24/08/2012
Loup irréfutable
J'aime bien faire un tour sur le blog d'Yves Paccalet. Un écologiste savoyard mais surtout un philosophe dont j'ai déja parlé ici.
Il vient de republier sur son blog un article qui date de mars 1994 et qui plaide en faveur des loups et par la même occasion de tous les grands animaux qui gênent quelqu’un quelque part, et dont les Bové nous enseignent qu’il faut les éliminer jusqu’au dernier. Remarquons que c’est ce qui arrive : nous autres, hommes, nous tuons les loups un peu partout, les requins à la Réunion (et ailleurs), les lions, les tigres, les ours, les hippopotames, les éléphants, les dauphins (qui mangent le poisson des pêcheurs), etc.
Nous serons bientôt parfaitement heureux en compagnie de nos commensaux ou de nos parasites : les rats, les pigeons, les cafards, les mouches et les moustiques…
L'article en question commence par le meilleur titre :-) Version complète ici.
LE LOUP EST IRREFUTABLE
Alexandre Vialatte, chroniqueur auvergnat, allait répétant que l’éléphant est irréfutable. J’en dirais autant du loup. C’est un animal prouvé, au contraire de la Licorne, de l’Hydre et du Catoblépas. De l’Ouroboros, du Barometz et du Léviathan.
Il existe. Il remonte à la plus haute Antiquité. Il est vif, rusé et coruscant. Parfois hirsute. Il vous considère de ses yeux jaunes, pas forcément pour vous manger mon enfant, avec ses grandes dents et son bonnet de mère-grand. Il exhale une évidence logique et biologique. Zoologique. Morale. Quasi métaphysique. Il ne saurait être révoqué du monde, ni par le ministère du Gibier et des Accidents de Chasse, ni par l’Office national du Ski et des Fractures ; pas davantage par le syndicat de la Chevrotine ou le groupement des Immeubles de Béton dans la Montagne. A moins que l’homme ne décide de se supprimer lui-même de la surface de la Terre.
(...) Le loup et l’homme sont des bêtes sauvages, mais civilisées, composées de la même substance physique et passionnelle. Pétries de lait, de chair, de sang et de longs hurlements sous la Lune. Il suffit que ces deux mammifères s’aperçoivent, au coin du bois, pour se remémorer leur lointain cousinage. Ils occupent des niches écologiques analogues : grands prédateurs quand l’occasion se présente, amateurs de biftèque, ils font leur ordinaire de petits animaux et de plantes : mulots ou lapins ; escargots ou grenouilles ; myrtilles ou framboises…
(...)Non seulement le loup est irréfutable, mais il est nécessaire. Si nous ne réussissons pas à lui faire un peu de place sur cette planète, cela voudra dire que nous n’en aurons plus pour nous-mêmes et pour nos enfants. Pour nos oeuvres, nos aventures, nos mythes, nos poèmes, nos symphonies, nos peintures, nos rêves – bref, pour ce qui nous a fait hommes avant que nous n’inventions l’Administration des Immeubles et Fusils Réunis.
Demain, je marcherai dans la montagne. Je grimperai la pente sur la trace des loups revenus en France. Je chercherai dans la forêt, je pisterai dans les alpages. Je veux croire que l’un d’eux daignera me regarder de ses yeux jaunes. Je lirai dans ses prunelles la sauvage nécessité des hurlements sous la Lune.
15:32 Publié dans Au fil de la toile, Portrait de blog | Lien permanent | Commentaires (8) |
Commentaires
Quel beau texte ! bravo !
Écrit par : Aredius | 24/08/2012
N'empeche que les loup mangent les moutons.
Écrit par : Max | 25/08/2012
L'homo sapiens également mange les moutons !!
Je me demande si le loup n'est pas plus humain !
Quand il mange un mouton, c'est pour survivre... l'homme c'est
pour grossir !
A t on déjà vu un loup obèse ??? :-))
Écrit par : Françoise | 25/08/2012
Réunionnais depuis quelques années, grand pêcheur devant l'éternel et chasseur repentis depuis bientôt 40 ans, il est vrai que je verrais d'un bon l'ouverture de la pêche aux surfeurs plutôt que celle du Requin !!
Concernant le loup, il fait, à mon avis depuis trop longtemps, l'objet de polémiques stériles et exacerbées entre les "ayatollahs verts", les éleveurs et les chasseurs forcenés.
Le loup est bien et définitivement installé en France et, sauf décision gouvernementale d'extermination, il ne pourra qu'y prospérer plus ou moins rapidement.
Pourquoi ne pas le considérer comme tous les animaux dits sauvages dont la chasse est autorisée et réglementée ? La population des cerfs, chevreuils, sangliers a été décuplée en 50 ans malgré une chasse plus qu'intensive avec des moyens de + en + sophistiqués. Cela permettrait de rassurer José Bové, les éleveurs, les chasseurs, et permettre au petit chaperon rouge de se promener en forêt sans trop de frayeur.
L'ouverture réglementée de la chasse au loup ne nuirait en rien à sa survie, si ce n'est de ralentir sa prolifération inexorable, et pourrait , peut-être, lui apprendre, car c'est un animal très intelligent et capable de s'adapter très rapidement*, que les enclos des moutons ne sont pas des garde-mangers. Le loup finirait par rester dans les forêts dont la superficie, en France, a été doublée en 100 ans ( contrairement à la rumeur écolo qui veut faire croire que les forêts diminuent comme une peu de chagrin !!
J'ai eu l'occasion de voir un loup en Isère dans les années 90, bien avant que cela soit officiel, je sais qu'ils y seront encore longtemps, à ma plus grande joie.
* en Espagne , bien que pourchassé à un plus haut niveau, le loup est toujours présent en Galice et a changé son type de nourriture en chassant les souris, lapins et lièvres au lieu du mouton. Il ne vit plus en meute mais à un comportement semblable à celui du renard, en attendant, il est toujours l !!
Écrit par : Denis | 25/08/2012
Merci Denis pour cette contribution. Tu as raison, tout est dans l'équilibre. La voie du milieu.
Écrit par : Joël | 26/08/2012
C'est tout a fait vrai.
Écrit par : chen | 25/01/2015
Le loup est mon animal préféré il essai juste de survivre… comme nous.
Écrit par : chen | 25/01/2015
Les animaux sont nos compagnons de voyage. Heureusement pour nous et malheureusement pour eux.
Merci Joel, maintenant on peut se demander qu'est-ce qui ferait la pauvre lune sans l'hurlement des loups?
Écrit par : ana | 26/01/2015
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