19/05/2008
Transnistrie
J’ai déjà parlé de
la Transnistrie
en parlant de
la Moldavie.
Je viens de trouver une note un peu compliquée à lire mais très instructive de morice* sur Agoravox qui relate à quel point ce petit territoire de 4000 km2 est devenu un vrai repaire de brigands. On y achète des armes en tout genre, y compris peut-être une petit bombe atomique en cherchant bien.
Le début de l’article :
Notre quête du marché des armes et de leur vecteur principal de transports que sont les conteneurs nous amène aujourd’hui à étudier attentivement le cas d’un pays méconnu, qui n’a pas encore 18 ans d’âge (c’est pour bientôt) et qui pourtant se révèle être la patrie de la contrebande, ou plus prosaïquement une République de gangsters, comme d’aucuns l’ont affublé. Un minuscule Etat, qui malgré l’absence de ports dignes de ce nom, s’est arrangé pour devenir la plaque tournante dans le monde du trafic illicite d’armes. Dans ce pays, tout est hors normes. Le pays lui-même fonctionne comme un gigantesque port franc, où les lois n’existent plus autres que celles qu’un pouvoir fort centralisé veut bien octroyer. Bien entendu, on a affaire à une oligarchie quasiment familiale, qui ne se soucie avant tout que de son intérêt personnel avant celui de sa population. Fait à noter également, c’est le seul pays de l’ex-Empire soviétique ayant recherché une indépendance pour mieux clamer son regret de ne plus être sous le joug de Moscou. Un masochisme intéressé, en réalité.
* morice écrit beaucoup sur Agoravox et il connait particulièrement bien le sujet des trafic d'armes.
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16/05/2008
Camembert
Alexandre Vialatte prend plaisir à décrire son ami Michel Chrestien attaquant un camembert dans "La Montagne" le 14 avril 1953.
"Il est spectacle bien grand et un plaisir bien légitime, bien doux aux coeurs vertueux et sensibles et aux amis des choses vraiment majestueuses, une expérience bien faite pour réconcilier l'homme avec la condition humaine, un tableau pompeux, une leçon,un frisson nouveau dans l'histoire, bref une consolation dans cette vallée de larmes, c'est de voir Michel Crestien attaquer le camembert[...] Il a l'économie d'efforts et l'efficacité de geste que nécessitent les travaux de précision, les oeuvres d'art et les ouvrages de longues haleines.[...] Disons seulement que rien n'est plus senti, plus imprégné de conscience humaine et stomachique. Ce n'est plus de l'alimentation, c'est de l'hymne à la nourriture, c'est du cantique, c'est de la mystique, ce sont des psaumes de l'Estomac. Il ne mange pas, il communie. C'est le rassurant dans le somptueux, c'est le sobre en même temps que l'orné, c'est l'équilibre intelligent, la ligne pure et la maîtrise. Parlons bas retenons notre souffle ; nous venons d'entrevoir le parfait. "
07:05 Publié dans Vialatte | Lien permanent | Commentaires (0) |
15/05/2008
A travers les siècles
Voyager sur la terre peut déjà être dangereux. Voyager dans l'espace encore plus, alors, voyager dans le temps... Non, le seul voyage dans le temps qui me ferait vraiment envie serait celui qui me ramènerait au doux temps de l’insouciance, au temps de l’enfance, au temps des lectures, disons dans les années soixante, dans mon pays savoyard avec ses vaches et ses clochers.
Il y avait fort peu de livres à la maison si l’on excepte quelques almanachs. J’ai toujours pensé que mon goût de la lecture m’est venu de ces fameux albums de Mickey qu’à chaque anniversaire et même en quelques autres occasions, mon parrain m’offrait quand j’avais entre 7 et 12 ans. Cela avait le format d’un gros livre bourré de bandes dessinées et de quelques textes pas trop compliqués comme les trucs et astuces des castors juniors…
Je commençais par les histoires complètes, Géo Trouvetout, Picsou, Pat Hibulaire, le grand méchant loup… et je gardais pour la fin les histoires à suivre. L’avantage de l’album, qui devait regrouper une vingtaine de journaux hebdomadaires, c’est qu’il permettait de suivre une histoire « à suivre… » en tournant les pages d’un fascicule à l’autre. La dernière histoire à suivre que je lisais, du moins au début, s’intitulait « Mickey à travers les siècles. » Le dessin en était moins coloré, plus complexe, donc moins attirant que les autres.
Mickey se promenait d’époque en époque suivant une séquence très aléatoire. Chaque séquence se terminait par un coup qu’il prenait sur la tête. Sous Saint Louis, il prenait un bouclier de Sarazin et hop il arrivait sous Doclétien, après quelques aventures, il finissait par tomber d’un char pour se retrouver au XIX, là il finissait par tomber d’une pelle mécanique ancestrale pour se retrouver à l’époque du masque de fer en 1662. Il tombait d’une échelle et hop, il arrivait sous Louis XI… Bref l’énumération serait fastidieuse et elle se trouve ici
C’était une sacrée leçon d’histoire. Je pense qu’avec les premiers albums, je devais être trop jeune pour apprécier mais au fur et à mesure que je grandissais, j’ai commencé à aimer ces voyages dans l’histoire. Paraît que le nouveau LHC du Cern pourrait permettre des voyages dans le temps. Je rêve d’une machine qui me permettrait de me retrouver dans ce coin de grenier où je me réfugiais pour lire tranquille et où je dévorais aussi les Bob Morane et les comics bon marché qu’en Italie on appelle de « fumetti »… Tartine Mariole, Akim, Buck Jones, Kid Carson. La lecture c’est de la science fiction, On y trouve de la transmission de pensée spatio-temporelle et du voyage illimité dans le temps. Toutes les chimères y ont droit de cité.
Allez lire les autres:
Laurent, Olivier, Bergere, Bertrand, JvH, Bluelulie, Hibiscus, Anne, Chantal, Looange, V à l'ouest, Jo Ann v, William, Catie, Nanou, Cecfrombelgium, Gally, La Nymphette, Julie70, Gazou, BlogBalso, Vladyk, Lucile, Guy Cardinal, Joël, Linda, Denis, Julie, Isabelle, Le chat qui, Lodi, Ckankonvaou, Mahie
12:35 Publié dans Rédac | Lien permanent | Commentaires (12) |
14/05/2008
Kafka suite...
de
Haruki Murakami
...Suite de
Kafka, notre héros de quinze ans, est arrivé sur l’île de Shikoku*, il va se rendre chaque jour dans une bibliothèque où il fait la connaissance de deux personnages attachant. Oshima San, l’homme à l’immense culture qui cite aussi bien les écrivains contemporains qu’Eschile ou Euripide. Mlle Seaki qui dirige la bibliothèque.
De son côté, Nakata, dans sa quête d’une petite chatte écaille de tortue, va se trouver confronter au père de Kafka qui va le provoquer jusqu’à que Nakata soit obligé de le tuer. Du coup Nakata doit quitter Tokyo et part en direction de l’île de Shikoku. Sur sa route, il rencontre une jeune chauffeur routier, Hoshino, qui au contact de Nakata va découvrir un monde intérieur bien différent et bien plus riche que celui dans lequel il avait vécu jusque là.
Les vies parallèles de nos deux héros vont peut-être se rejoindre. Mais rien n’est simple dans ce roman où les parallèles peuvent aussi se rencontrer dans le surnaturel. Les forêts se peuplent de soldats échappés de la dernière guerre, les poissons et les sangsues tombent du ciel et les prostituées se mettent à lire Hegel.
Kafka sur le rivage est un conte initiatique qui nous plonge dans une odyssée moderne et onirique au cœur du Japon contemporain bien que ce livre soit fort peu japonais. Comme les autres Murakami, à l’exception de la course au mouton sauvage, ce roman est traduit par Corinne Atlan. Bien que n’ayant pas d’éléments objectifs pour vraiment juger, il me semble que cette traductrice se coule à merveille dans les romans de Murakami.
La construction avec les chapitres en alternance semble simple mais la manière dont Murakami nous livre l’histoire est habile et complexe. Par exemple, on découvre progressivement les raisons qui ont poussées Kafka à fuguer, il veut échapper à la terrible prophétie que son père a prononcée contre lui, c’est la prophétie d’Œdipe : Tu tueras ton père et couchera avec ta mère.
Les références littéraires, musicales ou cinématographiques sont nombreuses et toujours bien amenées. Bref, si vous n’êtes pas allergique à un brin de surnaturel, que 600 pages ne vous inquiètent pas trop, alors lisez ce livre sans hésiter.
* L’archipel japonais se découpe en quatre îles principales, Honshū (Tokyo, Hiroshima, Nagoya, Kyoto…) Hokkaidō, Kyūshū, et Shikoku.
11:00 Publié dans Lecture, Murakami | Lien permanent | Commentaires (0) |
12/05/2008
Débris d'URSS
Plus vaste État du monde, l'URSS occupait le 1/6 des terres émergées. Elle s'étendait sur 11 fuseaux horaires, de la mer Baltique à la mer Noire et à l'océan Pacifique, c'est-à-dire toute la partie nord de l'Eurasie. C'était au siècle dernier.
Né le 30 décembre 1922, c’était un empire fragile sous ses airs de colosse militaire nucléarisé, qui aura quand même vécu 69 ans lors de son décès le 21 décembre 1991. La Russie, 17 des 22 millions de kilomètres carrés et 142 millions d’habitants, a repris l’héritage de l’empire, le gros des forces militaires et le siège au conseil permanent de l’ONU. Poutine, tel un manager de multinationale américane, a décidé que la Russie serait la 6ième puissance économique en 2020. Lire aussi l'article de Agoravox sur le nouveau président Medvedev.
J’ai déjà parlé ici d’un certains nombre de ces débris de l’URSS. La Gagaouzie ou la Transinistrie ou de la Kabardino-Balkarie entre autres. Je viens de découvrir 2 éclats de la Géorgie :
L'Abkhazie peuplée d’abkhazes qui ont mis à la porte la majorité géorgienne de leur mouchoir de poche de 8800 km2 et l'Ossétie du Sud, un territoire de 3900 km2 à qui le Géorgie a refusé l’autonomie et cherche a se rattacher à l’Ossétie du Nord, une ex-république de feue l’URSS. L'Abkhazie mène la vie dure à la Géorgie très fragilisée depuis l'explosion de l'empire.
Très explosif tous ça. Attention de ne pas se couper avec les morceaux.
Abkhazie (Géorgie- à gauche, la mer noire) Ossétie du Sud
08:35 Publié dans Géographie | Lien permanent | Commentaires (2) |
09/05/2008
Bufo
On la trouve dans la peau
des crapauds (bufo)
des grenouilles (rana),
dans des champignons
ainsi que dans le cerveau, le plasma sanguin et l'urine des schizophrènes, la bufoténine est une substance très hallucinogène (enthéogène).
Isolée en 1902 par deux physiologistes français, Césaire Phisalix et Gabriel Bertrand, à partir de la glande parotide d'un crapaud, le Bufo alvarius. La bufoténine et la psilocine (extraite des champignons psilocybes) sont des molécules presque identiques. Elles sont utilisée par les chamans.
Dans le cerveau, ces substances contrent un précieux neurotransmetteur la sérotonine. Quand la sérotonine ne transmet plus le cerveau se met à fonctionner... bizarrement.
07:35 Publié dans hallucinant | Lien permanent | Commentaires (5) |
08/05/2008
Kafka sur le rivage
Kafka sur le rivage
de
Haruki Murakami
Après à l'ouest de la frontière,
la chasse au mouton sauvage...
Kafka sur la rivage
L’histoire commence avec Kafka Tamura, 15 ans, qui s'enfuit de sa maison de Tokyo/Nakano où il vit avec un père absent et indifférent. Kafka parle à une sorte de voix intérieure, le garçon nommé corbeau. On apprendra que corbeau se dit kafka en tchèque. Ce n’est pas la seule référence littéraire ou artistique de ce livre passionnant de plus de 600 pages qui tient le lecteur en haleine. Haruki Murakami fait intervenir la musique de Beethoven et de Haydn, et aussi Prince ou Radiohead, il parle de Hegel et de Bergson, de romanciers japonais, de Truffaut…
Au second chapitre, on se retrouve dans les archives du Military Inteligence Service (MIS). A la fin de la dernière guerre, le MIS enquête sur un drôle d’incident qui s’est passé sur la colline « bol de riz » dans une partie de l’archipel japonais, éloignée de Tokyo. Le rapport militaire décrit les faits. Une institutrice est en promenade avec sa classe pour cueillir des champignons et agrémenter l’ordinaire des menus de guerre. Soudain tous les enfants tombent dans un coma de deux heures. Un seul va y rester plus longtemps. Il s’appelle Nakata, c’est notre deuxième héros.
Ensuite les chapitres Kafka et Nakata vont alterner.
La fuite de Kafka et les rencontres qu’il fait. Pour commencer dans le train entre Tokyo et l’île de Shikoku au sud-est de l’île principale, assez loin de la capitale, il rencontre Sakura, une fille plus âgée que lui qui a aussi fuit sa famille pour devenir coiffeuse. Puis, il fréquente une bibliothèque privée un peu spéciale, dédiée au Haiku et à la poésie. Il s'y rend entre l’auberge de jeunesse et la salle de muscu. Kafka, un prénom d’emprunt, vit sa vie de jeune fugueur plus mûr que son âge.
Nakata, qui parle de lui à la troisième personne, « Nakata n’est pas très intelligent », il est illéttré et un simple d'esprit. Pour arrondir sa pans—ion, que lui octroie le préfet de Tokyo, il retrouve les chats perdus du voisinage. C'est une chance que Nakata parle le langage des chats.
Nous voici lancés sur les traces de ces deux personnages de roman tels qu’un écrivain rêve d’en inventer une fois dans sa vie. Ce roman, aux limites du monde logique, m’a fait penser aux mémoires de Gabriel Garcia Marques lorsqu’il raconte à quel point le début de la métamorphose l’a libéré de la nécessité d’écrire de choses rationnelles. « Un matin au sortir de rêves agités, Grégoire Samsa s'éveilla dans son lit transformé en un monstrueux insecte. »
Ce qui nous a valu « cent ans de solitude ». Kafka sur le rivage est le Cent ans de solitude japonais de Murakami. C'est aussi un grand livre d'initiation à la Siddharta de Hesse.
On en reparle…
05:00 Publié dans Lecture | Lien permanent | Commentaires (0) |