’odeur, désormais, il n’a pas non plus d’existence mathématique.
Pourtant, la techno aurait pu nous faire du bien, nous apprendre à lire et à écrire, à parler toutes les langues, bref à écouter et comprendre l’autre. Au lieu de cela, elle s’est contentée d’accélérer la communication, cette forme trafiquée de l’information. Grâce à elle, on bidouille les comptes, on diffuse des virus.
Le monde a perdu son âme.
*Eklektik - Ecouter l'emission de Rebeca Manzoni du samedi 4 avec Jean Rochefort.
00:30 Publié dans Portrait de blog | Lien permanent | Commentaires (2) |
04/11/2006
Cryptogramme
Etes-vous amateur de cryptogrammes
Dans
La Vie Mode d'Emploi
au chapitre LXXXV
Georges Perec nous soumet le texte suivant.
"Sa grande spécialité était les cryptogrammes. Mais s'il avait triomphalement remporté le Grand Concours National doté de TROIS MILLE FRANCS de prix, organisé par le Réveil de Vienne et Romans, en découvrant que le message
aeeeil | ihnalz | ruiopn | ||
toeedt | zaemen | eeuart | ||
odxhnp | trvree | noupvg | ||
eedgnc | estlev | artuee | ||
arnuro | ennios | ouitse | ||
spesdr | erssur | mtqssl |
dissimulait le premier couplet de La Marseillaise, il n'avait jamais pu déchiffrer l'énigme posée par la revue le Chien français."
arnuro trvree mtqssl
odxhnp estlev eeuart
aeeeil ennios noupvg
spesdr erssur ouitse
eedgnc toeedt artnee
t' cea uc tsel rs n neo rt aluot ia ouna s ilel- -rc oal ei ntoi |
et Perec de conclure: sa seule consolation était qu'aucun autre concurrent n'y était arrivé.
22:00 Publié dans Papous | Lien permanent | Commentaires (2) |