27/06/2008
Une idée folle ?
Billet d’humeur posté par Massimo Gramellini dans La Stampa sous le titre « Buongiorno ». Traduction plus ou moins libre (et plus ou moins précise). Voici celui du 18 juin. "Pazza idea"
J'aimerais bien y participer, mais je suis conscient de la difficulté de l'entreprise. Qui connaît Big Brother et le reste de sa parentèle télévisuelle de grande écoute sait à quel point ils ont changé la société. Avant l'apparition de De Mol il y avait un vague lien entre la valeur et la célébrité entre la richesse et la gloire. Peut-être pas dans la vraie vie mais au moins à la télé, où pour devenir célèbre, il fallait savoir quel jour de quel mois est né Giosuè Carducci (prix nobel de littérature) ou combien de haricots ont bouilli dans la marmite de la Carrà (un jeu animé par Raffaella Carrà, style la valise de RTL)
Big Brother a instauré le fait que pour devenir quelqu’un on pouvait continuer à n’être personne, pourvu que ce personne puisse affronté la caméra de télé avec une certaine dose de spontanéité et encore plus de mesquinerie. Ainsi le public peut se reconnaître en lui sans en éprouver d’envie.
Je regrette pour De Mol, mais on ne peut pas aller plus loin. Même un concours de rôts entre gardiens de parking clandestins déguisé en faisans serait un retour en arrière vers plus de mérite et de compétence. Et alors, je crains que Bonolis (un autre pitre de la télé réalité sauce italienne) ne l'ait déjà breveté.
* John De Mol est un des créateurs d’Endemol, le big business de la télé nullos, on retrouve les noms d’Arthur et de Berlusconi qui via Mediaset a racheté Endemol
08:05 Publié dans Chroniques Italiennes | Lien permanent | Commentaires (1) |
25/06/2008
Grand corbeau
On ne possède bien que ce qu’on peut attendre,
je suis morte déjà puisque je dois mourir
Le grand corbeau croasse la brièveté de nos existences dans la fuite du temps. Je me demande comment il a passé toutes ces décennies. Il est moins fringant qu’autrefois. Enroué. Tassé. Noueux. Avec des pertes de mémoire et des rhumatismes… Je compare nos carrières. J’ai ôté mes doigts de mon nez, lu la Critique de la raison pure et écrit quelques livres. J’ai embrassé la mer Caraïbe, la forêt d’Amazonie, la Chine et les Quarantièmes Rugissants. J’ai une femme et quatre enfants, une maison à Tincave et une chatte noire qui ronronne. Bon père de famille par parole et par action. Pervers polymorphe par pensée et par ennui. Ma barbe est blanche. J’aurai bientôt des rhumatismes et des pertes de mémoire.
Le grand corbeau n’a pas changé d’adresse. A-t-il (ou elle : j’ignore jusqu’à son sexe) compté ses nichées ? Connu la disette ? Eu les plumes gelées en hiver ? Voué le chasseur aux gémonies ? J’enfile mon habit de plumes. Je deviens grand corbeau. Je jouis de la vie par becquées. Je bois mon vin comme Li Po sous la Lune, ou Omar Khayyam dans son jardin de roses. Je copule sans référence au docteur Freud et je me lisse la poitrine quand j’ai vidé mes génitoires.
Je me persuade que j’ai acquis de la substance ou de l’épaisseur, mais c’est une illusion.
Je ne suis rien. Je ne sais rien. Je ne vois pas plus loin que la morve de mon nez. Je ne joue aucun rôle. Je n’ai ni âme, ni destin, ni place au paradis, ni supplice à craindre en enfer. Rien à espérer du Bon Dieu barbu, rien à redouter du diable cornu.
Né d’une fantaisie de l’acide désoxyribonucléique et des protéines, je suis apparu sur une planète naine, en orbite autour d’une étoile moyenne, dans une galaxie qui en compte cent milliards, sachant qu’il existe cent milliards de galaxies dans l’univers et peut-être plusieurs univers emboîtés ou chiffonnés depuis l’inflation du Grand Bang.
S’il y a eu un Grand Bang.
Je croasse ces soupirs sur mon carnet dérisoire que le vent effeuille ainsi qu’un arbre sec, sous les glaciers du temps perdu.
16:00 Publié dans Portrait de blog | Lien permanent | Commentaires (0) |
24/06/2008
Ivraie
L’ivraie enivrante est une plante messicole comme le bleuet, le coquelicot ou la nielle des blés [photo].
Une plante messicole pousse avec la moisson, c’est pourquoi il est si difficile de séparer le bon grain de l’ivraie comme le dit la parabole biblique (Matthieu 13:24-30) Difficile aussi dans le cas de l’ivraie car, comme le blé, l’ivraie donne des épis.
Difficile mais indispensable, car l’ivraie vit en symbiose avec une champignon hallucinogène qui contient de la témuline, une substance toxique, plus précisément un alcaloïde narcotique. Il faut environ une livre d’ivraie pour tuer un cheval de six cents kilos. A moins on l’endort et s’il rate l’obstacle on le disqualifie, c’est la dure loi du sport équestre. Pour un homme compter cinquante à cent grammes, ce qui fait bien moins d’une baguette garantie 100% ivraie. Demandez la à votre boulanger un jour où il est saoul.
Botanique : Le blé comme l’ivraie font partie de la super famille des Poacées ou graminées dans laquelle on trouve toutes les céréales, blé, riz, orge… et aussi la canne à sucre, les plantes à fourrage, les bambous…
Etymologie : L’ivraie enivrante s’appelle en grec zizania qui a donné zizanie. En latin l’adjectif ivre se dit temulentum d’où la témuline. On tourne autour de la bagarre d’alcoolos.
12:15 Publié dans hallucinant | Lien permanent | Commentaires (3) |
22/06/2008
Monstre
L’homme fut étonné d’apprendre que la montagne proche de Genève qu’il parcourt chaque semaine a, un beau jour des années 1800, été escaladée par un monstre. Un vrai monstre.
La montagne, elle, n’a rien de monstrueuse, une simple montagne à vache. Il n’y a rien de plus rassurant qu’une vache qui paît en paix sur la montagne. Un vache repue qui a pu (ou qui est pue, mais pû de paître n’existe pas) tout son sou.
Paître nous fait défault.
La montagne s’appelle le Salève. Une bien belle montagne qui borde Genève au sud et qui a même sa maison. Maison où l’on trouve toutes sortes d’ouvrages locaux et un petit musée régional. Cette maison est une manière de reprendre aux genevois un petit bout de cette montagne qu'ils ont créée en inventant la varappe.
22:00 Publié dans Montagne, Textes | Lien permanent | Commentaires (0) |
20/06/2008
Démographie
(…)
A la chute de l’URSS, la Russie perd la moitié de sa population, 30 millions de Russes résidants dans les républiques devenus des nations autonomes furent exclus du grand « recensement » de 1990 qui comptabilisa alors 149 millions d’habitants.
La disparition de l’URSS et l’effondrement social et économique entraîna la Russie dans une crise économique d’une ampleur sans précédent. Les mesures de choc des réformateurs libéraux de l’entourage du président Eltsine pour remédier à la « crise économique » qui frappait la Russie furent les principales causes de cet effondrement démographique. La thérapie de choc de Egor GAIDAR et Anatoli TCHOUBAIS créa une catastrophe démographique.
Entre 1990 et 1995, le taux de mortalité infantile grimpa de 56% et la mortalité féminine de 26%. L’espérance de vie masculine passa de 64 ans en 1990 à 57 ans en 1995 ! Le Russe à cette époque vivant moins longtemps que l’Indonésien ou le Péruvien. L’espérance de vie féminine, elle, baissa de 74 à 70 ans.
Entre 1990 et 1995, le démographe américain jugea que l’excédent de décès durant cette période était de 3 millions d’habitants soit le double de l’excédent de décès dû aux difficiles conditions de vie des civils en Russie durant le second conflit mondial. L’effondrement Russe de 1990 à 2000 équivalait à l’effondrement démographique éthiopien lors de la famine de 1980 ou du Cambodge de Pol Pot ...
Cet effondrement démographique frappa d’abord les personnes âgées puis les jeunes. L’effondrement économique frappa de plein fouet le système hospitalier Russe. La Russie connut un regain de maladies qui n’existaient même plus dans nombre de pays du Tiers-Monde : diphtérie, typhus, choléra, fièvre typhoïde... Mais surtout la tuberculose qui frappa la population de plein fouet. En 1995, on estimait qu’un détenu sur dix était touché. Chaque année, selon l’institut de statistiques de Harvard et l’institut de la santé publique de New York, chaque année entre 1990 et 1996 les prisons russes relâchaient 30 000 porteurs de souche active et 300 000 porteurs de souche dormante. Si rien n’avait été fait, 12% de la population du pays auraient été contaminés en 2005.
Entre 1990 et 1998, les maladies sexuellement transmissibles montèrent en flèche. Le nombre de syphilis recensées passa de 8 000 à près de 400 000. Le SIDA, lui, explosa littéralement et le chef de file de l’épidémiologie russe estima que, au rythme des années 90, 10 millions de personnes seraient contaminées en 2005 (NB : on estime en 2008 que 500 000 personnes seraient porteuses du SIDA). Cette explosion du SIDA était aussi en grande partie due aux drogues. On estime qu’en 1998 le marché russe était le principal marché du monde. En 1998 on estimait à 5 millions le nombre de drogués du pays (3% de la population).
Si les jeunes consommaient de la drogue, les plus vieux buvaient. Une enquête de 1998 prouva que 50% des hommes buvaient en moyenne plus d’un demi-litre de vodka par jour. Entre 30 000 et 40 000 personnes mouraient chaque année de vodka frelatée.
Rien qu’entre 1990 et 1998, furent recensés : 259 000 suicides, 230 000 décès par empoisonnement (de vodka), et 169 000 assassinats.
Alors que de plus en plus de Russes mouraient, surtout, de moins en moins naissaient. A la fin des années 1990, il y avait 3 millions d’IVG par an en Russie, pour 1 million de naissance. Mais le nombre réel d’avortements était 5 ou 6 fois plus élevé. Le principal institut de statistiques russe estima qu’à la fin des années 1990, plus d’un adulte femme sur trois était stérile et un sur deux avait des troubles du système reproducteur. Cette absence de natalité féminine fut accrue par la hausse de la prostitution, en Russie mais aussi à l’étranger. L’émigration très élevée d’hommes vers l’étranger fut largement suivie par le nombre élevé de femmes devenues (par force ou nécessité) esclaves sexuelles, notamment en Europe de l’Ouest.
Les enfants qui naissaient n’avaient cependant pas tout gagné. En 1993, sur 1,6 million de naissances, 5% des enfants qui naissaient étaient abandonnés par leurs parents. En 1998, on était passé à 1,3 million de naissances et un taux d’abandon de 9%. En 1998, 1 million d’enfants erraient dans les rues.
Enfin les dernières guerres ont porté un coup dur à la jeune génération mâle, surtout la première guerre de Tchétchénie en 1995, où des milliers de tout jeunes conscrits furent envoyés au carnage.
Tout cela entraîna un déclin démographique IMPLACABLE.
10:45 Publié dans Blog | Lien permanent | Commentaires (4) |
19/06/2008
Décorticage
de 14h00 à 18h00
« les 400 Coups »
Le film sera donc commenté par Bekiekh Abderrahmane, diplômé d’Etudes Supérieures Spécialisées en Cinéma et licencié en Information et Communication à Paris, depuis 13 ans il enseigne le cinéma à Genève : l’histoire du cinéma, le vocabulaire et la grammaire audiovisuelle, l’écriture du scénario et l’analyse de films. Par ailleurs, il enseigne dans plusieurs écoles et institutions sur Genève. Scénariste, lecteur et correcteur de scénario, il est membre du Ciné-Club Universitaire de Genève auquel il participe à la programmation depuis 13 années.
S’inscrire d’avance au Cinéma ROUGE & NOIR
Tarifs : 10 euros adhérents, 12 euros non-adhérents
07:20 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (2) |
18/06/2008
Tête au carré
En ces temps d’incertitude sur le financement des radios et télévisions de service public, s’il y a une chose dont France-Inter peut se vanter, c’est d’avoir des auditeurs fidèles. C’est l’un deux que j’ai rencontré hier, prof de physique à la retraite près de Lons-le-saunier, venu spécialement à Genève pour assister à l’émission de Mathieu Vidard, la tête au carré, spécial LHC, enregistrée au Globe qui est devenu le point d’entrée et de communication avec le CERN, le Centre Européen de Recherche en physique des particules.
J’avais été alerté par Sugus, toujours à l’affût. Nous sommes, ma femme et moi, arrivés en avance et sommes passés de l’écoute de la radio (en grève) dans la voiture à l’écoute de l’émission (qui heureusement a eu lieu) via ¾ d’heures de préparation avec Mathieu Vidard, son équipe, et les 4 invités qui arrivaient. Nous nous somes installés au premier rang, le prof de physique, ma femme et moi, si proches qu'on aurait pu souffler les réponses aux invités*.
« Le LHC, l’accélérateur de particules le plus grand et le plus puissant du monde, est le dernier maillon du complexe d’accélérateurs du CERN. Il consiste en un anneau de 27 km de circonférence formé d’aimants supraconducteurs et de structures accélératrices qui augmentent l’énergie des particules qui y circulent… La suite sur le site de France-Inter.
Difficile de vulgariser quelque chose d’aussi complexe que ce dernier avatar de la recherche en physique qu’est le LHC. L’émisssion de Vidard est là, chaque jour, pour tenter de faire entrer un peu de science dans notre petite tête sans trop nous la mettre au carré. C’était assez bien réussi grâce à des invités tous physiciens de haut niveau qui ont fait un bel effort pour sortir de leur monde de complexité cosmique.
J’ai parlé ici du LHC et des craintes qu’il suscite. Sugus en a aussi parlé mieux que moi. Après avoir dit que l’on attendait du LHC la découverte du si mystérieux boson de Higgs et de quelques particules super-symétriques, Mathieu Vidard a aiguillé le débat vers ces fameux trous noirs qui pourraient mettre en péril la région et même l’Europe, la Planète voire la Galaxie. Pierre van Hove, chercheur au CNRS à Strasbourg a expliqué que si des trous noirs apparaissaient au LHC, ce serait fort intéressant pour la science mais que leur énergie n’atteindrait pas celle d’un moustique. Nous voilà rassurés, il suffit donc d’avoir sur soi une crème anti-moustique du moins pour ceux que la science inquiète.
Mon voisin d'émission prof de physique était enchanté, il est allé se faire dédicacer son livre abécédaire par Mathieu « Pour Pol et Monique… » Le livre est paraît-il excellent.
* Contrairement à ce qui a été dit, c'est le Web et pas Internet qui a été inventé au CERN.
PS : J’oubliais, Pol a résilié son contrat à la Matmut pour cause de publicité absolument idiote et agressive des deux grands abrutis de la scène française. Merci à France-Inter de supprimer cette pub en tout premier. Qu’on la passe sur RTL ou ailleurs mais pas sur un radio de service public. Merci.
09:15 Publié dans Science | Lien permanent | Commentaires (2) |