16/05/2015
Expressions
Le génie d’une langue réside dans ses expressions idiomatiques le plus souvent intraduisibles. Pour vous rendre compte du nombre d’expressions qui existent et que pour la plupart on connaît, allez sur le site expressio.fr Entrez un mot au hasard, chat ou chien. Avec chat : 9 expressions, chien : 12, loup : 7, cheval : 6, lion : 2 seulement. Et la liste n'est pas exhaustive et s'enrichit chaque jour.
En plus, sur expressio, il y a une équivalence dans pas mal d’autres langues. Par exemple « appeler un chat un chat » devient en anglais « une pelle une pelle » et en italien « noir le noir et blanc le blanc » en espagnol « le pain la pain et le vin le vin »...
Liste avec deux :
- Avoir deux poids et deux mesures
- Faire d'une pierre deux coups
- Un tiens vaut mieux que deux tu l'auras / Mieux vaut tenir que courir
- Jamais deux sans trois
- Un homme averti en vaut deux
- Couper la poire en deux
- A deux / plusieurs vitesses
- Avoir les deux pieds dans le même sabot
- En toucher un mot / deux mots (à quelqu'un)
- Nager entre deux eaux
- En deux temps trois mouvements
- En rester comme deux ronds de flan
- Les deux mon adjudant
- Ne pas avoir (pour) deux sous de jugeote
- Dormir sur ses deux oreilles
- En deux coups les gros
- Joindre les deux bouts
- Vingt-deux (22) !
- En deux coups de cuiller à pot
Chaque langue a ses propres expressions. Pour revenir aux chiens et chats, les anglais disent "it trains cats and dogs" quand chez nous ils pleut des cordes. Ils utilisent aussi l’expression “It takes two to tango” pour dire "il faut coopérer" ou encore quand ça foire "les responsabilités sont partagées". Pas vraiment d’équivalent en français.
A propos de tango, Bobby :
11:45 Publié dans Au fil de la toile, Mots | Lien permanent | Commentaires (7) |
01/05/2015
Pôles
Des nouvelles de l’arctique et de l’antarctique trouvées sur différents arcticles publiés par Courrier International. Les glaces de l’arctique décroissent et l’antarctique croissent. (Il y a Ceux qui croient, Ceux qui croient croire et Ceux qui croâ-croâ disait Prévert dans Paroles)
Jeux de mots mis à part, l’arctique (dont je rappelle que c’est notre pôle à nous) décroît encore plus vite à cause des bactéries qui engendrent des gaz à effet de serre (Eh oui, la nature !) et aussi à cause du phytoplancton (encore la nature). Le pôle sud croît deux fois moins vite que le pôle nord décroît. De plus, le croirez-vous, tout ceci repose sur des modèles pas 100% fiables.
Et pendant ce temps, à coup sûr, le nombre d’inscription à Pôle Emploi croît comme la glace du Pôle Sud. Hollande ne veut pas le croire. Certains prévoient un hiver social plutôt polaire. On verra bien. Mettez une petite laine.
Étymologie : Étonnant, selon Alain Rey, l’origine du mot arctique est grecque (articque est juste mal écrit). En grec arktos veut dire ours que les romains écrivaient ursus qui sert à nommer les constellations Grande Ourse et Petite Ourse. Par chance, pour l’étymologie il n’y a pas d’ours en Antarctique et les constellations n’y sont pas visibles. On peut aussi écrire Pôles Nord et Sud, ou encore plus poétique boréal et austral.
18:24 Publié dans Courrier International, Mots | Lien permanent | Commentaires (1) |
06/04/2015
Ordre
MAÎTRE DE PHILOSOPHIE: On les peut mettre premièrement comme vous avez dit: Belle Marquise, vos beaux yeux me font mourir d'amour. Ou bien: D'amour mourir me font, belle Marquise, vos beaux yeux. Ou bien: Vos yeux beaux d'amour me font, belle Marquise, mourir. Ou bien: Mourir vos beaux yeux, belle Marquise, d'amour me font. Ou bien: Me font vos yeux beaux mourir, belle Marquise, d'amour.
MONSIEUR JOURDAIN: Mais de toutes ces façons-là, laquelle est la meilleure?
MAÎTRE DE PHILOSOPHIE: Celle que vous avez dite: Belle Marquise, vos beaux yeux me font mourir d'amour.
MONSIEUR JOURDAIN: Cependant je n'ai point étudié, et j'ai fait cela tout du premier coup. Je vous remercie de tout mon cœur, et vous prie de venir demain de bonne heure.
Eh oui on dit : Vos beaux yeux me font mourir d’amour (dans 39% des langues dont l’anglais, le français, le chinois)
Mais aussi Vos beaux yeux d’amour me font mourir (dans 41% des langues dont le turc, le japonais, le persan… )
Ou Me font mourir vos beaux yeux d’amour (15% des langues dont l’arabe classique)
Et même Me font mourir d’amour vos beaux yeux
Ou D’amour vos beaux yeux me font mourir
Ou D’amour me font mourir vos beaux yeux.
Pour ces trois derniers groupes de langues (5%) cela donne aussi
« mange la souris le chat » en malgache»,
« la souris le chat mange »en xavánte et
« la souris mange le chat » en hixkaryana.
Etonnant non ?
05:31 Publié dans Mots | Lien permanent | Commentaires (2) |
20/03/2015
QPC
Connaissez-vous le verbe cupesser* ? C’est un verbe de notre région qui signifie faire une chute, se retrouver cul par dessus tête. Un objet peut cupesser une personne et même une entreprise, ce qui veut dire qu’elle a fait faillite. Il est possible de l’utiliser en mode transitif : En colère, il a tout cupesser dans la pièce.
Donc quand j’entends : Ils ont soumis une QPC, je me dit qu'on va se casser la gueule. La Question Prioritaire de Constitutionnalité a été introduite par Sarko en 2008, elle permet à tout un chacun de soumettre au conseil constitutionnel une question pour savoir si, à l’occasion d’un procès, une disposition légale est conforme à la constitution (aux droits et liberté du citoyen). Pas forcément une nouvelle loi.
Inutile de dire que ce genre de truc complexe est plutôt utilisé par les lions, les tigres, les ours ou les renards (selon que vous serrez…). On voit mal un âne affamé qui a piqué un sandwich à Carrouf poser une QPC pour savoir s’il avait le droit constitutionnel de le manger.
Petite exception, un couple anti-vaccination (sujet traité ici) a déposé une QPC pour demander si le vaccin obligatoire était constitutionnel. Dans sa grande sagesse, le conseil a décidé que OUI, l’état peut imposer la vaccination. Lire l’article du Huffington sur les arguments des anti vaccin.
*A propos des mots arpitan, on écrit partout « On dit en Suisse... » En fait c’est aussi autour de la Suisse. La langue comme l’eau se moque des frontières.
* Je soumettrais bien une QPC pour savoir s'il est normal que l'on supprime des points pour des infractions qui ne mettent pas en danger la vie d'autrui (ceinture...). En plus la même infraction commise par un membre de l'UE ne fait pas l'objet de retrait de points. Il y a là un traitement inégal des citoyens de l'UE. Faudrait peut-être porter plainte à Bruxelles.
22:43 Publié dans Au fil de la toile, Mots | Lien permanent | Commentaires (0) |
06/03/2015
Diversité
10:10 Publié dans Lecture, Mots | Lien permanent | Commentaires (2) |
04/03/2015
Je sais bien
Inspiré par la lettre de Diderot...
Je sais bien que certains agissent et réfléchissent ensuite.
Je sais bien que je ne suis pas capable de mémoriser un long poème en restant dans le mot à mot.
Je sais bien que la vie est courte.
Je sais bien qu’il faudrait essayer de ralentir ses pensées et qu'on ne sait pas où se trouve le frein.
Je sais bien qu'il faudrait tendre vers la sagesse qui allie la conscience de soi et des autres, la tempérance, la prudence, la sincérité, le discernement etc... etc...
Je sais bien qu’avec l’âge on se fait à l’idée que rien ne résiste au temps et je sais que je m’en accommode de mieux en mieux
Je sais bien que selon Darwin les espèces évoluent lentement et que l’époque voudrait que l’on évolue bien plus vite.
Je sais bien que certains croient que, à cette allure, les robots prendront le pouvoir… bientôt.
Je sais bien que la théière de Bertrand Russell n’existe pas, que c’est juste un exemple pour installer le doute philosophique.
Je sais bien que le rasoir d’Ockham ne coupe pas mais qu’il incite à la simplicité des solutions, un rappel aux théologiens, aux clercs, aux politiques et finalement à tous.
Je sais qu’il existe une preuve de la validité de ce rasoir par induction de Solomonoff sous réserve que l'environnement suive une loi de probabilité inconnue mais calculable.
Je sais que je viens de perdre pas mal de lecteurs.
Je sais bien que l’alcool est nocif, que fumer nuit à la santé.
Je sais bien qu’il faudrait manger moins salé.
Je sais bien que j’essaye de m’intéresser aux nourrissons sans y parvenir jamais.
Je sais que les italiens appellent « colpo della strega, coup de la sorcière » ce que nous qualifions de « tour de reins ». Et qu’ils appellent les sorciers dei stregoni.
Je sais bien que le nombre d’expressions comme celles-là est immense dans toutes les langues et même que cela fait le génie de la langue.
Je sais bien qu’il est plus difficile de faire la différence entre une métaphore et une métonymie qu’entre un crocodile et un alligator.
Je sais bien qu’entre chien et loup, il faut redoubler de vigilance, surtout en conduisant.
Je sais bien que ce blog en énerve certains… et alors ?
Je sais bien que je devrais me relire.
Je sais bien que cette liste commence à devenir trop longue.
Je sais bien que cette liste est très incomplète…
et je ne sais pas si je la compléterais un jour.
16:38 Publié dans Mots | Lien permanent | Commentaires (5) |
13/02/2015
Globalement
Ma femme me demande si l’adjectif global vient de globe. Voilà où ça mène de débiter des étymologies sur ce blog. Donc je consulte mon Alain Rey historique. Oui, d’après l’évangile selon Alain, global vient bien de globe mais à l’époque globe n’était pas vraiment un globe mais… un rouleau de drap ( ?).
En plus l'adverbe globalement serait antérieur à global. Ça se corse surtout quand on consulte le wiktionaire qui dit que globalement dans le sens de « à la surface du globe » est un anglicisme et qu’il vaut mieux utiliser mondialement. D'accord, mais est-ce que mondial vient de monde ou est-ce plutôt monde qui vient de mondial ? Et de quel monde parlons-nous ? En quel monde vivons-nous ? Et puis, le mondial au Qatar en 2022 se déroulera-t-il en été ?
Revenons au départ et à l’étymologie. Globe vient du latin globus qui signifie boule, balle. Mais il y a un petit problème car, avant Copernic, personne ne savait que la terre était ronde puisque, selon le pape et la Bible, la terre était plate et donc la terre n’était pas encore un globus. Vous suivez ? Tant pis ! En fait vers 1350 un globe était un rouleau (de drap) (ça je l’ai déjà dit) qui appartenait sans doute au pape, puis vers 1560 (naissance de Galilée) c’est redevenu une sphère (globus).
Galilée faisait ses observations avec une lunette astronomique, fini le temps de la contemplation des planètes avec le seul globe oculaire.
Au XIXième siècle l'adjectif global s'appliquait à une « masse totale » et donc à ce qui est pris en bloc (acheté à prix de gros). C'est la côté mercantile du siècle.
Au XXième siècle, on a inventé la méthode globale pour éviter d'ânonner B-A-BA. Personnellement, j’ai appris à lire avec cette méthode c’est pourquoi globalement on doit me pardonner mes grossières fautes d’orthographe.
Que dire de plus sans trop globaliser tout en englobant la totalité de la question posée. On pourrait parler des globules qui sont de petits globes, des yeux globuleux qui sortent des orbites, de l’hémoglobine faite de globules rouge, des globe-trotter(pluriel à préciser) qui parcourent le globe et on arriverait enfin à la globalizzatione.
* La globalizzatione, j’en ai parlé ici.
05:58 Publié dans Mots | Lien permanent | Commentaires (2) |