16/12/2012
Souplex
On sait qu’il ne faut pas confondre souplesse et flexibilité. Non, je déconne, c’est pareil, ces sont des synonymes quasi jumeaux.
Les ouvriers sont contre la flexibilité quand c’est le patron qui en parle, par contre, ils sont pour la souplesse quand ils veulent prendre des congés. On a tous nos contradictions. Du coup, les politiques proposent la flexisécurité (anglais flexcurity), un mot valise, mais je m’égare (entre Athènes et Corinthe).
En général, la souplesse est plutôt une idée sympathique et même positive. Il vaut mieux être souple que raide, flexible comme le roseau que cassant comme le chêne, comme il est préférable d’être gentil que méchant, bien portant que malade, honnête que truand... C’est sans doute sur cette base que les agents immobiliers ont créé le mot SOUPLEX, mot que me signale Claudie.
Un souplex est un duplex en sous-sol. S pour Sous-sol, c’est simple comme simplexe, encore que*.
Il suffit de rendre habitable une cave qui correspond avec un appart (studio ou plus) au rez de chaussée et vous avez un souplex. Si votre souplex est bien placé dans Paris, vous pouvez louer vos 35 m2 moitié-rez moitié-cave pour 2000 euros par mois. Voilà une affaire souple et bonne. Par ici la bonne soupe. Inutile de dire que la partie cave n’est pas toujours des plus salubre et des mieux éclairée, près des berges, on risque même l’inondation.
La vue n’y est pas grandiose, mais c’est un peu moins cher que votre duplex avec vue sur la tour Eiffel et, en plus, avec le loyer des vos souplex vous pouvez vivre à l’aise sous les toits.
A noter cependant qu’en cas d'incendie, les fumées et les flammes montent et piègent, les habitants des étages tandis que le souplex conserve l'air frais et tempéré de la cave et après le passage des pompiers, on a même une piscine indoor. C’est la classe !
On pourrait utiliser un autre mot positif. Puisque un appart en attique s’appelle aussi un LOFT, ce qui veut dire grenier en anglais (pigeon loft/ pigeonnier), je suggère aux agents immobiliers d’appeler la partie cave de leur souplex un SOFT. Bien que déjà très utilisé, c’est aussi un mot positif, mieux vaut mou que dur, encore que… ça dépende du contexte.
Ruelle des chats à Troye.
La créativité en période de crise du logement ne date pas d’hier. Il y a quelques siècles, on construisait sur la rue.
A Genève (et ailleurs), La solution consistait à construire de petite chambre, en avancée sur les rues, des "dômes" supportés par de long piliers de bois. Chambre qu’on louait très cher. On avait ainsi une rue couverte, pratique pour les jours de pluie.
* En fait l’algorithme du simplexe (simplex algorithm) permet de résoudre des problèmes d’optimisation linéaire. Ce qui n’est pas si simple si on ne maîtrise pas l'algèbre linéaire et le calcul différentiel.
** Autre incise à propos de Souplex. Les anciens se rappelleront de Raymond qui jouait dans Les cinq dernières minutes. Cela se terminait par...
Superbe générique de Marc Lanjean.
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15/12/2012
Vaches et cybernétique
[Golem_by_Philippe_Semeria]
Je voulais faire un article sur la cybernétique.
Il y a des jours comme ça où le bloggeur se prend au sérieux. Bien sûr, les travaux de Norbert Wiener eussent passionné mes lecteurs, surtout si je leur avais parler de Dieu et du Golem, c’est-à-dire du moment où la cybernétique et les robots empiètent sur la religion.
Pour info, le Golem est un truc de la religion juive, une espèce d’esquisse d’Adam en argile pas encore cuite. Un robot pas très malin et un peu lourdingue. Une créature de Mary Shelley pas finie.
Bon, pour vulgariser, je me suis dit que Dali avait sans doute parlé de cybernétique et que ce serait forcément rigolo. J’ai découvert que mon ami Aredius avait déjà traité le sujet à propos d’un livre à deux euros. Ça commence fort : « Les fêtes de notre temps seront les apothéoses lyriques de la cybernétique orgueilleuse humiliée et cocufiée, car seule la cybernétique pourra accomplir la sainte continuité de la tradition vivante des fêtes. »
Et puis, je me suis dis que les shadoks en avaient sûrement parlé et là, je suis tombé sur un truc dingue… L’invention de l’Ordinateur. Pas moins ! Le texte :
Pour les aider à se débarasser de tout ce qu'il ne fallait pas savoir, les Shadoks avaient créé l'Antimémoire. C'était un grand machin à base de mécaniques subtiles, concasseurs de connaissances, broyeurs à savoir, etc. On le promenait de chaumière en chaumière et il récupérait tout ce que les Shadoks pour leur hygiène culturelle étaient obligés d'oublier.
Quand, par maladresse, paresse ou inadvertance, le Shadok, dans un moment d'oubli en quelque sorte, se souvenait de quelque chose, l'Antimémoire rappliquait dare-dare. On lui disait "je veux pas le savoir" et l'Antimémoire aussitôt jetait ça dans ses tiroirs. Le reste du temps, il vivait dans les champs ou il ruminait de la mathématique et de la cybernétique, de la logique formelle et du calcul différentiel. La civilisation shadok grâce à ses soins allait bon train. L'Antimémoire grandissait en âge et en vigueur et prit le nom d'ordinateur.
* A part ça le mot cybernétique, comme gouvernement vient du gouvernail des bateaux (du grec κυβερνω - kubernô = tenir le gouvernail) , puis on en est arrivé à gouverner un pays et même à gouvernance qui est la manière prétentieuse de dire « un bon gouvernement » pour se démarquer des mauvais qui sont légions.
J’aime bien « pour votre gouverne... » qui correspond à « SVP, veuillez noter... ».
J’aime bien aussi l’utilisation savoyarde (marre de ces dico qui déclarent helvètes tous nos savoyardismes ou arpitanismes) du verbe gouverner, qui veut dire, ici, s’occuper des vaches (traire, ôter la bouse, donner du foin...). De Gaule disait les français sont des veaux. En Savoie et en Suisse, on gouverne les vaches. Contrairement aux ordinateurs shadoks qui ruminent de la mathématique et de la cybernétique, de la logique formelle et du calcul différentiel, les vaches ruminent de l'herbe et.. cela donne du lait (ça c'est de l'info !)
12:30 Publié dans Au fil de la toile | Lien permanent | Commentaires (0) |
14/12/2012
Connaître l'heure
Deux informations pour ceux qui s’intéressent à la mort. (illustration Newyork Times)
Résultat d’un sondage auprès de 30 mille personnes à qui l’on a demandé s’ils souhaitaient vivre 80, 120 150 ou éternellement. Quatre possibilités donc
- 60% répondent 80 ans
- 30% répondent 120 ans
- 10% répondent 150 ans.
- Moins de 1% ont envie de vivre éternellement.
Albert Einstein aurait aujourd'hui 133 ans. Terrassé par un anévrisme en 1955, il refusa la chirurgie disant: “Prolonger la vie artificiellement est des mauvais goût. J’ai fait ma part, il est temps de partir… avec élégance” Je dis : Bravo Albert !
Autre info, l’évangile dit : vous ne connaîtrez ni le jour ni l’heure. Eh bien, pour ce qui concerne l’heure, il semble bien que l’évangile ait tord. On a identifié un gène qui code pour l’heure de réveil quotidien (fonction du rythme circadien). Seules une base (une des 4 lettres de l’alphabet génétique), situés quelque part sur ce gène donc, diffère. Ce peut être soit une Guanine (G), soit une Adénine (A) qui détermine la propension à se lever tôt ou tard. 36% des gens ont AA, 48% ont AG, 16% ont GG. Les AA et AG se lèvent le matin (rythme court). Les GG, la minorité, a beaucoup de peine pour se lever.
Une longue étude épidémiologique a démontré que les AA et AG mourraient le matin avant 11 heures et les GG le soir avant 18 heures. Donc, si, en vieillissant, vous n’arrivez toujours pas à vous débarrasser de ces habitudes de grâce matinée, attendez-vous à mourir dans l’après-midi. Article du Courrier Int ici.
Pour ceux que la mort n’intéresse pas, dormez tranquille en continuant d'ignorer le jour et l’heure.
14:43 Publié dans Au fil de la toile | Lien permanent | Commentaires (0) |
13/12/2012
Croyances
Le texte de Jacques Perret publié ici, pour le 20ième anniversaire de sa mort faisait référence à des batailles au sein de l’église contre la superstition associée au personnage du sympathique barbu.
Ce qui était quand même gonflé de la part d’une religion qui veut nous faire croire que le monde a été créé en sept jours, que le ciel est peuplé de d’archanges, de séraphins, de thrones, de dominations sans compter l'enfer avec Belzébuth et Lucifer, Miroton, Barjabul, Jézabel, Palingrène, Cervantès et Bacchus. "Tous sont tombés, entraînés par le péché de Lucifer qui a voulu s'élever plus haut que Dieu ; sauf trois : Michel, Gabriel et Raphaël..." nous dit Wikipedia.
Depuis quelques décénies, les catholiques se sont calmés dans l’attaque du barbu. Du coup, pour prouver que l'internationale des religions existe, les musulmans ont pris la relève Une nouvelle qui date de l’an dernier :
« Un imam turc a accusé le Père Noël de ne pas être «honnête» car il utilise les cheminées pour déposer des cadeaux dans les maisons au lieu d'entrer par la porte, rapporte mercredi 28 décembre la presse turque. »
En effet, on trouve au verset 2:189 du Coran : «Entrez donc dans les maisons par leurs portes. Et craignez Allah afin que vous réussissiez !» Que dire de l’entrée dans la tente du bédouin ?
Le coran n’en dit rien. Il dit par contre que les chiens ne sont pas bienvenus dans les maisons. Du coup, on traite le père Noël comme un chien, sous prétexte qu'il passe par le cheminée.
Ceci dit, la crainte d’Allah est telle que même chez nous, dans nos maternelles, le barbu n’a pas la cote. L’histoire se passe à Montargis, Comme tous les ans, l’école maternelle du Grands Clos s’apprêtait à réserver une surprise aux enfants. Et quoi de plus traditionnel que la venue du Père Noël en cette période de fin d’année ? Seulement voilà, certains parents ne l’entendaient pas de cette oreille.
Les fameux parents se sont revendiqués comme étant "musulmans" et ont directement contacté l’élu municipal en charge de l’éducation pour se plaindre. Plus grave, à la suite de ces pressions, la directrice de l’école a tout bonnement décidé d’annuler l’événement.
Pour finir, le maire de Montargis, Jean Pierre Door, a remis de l’ordre dans tout ça et a donc ouvert la porte toute grande au père Noël. C’est l'habitude des politiques de nous faire croire au père Noël. En ouvrant la porte des maternelles, JP Door a voulu maintenir les traditions. Qui s'en plaindrait !
Que l'on ne disent pas que le maire de Montargis (Loiret) fait feu de tout bois, il ne fait que réhabilliter le sapin qui est quand même ce qu'on fait de mieux comme déco quand on ne peut pas mettre le boeuf et l'âne gris et les rois mages.
Il applique la suggestion de Jacques Perret : Ne brûlons pas le barbu sans avoir fait convenablement l'inventaire de sa hotte. Le maire y a trouvé un petit précis de laïcité, normal qu'il ait accordé au barbu le label "laïc".
05:08 Publié dans Au fil de la toile, Religion | Lien permanent | Commentaires (1) |
12/12/2012
Douze
Pour célébrer le douze douze douze a douze heures douze, il me fallait quelques rimes en ouze.
Le ouze se prête bien à l’argot vieillissant. On a la piquouse/picouse (piqûre), la perlouse (perle/pêt), la valtouse (valise), la galtouse (gamelle), le flouse (argent), la cravetouse (cravate), la barbouse (agent louche), la cambrouse (cambrousse), la partouse (de jambes en l’air), une tarlouse (homosexuel). Un mot plus djeune : la loose (la déveine)
On peut voyager comme La Pérouse. Tu iras de Toulouse à Schaffhouse en compagnie d’une andalouse ou (plus difficile à trouver) d’une gagaouze, vêtue de sa seule blouse, ou, à défaut, de ton épouse si celle-ci est jalouse mais, dans ce cas, tu laisseras les papooses à la maison. Fais une halte dans un steakhouse ou mange une pauchouse (ragout de poisson), comme dessert prend une talmouse (photo), ensuite achete un Pentahouse (la revue ou l’appart en attique selon tes moyens). Bref, amusez-vous !
A Schaffhouse, quand vous sortirez du clubhouse, pour quelques balles sur la pelouse, n’hésitez pas à marcher dans la bouse, cela porte bonheur. Mais, attention, même s’il pleut ou s’il vante le douze douze douze à douze heures douze, ne vous laisser pas envahir par le blues, n’écoutez pas les news (elles sont mauvaises d’où qu’elles viennent.)
A propos de la blouse de ton andalouse, si le tissu se déchire, il faudra que tu le couses ou que tu le recouses, et même que tu le découses si nécessaire.
* Je n’ai pas réussi à placer Westinghouse, avec ce mot là, le courant ne passait pas.
12:10 Publié dans Blog | Lien permanent | Commentaires (0) |
11/12/2012
Funérailles
Je me souviens que Salvador Dali voulait se faire congeler pour revenir à la vie plus tard quand la médecine aurait progressée. Puis, se rendant compte que la cryogénisation n’était pas tout à fait au point, il tint à ce que son ADN soit sauvé pour qu’un jour quand la machine à retranscrire les génes serait au point, son génie puisse réapparaître et nous peindre de nouvelles montres molles pour marquer de leur rythme implacable les durs temps du futur. L'acide désoxyribo-nuclé-hic!!
Je crois que Dali aurait aimé les enterrements virtuels organisés par le cimetière du Père Lachaise. "Assister aux obsèques d’un proche depuis son ordinateur ou sa tablette tactile est désormais possible. Le crématorium du Père-Lachaise, à Paris, vient de mettre en place un service inédit en Europe : la retransmission de la cérémonie en direct sur Internet via une interface sécurisée"
L’option Web coûte 195 euros TTC quel que soit le nombre d’invités connectés. Et pour 50 euros de plus, les services funéraires vous enverront le DVD !
Peut-être que Dali aurait trouvé riquiqui les 200 invités par Internet qu’autorise le dit cimetière. Bien sûr, son génie aurait voulu que la planète entière soit connectée pour assister à ses funérailles. L’église de Figueres était un peu petite (voir plus bas)
Mais qu’aurait-il pensé de cet immense cimetière qu’est en train de devenir Facebook ? Sur le milliard d'internautes inscrit sur le réseau, près des 3 millions vont mourir au cours de l'année 2013. Leur profil leur survivra. Pour la famille, c’est souvent une douleur. C’est parfois l’occasion d’en faire un mémorial. Perso, je préfère une petite plaque de granit. C’est sobre et on en connaît qui ont franchi les siècles avec leur inscription en latin*.
Les funérailles de Dali, entérré dans son musée:
* PS funèbre : Le mot latin funus et ses dérivés en latin de cuisine ou d'église comme funeralis ont donné funeste, funèbre et funérailles.
Le mot fatum, le destin des romains, a donné fatal, fatalié, fatidique et aussi feu ou feue pour désigner une personne fraichement funéraillée (néologisme périnesque).
08:29 Publié dans Au fil de la toile | Lien permanent | Commentaires (1) |
10/12/2012
Jacques Perret
Voilà 20 ans exactement que Jacques Perret a avalé son bulletin de naissance. Il est donc mort en 1992 à 15 jours de Noël, preuve que le père Noël est un ingrat car il lui avait quand même dédié le texte ci-dessous. Veuillez noter la dernière phrase, on croirait du Vialatte...
« ...Cela me fait penser à l'histoire qui vient d'arriver au père Noël, hérité des druides. Il croyait poursuivre en paix sa carrière dans la chrétienté, l'Église fermait les yeux, mais il avait des ennemis. Les épurateurs de la tradition ont lancé contre lui une offensive imprévue et le populaire barbu a même été brûlé en effigie devant la cathédrale de Dijon. La hiérarchie ne s’étant pas encore prononcée expressément sur cette affaire, les partisans du père Noël se sont aussitôt dressés contre les iconoclastes et nous voilà au seuil d'un schisme.
Certes, on ne peut nier que le personnage ne se soit introduit subrepticement dans la tradition chrétienne avec des références assez troubles ; sa position dans l'ordre des créatures surnaturelles n'a jamais été homologuée ni même définie clairement ; à bien regarder les choses, il n'a pas plus de répondant mystique que le père Fouettard ou Croquemitaine et il sent le folklore à plein nez. Tant que ses intentions restaient pures et qu'il ne prétendait qu'à servir d'intermédiaire occasionnel entre la gloire du Ciel et la joie des enfants, l'Église n'a pas cherché d'histoires à ce resquilleur bonhomme, en dépit de ses origines pas très catholiques et de ses accointances avec le commerce.
Malheureusement il a profité de son rôle en or pour se laisser gonfler la tête et circonvenir par toutes sortes de publicités vénales. Il a cédé aux ivresses de la popularité. Il a pactisé avec les gentils, sa barbe a traîné dans Ies noëls d'imposture, au sein des réunions les plus matérialistes ; il a cautionné les réveillons païens, offert ses vénérables bacchantes au jeu suspect des serpentins, prêté son concours aux Noëls de la Sécurité sociale. On l'a même vu franchir le seuil de l'Élysée. Il a brigué le titre de camarade répartiteur des polichinelles et martinets ; il a touché des cachets pour offrir des panoplies de poinçonneur aux jeunesses laïques. Ce n'est plus qu'un vivant symbole des compromissions diaboliques.
Nous sommes bien d'accord, il avait besoin d'un rappel à l'ordre. Et pourtant, si avili soit-il, le père Noël, bon gré mal gré, demeure celui qu'on invoque pour témoigner d'une foi aveugle. Piteux symbole et bien digne de notre siècle, soit, mais la locution « croire au père Noël » ou « croire au barbu » est devenue la base de toute discussion populaire, sinon le ferment des dialectiques les plus distinguées, chaque fois qu'il est question de l'âme et du corps, du Ciel et de la terre, du biftèque et de l’idéal, de l'utile et du gratuit, de la justice immanente et divine, etc. Ne brûlons pas le barbu sans avoir fait convenablement l'inventaire de sa hotte.(...) »
06:35 Publié dans Textes | Lien permanent | Commentaires (1) |