04/12/2006
Pas de Parfum 4
Ceci est un de ces calendriers nunuches dont a parlé Sugus
Je crois que Phil ne va pas écrire aujourd’hui, une fenètre vide donc. Oui, je crois bien qu’il s’appelle Philippe, ses parents et ses collègues de boulot l’appellent Phil et Christèle l’appelle son doux Philou.
Mois de novembre record sur ce blog 19'000 visites pour 32'000 pages consultées. Un quadruplement par rapport à novembre 2005. Progression inexplicable et qui ne devrait pas tenir… 3 jours de feuilleton ont déjà bien entamé la décrue :-(
Je ne vais pas republier ici le petit texte à contrainte que j'ai écrit pour « Autour des mots ». C’est un dialogue entre un homme et une femme partis sur Mu Area c une exoplanète pas si accueillante que prévue. Ça s’intitule « Jeannot est en colère » et on y parle d'anthroposophie, de déhiscence, de chalcopyrite et de cyphonisme Allez le lire chez Christine et Dino, il y a en plus plein d’autres textes sympas.
Je suis en train de lire "Dialogue avec mon jardinier." d’Henri Cueco, un régal de drôle finesse dont je reparlerai. J’ai entamé "L'extraordinaire histoire de ma vie ordinaire." de Joseph Minc, le père d’Alain Minc, Alain est un triste technocrate ambitieux (ce que ses origines expliquent sans doute) mais son père Joseph… quelle vie ! Juif de Brest-Litovsk, militant du parti communiste polonais. exil en France au début des années 1930. Pendant la guerre, Joseph rejoint l'armée polonaise de France, puis s'engage dans la Résistance aux côtés de la MOI...
Dans ma pile j'ai encore le Truman Capote retrouvé et édité par Grasset et pour compléter tout ça ma copine Raymonde vient de me faire cadeau de "Tristano meurt" d’Antonio Tabucchi qui risque bien de prendre la pole position dans ma pile vu que l’auteur du Notturno Indiano et de Pereira prétend (sostene Pereira) est très très haut dans mon panthéon littéraire. Par chance la pause de Noël approche et mon patron nous gratifie d'une semaine de congé. Merci patron. La littérature te le rendra !
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03/12/2006
Parfum d'Avent-3-
Mardi 2 décembre
J’étais assez content de mon salaire jusqu’à ce que je découvre que Christèle gagnait bien plus d’argent que moi… Avec mon bac+2, un IUT "techniques de commercialisation", je gagne bien ma vie dans une boîte de service, je place des consultants dans des entreprises, je suis un marchand de chair humaine, c'est du moins ce que me disent les consultants…
Mes rentrées d’argent varient d’un mois sur l’autre, je suis à la commission pour une grosse partie, mais je ne me plains pas. Antoine me demandait l’autre jour si ça me gênait que Christèle gagne plus que moi et je dois dire qu’honnêtement je m’en fiche et que je serais même plutôt satisfait. Il avait l’air étonné. Bon, quand on aura des enfants il faudra aviser. C’est programmé pour l’an prochain si tout se passe comme prévu.
Évidement si on se marie on va payer encore un peu plus d’impôts... Depuis le grand chambard planétaire de 2010, la mise en place des mesures de freinage et toutes les surtaxes qui s’en sont suivies, l’impôt direct a aussi pas mal augmenté. Je ne m’en plains pas trop… Après tout pourquoi pas, si c’est la seule solution pour maintenir l’économique et le social plus ou moins à flot malgré les mesures draconiennes de restriction de la consommation mises en oeuvre pour sauver la planète… Tout le monde ne l’accepte pas facilement mais un grosse minorité est plutôt d’accord surtout après cet été 2013 catastrophique... Le fait que ces mesures sont mondiales ou presque a aussi pas mal aidé à convaincre l'électeur…
Un truc qui me met les boules avec le travail de Christèle c’est que je n’y comprends que pouic. Pendant longtemps je n’ai pas posé de questions et elle ne m’en parlait pas, du coup on ne parlait que de mes clients. Depuis quelque temps, j’ai décidé de poser des questions.
Parfum d'Avent
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02/12/2006
Parfum d'Avent-2-
Lundi 1 décembre
Je ne sais pas ce qui m’a pris hier soir de commencer ce journal. Ce n’est pas la première fois que je grattouille la feuille blanche ou plutôt que noircir la page me chatouille, mais jusqu’à maintenant, mes grandes idées de romans populiares et de polars à succès ont finis sous forme de textes velléitaires dans un répertoire squelettique de mon ordi…
On verra bien... J’avais envie de parler ici de Christèle et de notre histoire pour garder une trace… au diable la banalité…
D'ailleurs si Christèle est timide et introvertie ce n’est en tout cas pas une fille banale. Elle a eu son bac à seize ans, et contre l’avis de son prof de père, elle a refusée les grandes écoles pour faire une brillante carrière universitaire. Au début de notre relation, l’an dernier sur le porche de BioMol, elle ne s’en est pas vantée et j’ai mis plusieurs mois à réaliser qu’elle avait plus d’années après le bac qu’un chirurgien, bac plus dix et même plus suivant comment on compte.
Elle a eu de la peine à sortir du milieu universitaire de l’alma mater, sa mère nourricière universitaire où elle s’était fait un joli nid protecteur. Il a fallu beaucoup de persuasion à la directrice des ressources humaines de la BioMol pour qu’elle accepte enfin le superbe salaire, la voiture de fonction et autres petits avantages afférents.
Parfum d'Avent
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01/12/2006
Parfum d'Avent -1-
Dimanche 30 novembre
Il y a un an jour pour jour que j’ai rencontré Christèle. Pour célébrer ça je lui ai offert des asphodèles et nous sommes allés manger chez le libanais. Elle avait l’air très contente que je n’ai pas oublié cet anniversaire. Elle riait sous la pluie, nous sommes rentrés vers quatre heures et nous avons fait l’amour.
Je me suis un peu ruiné pour les fleurs, il faut dire que ce n’est pas vraiment la saison des asphodèles mais elles étaient très belles et la fleuriste m’a dit qu’elles devaient refleurir à la fin de l’été prochain. L’important c’est qu’elles aient plu à Christèle et qu’elles lui rappellent les merveilleuses vacances que nous avons passées cet été en Sardaigne.
Je n’en reviens encore pas d’avoir rencontré une fille aussi belle et intelligente. J’ai sans cesse envie de la couvrir de cadeaux.
la première fois que je l’ai vu, c’était devant l’immeuble de la BioMol, elle était descendue fumer une cigarette. C’était déjà un jour pluvieux. Abrités par le petit avant-toit, nous avons plaisanté sur la nécessité d’arrêter de fumer et j’ai digressé sur le risque que cela comportait de ne plus faire de rencontre sous la pluie. Je ne crois pas aux coups de foudre mais pourtant cela y ressemblait bien un peu… en tout cas, c’était un conte de Noël parce que nous avons passé un mois de décembre de rêve.
Mes parents étaient fâchés, les siens aussi car tiraillés entre Rennes et Besançon nous avons finalement décidé de ne voir personne pour Noël. Christèle est pourtant très famille et moi aussi. Elle adore ses neveux et nièces. Ma sœur ne m’a pas vraiment pardonné de ne pas être rentré pour voir mes neveux, les sœurs d’Christèle ont mieux acceptés, forcément entre filles… une vraie histoire d’amour et tout est pardonné.
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30/11/2006
Pou
Barbe à pou
Le pou remonte à la plus haute antiquité, c'est du moins ce qu’une étude récente nous confirme.
Dans sa conquête du monde homo sapiens sapiens a toujours été en symbiose avec ses poux, des animaux plus fidèles que le chien. L'idée que les parasites sont des marqueurs de l’évolution humaine est nouvelle et riche de perspective. Les poux nous aiment tellement qu'ils ne survivent que quelques heures loin de nous, ce sont donc de bons candidats d'études, à côté des punaises de lit, des mites, des vers intestinaux ou autres acariens. Savoir que le pou du chimpanzé a divergé du pou humain il y a 6 millions d’années nous apprend des choses sur nous et nos cousins.
Il y a plusieurs sortes de poux: le pou de tête et le pou des vêtements. Des pous qui se sont séparés ils y a 60 à 70'000 ans, depuis que l'homme et surtout la femme s'habillent. Détail intéressant, seuls les poux de tête couvraient les indigènes d’Amérique. Sachant qu’homo sapiens vient d’Afrique, qu’il se serait assez peu mélangé avec ses cousins de Neandertal sur la route de la soie, les chercheurs, des gens propres en général, se perdent en conjecture sur la migration des poux et se grattent la tête comme s’ils en avaient... des pous.
Il y aurait peut-être une solution se disent les savants : l’étude du Pthirus pubis ou pou du pubis, notre fameux morpion dont le mode de transmission est très bien… connu. Alors, ne chantez plus « De profondis morpionibus… pon-pon, pon-pon… Si ça se trouve, grâce aux morpions on va enfin savoir d’où l’on vient... faute de savoir où l'on va.
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29/11/2006
Espèce d'espace
« J’aimerais qu’il existe des lieux stables, immobiles, intangibles, intouchés et presque intouchables, immuables, enracinés ; des lieux qui seraient des références, des points de départ des sources : Mon pays natal, le berceau de ma famille, la maison où je serais né, l’arbre que j’aurais vu grandir (que mon père aurait planté le jour de ma naissance) le grenier de mon enfance empli de souvenirs intacts…
De tels lieux n’existent pas, et c’est parce qu’ils n’existent pas que l’espace devient question, cesse d’être évidence, cesse d’être incorporé, cesse d’être approprié. L’espace est un doute : il me faut sans cesse le marquer, le désigner, il n’est jamais à moi, il ne m’est jamais donné, il faut que j’en fasse la conquête. » (1974, p.122).
Espèces d’espaces est un essai-poème, "journal d'un usager de l'espace" et "rêverie les yeux ouverts d'un promeneur solitaire". Une démarche nettement phénoménologique au sens d'Heidegger par un maître de la banalité subtile: Georges Perec.
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28/11/2006
Lulu
Texte écrit en respectant la contrainte des 13 mots à la douzaine No 2
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Ma chère Christine,
J’avoue que j’étais assez tenté de participer au jeu numéro 4 et puis j’ai pensé à Lucien. Je ne sais pas si je t’ai déjà parlé de Lucien. Lucien est l’homme le plus atypique que je connaisse. C’est à la fois une sorte de trublion de la photographie et un papy respectable de la pellicule argentique. Un jour il t’explique qu’à son âge, il a renoncé à tous les plaisirs, la chair et la bonne chair, le lendemain il te parle de son oaristys avec une actrice jeune et jolie, un mot qui signifie idylle et qu’il est allé piquer dans une pièce de Jacques Tremblay. Il fait sans cesse des clichés de sa belle, il te bassine avec l’appel du désir comme l’agitation câline d’une onde passant de fleur d’eau à fleur de peau, avec le mouvement d’éveil des sens… la photo dansée licencieuse, érotique et interdite. Tremblay, une découverte de Lucien le roi de la serendépité.
Plus tard il te gavera avec un discours sur la protection des batraciens, il te parle d’une petite rainette verte qu’il a photographiée et recueillie dans les marais. Le lendemain, sans préambule, il te raconte sa soirée dans un restaurant de la Dombe où il prenait de bêtes photos de mariage et où il a mangé, paraît-il, les meilleures cuisses de grenouille de France.
Un autre jour, magnanime, il t’explique avec un enthousiasme que pour un diariste comme lui, habitué depuis des lustres à se mirer dans la page blanche, le blog est une aubaine fascinante, la semaine suivante, frappé d’aboulie et de sinistrose, il défie tous les blogueurs et te racontant l’altercation molle qu’il vient d’avoir avec un de ces cinglés de la toile qui n’a rien compris au journal intime et à la photo artistique et surtout qui ne voulait pas reconnaître que tout ce pataquès que l’on fait avec le Web ne sera jamais qu’un feu de paille, un piratage d’idées bateau, une misère de gens qui n’ont jamais rien à dire.
Tu vois Christine, il faut vraiment que je te fasse connaître Lucien, l’homme de toutes les contradictions, des passions et du renoncement, capable de photos surréalistes comme ce peintre qui peint la neige du Semnoz ou à l’inverse de clichés très véristes à la Doisneau ou à la Willy Ronis. C’est bien simple, s’il fallait un mot pour résumer Lucien ce serait oxymore, Lulu est un oxymore sur pattes… avec appareil de photo.
Amitiés
Joël
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