08/09/2012
Bourrage de mou
On est habitué à se faire bourrer le mou par les communicants et marketers de tous poils. Noam Chomsky appelle ça la « fabrique du consentement. » Un directeur de chaîne parlait de vendre du temps de cerveau disponible… Je dis bourrage de mou. Ceci dit, il n’est pas toujours facile de savoir quand et comment on se fait bourrer le mou.
L’autre jour, forcé d’écouter Autoroute Info pour cause de bouchons, je les ai pris en flagrant délit de bourrage de mou, le mou du cerveau d’automobilistes coincés dans leurs files. A noter qu’ils ne font pas de réduction pour cause de lenteur. Non, ils vantent les mérites de leur juteux business dans des reportages bien ficelés et totalement mensongés.
Il était question d’enquêtes d’opinion (un outil de la fabrique) qui avaient interrogé nos amis belges, hollandais et allemands sur la qualité de nos autoroutes par rapport aux leurs. A noter que le reportage disait bien que les autoroutes chez eux étaient gratuites ou presque. L’enquête concluait que les étrangers trouvait nos autoroutes d’un rapport qualité-prix supérieur aux leurs. Message répété un certains nombre de fois. Rapport qualité-prix supérieur. Rapport qualité-prix supérieur. Rapport qualité-prix supérieur...
Sachant qu’un prix quasi nul conduit à un rapport qualité-prix quasi gigantesque en faveur des autoroutes étrangères, c’est soit que le niveau de math belge ou allemand est faible soit que les maîtres de nos autoroutes nous bourrent le mou. Evidemment, on connait la réponse, ils se moquent de nous... Stop à l’exploitation des automobilistes par les gestionnaires d’autoroutes. Nationalisons les !
23:08 Publié dans Blog, Libéralisme | Lien permanent | Commentaires (1) |
07/09/2012
Charvin
Départ de La Savatte, René et moi.
Après des chemins jeepables qui déservent des chalets d’alpage on attaque une montée assez raide qui va au sommet... Mais, ce serait trop facile, donc on bifurque à gauche pour atteindre le col de Porthets. Légère descente et traversée vers le lac.
Pour se mettre en jambe, on grimpe sur la Gouenne (grenouille en arpitan), un petit sommet 170 mètres en dessus du lac (photo). A la descente, on se retrouve de l’autre côté du lac et prêts pour l’arête. Une arête bien équipé de cables. Terrain gras au départ. Un peu de gaz ici ou là. Des vues plongeante sur Ugine... les Aravis, le Mont-blanc, Croise Bolet…
Deux mètres sous le sommet, casse-croute à l’abri du vent. Vue côté Tournette-Parmelan et le reste en se retournant. Il fait beau, même en plaine. Redescente par la voie habituelle pentue et bien grasse. 900 mètres de descente en une heure.
1250 mètres de dénivelé positif dans la journée…
On baisse conclut René devant la bière :-)
22:30 Publié dans Montagne | Lien permanent | Commentaires (0) |
05/09/2012
Trou de la Chapelle
Non loin de la Tournette, Patrick a entendu parler d’un trou qui permet de traverser la dent du Cruet, une dent creuse donc. Voilà qui est bien intriguant.
Nous voici donc au cimetière de Morette, les trois du lundi plus Raymond. On monte rapidement, comme d’hab, et on rate le départ du trou. Qu’à cela ne tienne, on grimpe au col des frètes puis à la pointe de Talamarche où le soleil est au rendez-vous. Mêmes nuages que lundi jusqu'à 1400 environ. On grignote et on redescend pour trouver le départ du trou.
Montée raide sur un sentier à peine tracé et furtivement balisé pour atteindre une corde. On grimpe, en partie à la force des bras, c’est raide et surtout c’est gras. Les cordes succédent aux cordes… toujours pas de trou. Puis plus de corde, on part en vire... Puis de nouveau une corde qui part à plat. Je met la longe préparée par René et me mousquetonne. C'est mieux.
Et hop, un petit coup d’accrobranche dans la falaise. et on arrive enfin... au sommet. Aurait on raté le trou ?
On suit le chemin et on tombe enfin sur le trou. Tout contents, on allume nos frontales. A peine nécéssaires, la grotte n'est pas très longue. mais l’endroit est saisissant. Très Indiana Jones...
Vers la sortie un immense érable s’est installé en quête de lumière sur le trou de gauche. C’est magique. Paraît que de l’autre coté de la montagne, ce sont des paturages.
Hum, un peu raide les paturages au début… Terrain encore gras. Faut être super attentifs, le vide n’est pas loin. Deux virages et enfin on respire. On boit le pastis au chalet de l’aulp riant dessous (un bien beau nom) on mange puis on descend sur Alex en se perdant, « sans GPS on n’aurait pas su qu’on était perdu » remarque Patrick. A Alex, on a laissé une voiture. Une balade très belle et originale. Conseillée par terrain plus sec.
Total 1450 mètres de dénivelé.
22:14 Publié dans Montagne | Lien permanent | Commentaires (0) |
03/09/2012
Tournette
Tournette depuis Montremont.
Juste avant d'enter à Thônes on prend la route à droite en direction de Montremont. Du parking terminus de la route goudronnée (alt 824m) nous débutons cette balade, René, Patrick et moi. Il est 8 heures et quelque.
On commence par un petit supplément sur la voie de descente avant de trouver la montée bien raide en direction du Col des Nantets (1426 m) que nous rejoignons donc assez vite. Vers les 9 heures, on se fait engueler par un quad (d'alpagiste) qui descend et nous reproche d'être rangés du mauvais côté. Il ne peut pas prendre son virage assez vite. La pente est raide et caillouteuse. Petite descente d’une centaine de mètres de dénivelée qui nous permet de souffler avant de remonter sur le chalet de l’Aulp (1424 m). Itinéraire ici.
Nous nous trouvons sur l’itinéraire classique que nous suivons jusqu’aux ruines du Casset. Patrick nous entraîne sur un raccourci (une sente) sans aucune indication mais bien visible tant sur le terrain que sur la carte, René suit bien sûr, toujours prêt pour les surprises. Je suis moins enthousiaste.
Ce sentier est en partie équipé dans quelques endroits un peu délicats. Le terrain est mouillé, passages rocheux glissants, il a neigé deux jours avant, pas trop conseillé, mais quand on part avec des montagnard, faut savoir ce qu’on veut… Je choppe des crampes, je bois et teste le Cuprum metallicum, ça marche !
Après le Col du Varo (2151 m) on rejoint l’itinéraire classique, lui aussi en partie équipé. Ne reste plus qu’à grimper sur le fauteuil de la Tournette avec chaînes et échelle. Là-haut, casse-croûte avec vue panoramique sur les sommets de plus de 1400 mètres, le bas est dans la peuffe. On est seuls sur le gros caillou.
Après avoir mangé, nous attaquons la descente en direction du Col des Frêtes du Rosairy (1753 m) et basculons, sous l’œil amusé de bouquetins (et même un chamois) sur l’autre versant pour une très longue descente. En raison de la raideur du terrain, le sentier ne perd que très peu de dénivelé entre chaque virage. On observe intrigués un sentier dans le rocher qui paraît encore plus pentu que notre prairie déjà raide (connaissez-vous ce chemin taillé dans le roc ?). A mi-pente un petit abri-refuge de l’ONF au lieu dit Varos.
On croise aussi le vargne de Varos qui n’est d’autre qu’un gros sapin blanc (Abies alba) parfois appelé Sapin de Normandie, Sapin de croix (Bretagne), Sapin des Vosges, Sapin noir, Sapin à feuilles d’if, ainsi que Vuargne, Ouargne ou Warne (Haute Savoie et Suisse), et plus rarement Sapin argenté. C'est une essence importante pour la foresterie en Europe (merci René pour la recherche). Patois arpitan voirgne, vouargno, vouairgno, du gaulois varno, « sapin », celtique vuarnia, « résineux ». A noter que Varosse est un terme patois pour l’aulne.
Total avec les détours 1750 mètres de dénivelé.
21:18 Publié dans Montagne | Lien permanent | Commentaires (0) |
29/08/2012
Triche
Les athlètes handicapés font plus fort que les valides. Bien sur, il y a Esther Vergeer, cette hollandaise en fauteuil, aux 390 victoires et 100 tournois consécutifs à son actif en paratennis. C'est beau !
Mais c'est surtout dans le domaine de la triche que les handicapés font le plus fort. Il y avait eu cette russe aveugle qui, aux jeux de Turin, avait tourné la tête vers le panneau d'affichage et avait sauté de joie en voyant son temps.
En 1996, à Atlanta, 11 athlètes ont été renvoyés pour tricherie, et 10 basketteurs espagnols supposés handicapés mentaux ont mené leur équipe à la victoire grâce à une stratégie hors pair.
Le truc le pire, c'est ceux qui, souffrant de lésions médullaires, se cassent volontairement un orteil ou se pressent les testicules ou encore s'assoient sur une pointe pour stimuler la moelle épinière. Cette technique du "bootsting" peut-être mortelle... Qu'importe si on veut avoir son quart d'heure de célébrité MacLuanesque.
À tout hasard, je signale que je tape ce blog avec deux doigts depuis des années (en plus cette note est tapée entièrement sur un iPad, le sommet du handicap, et que je ne m'assois jamais sur des pointes, ni ne me presse les testicules (quelle horreur !). Je mérite donc mon quart d'heure de gloire sans que les contrôleurs du web n'y puissent rien.
15:20 Publié dans Au fil de la toile | Lien permanent | Commentaires (0) |
25/08/2012
oeillères
Une interprétation stricte de la loi juive interdit tout contact entre hommes et femmes non mariés. Elle interdit la vue même d'une femme un tant soit peu dénudée.
Par malheur, il arrive que quelques bras, jambes ou épaules nus passent dans les rues les plus sécurisées de l'ultraorthodoxie. Que faire ? Leur jeter des pierres ?
Non, explique ynet, les news du monde juif, les “patrouilles de la pudeur” vendent désormais des lunettes équipées de filtres brouillant la vision. Il fallait y penser !
Ces lunettes ne modifient pas la vision sur un rayon de quelques mètres, afin de ne pas gêner les déplacements, mais tout ce qui se situe au-delà de cette limite est flou, femmes impudiques comprises.C'est une sorte de lunettes pour fabriquer des miopes. L'article ne dit pas si on est autorisé à conduire avec. Ceci dit, peut on rouler en voiture suivant la Torah ? Je ne sais pas.
Les hommes contraints de sortir de leur communauté sont vivement encouragés à s’équiper de capuches et de visières bloquant la vision périphérique.
Les lunettes coûtent la “modeste” somme de 6 dollars.
Le prix pourrait encore baisser si les intégristes musulmans voulaient bien adopter l'idée, un marché énorme serait alors ouvert, ce qui ferait immanquablement baisser les coûts de revient.
12:36 Publié dans Au fil de la toile | Lien permanent | Commentaires (3) |
24/08/2012
Loup irréfutable
J'aime bien faire un tour sur le blog d'Yves Paccalet. Un écologiste savoyard mais surtout un philosophe dont j'ai déja parlé ici.
Il vient de republier sur son blog un article qui date de mars 1994 et qui plaide en faveur des loups et par la même occasion de tous les grands animaux qui gênent quelqu’un quelque part, et dont les Bové nous enseignent qu’il faut les éliminer jusqu’au dernier. Remarquons que c’est ce qui arrive : nous autres, hommes, nous tuons les loups un peu partout, les requins à la Réunion (et ailleurs), les lions, les tigres, les ours, les hippopotames, les éléphants, les dauphins (qui mangent le poisson des pêcheurs), etc.
Nous serons bientôt parfaitement heureux en compagnie de nos commensaux ou de nos parasites : les rats, les pigeons, les cafards, les mouches et les moustiques…
L'article en question commence par le meilleur titre :-) Version complète ici.
LE LOUP EST IRREFUTABLE
Alexandre Vialatte, chroniqueur auvergnat, allait répétant que l’éléphant est irréfutable. J’en dirais autant du loup. C’est un animal prouvé, au contraire de la Licorne, de l’Hydre et du Catoblépas. De l’Ouroboros, du Barometz et du Léviathan.
Il existe. Il remonte à la plus haute Antiquité. Il est vif, rusé et coruscant. Parfois hirsute. Il vous considère de ses yeux jaunes, pas forcément pour vous manger mon enfant, avec ses grandes dents et son bonnet de mère-grand. Il exhale une évidence logique et biologique. Zoologique. Morale. Quasi métaphysique. Il ne saurait être révoqué du monde, ni par le ministère du Gibier et des Accidents de Chasse, ni par l’Office national du Ski et des Fractures ; pas davantage par le syndicat de la Chevrotine ou le groupement des Immeubles de Béton dans la Montagne. A moins que l’homme ne décide de se supprimer lui-même de la surface de la Terre.
(...) Le loup et l’homme sont des bêtes sauvages, mais civilisées, composées de la même substance physique et passionnelle. Pétries de lait, de chair, de sang et de longs hurlements sous la Lune. Il suffit que ces deux mammifères s’aperçoivent, au coin du bois, pour se remémorer leur lointain cousinage. Ils occupent des niches écologiques analogues : grands prédateurs quand l’occasion se présente, amateurs de biftèque, ils font leur ordinaire de petits animaux et de plantes : mulots ou lapins ; escargots ou grenouilles ; myrtilles ou framboises…
(...)Non seulement le loup est irréfutable, mais il est nécessaire. Si nous ne réussissons pas à lui faire un peu de place sur cette planète, cela voudra dire que nous n’en aurons plus pour nous-mêmes et pour nos enfants. Pour nos oeuvres, nos aventures, nos mythes, nos poèmes, nos symphonies, nos peintures, nos rêves – bref, pour ce qui nous a fait hommes avant que nous n’inventions l’Administration des Immeubles et Fusils Réunis.
Demain, je marcherai dans la montagne. Je grimperai la pente sur la trace des loups revenus en France. Je chercherai dans la forêt, je pisterai dans les alpages. Je veux croire que l’un d’eux daignera me regarder de ses yeux jaunes. Je lirai dans ses prunelles la sauvage nécessité des hurlements sous la Lune.
15:32 Publié dans Au fil de la toile, Portrait de blog | Lien permanent | Commentaires (8) |