18/12/2008
Dragon 1
Je suis en train de terminer le dernier livre d’Alain Bagnoud, Le jour du dragon. Alain est un écrivain originaire du Valais qui habite Genève. Je l’ai rencontré sur la toile. Il a son lien depuis ce blog. J’avais eu le plaisir de lire son précédent livre « La leçon de chose en un jour » et d’en faire trois notes ici au mois de juin 2006.
Alain fait de l’autofiction, un genre qui se situe entre le roman et l’autobiographie. Genre que prétend avoir inventé Serge Doubrovsky que Jacques m’a fait connaître. Comme pour la leçon de chose qui correspondait aux sept ans du héros, le jour du dragon se passe se un jour qui pourrait être les seize ans du héros. C’est un récit d’adolescence dont je parlerai bientôt ici.
En attendant, je vous offre ce morceau de bravoure par des tambours suisses et virtuoses, envoyé par Jean-François. Quand vous lirez les notes suivantes vous comprendrez pourquoi.
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11/10/2008
Voyages
Les voyages selon Michel de Montaigne (en français moderne) :
Moi qui voyage le plus souvent pour mon plaisir, je ne me dirige pas si mal : s'il fait laid à droite, je prends à gauche ; si je ne suis pas en état de monter à cheval, je m'arrête. Et en faisant ainsi, je ne vois en vérité rien qui ne soit aussi plaisant que ma maison. Il est vrai que je trouve toujours la superfluité superflue, et des inconvénients même dans le raffinement et dans l'abondance. Ai-je laissé quelque chose à voir derrière moi ? J'y retourne : c'est toujours mon chemin.
(…)
Ma constitution physique et mon goût se plient à tout, autant que chez n'importe qui. La diversité des façons d'une nation à autre, ne me touche que par le plaisir de la variété. Chaque usage a sa raison. Que ce soit dans des assiettes d'étain, de bois ou de terre ; que ce soit du bouilli ou du rôti ; du beurre, ou de l’huile, de noix ou d'olive, chaud ou froid, tout me plait. Au point que, en vieillissant, je me plains de cette généreuse faculté car il faudrait que la délicatesse et le choix viennent tempérer mon appétit et soulager mon estomac. Quand j'étais hors de France et que, pour me faire courtoisie, on m'a demandé si je voulais être servi "à la Françoise", je m'en suis moqué, et me suis toujours assis aux tables les plus remplies d'étrangers.
J'ai honte de voir comment les gens de chez nous sont dominés par cette sotte manie de critiquer les usages différents des leurs. Où qu'ils aillent, ils s'en tiennent à leurs habitudes, et détestent celles des étrangers. Retrouvent-ils un compatriote en Hongrie ? Ils fêtent l'événement, et les voilà qui s'allient et se liguent pour condamner toutes les mœurs « barbares » qu'ils voient. Pourquoi ne seraient-elles pas « barbares » puisqu'elles ne sont pas françaises ? La plupart ne partent que pour revenir. (…) Je voyage parce que je suis las de nos façons de vivre, et non pour chercher des Gascons en Sicile. J'en ai suffisamment comme ça chez moi. Je cherche plutôt des Grecs, et des Persans : je les aborde, je les examine. Et il me semble que je n'ai guère rencontré de manières qui ne vaillent les nôtres. Mais je m'avance un peu : car pour l'instant, c'est à peine si dans mes voyages j'ai perdu mes girouettes de vue.
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08/09/2008
Polars du nord
Leif Davidsen et Per Toftlund
Arnaldur Indriðason et Erlendur Sveinsson
Gunnar Staalesen et Varg Veum
Jo Nesbø et Harry Hole
Matti Yrjänä Joensuu et Timo Harjunpää
Henning Mankell et Kurt Wallander
Eh oui ce sont des auteurs scandinaves de romans policiers et leurs héros respectifs… plus ou moins récurrents dans leurs œuvres. [Certains de ces écrivains sont publiés en France chez GAÏA, d'où l'image.]
Leif Davidsen (25 octobre 1950 en Fionie) est danois. Il vit actuellement à Copenhague, il a écrit de nombreux thrillers. On peut lire la femme de Bratislava, une enquête du commissaire Per Toftlund.
Arnaldur Indriðason (1961 à Reykjavík) est islandais. Il a écrit entre autre une série mettant en scène le commissaire Erlendur Sveinsson. Titre : La cité des Jarres.
Gunnar Staalesen (1947 à Bergen.) est norvégien de romans policiers, né le 16 octobre Ses romans mettent en scène Varg Veum, un ancien salarié de la Protection de l'Enfance devenu détective privé. Titre : Le loup dans la bergerie.
Jo Nesbø (1960 à Oslo) est norvégien. Il est également musicien et journaliste. Ses romans mettent en scène Harry Hole, un inspecteur de la police d'Oslo qui parcourt parfois le monde au fil de ses enquêtes : l'Australie avec L'homme chauve-souris ou la Thaïlande avec Les cafards. On peut lire Rue sans Soucis si on aime les intrigues compliquées.
Matti Yrjänä Joensuu (1948 Helsinki) est finlandais son héros, Harjunpää, est, comme son créateur, inspecteur de la brigade criminelle d'Helsinki. Titre : Harjunpää et l'homme-oiseau
Henning Mankell (1948 à Härjedalen) est suédois. Il est le gendre d'Ingmar Bergman dont il a épousé en secondes noces la fille Eva. Il partage sa vie entre la Suède et le Mozambique où il a monté une troupe de théâtre, le « Teatro Avenida ». Il est connu internationalement grâce aux enquêtes de Kurt Wallander. Titres : La Lionne blanche, La Cinquième Femme
Au risque de faire une généralisation intempestive et donc idiote et fausse, il semble y avoir une constante entre ces écrivains et leurs héros. Les romans s'attachent à décrire les dérives de la société à travers des personnages souvent désabusés et pour certains (Harry Hole, Wallander) un peu ratés ou disons pas toujours très reluisants.
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30/08/2008
Le pire des mondes
Aldous Huxley le célèbre auteur du meilleur des mondes, à écrit ses réflexions, en 1958, dans « the brave new word revisited. » Il y analyse la justesse des ses prévisions et l’accélération de la « mise en bon ordre » d’une société ou la vraie liberté est un souvenir. Voici un court extrait trouvé sur AgoraVox. 50 ans plus tard, nous y sommes… presque. On trouve plus de choses ici.
« Sous l'impitoyable poussée d'une surpopulation qui s'accélère, d'une organisation dont les excès vont s'aggravant et par le moyen de méthodes toujours plus efficaces de manipulation mentale, les démocraties changeront de nature. Les vieilles formes pittoresques - élections, parlements, hautes cours de justice - demeureront, mais la substance sous-jacente sera une nouvelle forme de totalitarisme non violent.
Toutes les appellations traditionnelles, tous les slogans consacrés resteront exactement ce qu'ils étaient au bon vieux temps, la démocratie et la liberté seront les thèmes de toutes les émissions radiodiffusées et de tous les éditoriaux - mais une démocratie, une liberté au sens strictement pickwickien du terme. Entre-temps, l'oligarchie au pouvoir et son élite hautement qualifiée de soldats, de policiers, de fabricants de pensée, de manipulateurs mentaux mènera tout et tout le monde comme bon lui semblera. »
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04/07/2008
Q&A
Un petit livre pour l’été
et la plage
en attendant
la rédac du 15 juillet
sur les millions
que je viens de gagner.
Titre original plus court:
Q&A,
Quand Ram Mohammad Thomas devient le grand vainqueur de 'Qui veut gagner un milliard de roupies?', la production soupçonne immédiatement une tricherie.
Comment un serveur de dix-huit ans, pauvre et inculte, serait-il assez malin pour répondre à douze questions pernicieuses ?
Accusé d'escroquerie, sommé de s'expliquer, Thomas replonge alors dans l'histoire de sa vie de paria...
Du prêtre louche, qui laisse trop volontiers venir à lui les petits enfants, à la capricieuse diva de Bollywood, du tueur à gage fou de cricket au diplomate australien espion de sa propre famille, des petits mendiants des bidonvilles de Bombay aux touristes fortunés du Taj Mahal, au fil de ces rencontres, le jeune homme va apprendre que la fortune sourit aux audacieux...
Splendeur et misère de l'Inde d'aujourd' hui ou les rocambolesques aventures d'un gamin des rues qui rêve de devenir quelqu'un.
Un livre facile à lire. Vikas Swarup brosse un tableau saisissant de l'Inde moderne, vue du côté des petits, de ceux qui triment pour gagner péniblement leur vie. Ca pourrait être misérabiliste, mais c'est drôle et bien raconté. Un roman picaresque, parfois poignant, mais où l'humour est omniprésent. Peut-être pas de la grande littérature mais sympa.
19:55 Publié dans Lecture | Lien permanent | Commentaires (1) |
14/05/2008
Kafka suite...
de
Haruki Murakami
...Suite de
Kafka, notre héros de quinze ans, est arrivé sur l’île de Shikoku*, il va se rendre chaque jour dans une bibliothèque où il fait la connaissance de deux personnages attachant. Oshima San, l’homme à l’immense culture qui cite aussi bien les écrivains contemporains qu’Eschile ou Euripide. Mlle Seaki qui dirige la bibliothèque.
De son côté, Nakata, dans sa quête d’une petite chatte écaille de tortue, va se trouver confronter au père de Kafka qui va le provoquer jusqu’à que Nakata soit obligé de le tuer. Du coup Nakata doit quitter Tokyo et part en direction de l’île de Shikoku. Sur sa route, il rencontre une jeune chauffeur routier, Hoshino, qui au contact de Nakata va découvrir un monde intérieur bien différent et bien plus riche que celui dans lequel il avait vécu jusque là.
Les vies parallèles de nos deux héros vont peut-être se rejoindre. Mais rien n’est simple dans ce roman où les parallèles peuvent aussi se rencontrer dans le surnaturel. Les forêts se peuplent de soldats échappés de la dernière guerre, les poissons et les sangsues tombent du ciel et les prostituées se mettent à lire Hegel.
Kafka sur le rivage est un conte initiatique qui nous plonge dans une odyssée moderne et onirique au cœur du Japon contemporain bien que ce livre soit fort peu japonais. Comme les autres Murakami, à l’exception de la course au mouton sauvage, ce roman est traduit par Corinne Atlan. Bien que n’ayant pas d’éléments objectifs pour vraiment juger, il me semble que cette traductrice se coule à merveille dans les romans de Murakami.
La construction avec les chapitres en alternance semble simple mais la manière dont Murakami nous livre l’histoire est habile et complexe. Par exemple, on découvre progressivement les raisons qui ont poussées Kafka à fuguer, il veut échapper à la terrible prophétie que son père a prononcée contre lui, c’est la prophétie d’Œdipe : Tu tueras ton père et couchera avec ta mère.
Les références littéraires, musicales ou cinématographiques sont nombreuses et toujours bien amenées. Bref, si vous n’êtes pas allergique à un brin de surnaturel, que 600 pages ne vous inquiètent pas trop, alors lisez ce livre sans hésiter.
* L’archipel japonais se découpe en quatre îles principales, Honshū (Tokyo, Hiroshima, Nagoya, Kyoto…) Hokkaidō, Kyūshū, et Shikoku.
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08/05/2008
Kafka sur le rivage
Kafka sur le rivage
de
Haruki Murakami
Après à l'ouest de la frontière,
la chasse au mouton sauvage...
Kafka sur la rivage
L’histoire commence avec Kafka Tamura, 15 ans, qui s'enfuit de sa maison de Tokyo/Nakano où il vit avec un père absent et indifférent. Kafka parle à une sorte de voix intérieure, le garçon nommé corbeau. On apprendra que corbeau se dit kafka en tchèque. Ce n’est pas la seule référence littéraire ou artistique de ce livre passionnant de plus de 600 pages qui tient le lecteur en haleine. Haruki Murakami fait intervenir la musique de Beethoven et de Haydn, et aussi Prince ou Radiohead, il parle de Hegel et de Bergson, de romanciers japonais, de Truffaut…
Au second chapitre, on se retrouve dans les archives du Military Inteligence Service (MIS). A la fin de la dernière guerre, le MIS enquête sur un drôle d’incident qui s’est passé sur la colline « bol de riz » dans une partie de l’archipel japonais, éloignée de Tokyo. Le rapport militaire décrit les faits. Une institutrice est en promenade avec sa classe pour cueillir des champignons et agrémenter l’ordinaire des menus de guerre. Soudain tous les enfants tombent dans un coma de deux heures. Un seul va y rester plus longtemps. Il s’appelle Nakata, c’est notre deuxième héros.
Ensuite les chapitres Kafka et Nakata vont alterner.
La fuite de Kafka et les rencontres qu’il fait. Pour commencer dans le train entre Tokyo et l’île de Shikoku au sud-est de l’île principale, assez loin de la capitale, il rencontre Sakura, une fille plus âgée que lui qui a aussi fuit sa famille pour devenir coiffeuse. Puis, il fréquente une bibliothèque privée un peu spéciale, dédiée au Haiku et à la poésie. Il s'y rend entre l’auberge de jeunesse et la salle de muscu. Kafka, un prénom d’emprunt, vit sa vie de jeune fugueur plus mûr que son âge.
Nakata, qui parle de lui à la troisième personne, « Nakata n’est pas très intelligent », il est illéttré et un simple d'esprit. Pour arrondir sa pans—ion, que lui octroie le préfet de Tokyo, il retrouve les chats perdus du voisinage. C'est une chance que Nakata parle le langage des chats.
Nous voici lancés sur les traces de ces deux personnages de roman tels qu’un écrivain rêve d’en inventer une fois dans sa vie. Ce roman, aux limites du monde logique, m’a fait penser aux mémoires de Gabriel Garcia Marques lorsqu’il raconte à quel point le début de la métamorphose l’a libéré de la nécessité d’écrire de choses rationnelles. « Un matin au sortir de rêves agités, Grégoire Samsa s'éveilla dans son lit transformé en un monstrueux insecte. »
Ce qui nous a valu « cent ans de solitude ». Kafka sur le rivage est le Cent ans de solitude japonais de Murakami. C'est aussi un grand livre d'initiation à la Siddharta de Hesse.
On en reparle…
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