29/07/2012
Crottes de chien
Vialatte à propos de Céline (chronique 439 du 1 août 1961)
Céline, à l'horizon de la littérature, laisse de hauts châteaux d'ordures qui se détachent sur un ciel d'orage et qui attireront longtemps le regard. Ses paysages plus grands que nature se mirent dans un fleuve d'immondices.
C'est un géant qui promène ses rêves dans un égout. Il n'est, je crois, pas un de ses livres, où, à un moment ou un autre, ledit égout ne déborde et n'engloutisse le monde. A moins qu'une vieille dame méritante, armée d'un jonc flexible et d'un pot d'eau bouillante, ne débouche le trou d'écoulement par un barattage minutieux, avec une technique remarquable dont il fait un éloge très vif.
Le style, c'est l'exagération. Nul n'exagéra plus que Céline. Il a bâti des Parthénons en crottes de chien. La matière est étrange, les monuments grandioses. Ils seraient plus nobles en marbre blanc ; mais ceux qui taillent le marbre blanc n'ont pas la carrure qu'il faudrait pour faire des monuments aussi grands que ceux de Céline.
15:05 Publié dans Vialatte | Lien permanent | Commentaires (1) |
27/07/2012
Lettres Céline
On a beau être fan de Céline, on ne prend pas à la légère le fait d’investir 65 euros pour lire ses lettres publiées dans la Pléiade même si on en a parlé comme d'un évènement éditorial.
Grâce à Dieu, un lecteur averti a fait le travail de critique sur Amazon. La version complète est ici
Voici le début, ordonné selon des critères socio-professionnels qui éviteront à tout le monde de perdre son temps.
I. Hommes sans aucun diplôme, ouvriers agricoles, musiciens de hard rock, artisans, chauffeurs de taxi.... : Première précaution à prendre ; il n'est absolument pas question ici de Céline Dion, attention à la confusion. Ensuite, réfléchissez (à jeun, de préférence) ; avez-vous vraiment besoin d'un livre chez vous, qui plus est dans La Pléiade ? S'il ne s'agit que d'épater vos collègues de travail, un simple Marc Lévy en édition poche suffira largement. Pour augmenter l'effet produit, n'oubliez pas de corner quelques pages et de souligner quelques passages au crayon. Le présent avis ne concerne pas les femmes qui ont autre chose à faire que de lire.
II. Hommes/Femmes classe moyenne inférieure niveau bac (petits commerçants et employés, fonctionnaires de catégorie C...). Soyez lucides : vous n'êtes jamais arrivé à finir Le Voyage, ce n'est pas pour vous échiner sur les 2034 pages de l'ouvrage. Vous voulez absolument avoir un volume de la collection ? Tapez dans le classique, sans surprise et indémodable : Zola, Flaubert, le choix ne manque pas.
III. Hommes/Femmes classe moyenne moyenne (domaine des services, fonctionnaires de catégorie A et B....) niveau bac + 2 ou plus. Avec ce qui va vous tomber dessus à la rentrée, augmentations diverses, suppression des aides...etc., vous pouvez vous dispenser de dépenser 65 euros.
IV. Hommes/Femmes classe moyenne supérieure, classes supérieures (professions libérales, chefs d'entreprise, salariés de grands groupes), niveau bac + 5, grandes écoles, et/où carnet d'adresses bien rempli. Quand il ne s'agit pas des cours de la Bourse ou d'ouvrages de management, la lecture est une perte de temps et le profit attendu n'est envisageable qu'à très long terme. Continuez à privilégier les manifestations ou achats culturels qui demandent moins d'investissement personnel et qui peuvent vous faire rencontrer du monde (vernissages notamment).
Bien. De ceux qui restent, il fait maintenant retrancher tous les gens de gauche, pour qui Céline n'est qu'un immonde écrivaillon antisémite qui n'a pas sa place dans La Pléiade.
Maintenant que nous sommes enfin entre nous, passons au sujet qui nous occupe aujourd'hui. Foin de vaines circonlocutions : ce livre est un gros pétard mouillé, et n'a pas grand intérêt. Il a toutefois le mérite de poser clairement le problème de l'opportunité de la publication des correspondances d'écrivains. Il ne peut y avoir en la matière de règles générales, l'appréciation devant se faire au cas par cas.
Pour prendre des éléments de comparaison, les correspondances de Flaubert ou de Voltaire, qui cumulent les qualités de documents et d'oeuvres littéraires, sont des monuments. En revanche, celle de Léautaud, par exemple, est parfaitement inintéressante et sans relief, alors que son Journal est extraordinaire.
Et on remercie Shuffle Master qui nous fait gagner des sous.
18:51 Publié dans Lecture | Lien permanent | Commentaires (0) |
26/07/2012
GeS 2012
Si vous pensiez venir trois jours à St Julien pour assister à tous les concerts de Guitare en Scène, sachez que le "PASS 3 JOURS + Accès Scène Unplugged" à 140€ est épuisé. Il faudra prendre 3 billets. Le programme:
12:55 Publié dans Blog | Lien permanent | Commentaires (0) |
22/07/2012
Lapin
Comme vous le savez, je suis toujours en quête du fameux boson de Higgs. A quoi sert-il ? Pourquoi ne se montre-t-il pas ? Ou va-t-il ? Quelle gueule a-t-il ? Quel vol a-t-il ? Quel veste a-t-il ? Quelle montre a-t-il ? Quelle masse a-t-il ? De quel côté du miroir se trouve-t-il ? etc... Sa récente découverte, le 4 juillet, ne m’a pas avancé. Du coup, pour éclairer ma lanterne, un fidèle lecteur, scientifique et amateur de musique, m’envoie la chronique d’Alain Rémond publiée dans Marianne.
Comme vous et moi, Alain ne comprend rien à ce foutu boson qui donne de la masse à toute chose. Alors il prend pour argent comptant la métaphore proposée, dans le Monde, citant les propos d’un éminent spécialiste, Jean-Marie Frère : « Imaginez que cette particule est un gros lièvre tapi au bord d’un champs de blé immobile. Si les couleurs sont identiques, l’animal est invisible. Si le champ de blé se met à osciller sans que le lapin bouge, alors en observant suffisamment longtemps, on pourra voir la bête. »
A noter que l’on commence par un lièvre et qu'en deux phrases on finit par un lapin. Faudrait savoir monsieur (faux) Frère. Quelle bestiole vous cherchez au juste ! Déjà que prendre les lecteurs du Monde pour des gamins de CE1 n’est pas sympa, il faudrait au moins rester cohérent.
Alain Rémond, lui, prend le parti du lapin contre les chasseurs. Il note que ce lapin qui aurait bougé une oreille aurait quand même une chance sur un million de ne pas être un lapin (ni un lièvre d’ailleurs). Sa position me semble bien compréhensible vu que ces chasseurs nous coûtent une fortune pour faire tourner des hadrons en bourrique en espérant trouver un lapin. D’ailleurs, ils ont déjà dit que maintenant, il faudrait construire, vite fait, un nouvel anneau bien plus grand, plus puissant, etc… sans doute pour repérer un éléphant gris sur fond gris. Et ils pensent quoi les chasseurs de la dette grecque et de la dette espagnole ?
Et Alain Rémond de conclure que cela fait des centaines de milliers d’années que l’on vit sans rien savoir de la masse et qu’on s’en passe bien. Il propose de laisser une petite chance au lapin de Higgs. Je ne suis pas d’accord. On a mis de gros moyens pour le chasser, finissons-en !
Mais pour le gros gibier, que l’on cherche ailleurs. Dans les étoiles par exemple. Comme le faisaient jadis les poètes. Parait que là-haut, les collisions sont bien plus fortes.
19:33 Publié dans Science | Lien permanent | Commentaires (0) |
21/07/2012
Musicales 2012
L'an dernier, lors des musicales, Michèle nous avait chanté l'idylle philoménale. Cette année, elle a récidivé en ajoutant "sous les palétuviers". Des paroles saisissantes et hautement érotiques. La version originale par Pauline Carton et André Berley :
L'amour ce fruit défendu vous est donc inconnu
Ah ! Cela se peut-il joli petit bourgeon d'avril
Non je ne l'ai jamais vu, jamais vu ni connu
Mais mon coeur ingénu veut rattraper
Vois-tu tout le temps perdu
Ah ! rien ne vaut pour s'aimer les grands palétuviers,
Chère petite chose
Ah ! Sous les palétuviers, je vous sens frétiller,
Je veux bien essayer
Ah ! Viens sous les pa..
Je viens de ce pas et je vais pas à pas
Ah ! Suis-moi veux-tu !
Je n'suis pas vêtue sous les grands palétus
Viens sans sourciller,
Allons gazouiller sous les palétuviers
Ah oui ! Sous les pa pa pa pa, les pa pa les tu tu,
Sous les palétuviers
Ah ! Je te veux sous les pas, je te veux sous les lé,
Les palétuviers roses
Aimons-nous sous les patus, prends-moi sous
Les laitues, aimons-nous sous l'évier
Ah ! Ton cur me semble encore hésiter cher trésor
Mais je peux tout oser pour un p'tit, tout petit baiser
Un vertige m'éblouit, un baiser c'est exquis
Mais dès qu'il l'aura pris,
Je vais être pour lui l'objet du mépris
Non le mépris je t'en prie ce n'est pas dans mes prix,
Car je suis pris, mignonne
Mon cur est aux abois, je te donne, ô mon roi,
Mon corps au fond des bois
Ah ! Viens sous les pa..
Je viens de ce pas et je vais pas à pas
Ah ! Suis-moi veux-tu !
Je n'suis pas vêtue sous les grands palétus
Viens sans sourciller,
Allons gazouiller sous les palétuviers
Ah oui ! Sous les pa pa pa pa, les pa pa les tu tu,
Sous les palétuviers
Ah ! Je te veux sous les pas, je te veux sous les lé,
Les palétuviers roses
Aimons-nous sous les patus, prends-moi sous
Les laitues, aimons-nous sous l'évier
Si je comprends bien, tu me veux mon chien,
Sous les grands palé tu viens
19:03 Publié dans Blog, Musique | Lien permanent | Commentaires (0) |
Consentement
12 morts hier dans une fusillade à Aurora, Colorado. Il y en avait eu 15 à Columbine en 1999, 33 à l’université de Virginia Tech en 2007… et, à chaque fois, pas mal de blessés graves… et bien sûr, à chaque fois, c’est l’émotion aux US.
En fait, les ricains, s’ils étaient plus attentifs, pourraient grandement s’émouvoir chaque jour puisque la ration quotidienne de morts par armes à feu dépasse les 80 personnes. Eh oui, 30’000 fusillés ou revolvérisés par an, plus quelques attaques au bazooka ou à la mitrailleuse lourde. Pas de bombe atomique signalée… pour l’instant.
Eh bien non, pas d'émotion quotidienne. Il semble qu’une large majorité d'étatsuniens soit très attachée au deuxième amendement de la constitution qui autorise n’importe qui à acheter n’importe quelle arme et des stocks de munitions capables de tuer une ville entière. La cour suprême a confirmé ce droit en 2008. Obama lui-même n’ose pas s’attaquer à ce « privilège » du citoyen.
Ceci en dit long sur la capacité de manipulation de l’opinion publique.
Si on peut faire acheter des déchiqueteurs à des smicards, si on peut faire croire que les armes à feu protègent le citoyen… On peut sans doute nous faire manger ou boire n’importe quoi, persuader le smicard qu’il peut devenir riche et payer un jour trop d’impôts, convaincre l’esclave qu’il doit aimer sa servitude…
La fabrique du consentement est sans limite. Elle a un avantage sur les autres fabriques, c’est qu’elle se délocalise facilement tout en continuant de produire sur place.
11:13 | Lien permanent | Commentaires (1) |
20/07/2012
A la masse
Vous pensez que vous avez encore pris du poids. Votre indice de masse corporelle frise l'obésité. Eh bien la physique quantique vient à votre secours. En fait la masse n'est pas ce qu'on croit. C'est encore un coup du fameux boson de Higgs. Voilà enfin une bonne explication : la masse n'existe pas. Il y a seulement des freins mis à votre cure d'amaigrissement et qui ralentissent notre volonté farouche de mincir.
Etienne Klein explique:
Et en plus la gravitation est une force faible. Plus de problème. Soyons légers mais faites quand même attention aux cocktails.
15:10 Publié dans Science | Lien permanent | Commentaires (0) |