07/10/2014
Frédéric Fromet
Une leçon de vocabulaire djeune par Frédéric Fromet...
Attention c'est trop de la balle, que du bonheur, ça envoie du lourd. Un vrai truc de ouf qui déchire grave. C'est de la bombe. C'est trop énorme... chais pas quoi dire... C'est trop top quoi !
Suivi d'une autre leçon de vocabulaire version cadres dynamiques très up to date dans leur openspace avec un esprit "Corporate" top managérial et hyper team spirit. ça performe un max...
Positionner le focus vers 1 minute 20.
10:25 Publié dans Au fil de la toile, Mots | Lien permanent | Commentaires (3) |
16/08/2014
Sabirs et argots
Peu après le Déluge, les hommes (et donc les femmes) parlaient tous la même langue. C'était assez pratique. Ils se sont installés dans le pays de Shinéar (Babylone ?) et ont entrepris de bâtir une ville puis une tour dont le sommet devait toucher le ciel. Dieu que l'on appelait Yahweh qui peut être taquin certains jours mais aussi colérique à l'occasion. Lui qui nous avait chassé de son paradis terrestre et qui donc ne voulait pas de concurrence dans son ciel paradisiaque, a brouillé leur langue et les a dispersé sur toute la surface de la terre.
La construction de la tour a cessé. La ville s’appelait Babel.
Le mot Babel viendrait de l’hébreux balal qui veut dire brouillé, confus ; à moins qu’il ne vienne de Babylone ou encore de l’assyrien babilu, la porte de Dieu ou Babili, porte des dieux ou comme babiller qui vient du langage enfantin… Bref, un tas d’autres origines du mot sont possibles, c'est bien la preuve que Dieu a soigneusement brouillé les pistes pour qu’Alain Rey puisse faire des dictionnaires historiques.
Mais les hommes sont malins alors non contents de parler quantités de langues, de dialectes et de patois divers, ils ont inventé des langues nouvelles sous le prétexte de mieux se comprendre. On citera entre autre les koïnès, les créoles, les sabirs, la lingua franca, les pidgins et plus récemment l’Esperanto et le Volapük. Ils ont aussi inventé des langues pour ne pas être compris hors du groupe, ce sont les argots, les jargons, le louchebem des bouchers, le javanais, la langue verte… sans oublier la langue de bois.
Une koïnè est une variante d’une langue à dialectes. Il arrive que par consensus se développe une forme commune, compréhensible par tous les locuteurs des différents dialectes d’une même langue. Le nom vient de la koïnè grecque qui permettait aux différentes entités politiques possédant leur propre dialecte, de maintenir des relations commerciales et diplomatiques. Ce koïnè là serait à l’origine du grec moderne.
Les langues créoles se sont formés par des locuteurs qui parlaient différentes langues et qui, pour communiquer, adoptaient la langue des maitres dans une version simplifiée. C’est ainsi que nous sont resté du temps de l’esclavage des créoles anglais, français, espagnols, portugais et bien sûr des un peu mélangé.
Les habitants de la Dominique parlent anglais mais leur créole est à base de français ce qui leur permet de communiquer avec leurs voisin de la Guadeloupe et de la Martinique.
Contrairement au koïnè, le pidgin est un parler utilisé par des locuteurs de langues très éloignées. Le vocabulaire d’un pidgin provient d’une langue dominante, l’anglais pour le Chinese Pidgin utilisé pendant le dix-neuvième siècle entre commerçants chinois et européens dans les ports chinois comme Canton. Le pidgin est plutôt d’origine anglaise. Le mot viendrait de la prononciation du mot business. Pour gouvernment on peut dire gobmint.
Le pidgin est assez simple et sans véritable grammaire. Le globish et un pidgin english qui pourrait devenir une lingue véhiculaire universelle si Yahweh ne s'en mêle pas.
La lingua franca était un mélange de langues latines parlé dans l’ensemble du bassin méditerranéen, par les marins, les marchands, les bagnards et autres déportés. On parle aussi de sabir (du latin sapere, savoir). On le retrouve sur les chantiers où travaillent italien, espagnols, portugais et français.
Pour l'esperanto et le volapük, je vous laisse à l'avis du général.
07:14 Publié dans Mots | Lien permanent | Commentaires (0) |
30/05/2014
Gordien
Âmes sensibles s'abstenir...
Un commentaire pas très futé.
Ce qui sort du corps de cette mante religieuse* est un ver gordien ou nematomorpha (en forme de fil). Le ver est gordien pour sa capacité à faire des nœuds.
On se rappelle qu'Alexandre le Grand trancha le nœud gordien avec son épée. Une bonne manière de ne pas s'enquiquiner avec les problèmes inextricables posés par les prêtres de Dionysos. Prêtres installés à Gordion, une ville du royaume de Midas** le phrygien, devenue à l'époque d'Alexandre une simple satrapie perse. Ensuite, Alexandre, en fin communicant, fit courir le bruit que celui qui dénouerait le nœud allait conquérir l'Asie.
* Ne pas confondre avec l'amante religieuse qui est une bonne sœur (ou une sœur bonne) nymphomane qui dévore rarement ses amants.
** Midas avait fait le vœu que tout ce qu'il toucherait se transformerait en or. Son vœu se réalisa, mais lorsqu'il se mit à table, sa nourriture se changeait en or et il ne pouvait rien manger. S'il touchait la tête de ses enfants, ils se changeaient en statue d'or. Plus tard Apollon lui mit des oreilles d'âne.
09:16 Publié dans Mots | Lien permanent | Commentaires (1) |
19/05/2014
Jugaad
Êtes-vous Jugaad ?
Le Jugaad (prononcez jougad) est une concept popularisé par un français né à Pondichéry*, Navi Radjou (en photo) et qui vit aujourd'hui entre l'Inde et la Silicon Valley. Il popularise l'innovation frugale chez Ernst & Young, GM, Hitachi, IBM, Marks & Spencer, Microsoft, Procter & Gamble, SAP, Sprint... Excusez du peu !
*Elle avait elle avait le Pondichéry facile / Elle avait elle avait le Pondichéry accueillant / mais où sont passés les comptoir de l'inde, chantait Guy Béart et Juliette Gréco.
Au départ, le mot jugaad est un mot hindi familier et légèrement péjoratif qui désigne des solutions un peu bricolées. Le mot a pris récemment un sens plus positif de créativité avec peu de moyens, d'innovation frugale et est en train de devenir un système de pensée pour ingénieurs créatifs et surtout conscients des ressources limitées de la planète. Voir cette vidéo.
Le livre de Navi Radjou, l'innovation Jugaad, redevenons ingénieux, est déjà un best seller mondial.
La figure qui représente bien le jugaad est sans doute Mac Gyver et son couteau suisse. Avec du tissu et des baguettes de bois, faire un cerf-volant, y attacher le ballon, un poignard métallique et la corde de tissu. Le tout se retrouve dehors à travers la fenêtre où une tempête a lieu. Un éclair est capté par le poignard, l'électricité est transportée par la corde humide, fait exploser la serrure et la réserve de poudre dans le labo. Le tour est joué !
Vocabulaire: En français, on a le système D pour Débrouille, on est les rois de la bricole, on utilise des moyens de fortune, des bouts de chandelles... Les québécois parlent de réparation en « broche à foin », en fil de fer. Les anglais ont « Jack of all trades », le Jacques de tous les métiers et on ajoute « Master of none », qui n'en maîtrise aucun.
09:29 Publié dans Au fil de la toile, Mots, Simplicité | Lien permanent | Commentaires (2) |
11/04/2014
Blaireau
Dans la famille des mustélidés, j’ai parlé du furet et aussi des ratons laveurs de la Barbade mais jamais du blaireau.
L’animal bien sûr, pas l’individu grossier, antipathique et raseur, votre voisin, qui ne voit pas plus loin que son blaire et ne sort pas de son trou.
Le blaireau vient de gagner la bataille d'Angleterre. Grâce à Brian May, l'ancien guitariste de Queen, les english vont cesser l'abattage à tord et à travers de ces petites bêtes à poils noir et blanc, accusées de transmettre la tuberculose bovine.
Chez nous, les écolos législateurs, adeptes de 1984, changent le vocabulaire. Le projet de loi sur la biodiversité compte 72 articles. Il met fin aux termes nuisibles et malfaisants hérités de l'ancien code rural jugés trop anthropocentrés. Ces termes seront remplacés dorénavant par déprédateurs.
Ne traitez donc plus votre voisin, ce blaireau qui répand des tonnes d’engrais et pesticides sur ses 400 mètres carrés de terrain, de nuisibles ou de malfaisant, traitez le de déprédateur. Vous pouvez aussi continuer de le traiter de blaireau, ou de badger s’il est anglais, de tasso s’il est italien. En vieux français, on disait un taisson, en patois savoyard un tasson. Par ici, on dit "gras comme un tasson".
Vocabulaire: Déprédation vient du latin depredatio qui veut dire pillage, dépouillement. Praedere, piller en latin, praeda veut dire butin et aussi proie.
Question de faune éthique*: On ne dit plus « c’est la croix et la bannière » mais « c'est la proie et la tanière (du blaireau) »
*Ne pas confondre avec la faune étique qui elle se porte très mal.
07:09 Publié dans Au fil de la toile, Mots | Lien permanent | Commentaires (1) |
08/04/2014
TAFTA
Peu de gens savent ce qu’est le TAFTA ou le TTIP mais, chez ceux qui savent, rapidement la colère monte. Il faut se mobiliser au plus vite.
Bien que les négociations secrètes nous préparent un tissage solide et bien serré qui nous prendra inexorablement dans sa trame, le TAFTA n'est pas à confondre avec le taffetas*, tissu de soie qui fait aux dames de bien belles robes.
Non, le TAFTA est un accord commercial et d'investissement en cours de négociation entre l'Union européenne et les États-Unis, envisagé pour 2015. C’est une super ouverture des frontières pour créer un marché unique entre l’ALENA (USA, Mexique, Canada) et l’UE et plus si affinité.
Le risque est de se retrouver devant le fait accompli comme on nous a enfilé naguère le grand marché à 28, l’OMC et la mondialisation tout en douceur et sans nous consulter.
TAFTA ou TTIP sont une résurgence de l’Accord multilatéral sur l’investissement (AMI) auquel le gouvernement de Lionel Jospin avait décidé de soustraire la France en 1998. Il consiste notamment à soumettre les États à des tribunaux d’arbitrage privé où des entreprises pourront plaider pour la suppression de dispositions sociales, environnementales, de santé publique ou de protection des consommateurs.
Les pays européens seront livrés à la coupe réglée des normes ricaines, des tribunaux privés. Bœufs aux hormones obligatoires, OGM dans votre assiette et dans celle du bœuf, gaz de schistes, pesticides à gogo, brevetage des plantes et des animaux et bien sûr finies les subventions à la culture sinon procès et lourdes amendes… etc…
Le front de gauche est contre, les verts aussi, Nouvelle Donne abonde dans ce sens, quelques socialistes en parlent mais que va faire notre gouvernement ? Mystère. Le net est muet sur ce sujet. Est-ce que l’Europe peut nous faire cet enfant dans le dos sans que nous, français, soyons d’accord ? Je ne sais pas et ça fout la trouille.
* Le taffetas est un tissu en de soie.
Le mot nous vient du persan via le turc et l’italien taffetà. En persan il désigne ce qui est tissé. On trouve ainsi l'expression « armure taffetas » en confection pour désigner une armure de toile (tissée selon le principe : un fil pris, un fil laissé).
C’est aussi un pansement.On pourrait en avoir besoin.
Pour en savoir plus:
Last but not least: Raoul Marc Jennar
07:41 Publié dans Modernité moderne, Mots | Lien permanent | Commentaires (7) |
08/03/2014
Pénis et pénil
Intéressante incidente de Dan sur la note genre suite à la remarque d’Aredius à propos de pénis. Qu’en dit Alain Rey l’évangéliste de la langue françoise ?
Oui Dan, le penny, du vieil anglais peniz, ne vaut pas un kopek, c'est de la roupie de sansonnet... En France on disait un Penys d'Angleterre. Pour corser, on l'abrège avec d. pour denarum. Mais, le penny n'a pas grand chose à voir avec la chose qui nous occupe (eh oui !)
Toujours d'après Alain, le pénis désignait la queue des animaux, remplacé plus tard par cauda.
Parfois, pour soigner un pénis qui s'est aventuré en terrain glissant on a besoin de pénicilline. Mine de rien, l’anglais penicillin est dérivé du français pénicille nom d’un champignon microscopique [photo], mot lui-même dérivé du latin pinceau , mot lui-même dérivé de petite queue terminée par une touffe qui se disait… pénis – queue donc.
La pénicilline de sir Alexander Fleming est tirée du champignon pénicillium notatum (notoire, notaire…). Le bleu du Roquefort du pénicillium roqueforti.
Il y en qui ont des pieds comme des péniches. S'ils disent qu'il ont le pénis long comme le pied, ils se vantent peut-être... En fait le mot péniche comme penny n’a rien a voir avec une quelconque queue.
Toujours chez Alain, je découvre que le pénil est le mont de vénus des dames. De l’ancien provencal penchinill et même penchenul diminutif de pecten, peigne. Donc, peignée ou pas, l’éminence de ses dames devant le pubis.
Ça tombe bien, c’est la journée de la femme.
Brassens, trompettes de la renommée :
A toute exhibition, ma nature est rétive,
Souffrant d'une modestie quasiment maladive,
Je ne fais voir mes organes procréateurs
A personne, excepté mes femmes et mes docteurs.
Dois-je, pour défrayer la chronique des scandales,
Battre le tambour avec mes parties génitales,
Dois-je les arborer plus ostensiblement,
Comme un enfant de chœur porte un saint sacrement?
Avec qui, ventrebleu! faut-il donc que je couche
Pour faire parler un peu la déesse aux cent bouches?
Faut-il qu'une femme célèbre, une étoile, une star,
Vienne prendre entre mes bras la place de ma guitare?
Pour exciter le peuple et les folliculaires,
Qu'est-ce qui veut me prêter sa croupe populaire,
Qu'est-ce qui veut me laisser faire, in naturalibus,
Un petit peu d'alpinisme sur son mont de Vénus?
Quand un pénis rencontre un pénil... c'est la naissance d'une histoire.
19:34 Publié dans Au fil de la toile, Mots | Lien permanent | Commentaires (0) |