12/10/2010
Sabaudismes
Dessin de Felix Meynet
Fanfoué des Pnottas
mène l’enquête à Abondance.
J’avais envie d’écrire un petit dialogue savoyard agrémenté de sabaudismes, ou de savoyardismes si vous préférez. Lexique à la fin.
- Adieu Gaston. On s’en met un derrière la corniule ?
- Si tu veux Paul mais on fait pas trop long, la femme m'attend.
- Dis donc, tu connais le Michel à la Louise ?
- Cui qu’à marié la fille au Jules ? Une sacrée bonne amie. Pas faites pour ce grand baban* qu’est même un peu bobet.
- C’est lui. Mais pas si bobet que ça, le Michel.
- Allez, c’est pas une lumière.
- Tu sais que le Jules, son beau-père, c’est le plus riche du canton quand même.
- Je sais, je sais, n’empêche que le Michel c’est un bobet et même un tatu. Un vrai borgnu.
- N’empêche qu’à la vogue, il a fait carton plein, et ça faut y faire.
- La chance.
- L’intelligence.
- Rien à y voir.
- Et au loto du foot, il a mais gagné le Michel !
- Même qu’il était venu avec sa boille et un gilet tout coffe.
- Peut-être mais il a fait trois quines d’affilée, ensuite, il a remiser le saucisson qu’il avait gagné dans les fattes de son pantalon.
- Tout coffe le futal aussi et avec le pantet déhors, un vrai molardier.
- Et d'ailleurs il a demandé après toi.
- Qu’est ce qui me voulait ce babolu ?
- Il avait une bouteille de bourru pour toi.
- Du bourru ?
- Oui. Il voulait te proposer une affaire. Un truc qui devait rapporter des mille et des cents.
- T’es sûr ?
- Oui mais je crois que finalement il en a parler à Jules qui se vante s’avoir fait un gros bénef avec l’idée de son gendre.
- T’aurais pu m’en parler avant.
- Comme que comme, puisque tu penses que c’est un tatu qui comprend tare pour barre, j‘ai dans l’idée que tu ne te serais même pas abader pour son affaire.
- T’as peut-être bien raison Paul. Faut pas que je traîne, la femme est un peu gringe en ce moment. Arvi pas.
- Arvi Gaston.
Adieu – Bonjour
Corniule – Gosier (s’en mettre un derrière – boire un verre)
Baban – Babolu - Nigaud, dadais.
Tatu – Borgnu – Pas très malin et obstiné
Vogue – Fête locale
Y faire - Le faire
Il est mais là – Il est encore là
Boille – Gros bidon à lait
Coffe – Sale
Fattes – Poches
Pantet – Queue de chemise
Molardier – Journalier qui cherchait du travail place du Molard à Genève
Il a demandé après toi – Il a demandé si tu étais par là
Bourru – Cidre frais
Comme que comme : De toute manière
Abader – Se lever, se bouger
Gringe – De mauvaise humeur
Arvi – Au revoir
11:19 Publié dans Textes | Lien permanent | Commentaires (0) |
10/10/2010
Suricate
4 suricates immobiles.
101010
= 32 + 8 + 2
= 42
Soyons binaire et voyons pourquoi le 10-10-10 était un jour important. pour les utilisateurs de logiciel.
On sait que 42 était la réponse ultime à toutes les questions selon le guide du routard pour la Galaxie de Douglas Adams, dont j’ai déjà parlé. Mais qu'elle était la question ?
C’est donc le 10 octobre 2010 à 10 heures 10 et 10 secondes qu’a choisi l’équipe d’UBUNTU pour annoncer la version 10.10 de ce système d’exploitation, version aussi nommée Marverick Meerkat. Meerkat signifie Suricate , une sorte de mangouste sud-africaine assez sympa, et Maverick veut dire indépendant, non-conformiste.
Ce Suricate rebelle succède au Linx Lucide, au Koala Karmique, à la Jackalope enjouée (Jaunty), au bouquetin (Ibex) Intrépide, au Héron robuste (Hardy Heron), au Faon téméraire (Festy Fawn), à la salamandre nerveuse (Edgy Eft) , au canard pimpant (Dapper Drake), au Hérisson vénérable (Hoary Hedgehog ), au blaireau jovial (Breezy Badger), et enfin au phacochère verruqueux (Warty Warthog) la version 4.10 et première mouture d’Ubuntu parue le 20 octobre 2004 qui commence donc par un W.
Avec tous ces animaux issus du Gnou, l'odeur devient pestilencielle, ouvez donc la fenêtre au profit d'Ubuntu bien sûr. Demain, je m'y met. Promis.
10:10 Publié dans Au fil de la toile | Lien permanent | Commentaires (1) |
09/10/2010
Prébendes
C’est l’histoire d’un petit curé qui cherchait une sinécure et qui est tombé sur une prébende.
Rien à voir ou presque avec cette illustration nimportquoitesque au costard de chanoine victime d'une promotion épiscopale ! Ce blog dérape chaque jour dans les affres du vocabulaire. Affres : un mot d'origine gothe, ostrogothe et wisigothe, qui veut dire effroi, épouvante.
Hé oui, prébende et sinécure sont deux termes assez proches qui nous viennent de la religion. Est-ce que le job de chanoine de Latran est assorti de prébendes ? Je ne sais pas mais c’est sans aucun doute une sinécure.
Sinécure : Charge ou emploi n'obligeant à aucune fonction, ou nécessitant très peu de travail; situation de tout repos. Les emplois fictifs sont des sinécures. Bénéfice simple ou à simple tonsure. « Il n'y avait pas de sort plus heureux que celui d'un riche prieur ou d'un abbé commendataire; (...) mais à moins d'un grand changement dans l'administration ecclésiastique, l'espèce des abbés est perdue sans retour; il n'y a plus de sinécures. » écrivait Brillat-Savarin.
Prébende : Revenu ecclésiastique provenant à l'origine du partage de la mense (table et par métonymie repas) capitulaire et destiné à l'entretien d'un chanoine séculier. « Le petit chanoine était donc entré en possession d'une superbe prébende, à titre de chanoine majeur » (SAND, Consuelo, t.3, 1842-43, p.45)
« La démocratie irréprochable ce n’est pas une démocratie où les nominations se décident en fonction des connivences et des amitiés mais en fonction des compétences. » Disait jadis notre président qui déjà pistonnait grave son ami Hortefeux pour qu’il devienne rapidement préfet.
Désolé pour ces coqs et ces ânes, mais cela faisait longtemps que je n’avais pas parlé de notre bienaimé président et j’avais les doigts qui picotaient.
08:04 Publié dans Mots | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : vocabulaire |
08/10/2010
Cacao
Cabosses de cacao.
Cela s’est passé le vendredi 23 juillet à la bourse des matières premières (Liffe) à Londres. Le fonds spéculatif Armajaro a acheté 241'000 tonnes de cacao pour 1 milliard d’euros. C’est 15% des stocks mondiaux, de quoi fabriquer 5,3 milliards de plaques de chocolat de 125 grammes. Le prix du cacao s’est envolé à son plus haut niveau depuis 1977.
Scandaleux dites vous ? Sans doute mais irréprochable du point de vue des règles. Suite à cette opération, le NYSE Liffe a tenu à le rappeler aux traders. « Bien que nous soyons attentifs à vos remarques concernant la volatilité, il n'y a, selon nos investigations, aucune preuve d'acte abusif ni aucun acteur du marché qui agit dans le but de distordre les prix sur les contrats de juillet», explique le Liffe dans un courrier.
Distordre...vous avez dit distordre ?
Avec 7 milliards d'euros (~1% du budget annuel de la sécu) on peut acheter toute la production mondiale. Si on se met à un certain nombre de personnes, disons 7 millions, apportant chacun 1000 euros. On réuni 7 milliards d'euros. On achéte toute la production mondiale. On est les rois du marché... De quoi fabriquer plus de 36 millards de plaques. Pas chiens, on en revend la moitié pour 7 milliards d'euros et on se partage les 18 milliards de plaques de choc. qui restent, soit ~2571 plaques chaqu'un !
Chocolatomaniaques à vos claviers, je prends les inscriptions.
16:12 Publié dans Au fil de la toile | Lien permanent | Commentaires (2) |
04/10/2010
Quintessence
Il y a quelques années, j’avais développé ici un passage du Pantagruel dans lequel le héros tombait sur un livre étonnant. Je vous invite d’ailleurs à relire cette note chimérique où il est question de livres au titre alléchant :
- -De l’art de péter poliment en société
- -L’éléphantesque couille des preux.
- -Comment avaler des chevreaux accommodés de cardons en temps papal interdit par l’église.
- -Sur l’excellence des tripes
- -La rustrerie des curetons etc…
Le mot qui me ramène aujourd’hui à Rabebais est le mot Quintessence. Un terme que le lecteur attentif aura noté dans ce titre : La Vie tres horrificque du grand Gargantua, pere de Pantagruel iadis composee par M. Alcofribas abstracteur de quintessence. Livre plein de Pantagruelisme. -Pantagruel, Roy des Dipsodes, restitue a son naturel, avec ses faicts & prouesses espouventables. -Pantagrueline Prognostication. Lyon: se vend chez Francoys Juste, 1542. *
La quintessence, chère aux alchimistes, était la cinquième essence après distillation. Rabelais écrivain se voulait donc extracteur de substantifique moelle écrivaillère. Un bouilleur de mot.
De manière assez comique, les physiciens qui tentent de comprendre notre univers (ou nos multivers) ont appelée quintessence une éventuelle** cinquième sorte de matière après les atomes connus, les photons, les neutrinos et la matière noire. Cette cinquième matière est aussi connue sous le nom de matière sombre.
Noire et sombre la cinquième essence donc. On sent bien que nos astrophysiciens pataugent dans le marc de café et ne sont pas prêts de trouver la lumière.
* Prologue de l’auteur Alcofribas/Rabelais à son Gargantua : BEUVEURS tres illustres, et vous, Verolez tres precieux, car à vous, non à aultres, sont dediez mes escriptz…
** Eventuelle si la constante cosmologique peut varier avec le temps, ce qui est il faut l’avouer assez comique, illogique et inconstant pour une constante cosmologique.
11:50 Publié dans Science | Lien permanent | Commentaires (0) |
02/10/2010
Mirages
Excellent spectacle hier soir à l’Arande de St Julien pour démarrer la saison : « Le cirque des mirages ». Deux artistes, Parker au piano et Yanowski, chanteur, ont inventé pour nous le Cirque des Mirages, une sorte de cabaret-théâtre expressionniste et fantasmagorique à l’univers trouble et troublant, qui défie nos sens, bouscule nos habitudes, explose nos carcans. Il y a du Brel, du Ferré, du Nougaro parfois… et ça décape. « C’est une descente orphique » dit Yanowski le philosophe. « Une boule de billard à balancer contre les placards publicitaires ajoute Parker le révolté. Un ballon d’oxygène créatif au coeur d’une époque étouffante à force d’être aseptisée. »
J’ai particulièrement aimé la chanson dans laquelle Belzébuth joue aux cartes l’âme du poète dans une ambiance à la Boulgakov... ainsi que les petites touches franchement mécréantes.
A part ça, RV pense que les mondes parallèles se rejoignent. A l'infini ou au bout des mirages, c’est possible, mais il y a de la résistance. Mon ami Arso se mobilise pour défendre ces lignes fières de leur indépendance et que certains voudraient croiser avant l’infini.
09:49 Publié dans Arso, St Julien | Lien permanent | Commentaires (0) |
30/09/2010
Universss
Je lisais un article sur AgoraVox parlant de physique quantique. Comme tout le monde, je ne comprends rien à la physique quantique, et cela ne m’empêche pas de lire des articles qui lui sont consacrés.
Extrait : Pour sortir de cette impasse plusieurs physiciens postulent l’existence d’une infinité d’univers indépendants parallèles au nôtre, ce qu’ils appellent un « multiverse ». Nous vivrions donc dans des univers parallèles!!
N’importe qui vivant en couple a déjà éprouvé cette sensation.
Dans son livre « Un français dans l'Himalaya, Itineraire avec Ma AnandaMayi, Swami Vijayananda parle de plusieurs sages qu’il a rencontrés: Khrisnamurti, Râmdâs, Shivananda et Nimkaroli Baba. A propos de Baba, il propose l’anecdote suivante :
« Nimkaroli Baba fut dans sa jeunesse un moine itinérant qui voyageait de long en large à travers l'Inde. Il prenait souvent le chemin de fer et - comme beaucoup de sâdhus le font encore de nos jours - il voyageait sans billet. Souvent, quand il s'agit d'un sâdhu, le contrôleur ferme les yeux, mais ce jour-là il fut impitoyable. Dès que le train fut à l'arrêt, il fit descendre Naïmkaroli Baba sur le quai et lui interdit de remonter sous peine de sanctions sévères. C'était une petite station, et le train devait repartir après quelques minutes. Le chef de gare siffla et le mécanicien mit en marche les machines, mais... le train refusa de bouger. Wagon par wagon le train fut examiné pour découvrir l'obstacle qui l'empêchait de démarrer, mais il fut impossible de découvrir quoi que ce soit. Tout semblait en bon état et pourtant la locomotive ne voulait pas bouger. Naïmkaroli Baba était toujours sur le quai, peut-être un sourire goguenard aux lèvres. Pendant que les employés de la gare essayaient de résoudre le mystère, quelqu'un suggéra que peut-être le mahâtmâ était un grand yogî dont le pouvoir magique paralysait le train. Les hindous, surtout ceux des villages, sont encore très croyants. Ils admettent qu'il existe des yogîs qui, par le pouvoir de leurs austérités, peuvent réaliser n'importe quel miracle. Un employé s'approcha de Naimkaroli Baba et le pria de bien vouloir remonter dans le train. Le sage grimpa dans son compartiment, reprit sa place et... le train démarra immédiatement. »
Je me suis demandé si ce genre de sage n’est pas capable de contrôler les univers parallèles qui passent autour de lui, des univers dans lesquels les trains s’arrêtent. Je vous vois venir. Vous vous dites: "cette fois le Joël décartonne". Eh bien non, je viens juste de passer dans un univers adjacent.
16:41 Publié dans Religion, Science | Lien permanent | Commentaires (3) | Tags : guru |