22/11/2022
Sentier
On sait qu'il est difficile de sortir des sentiers battus. Le sentier est un chemin qui ne peut être parcouru que par des marcheurs. Pas de véhicule sur un sentier, pas d'odeur d'essence ou de diesel.
On peut, tout au plus, y croiser quelques vététistes électrifiés. En gros le sentier est écologique.
Il faut lire "Sur les chemins noirs" de Sylvain Tesson qui s'est refait une santé sur les sentiers des Alpes maritimes au Cotentin.
Si on sort des sentiers battus, on peut se perdre mais on peut aussi trouver un raccourci. C'est ce qui fait hésiter la plupart des gens. Peu d'entre nous sont capable de sortir des sentiers battus. Du coup le groupe, la société ne sort jamais des sentiers même quand le risque de se perdre (ou d'y perdre) est réduit à zéro.
Théorisé par l'économiste Paul David dans les années 1980, la path dependency (la dépendance au sentier) est l'effet de persister dans des choix adoptés, même si d'autre solutions meilleures existent, car il est difficile d'en changer.
Changer ses habitudes demande trop d'efforts.
L'exemple type est le clavier QWERTY ou AZERTY conçu pour que les frappes des machines à écrire ne collisionnent pas mais pas idéal pour écrire en anglais ou en français. Dans les années 1930 August Dvorak met au point une disposition plus ergonomique du clavier. Pour la langue française ceci donnera le clavier BEPO :
Si le cœur vous en dit, vous pouvez installer ce clavier sous Windows. Mais personne ne le fait vraiment. Il faudrait une décision globale qui n'arrive pas.
Cet exemple montre que les décisions du passé, pour des raisons d’usages techniques ou organisationnels, de modes de pensée et d’intérêts politiques ou idéologiques, génèrent une forme de continuité, de conservatisme et de spécificités en matière de management, de politique économique ou d’organisation sociale.
Elles sont des freins au progrès et expliquent généralement les difficultés à engager de véritables réformes. Les ruptures supposent qu’un grand nombre de décideurs soient convaincus de la nécessité de dire « stop » et de la réussite de l’alternative (à l’instar d’Apple, Uber, de l'e-learning ou des relocalisations). Source
10:20 Publié dans Société | Lien permanent | Commentaires (0) |
30/03/2021
Collapsologues
Il n'y a pas que Yves Cochet qui soit collapsologue même si Yves est, avec son cheval et sa cariole, le plus représentatif. Voici un article qui parle des autres, article à lire ici. Lien envoyé par Juliette Ray, en résumé :
L'écologie est au coeur de l'actualité. Croissance verte, décroissance ou bien fin du monde. Le débat est complexe et certains acteurs tels que Jancovici prennent de plus en plus d'importance dans les débats.
Voici donc 4 écologistes à suivre en 2021
Jean-Marc Jancovici
- Jean-Marc Jancovici alias JMJ. Fais partie des écologistes (collapsologues) les plus en vogue actuellement. Il milite depuis plus de 10 ans pour la réduction des émissions de gaz à effet de serre et l'urgence climatique.
Voici une de ses conférences donnant un très bon aperçu de sa vision: La difficulté de concilier économie et écologie
Aurélien Barrau
- Reconnu pour avoir lancé en 2019 avec Juliette Binoche, un appel pour lutter contre la crise écologique.
- En 2020, il écrit un deuxième texte international qui rencontre un succès encore plus important. Le texte est signé par 20 prix Nobel et de nombreuses personnalités connues.
Pablo Servigne
- A partir de 2008, il se consacre au mouvement de la transition écologique et s’intéresse à l’agriculture urbaine, la permaculture et l’agroécologie.
Pablo Servigne et Raphaël Stevens sont exposés aux grands jours suite à la publication de leurs livres "Comment tout peut s'effronder". Définissant la théorie de la collaspologie au grand public.
Arthur Keller
- Arthur Keller est connu pour s'exprimer sur des questions liées à l'environnement et la collapsologie.
- En février 2020, Arthur Keller compte parmi les 1000 scientifiques signataires de l’appel intitulé « Face à la crise écologique, la rébellion est nécessaire »
Autres collapsologues à suivre
- Valérie Cabanes (Juriste, cherchant à faire reconnaître le crime d'écocide par la cour pénale internationale)
- Gauthier Chapelle (ingénieur agronome, docteur en biologie)
- Arnaud Dorthe (Consultant en informatique pour la finance durable)
- Jean-Marc Gancille (Auteur, co-fondateur de Darwin)
- Paul Jorion (anthropologue, sociologue)
- Vincent Mignerot (chercheur indépendant, auteur, fondateur du Comité Adrastia)
Dmitry Orlov (ingénieur et écrivain russo-américain). Il est titulaire d'un Bachelor of Science en informatique et d'un Master en linguistique appliquée. Curieusement, dans son ouvrage Les cinq stades de l'effondrement (2013), Dmitry Orlov nous décrit en grand détail les six effondrements.
- Laurent Testot (journaliste scientifique, spécialiste d'histoire globale).
- Jean-Christophe Anna (fondateur de l’Archipel du Vivant, auteur, conférencier)
- Jem Bendell (fondateur de l'Institut de leadership et de développement durable, fondateur du Deep Adaptation Forum)
- Philippe Bihouix (ingénieur centralien, promoteur des low-tech)
- Alexandre Boisson (ancien garde du corps présidentiel, co-fondateur de SOS Maires)
- Dominique Bourg (philosophe des sciences)
- Aredius (sous ce pseudo se cache un professeur émérite d'informatique à la retraite) Prosélyte convaincu du VAM (Vélo à Assistance Musculaire). Il pense que le VAE n'est pas la solution pour remplacer les bagnoles à moteur thermique, à piles, ou à hydrogène. Il pense que Le VAM avec une chaine bien graissée est plus économique que le cheval d'Yves Cochet qui a besoin de son picotin.
15:15 Publié dans Science, Société | Lien permanent | Commentaires (1) |
23/05/2020
Méritocratie
On connaît bien le terme de méritocratie et pourtant le mot n’est pas si vieux. Il date de 1958 publié dans un livre du sociologue anglais Michaël Young, ne pas confondre avec l’humoriste qui s’appelle Youn.
Le livre s’intitulait The Rise of the Meritocracy, la montée de la méritocratie que l’on a publié en français sous le titre :
« La méritocratie, mai 2033 ».
Le livre en français est introuvable et mériterait d’être réédité. Thomas Piketty qui me l’a fait découvrir pourrait-il pousser à sa réédition ? Une mauvaise version pdf est accessible sur le net.
Ce livre est une fiction et même une dystopie pour faire savant *. L’affaire se passe en 2033 et il y a un petit quelque chose de notre époque de gilets jaunes, de premiers de cordée, de startup nation…
Méritocratie Du latin mereo être digne et du grec cratos pouvoir.
Quand on compare la méritocratie toute récente à l’aristocratie ancienne, le népotisme aussi vieux ou la ploutocratie de l’ère industrielle (toujours présente), on peut penser que confier le pouvoir aux gens qui sont méritants est une bonne idée. Du coup le modèle méritocratique est particulièrement valorisé dans les sociétés modernes dans la mesure où il est censé permettre une meilleure allocation des postes en fonction des compétences des prétendants.
QI + Effort = Mérite, cela semble être le moto du XXI ième siècle et en France, la macronie en est le fer de lance. Montrez votre mérite et vous serez appelé au pouvoir. Je viens d’attaquer le livre qui je crois montre les limites de la méritocratie.
* Pour les mots en cratie voir le note sur Clérocratrie
* Une dystopie est un récit de fiction dépeignant une société imaginaire organisée de telle façon qu'il est impossible de lui échapper et dont les dirigeants peuvent exercer un pouvoir généralement sans contraintes sur des citoyens qui ne peuvent pas atteindre le bonheur. Une Utopie qui a mal tournée.
11:18 Publié dans Société | Lien permanent | Commentaires (0) |
30/12/2018
Nouvelle de la bête
Il me semble qu’au lieu de cautionner les turpitudes de certains gilets jaunes passablement marginaux Mélenchon et sa bande ferait mieux de s’occuper de la montée en puissance de l’internationale brune.
On connaît les accointances entre Marion Maréchal (nous voilà) Le Pen et Steve Bannon. Bannon a donné un coup de main pour le lancement de « l ’école » de Marion à Lyon. Il semble que l’école foire mais Bannon continue de s’activer dans toute l’Europe avec ses autres amis Salvini ou Orban.
Il a réussi un joli coup en Italie en faisant mousser ses idées grâce à l’église et au gouvernement qui ont concédé à l’Institut Dignitatis Humanae la chartreuse de Trisulti dans le bout des Apennins à une centaine de kilomètres au sud-est de Rome. Un endroit magnifique.
L'institut pour la dignité humaine regroupe ce qui se fait de plus réac, défenseurs de l'occident, dans l’église catholique, cet endroit est en train de devenir le repère des forces brunes en Europe, un lieu de gestation pour la bête qui non seulement n’est pas morte mais renaît avec Trump et Bannon comme accoucheurs.
Allez faire un tour sur le site (comme par hasard en anglais) et vous sentirez sûrement l'odeur nauséabonde de la bête.
Sur Challenges : Selon le cardinal Raymond Burke, président du conseil d'administration de Dignitatis Humanae, Steve Bannon est appelé à jouer un rôle majeur au sein de l'institut.
Mgr Burke, connu pour critiquer ouvertement les choix du pape François, dit à Reuters être impatient de travailler avec Harnwell et Bannon "à la mise en oeuvre de nombreux projets qui devraient contribuer de façon marquante à la défense de ce qu'on appelle la chrétienté".
* Si vous lisez l'italien. Un article du Huff italien ici.
C'est l'heure de réagir pour défendre la liberté !
11:57 Publié dans Religion, Société | Lien permanent | Commentaires (5) |
10/12/2018
Replumé
En février je vous ai parlé du « déplumé » l’arbre de Noël 2017 de la ville de Rome coupé en morceaux. Il était sur la place Venezia devant l’Autel de la Patrie.
Luigi Di Maio n’était alors que le remplaçant de Beppe Grillo, le comique créateur du Mouvement Cinque Stelle (M5S) auquel on compare le mouvement des Gilets Jaunes. Di Maio ne maîtrisait pas bien le subjonctif et il n’avait dit que quelques centaines d’âneries seulement. Depuis il est vice-premier et il en a dit plusieurs milliers chaque mois en se contredisant sans cesse, on a perdu le compte.
En 2018 Virginia Raggi , la mairesse de Rome issue de M5S a fait venir un nouveau déplumé des montagnes du nord (ci-dessous).
Il ne semblait pas en grande forme mais décoré correctement il a meilleure allure. Particularité : il parle (…con particolari effetti "da abete parlante") on ne sait pas encore s’il maîtrise ce foutu subjonctif mais il répond à la Raggi dans un italien métallique : ("Bene signori sono tornato. Benvenuta sindaca"). Il dit qu’il est revenu en tant que déplumé donc.
L’inauguration a eu lieu en présence de Beppe Grillo qui joue les papas Noël de la république depuis qu’il a passé la main à son jeune copain. Et attention, l’arbre est sponsorisé par Netflix*. I denari sono i denari, car l'argent va couler à flot pour Netflix qui innonde l'Europe de ses séries et ses films américains souvent de bonne qualité d'ailleurs. Sauf que les films Netflix ne peuvent pas passer dans les petites salles de cinéma indépendantes.
* Netflix est le N de NATU : les nouveaux champions de la disruption, un mot typiquement macronien qu’affectionne mon ami Aredius J
Surfant et capitalisant sur les services créés par les GAFA (Google-Apple-Facebook-Amazon), une nouvelle génération d’entreprises exploite la digitalisation pour développer de nouveaux modèles économiques disruptifs. À leur tour, ils rendent obsolètes les règles de fonctionnement de leur marché : la construction automobile pour Tesla, l’hôtellerie pour AirBnB, l’usage de la télévision pour Netflix et les transports pour Uber.
GAFA-NATU... on peut penser que ces acronymes sont importants à connaitre. Mais qui, à part Aredius et moi, se souvient du BUNCH ? y a-t-il quelqu'un, sans passer par Google, pour donner les 5 entreprises de la préhistoire (les années 70 du siècle passé) qui se cachent derrière ces lettres ?
10:38 Publié dans Chroniques Italiennes, Société | Lien permanent | Commentaires (1) |
31/10/2018
Haine
Pour poursuivre sur ma dernière note pas très optimiste, je découvre un entretien d'Andrea Camilleri à la télé italienne. Camilleri a 90 ans, il a écrit plus de 50 romans, Il est surtout connu pour ses polars (gialli) qui mettent en scène le commissaire Montalbano. Romans écrit dans un italien mêlé d'un peu de patois et qui se passent tous à Vigatà qui est la ville d'Andrea, Port Empédocle en Sicile. Au fait, j'en ai déjà parlé ici. Ecoutez la vidéo sous-titrée, c'est délicieux.
Interrogé dans la cadre d'une commission sénatoriale, il parle du climat de haine en Italie (et ailleurs):
"En ce moment, c'est une chance d'être aveugle: Ne pas voir certaines figure qui sème la haine, qui sème le vent et récolteront la tempête. Les mots de la sénatrice (contre la haine) je les signe. On est en train de perdre la mesure des choses, le poids des mots, les mots sont des pierres, elles peuvent se transformer en balles. Il faut peser chaque mot que l'on dit et faire cesser ce vent de haine qui est vraiment atroce et que je sens palpable autour de nous.
Mais pourquoi l'autre serait-il différent de moi ? L'autre n'est pas autre que moi dans la mirroir. La nouvelle de ce fou qui rentre dans une synagogue et tue 11 personnes en hurlant "à mort les juifs !". Est-ce qu'on se rend compte à quel niveau on s'abaisse non seulement quand on dit des choses pareilles mais quand on les pense ? Pire que des animaux qui eux ont la chance de ne pas parler ! On éduque une jeunesse à la haine. Nous avons perdu le sens des valeurs, les vraies valeurs de la vie."
Le père de Montralbano a conclu : "Je ne veux pas mourir avec l'humeur noire du crépuscule. Je veux mourir avec l'espoir que mes neveux et mes petits neveux vivent dans un monde de paix. Il faut que tous les jeunes se prennent en charge car le futur leur appartient. J'espère beaucoup des générations nouvelles. Ne me décevez pas !"
07:35 Publié dans Lecture, Mots, Société | Lien permanent | Commentaires (0) |
30/10/2018
Guerre
Je suis en train de lire le dernier livre qu'a écrit Stefan Zweig « Le monde d’hier ». Il analyse entre autre la question de comment on a pu en arriver à ces deux guerres qui ont ravagée le XXième siècle.
« Contre ma volonté, j’ai été le témoin de la plus effroyable défaite de la raison et du plus sauvage triomphe de la brutalité qu’atteste la chronique des temps ; jamais — ce n’est aucunement avec orgueil que je le consigne, mais avec honte — une génération n’est tombée comme la nôtre d’une telle élévation spirituelle dans une telle décadence morale. »
En lisant les lignes sur la boucherie de 14, dont on va fêter le centenaire de la conclusion dans quelques jours, puis sur la résistible ascension d’Adolf Hitler et que l’on met en parallèle notre époque, on ne peut éviter de penser que les signes avant coureurs d’une déflagration des nationalismes est à nouveau en train de se mettre en place à grande vitesse.
Les ricains ont élu Trump qui vient de déclarer « I AM A NATIONALIST! USE THAT WORD ! » Nationaliste et fier de l’être donc. Trump qui prêche la haine des autres y compris la haine des étatsuniens qui ne pensent pas comme lui. Fou au point de faire passer des bateaux de guerre dans le détroit de Taïwan au risque de déclencher l’étincelle avec les chinois.
Aujourd’hui le fasciste Bolsonaro est élu au Brésil. Il a une fois déclaré « Hitler a été un grand stratège. Quand tu as un général, au Brésil, ou dans n’importe quelle armée du monde, lui, le général, doit être prêt pour annihiler l’autre pays, pour détruire l’autre pays pour défendre son peuple »
On a toujours Bacchar El Assad en Syrie et des tensions fortes entre l’Iran des mollahs et les monarques Saoudiens qui assassinent le Yémen.
Le président Dutertre au Philippines avait naguère fait un parallèle entre la guerre meurtrière qu’il livre à la drogue et l’extermination des Juifs par Adolf Hitler, en disant qu’il serait « heureux de massacrer » des millions de drogués.
Vladimir Poutine annexe la Crimée et fait la guerre dans le Donbass.
Son charmant copain tchétchène Razman Kadyrov qui se dit "guerrier féroce".
Je vous passe la kyrielle de leaders africains indéboulonnables, les boute-feu derrière Netayahu en Israël... etc.
En Europe :
Le Brexit et Teresa May s’enlisent.
La côte de l’extrémiste Salvini ne cesse de monter en Italie
Orban surfe sur la vague nationaliste en Hongrie.
Quelques amis à eux dans les pays de l’est, Tchéquie, Slovaquie, Pologne mais aussi en France, Le Pen et en Allemagne l'AfD. Steve Banon, l'ex-conseiller de Trump veut fédérer ces mouvements. Il arrive que ces mouvements dit souverainistes se bagarrent entre eux, les allemands ne voulant pas payer pour Salvini.
Kountouris, Grèce (Courrier)
En France on se demande « Quoi après Macron ? »
Bref. C’est pas la joie.
Pour revenir à Zweig, on ne peut que constater la côte énorme de la France (et de Paris en particulier) dans tous les pays de ce « Monde d’hier ». Pour Zweig, c'est le pays de la liberté, de la légèreté, de la beauté, de la culture... Pour finir sur une note vaguement positive, on peut espérer que c’est encore un peu vrai aujourd'hui pour tous les peuples
06:43 Publié dans Courrier International, Questions essentielles, Société | Lien permanent | Commentaires (0) |