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04/02/2007

Benj

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Benj n’avait rien trouvé de mieux que de cacher la brochure sous ses fesses. Du coup il ne pouvait plus se lever pour faire cesser le manège de son père qui lui tournait autour en proie à une rage contenue… Qu’allait penser le paternel si en plus d’avoir un rejeton fainéant il découvrait que celui-ci lisait de telles horreurs ? Las de vitupérer à vide, usé par le manque de réaction de Benj, monsieur Gourbet quitta la pièce.

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Il lui semblait bien avoir reconnu l’homme bleu qui marchait dans la montagne. D'ailleurs, pendant un instant, celui-ci avait fait mine de le remettre, puis son regard était parti en coin. Cette démarche bancale, ce regard torve,  ce sac de guingois, cet air faussement absent… Bien sur, c’était lui! C’était ce bon vieil Albert, vieilli de trente ans qui avait filé son chemin et que Jean pouvait voir cavaler comme un chamois dans les lacets en contrebas.

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Rien à voir:

"On a besoin de sommeil pour méditer"

David Lynch

08:35 Publié dans Incipit | Lien permanent | Commentaires (2) |

18/01/2007

Mauvais départ

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Andrew marchait d’un bon pas en direction des sommets. En traversant ces villages des Pyrénées on croise de grosses dames à tablier qui marchent et des papys assis sur le devant de leur porte près d’une chapelle de pierre. Allait-il retrouver un homme ou un squelette ?
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Tête baissée, Amhed bricolait sa mobylette devant le garage des HLM. Paul l’observait le regard en coin. Difficile de croire que ce frêle jeune homme basané aux mains pleines de cambouis ait pu concevoir ce plan aussi ingénieux que destructeur et qui avait occupé Amar toute la soirée de la veille.
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Je suis né avec vingt ans d’avance, trente peut-être… Cela peut sembler un avantage pour les gens qui n’y ont pas réfléchi, pour moi, ce fut un martyre de chaque jour. Mauvais départ, né dans une famille en retard, pourtant ce n’était pas de la faute de mes parents vu qu’ils ne m’attendaient plus, que mon frère aîné avait déjà vingt-cinq ans et que papa fêtait ses soixante cinq ans ce triste jour où j'ai poussé mon premier cri.

21:25 Publié dans Incipit | Lien permanent | Commentaires (5) |

31/12/2006

Collectionneur

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Comme Monachon,

le peintre Henri Cueco

supporte mal

qu'on jette,

qu'on détruise.

Du coup, il collectionne tout, de préférence l'incollectionnable : les noyaux de fruits, les bouts de crayons, les sandows et même les silences. Mais, parce que c'est difficile de maintenir ses collections en état, il les dessine et les peint au fil de leurs transformations patates germées, éponges desséchées, trombones tordus, chaussures racornies... Et, comme ça ne suffit pas encore, il décrit sa passion compulsive avec ses problèmes d'intendance, ses choix nécessaires, hilarants ou tragiques.
Lisez sa collection d'anectodes, si vous connaissez un collectionneur, offrez-lui, surtout si c'est un collectionneur de livres.

Lisez aussi ses dialogues avec son jardinier

 

06:15 Publié dans Lecture | Lien permanent | Commentaires (2) |

29/12/2006

Au commencement

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Au commencement, l’Ecrivain créa le ciel et la terre. La terre était vide et vague, les ténèbres couvraient l'abîme, un vent tournoyait sur les eaux. L’Ecrivain vit que la lumière était bonne, et il sépara la lumière des ténèbres. Il appela la lumière jour et les ténèbres nuit.

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Je suis dans une maison à la campagne. Cela fait des années que je vis... bien trop d’années. Quand je me suis installé ici, je pensais finir en vitesse mais le sort s’acharne. C’est peut-être cette vie spartiate qui m’a prolongée. Je mange à peine. On peut vivre sans rien manger ou presque.

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Après tous ces mois passés à naviguer à travers les étoiles, les passagers de la Niña s’étaient réveillés en douceur. Avant même qu’ils ne connaissent leur position exacte, l’officier en second, habillé de son grand uniforme, rasé de frais, s’était mis à donner des ordres de sa voix nasillarde. Il faudra vraiment que je lui fasse la peau, pensa Joseph à peine sorti de son coma nautique.

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La vie réserve de ces surprises. Comment imaginer que moi, avocat sexagénaire, petit bourgeois à Saint-Nazaire, j'allais devoir élever un petit génie parce que mon gendre, le père du petit génie se serait fait péter avec deux rouleaux de dynamite autour du bide. 

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Le samedi après-midi, plusieurs fois, Alexandra avait demandé à son mari : « Que comptes-tu faire ? As-tu l’intention d’y aller ? Veux-tu que je t’accompagne ? » sans obtenir une autre réponse qu’un grognement. De son côté, elle ne savait pas mieux se décider, le week-end passa sans qu’ils puissent en parler vraiment.

02:05 Publié dans Incipit | Lien permanent | Commentaires (0) |

18/12/2006

Citations

medium_cueco.jpg[Cueco - Hommes rouges II]

Un entretien avec Henri Cueco à Pau Video.

Deux citations de Cueco:

“ Il existe, un type de regard sur les objets, un regard flottant et actif, intense parfois et surtout sans finalité particulière qui s’apparente peut-être au regard…des mystiques. Autant qu’il puisse se maintenir en l’état, flottant, parfumé, incertain, caressant, sensoriel, indéfini, vacant, étonné, voire parfois sur les frontières du vertige, ce regard avant qu’il ne nomme, ce savoir est singulier. Il s’apparente au savoir enfantin d’avant le langage qui en éveillant la peur, provoque la curiosité et le désir…

L’originalité du regard du peintre tient au fait qu’il s’intéresse au-delà de la fonction des objets, comme les linguistes le firent pour le langage et la langue, à un au-delà du sens.”

 

Et une citation de Thierry Vernet - Voir chez JLK


« Mille distractions nous sollicitent. La radio, le bruit, le cinéma, les journaux Autrefois on devait être face à face avec son démon, on devait patiemment élucider son mystère. Maintenant, vite, entre deux distractions, on doit tout dire, avec brio de chic, faire son œuvre en coup de vent. A moins… à moins de résister aux distractions ».

17:15 Publié dans Lecture | Lien permanent | Commentaires (3) |

17/12/2006

Cueco

medium_CUECO4.jpgCe livre nous raconte une histoire vraie. Il y a trop d’humanité dans le personnage du jardinier pour croire que Cueco ait fait preuve ici de beaucoup d’imagination. Lui, le peintre ne se dévoile pas beaucoup, sauf par sa manière de poser les questions.

Au début, ils s’apprennent : le contact est un peu laborieux, et puis ça vient tout seul. Un sujet en amène un autre : les carottes, la vie, les citrouille, la mort, les poireaux, la jalousie, les haricots, l’art, les petits pois, la maladie, les groseilliers, les voyages. Ils cultivent leur jardin, au propre et au figuré.

Un dialogue allègre, inattendu, taquin, simple et vrai. Il évolue - comme l'amitié - d'une certaine raideur à une tendresse confiante, à un abandon mutuel assez déchirant. Sous prétexte de parler des salades (" ah ! une belle salade "), des poireaux (" si je les arrose pas, je vais les trouver avec un pompon au bout de la tige "), des citrouilles (" les citrouilles, pour moi, c'est le plaisir de les voir venir "), ils parlent de la vie, de la mort, de la jalousie, de l'art, de la maladie, du bonheur, des voyages, de l'argent des rêves et des peurs. Ça coule de source. C'est bienfaisant, réjouissant et plein de malice.

Jean Becker est en train d'en faire un film avec Daniel Auteuil et Jean-Pierre Darroussin. Sortie mi-2007.

Extrait.
- Il s'est rien passé cette année à Nice ?
- La femme a attrapé un coup de ciel.
- Elle s'est déshabillée?
- La voisine lui avait prêté un maillot et elle s'est mise au fourneau, sur le sable. Moi, j'avais gardé le gilet de peau et le pantalon. Le soleil me fait bouillir la peau et après je peux plus dormir.
- Elle a pris un coup de soleil?
- Elle en avait perdu l'habitude. Elle a l'air d'être née à Tourcoing à force de vivre enfermée aux HLM... (la femme est algérienne) Elle s'est allongée sans bouger trois jours de suite et le troisième jour t'aurais dit une photo à l'envers.
- Elle a pelé?
- Non, mais ça lui donnait un genre cinéma... On s'est dit qu'il valait mieux arrêter : aux HLM, on se serait fait moquer de nous. On est restés les derniers jours dans la chambre. On l'a mise à blanchir, stores fermés. Il en est un peu resté. Les voisins ont rien dit.

13:05 Publié dans Lecture | Lien permanent | Commentaires (1) |

25/11/2006

Au sud de la frontière...

medium_Mira.JPG.

Haruki Murakami,

Au sud de la frontière,

à l'ouest du soleil.

10/18

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Traduit du japponais

par

Corinne Atlan

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Hajime a connu un amour d’adolescent tout platonique pour la douce Shimamoto-San que les tribulations de la vie, n’ont pas effacée de sa mémoire. A quarante ans Hajime est un homme ordinaire qui mène une vie agréable entre sa famille et un métier qui lui plaît. Il a une situation confortable. Marié à la fille d'un industriel, il a pu ouvrir un club de jazz. Sa femme l'aime, il l'aime aussi ainsi que ses deux filles. Il va régulièrement à la piscine…. mais le souvenir de Shimamoto-San le hante.

Ce roman se lit très vite. Les phrases courtes nous rendent les personnages lointains et mystérieux. Hajime va retrouver Shimamoto-San. On le sent prêt à  commettre toutes les folies. il est de ces gens capables de tout pour suivre leur passion et ce qu’il pense être leur destin.

Le personnage de Shimamoto-san, le premier et ultime amour d’Hajime, est très fort, c’est un femme mystérieuse qui nous entraîne dans un belle histoire un peu triste. Murakami trouve les mots pour décrire les sentiments. Son écriture est poétique et belle. L’histoire est mystérieuse, la mort côtoie l’amour impossible, et nous lecteurs on se laisse embarquer dans ce voyage.

Si vous aimez les histoires d'amour impossibles et la belle écriture, ce livre est pour vous.

00:10 Publié dans Lecture, Murakami | Lien permanent | Commentaires (1) |