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17/11/2006

Château lapin

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Par ici, messieurs, mesdames... la visite continue...

Le vicomte de Lapereau qui, entre parenthèse, préférait qu’on l’appelle d’Ouble car il n’avait jamais aimé son zoonyme*, le vicomte donc, a fait construire ce château sur le modéle de Vaux le Vicomte, au début du XIXième siècle, au lieu dit Ouble, après avoir asséché le marais environnants. Sur la droite, vous pouvez voir ces charmantes miniatures accrochées à une cimaise*. Je vous laisse deviner le thème de cette collection de portraits… Eh oui, madame a raison, enfin presque, ce ne sont pas des animaux humains mais des gens à zoonyme : madame Vache pour l’élégante dénudée à gauche, monsieur Caniche pour le barbu à l'oeil de satyre du milieu et les frères Chameau sur cet élégante toile du XVIII ième.

La salle dans laquelle nous entrons, qui a longtemps servie de boudoir à la vicomtesse est appelée la salle des phéromones* à cause de l’odeur étrange et prétendument aphrodisiaque qui s’est imprégnée dans les tentures. Vous pouvez respirer à plein poumon, on prétend que les gens stressés en ressortent apaisés.

La pièce suivante est la chambre des empaillés ou salle des vibrisses*. A gauche une belle collection de chats, des siamois, des européens, des abyssins, des balinais, un superbe mau égyptien, et à droite des rats, le vicomte était un grand collectionneurs de rats, on distingue des Long-Evans ces rats de laboratoire que l’on dit plus intelligents que bien des humains, des rats gris les grey-robe, des rat d’égout presque noir capturés dans les environs d’Ouble par le vicomte lui-même.

Voici la chambre de la vicomtesse où ont séjournées les nombreuses conquêtes du vicomte qui les accueillaient quand son épouse partait chasser le pihi* dans les montagnes corses avec sa bande de robustes veneurs, des jeunes gens recrutés dans le voisinage d’Ouble. Le vicomte appelait toujours de ses vœux  la capture et la naturalisation d’un pihi mais il bien connu que cet oiseau vient à bout des meilleurs rabatteurs même traqué par leurs longues lances.

Suivez-moi messieurs-dames…

Nous entrons dans la grande salle des spectacles. C’est ici que le vicomte faisait jouer ses pièces. Les villageois l’appellent maintenant la salle du Show Lapin. Le vicomte était un piètre auteur dramaturge mais très prolixe et souvent licencieux. Il confiait ses œuvres aux meilleurs metteurs en scène et exigeait que ses didascalies* soient parfaitement exécutées. On raconte qu’il aurait renvoyé un metteur en scène qui n’avait pas exigé que l’actrice se déshabille comme indiqué à la fin de la scène. L’homme avait bien argumenté qu’il avait respecté l’essentiel du paradigme* en demandant à l’actrice de poser son châle mais le vicomte n’a rien voulu savoir.

A main gauche vous pouvez voir ce petit compendium* fabriqué par le vicomte d’Ouble pour l’éducation de son fils. Il tenait à ce que son héritier sache utiliser les mesures de l’ancien régime, les objets exposés se pèsent donc en onces, se mesurent en toises et en coudée, en boisseau, en muid ou en setier.  On remarquera derrière la vitre, ce petit bijou qui n’est pas un diamant malgré son apparence adamantine* mais une aigue-marine, on suppose qu’il était ici pour illustrer le carat, non pas le carat métrique ni le carat Font ou le carat thé mais le carat qui vaut un tiers d’obole encore utilisé par les bijoutiers de nos jours.

Par ici mesdames et messieurs… attention à la marche…

Vous entrez dans la salle de méditation de la vicomtesse. On la nomme aussi salle du pilier des égrégores*,  C’est ici qu’après  une vie de débauche la vicomtesse venait se reposer. Elle faisait appel aux meilleurs thérapeutes et tentait d’établir ici un puissant courant spirituel en harmonie avec le Cosmos, on pratiquait dans cette salle le yoga tantrique, le yoga aérobic, le hatha-yoga, le thatha-yoga, le ghagha yoga et aussi une forme de yoga du rire qu’on appelait la gélothérapie*.
 
La visite se termine ici, messieurs-dames. Avant de quitter le château pour aller vous promener dans le merveilleux jardin botanique* et sa collection unique d’arbres aux quarante écus, les ginkgos* biloba plantés par un descendant du vicomte d’Ouble, je vous conseille d’essayer la gélothérapie. La recette consiste à mettre votre main contre le pilier des égrégores, à penser à une anecdote drôle et à laisser venir doucement le rire. Pas plus tard qu’hier une dame a eu un véritable orgasme d’une bonne dizaine de minutes en pratiquant ainsi.

Attention aux escaliers en sortant et si la visite vous a plu, n’oubliez pas le guide.

Ce texte oulipien répond au jeu proposé par le blog autour des mots et utilise 13 mots (à la douzaine) issus de l'excellent blog du Garde-Mots :

Adamantin, Cimaise, Compendium, Didascalie, Egrégore, Gélothérapie, Ginkgo, Jardin botanique, Paradigme, Phéromones, Pihi, Vibrisses, Zoonyme.

10:40 Publié dans Textes | Lien permanent | Commentaires (2) |

Commentaires

Trop drole !! :-) Tu peux pas faire une visite de musée dans ce style ?...

Écrit par : Dandylan | 17/11/2006

Ton texte est en ligne avec les autres ... merci de ta participation ;-)

Écrit par : Christine | 18/11/2006

Les commentaires sont fermés.