21/06/2012
Mine -Arras -Vimy
Visite du musée de la mine à Lewarde. Un musée très pédagogique sans être ennuyeux suivi d’une descente au fond de la mine.
On parcourt les tunnels étayés de différentes manières suivant les âges (exploitation du charbon dans le Chnor depuis Louis XV.) Pas facile la position du mineur coincé dans un réduit pour faire tomber le charbon. Pas facile celle du cheval non plus. Très interressante la partie équine du musée. Ces pauvres bourrins restait leu vie entière dans la mine.
Au XXième siècle, la mine évolue, le marteau piqueur remplace les outils plus rustiques ajoutant du bruit pour une productivité effrénée. Une mine de réflexion pour ceux qui pensent que c’était mieux avant. Et une surprise finale que je vous laisse découvrir si vous allez par là-bas.
Ensuite visite d’Arras chef lieu du Pas de Calais (Avec l'ami Bidasse, on ne se quitte jamais, attendu qu'on est, tous deux natifs d'Arras-se, chef-lieu du Pas de Calais).Ancienne capitale de l’Artois. Deux magnifiques places bordées de maisons presque identiques. Une ville à voir.
Petit crochet au mémorial canadien de Vimy. Superbe site bourré de souvenirs tristes. Malheureusement, il commence à pleuvoir, ce qui arrive rarement dans le Chnor mais l'orage menace. Météo France est en alerte orange. Le ciel est noir (pas comme sur la photo).
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20/06/2012
Lille
Visite guidée de Lille.
Une charge d’histoire lue à travers les styles architecturaux divers sous la houlette d’une guide très savante et passionnée par sa ville. Attention, on ne plaisante avec le Carlton et DSK. Si on veut prendre des photos de l’hôtel, il faut le faire discrètement. Prenons plutôt la grand place...
Découverte de la capitale des Flandres et ville métropole dune conurbation* de plus de 1,1 millions d’habitants à cheval sur le France et la Belgique (Mouscron, Courtrai alias Kortrijk, Tournai).
Montée au beffroi, patrimoine mondial de l'hiumanité.
Un tour dans la mairie et sa nouvelle entrée. Pas vu Martine.
Un tour vers la porte de Paris.
*Une conurbation est un ensemble urbain constitué de plusieurs villes dont les banlieues finissent par se rejoindre.
10:01 | Lien permanent | Commentaires (0) |
19/06/2012
Lille - Roubaix
Journée musées…
et quels musées !
Villeneuve d’Ascq, et le LaM, pour commencer. Le musée d’art moderne de la ville de Lille.
Lille art Moderne.
Dans un décor agréable à l’extérieur comme à l’intérieur, de très belles œuvres. Les grands, Modigliani, Picasso, Miro… Une mention spéciale à la collection d’art brut, digne de celle de Lausanne. Les artistes chers à Dubuffet et bien d’autres. Henry Darger bien sûr. J'en ai parlé ici et ici.
Ensuite la Piscine à Roubaix. Allez-y sans votre maillot de bain. Les anciens bains en style art-déco ont été réaménagés en un musée trés original.
Beaucoup de sculptures autour de la piscine et dans les salles qui suivent, dont La petite chatelaine de Camille Claudel. L’ours blanc de Pompon, le buste de Dalou de Rodin… un musée vraiment agréable.
Enfin, la manufacture à Roubaix. Petite attente dans la salle des dames tricoteuses et même devant une bière L’attente valait le coup.
On fait un tour à travers les machines à tisser depuis la machine à pédale puis le métier Jacquard et les différentes améliorations tout en parcourant l’histoire du textile dans le Chnor en général et à Roubaix en particulier. Une guide éminemment savante sur le sujet. Si vous passez dans le coin allez-y. Dommage, je n’ai pas pris le nom de la guide parce que c’était vraiment un puits de science sur un sujet passionnant et d’une technicité inextricable... surtout pour quelqu’un qui ne sait pas faire un nœud comme moi.
09:08 | Lien permanent | Commentaires (0) |
18/06/2012
Bestial Business 4
La suite...
Le père Nicanor Reyna arrive à Macondo pour célébrer le mariage entre Aureliano Buendia et Remedios Moscote. Il découvre que le village vit dans le péché et décide de rester pour les évangéliser. Il fait construire un temple et pour attirer les fidèles, il propose des spectacles de lévitation. Le secret de sa lévitation repose sur une intense consommation de chocolat. Du coup, je suis pris d’une furieuse envie de manger du chocolat… Je n’en ai pas acheté. Tant pis ! Je mets en branle mon club sandwich, poulet, salade, fromage à raclette et sauce BBQ entre deux tranches de pain complet grillées. Je me sers un verre de Saint-Estèphe. Cet après-midi, je ramènerai les bestioles en essayant de raser les murs. Ensuite, il n’y aura plus qu’à attendre l’appel de la belle Gaëlle…
Il y a maintenant cinq jours que j’ai ramené les bestioles à leur propriétaire. J’avoue que je préfère les savoir au vivarium que dans la valise sous mon lit. Je me suis installé dans ce taudis. Bien sûr, je pourrais attendre n’importe où qu’on me contacte. Après tout, ils ont mon numéro de portable, mais il me semble que, pour ma couverture, je dois rester dans ce studio, une intuition, et puis, j’avais envie d’une petite retraite pour faire le point. J’ai terminé Cent ans de Solitude et commencé un polar qui ne vaut pas tripette. Je suis sorti chaque jour me promener dans le quartier. Ces tours sont vraiment hideuses mais une demi-heure de marche suffit pour se retrouver dans un grand parc. Il fait beau.
Cet après-midi, j’ai eu le sentiment très net qu’on m’observait. Avant-hier, j’avais déjà eu cette sensation. Sans doute ma parano. Ce n’est pas si facile de vivre cette vie de reclus. Le changement est radical, du bruit au silence, de la foule des relations à mon vide intérieur. N’empêche, je suis content d’avoir pris cette mission. J’ai eu un peu de peine avec les bestioles au début, les serpents surtout. C’est très impressionnant de manipuler ce corps froid qui se tortille en puissantes ondulations, il y faut du calme, des gestes précis, surmonter sa trouille.
J’arrive sur mon banc. Hé oui, à peine quelques jours et je me suis déjà approprié ce banc. Etonnant de voir à quelle vitesse on se crée des habitudes. C’est mon banc. J’ai hésité à acheter un autre bouquin puis, j’ai décidé de reprendre Cents ans de Solitude. Je veux comprendre la généalogie de cette famille et tenter d’éclaircir le mystère de ce roman foisonnant. J’étais fait pour la littérature, pas pour la police.
C’est vrai que j’ai surpris tout le monde en me proposant pour cette mission. Il y a longtemps que j’avais envie de revenir sur le terrain. Quand j’étais jeune flic, il n’y avait rien qui m’énervait plus que de voir ces grands pontes qui avaient perdu le contact avec le vrai boulot. Depuis, j’ai pris du galon, je suis devenu un petit ponte. Je fais de la paperasse et j’ai des activités mondaines. Quand la police bolivienne nous a donné des éléments au sujet de Julius Patinaud, je me suis dit qu’il y avait un coup à tenter pour infiltrer cette filière de trafic animalier. Au fur et à mesure que le projet mûrissait, je me suis convaincu que c’était ma chance de revenir sur le terrain.
Ça n’a pas été facile de convaincre ma hiérarchie et encore moins mes subordonnés et puis il y avait le maniement des bestioles et la trouille. Finalement, ça valait le coup. J’avais besoin de faire un break, de réfléchir. Ma vie est vide. Ma vie s’est vidée. Bientôt quarante ans, divorcé, pas d’enfant, trop de femmes et pas de femmes. Je voulais faire le point. Alors une petite méditation sur un banc ne peut pas faire de mal.
Classique, ma méditation est interrompue par une sonnerie. C’est l’appel attendu de Gaëlle. Elle a mis le temps. Elle prend de mes nouvelles et me propose un rendez-vous. Demain matin ? Est-ce que j’aurai mes animaux ? Je réponds que c’est possible mais est-ce bien nécessaire ? Indispensable me dit-elle, les mêmes animaux, exactement. Elle me prévient que j’aurais de la visite à 10 heures précises. Un homme. C’est parfait. A demain.
J’hésite à passer chercher mes bestioles tout de suite. Non, je les prendrai demain matin. Je préviens le préparateur qui me dit qu’il fera son possible pour neuf heures. Je serai au vivarium à neuf heures et je ne compte pas attendre. Je rentre par le chemin des écoliers en passant à l’épicerie. Peut-être ma dernière soirée tranquille. J’achète du chocolat et des raviolis frais au brocciu. Raviolis à la crème et Côtes du Rhône au menu.
Lever de bonne heure. Huit heures et quart, je sors. Cette fois, j’en suis sûr, on me suit. Je sème mes poursuivants, passe au vivarium et je reviens avec ma valise spéciale. A dix heures pile on sonne. Un grand moustachu qui dit « C’est moi. ». C’est donc lui. Autant Gaëlle était accorte autant celui-ci est patibulaire. Visage blafard taillé en coin et barré par une moustache épaisse, il est tel que j’imagine le colonel Aureliano Buendia. Il m’annonce qu’il est venu pour organiser les livraisons. Il me donne une longue liste d’animaux mais avant tout, il veut voir les échantillons. Il est dingue de serpents, paraît-il. Gaëlle lui a mis l’eau à la bouche avec mon manba vert et surtout le corail albinos. Il n’en a jamais vu. On parlera de la commande plus tard.
Je ressors donc la valise de sous le lit et l’ouvre avec mille précautions. J’attrape le manba derrière la tête. On dirait qu’il a grandi depuis l’autre jour. Il tortille nerveusement sa queue émeraude. A sa vue Gaëlle avait reculé, le colonel s’approche. Il a dans l’œil une flamme. Il attrape le manba par la queue… Quel con ! J’ai failli lâcher la bestiole. Il me demande de lui passer l’animal. Je résiste. Il veut me le prendre des mains et, soudain, cet imbécile se fait mordre ! Il veut que je le conduise à l’hôpital. Il a l’habitude. L’an dernier c’était une vipère de Russell. Sa voix se fait pâteuse... Il s’évanouit…
« Vous savez, on ne s’habitue pas aux morsures de serpents. La mithridatisation, c’est des conneries. La première morsure avait sans doute laissé des traces sur son métabolisme… Et on n’avait pas de sérum pour le manba vert… Du moins, il est arrivé bien trop tard. » C’est ce que me dit, trois jours plus tard, un spécialiste des venins. Le colonel moustachu n’a pas repris connaissance. « C’est sa seconde morsure en quelques mois, le cerveau est atteint. S’il se réveille, ce sera un légume. »
Je ne vais pas verser de larmes, mais ce n’est quand même pas de chance… Il va falloir que je trouve un autre contact… Ils vont se méfier.
08:01 Publié dans Textes | Lien permanent | Commentaires (0) |
17/06/2012
Bestial Business 3
Lisez les deux épisodes précédents...
Est-ce qu’elle souhaite aussi voir mes araignées ? Elle hésite. Je sors un couple de mygales velues deux fois plus grosses que la tortue. Visiblement, elle n’aime pas les araignées. Elle recule au fond de la pièce et me demande de fermer la valise. Je la sens tendue mais, elle reprend vite ses esprits. Elle me remercie pour cette belle démonstration de spécimens, mais elle n’est pas là pour ça. Ah bon, je croyais.
Je lui explique que j’ai l’intention de reprendre le business de Julius, qu’il me faut beaucoup d’argent pour faire libérer mon oncle. Par chance, il m’a laissé tous ses contacts sur les cinq continents. Ces reptiles et ces araignées ne sont qu’une mise en bouche. Je peux, si c’est ce qu’on souhaite, lui procurer un éléphant ou un hippopotame. Cependant, il serait plus facile de se contenter de NAC ordinaires, des nouveaux animaux de compagnie de taille plus modeste. Disons, boas, pythons, iguanes, scorpions, moufettes, marmottes, mygales… Faites votre marché, chère Gaëlle ! Communs ou rares, autorisés ou interdits… Question de délais et de prix. Pour certains, si nécessaire, je peux même procurer des permis, disons, quasi légaux.
Je crois que la belle s’attendait à autre chose. Elle me pose sans conviction quelques questions un peu indiscrètes sur mes sources, je botte en touche. Elle sait qu’elle ne doit pas me poser ce genre de question… Essayé, pas pu ! Elle revient sur mes conditions de vie dans cette cité. Je lui explique à nouveau que c’était ici que Julius s’était installé, que c’est un endroit favorable pour passer inaperçu, les flics n’osent plus venir par ici. Trop dangereux ! J’y suis donc incognito.
Elle m’explique que, finalement, elle est venue pour un premier contact, qu’elle doit en référer à ses amis, que j’aurai sans doute des nouvelles bientôt. Pourtant, elle avait parlé de commande. Je suis déçu. Elle enfile ses gants, je l’aide à remettre son soyeux manteau de fourrure. Elle me fait un grand sourire. Si l’on n’était pas en affaire, j’aurais tenté ma chance… J’ai repéré un petit restau en frontière de ces immeubles et je déteste manger seul quand le restaurant est bon.
Du coup, je vais me préparer un petit encas pour midi puis je me replongerai dans Cents ans de solitude. Le loueur avait parlé d’un grille-pain parmi les avantages mirobolants de ce studio meublé. L’engin est bien là sur le plan de travail défoncé. Il n’est pas tout neuf. Marchera, marchera pas ? Je l’essaye à vide. Le ressort arrache un bruit aigu de ferraille fatiguée… Il a l’air de chauffer. Très bien, je vais pouvoir me faire un club-sandwich.
Le père Nicanor Reyna arrive à Macondo pour célébrer le mariage entre Aureliano Buendia et Remedios Moscote. Il découvre que le village vit dans le péché et décide de rester pour les évangéliser. Il fait construire un temple et pour attirer les fidèles, il propose des spectacles de lévitation. Le secret de sa lévitation repose sur une intense consommation de chocolat. Du coup, je suis pris d’une furieuse envie de manger du chocolat… Je n’en ai pas acheté. Tant pis ! Je mets en branle mon club sandwich, poulet, salade, fromage à raclette et sauce BBQ entre deux tranches de pain complet grillées. Je me sers un verre de Saint-Estèphe. Cet après-midi, je ramènerai les bestioles en essayant de raser les murs. Ensuite, il n’y aura plus qu’à attendre l’appel de la belle Gaëlle…
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16/06/2012
Bestial Business 2
Lisez d'abord l'épisode 1
Ma visiteuse a une trentaine d’années. Brune, élancée, avec ses talons elle est aussi grande que moi. Une poitrine avantageuse. Une belle cambrure de reins. Elle se fait appeler Gaëlle Petros. Elle veut bien voir mes échantillons mais d’abord, elle a quelques questions à me poser. Je suis archi-prêt. Je pourrais faire les questions et les réponses du tac au tac :
Pourquoi ne me suis-je pas manifester plus tôt ?
Eh bien ! Depuis que mon cousin Julius s’est fait alpaguer par l’armée bolivienne, j’ai eu la trouille et je me suis planqué.
Depuis quand j’habite ici ?
Depuis que Julius m’a trouvé ce petit studio tout près du sien.
Quel travail je faisais pour Julius ?
Uniquement des petits boulots, toujours en France. Mais j’étais au courant de ses petits arrangements au cas où… J’ai son carnet d’adresses. C’est pour ça que j’ai repris contact pour écouler de la marchandise.
Est-ce que j’ai approché d’autres acheteurs ?
Non. J’ai suivi à la lettre les instructions de Julius.
Je crois que j’ai passé le test. La belle Gaëlle semble satisfaite. Néanmoins, je dois rester sur mes gardes. Elle veut voir les échantillons et si possible passer commande. Les choses se déroulent comme prévu.
Je sors la valise de sous le lit et l’ouvre avec une extrême prudence en gardant la belle dans le coin de mon œil gauche. Elle semble inquiète. Elle ne se doute probablement pas de ce que j’ai amené avec moi. Cette valise est un vivarium super bien organisé. A l’intérieur, trois sortes de serpents, des tortues et quelques araignées. Que des espèces rares. Des tortues de Muhlenberg, minuscules et si sympathiques. J’en mets une dans la main de la belle. La main est petite et fine mais la tortue miniature tient au creux de la paume. Elle a un instant d’hésitation puis elle retire son masque et esquisse un sourire.
J’ai prudemment refermé la valise. La suite sera plus rude. Dans un autre compartiment, il y a trois petites bombes : une vipère heurtante, un manba vert et un serpent corail albinos. Trois juvéniles, entre trente et quarante centimètres, tous trois redoutables et magnifiques. Je prends le corail avec précaution derrière la tête. La belle Gaëlle me dit qu’on dirait un collier. Il est très beau en effet. Je lui déconseille néanmoins de le mettre autour du cou. Elle recule. Je le remets dans sa boite et sors le manba. Magnifique serpent d’un beau vert métallique que Gaëlle regarde avec méfiance. La vipère heurtante semble fade, à comparer. J’explique que c’est sans doute elle qui est responsable du plus grand nombre de morts par morsure dans les champs africains. Je remets la vipère en place.
Est-ce qu’elle souhaite aussi voir mes araignées ? Elle hésite. Je sors un couple de mygales velues deux fois plus grosses que la tortue. Visiblement, elle n’aime pas les araignées. Elle recule au fond de la pièce et me demande de fermer la valise. Je la sens tendue mais, elle reprend vite ses esprits. Elle me remercie pour cette belle démonstration de spécimens, mais elle n’est pas là pour ça. Ah bon, je croyais.
19:46 Publié dans Textes | Lien permanent | Commentaires (0) |
15/06/2012
Bestial business 1
Une petite nouvelle pour attendre les vacances… quatre épisodes, un chaque deux jours... à lire à rebrousse poil sur le blog.
Bestial Business
Une veste en cuir achetée d’occasion, un vieux pull informe, une casquette de base-ball, un jean deux tailles de trop et troué aux genoux, de vieilles pompes qui n’ont jamais vu de cirage, pas rasé de trois jours, cheveux longs, poil hirsute, c’est mon nouveau look. Si vous m’avez rencontré dans une vie antérieure, vous ne pouvez pas me reconnaître.
Peu probable que mes amis viennent traîner leur costard-cravate dans ce coin de la ville. Hier je peaufinais le cuir de mes escarpins en veau retourné, ce matin, j’ai éculé les talons de mes groles, déjà bien entamés… Le sens du détail. Bon, assez de vantardises. Je ne suis pas venu habiter cette barre d’HLM pour mon plaisir. D’ailleurs ce ne sont pas des HLM. Ici, c’est de l’immeuble de rendement : maxi spéculation, délabrement et punaises de lit. 600 euros pour un studio pourri de 25 mètres carrés, loué par un bailleur écorcheur de la peau des poux.
Je ne suis pas là non plus pour jouer les sociologues ni les redresseurs de tort. Je suis là pour les bestioles. Je vais dormir ici ce soir comme si j’y avais passé toute ma vie. J’ai posé mes deux valises, vidé la première en rangeant mes vêtements dans l’armoire, planqué la seconde en sécurité sous le lit. Ensuite j’ai fait le lit au carré. Je me prépare un petit frichti sympa. Ma recette de Spaghetti à la carbonara à laquelle j’ajoute un oignon et une pointe de muscade. Par dessus deux verres de Saint-Estèphe. Après le repas, je relirai quelques pages de Cents Ans de Solitude avant de m’endormir. Demain, ce sera la rencontre décisive. Quelqu’un devrait sonner à neuf heures à ma nouvelle adresse.
Lever sept heures vingt. Deux tartines beurre et confiture, un grand café noir. Je débarrasse la table et me replonge dans la Solitude ; la pluie tombe sur Macondo depuis quatre ans, onze mois et deux jours ; La vieille Ursula attend la fin du déluge pour mourir. Neuf heures et quart, personne… Neuf heures vingt-cinq, on sonne. D’après les échanges par Internet, j’avais deviné que ce serait une femme mais je ne m’attendais pas à une telle beauté. Elle est telle que j’imagine Remedios la belle, la petite fille d’Ursula qui fait mourir tous les hommes qui tentent de la conquérir et qui restera vierge avant de monter directement au ciel. Belle, naïve et… vénéneuse sans le vouloir.
Ma visiteuse a une trentaine d’années. Brune, élancée, avec ses talons elle est aussi grande que moi. Une poitrine avantageuse. Une belle cambrure de reins. Elle se fait appeler Gaëlle Petros. Elle veut bien voir mes échantillons mais d’abord, elle a quelques questions à me poser. Je suis archi-prêt. Je pourrais faire les questions et les réponses du tac au tac :
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