26/12/2007
Sac à main
Deux citations de Vialatte tirées de Je Hais Noël
Une tenue sexy
« La femme sera très belle grâce à la mode nouvelle : la « robe voyou », l'« ensemble de bistro », le suppositoire amaigrissant (qui se fait en vert nil et bleu pâle) et toutes sortes de zibelines qu'elle pourra faire elle-même en renard façon chèvre en les taillant dans le lapin domestique. »
… avec sac à main assorti
« Il contient de tout, plus un bas de rechange, des ballerines pour conduire, un parapluie Tom Pouce, le noir, le rouge, le vert et la poudre compacte, une petite lampe pour fouiller dans le sac, des choses qui brillent parce qu'elles sont dorées, un capuchon en plastique transparent, et la lettre qu'on cherchait partout depuis trois semaines. Il y a aussi, sous un mouchoir, une grosse paire de souliers de montagne. On ne s'expliquerait pas autrement la dimension du sac à main. »
Alexandre Vialatte
09:25 Publié dans Lecture | Lien permanent | Commentaires (5) |
25/12/2007
Je Hais Noël
Par Eric Momus
Pierre Desproges :
« Je hais les forcenés de la production vaine garnissant les rayons de millions de jouets fragiles et chers. Je hais les pitres sinistres qui font des dessins animés débordant de bons sentiments et d'odieuses cuistreries bien pensantes pour vendre sans vergogne de rebutantes figurines en plastique décorées patiemment par des petits enfants enchaînés à l'autre bout du monde. »
11:10 Publié dans Lecture | Lien permanent | Commentaires (4) |
13/12/2007
Camondo
C’est ce que démontre encore une fois Pierre Assouline dans ce livre. Tout part de ce musée Nassim de Camondo, sis rue Monceau à Paris, légué à la France par Moïse de Camondo et rempli des richesses de l’ancien régime. Les joyaux du XVIII ième accumulé par un collectionneur avisé au début du XX ième siècle.
Les Camondo étaient des financiers juifs séfarades venus s’installer à Paris depuis Istanbul, dans la deuxième moitié du XIX ième. Ils ont été anoblis par le roi d’Italie et sont plus riches que riche. Avec leurs compagnons de fortune et coreligionnaires, les Rothschild, les Pereire, les Fould, les Cahen d'Anvers, les Reinach… ils intègrent progressivement le monde aristocratique et aussi celui des collectionneurs qui feront les richesses du Louvre et des musées de France. Sur fond d’affaire Dreyfus, Assouline fait vivre ce monde disparus qui cherchait sa place, plaine Monceau, à la limite des faubourgs où vivent les aristos d’ancien régime.
Pour Camondo, la guerre de 14/18 mettra fin à ses rêves par la mort de son fils en combat aérien. Le reste de la famille va disparaître dans la guerre suivante avec l’Holocauste. Je n'ai pas aimé la manière dont Moïse refuse de recevoir la femme dont son fils était amoureux mais cela montre la rigidité et le conservatisme de ce monde de l'argent.
Une belle reconstituion qui donne envie de lire la dernière œuvre d’Assouline, Le Portrait, qui partant du tableau de Ingres, le portrait de la baronne Betty de Rothschild, nous raconte la saga de l'une des dynasties financières les plus légendaires et secrètes d'Europe.
05:45 Publié dans Lecture | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : livre, assouline |
13/11/2007
Le mot
Je viens de retrouver ce texte sur mon ordi. Vous n'allez pas le croire mais je ne sais vraiment plus d'où il vient. Alors si vous avez une idée...
J'ai un ami qui est écrivain...enfin, qui était écrivain
car depuis quelques temps,
il fait un blocage
cela s'est produit d'une, façon étrange
un jour qu'il écrivait un texte,
il a buté sur un mot
ce mot, il l'avait dans la tête
mieux, il l'avait sur le bout de la langue
mais la langue c'est bavard, ça cause... ça cause...
et entre deux bavardages le mot s'est échappé
et depuis, il cherche son mot qu'il ne retrouve pas !
Juste un mot, direz-vous ?
oui, mais le mot juste
celui qui était l'ossature de sa phrase !
Il a bien essayé des mots de remplacement
mais c'était pas ça...
il a, feuilleté les dictionnaires à la recherche de son mot
mais poursuivre un mot évadé
avec Larousse, c'est déjà toute une affaire
alors pensez avec Littré !...
Depuis il lit les auteurs contemporains
relit les classiques
se disant qu'au coin d'une page
au détour d'une phrase
il finira bien par tomber sur son mot...
Alors si jamais vous trouvez un mot
qui gambade tout seul sans queue ni tête,
ne le laissez pas filer
d'autant qu'un mot tout seul ça n’a pas de sens
sauf si c'est une interjection
ou une injure.
et même une phrase isolée de son contexte
on peut lui, faire dire le contraire
de la pensée de son auteur
alors un mot... !
Si vous trouvez un mot
soyez gentils, envoyez-le à mon ami
si des fois c’était le bon mot
ça lui ferait tellement plaisir.
… mais, voyez comme je suis distrait
je ne vous ai pas donné son nom...
remarquez, il est connu
07:15 Publié dans Lecture | Lien permanent | Commentaires (4) | Tags : motamot |
02/11/2007
Une époque
Faut dire aussi que c’était une époque
écrasante
une époque pesante
une époque qui ne valait d'ailleurs
que par son pesant
son pesant d'or
une époque qui allait - pensez –
jusqu'à poser des impôts sur les fenêtres et les portes
dès qu'elle voyait une embouchure
ne pensait plus qu'à l'emboucher
de peur que l'on s'envole
que l'on s'envole aux ouvertures
une époque qui ne pensait qu'à
entasser toujours et toujours
qu'à entasser ses francs
ses francs lourds, ses euros.
une époque qui ne pensait qu'à bouffer
qu'à avaler sans mâcher
qu'à s'empiffrer
qu'à s'empiffrer et qu'à grossir
grossir
quantité
la rassurait cette obèse cette engrossée
bref
une époque qui confondait pro-gres-ser
et en-grais-ser
une époque à ce point lourde
à ce point dingue
à ce point lourdingue
que tout ce qu'elle comptait d'un peu léger
d'un peu volatile
et en particulier les idées
les idées des hommes de qualité
depuis longtemps s'était envolé
là-haut très haut dans les airs
et tournoyaient
tournoyaient sans cesse
et sans cesse à s'en faire péter la caisse
annonçant pour demain peut-être
le règne enfin retrouvé de la grâce
de la grâce
de la grâce éolienne du pollen
et de la légèreté
de la légèreté des idées qui passait pour l'instant
bien au-dessus
de la tête
de la grosse tête vide de la planète
qui en bas dans ses gros gros sabots plombés
s'en allait inquiétante émouvante
se perdre tel un monstre d'épouvante
dans les boues glissantes de sa
destinée.
04:25 Publié dans Lecture | Lien permanent | Commentaires (2) |
07/10/2007
Lecture publique
Sur indications d’Alain Bagnoud, nous sommes allés, le week-end dernier, assister à la lecture de Jean Bruno de « Badonce et les créatures » au Terrier. Ce fut un vrai régal. Badonce est un recueil de nouvelles oublié en 1937 par Vialatte. Jean Bruno n’a pas lu celle qui a donné son titre au recueil et qui est assez longue mais il nous en a lu cinq ou six autres toutes délicieuses par la langue si savoureuse du grand Alexandre et la cocasserie de ses personnages. Le portrait du faux intellectuel de village qui recopie toute sa vie le même poème est drôle…
Au-delà de cette soirée bien agréable, je voudrais parler de deux modes de lecture, le livre sur CD et la lecture publique. Je devrais dire « interprétation » plutôt que lecture tant les lecteurs mettent de leur tripes dans ces lectures. J’ai quelques grands souvenirs dont notamment ce Novecento Pianiste lu par Denis Robert-Tissot. Pur moment magique. Ou encore La Fin d’une corvée de bois à l’Ouïe-dire.
Il existe une variante le conte. Il y a pas mal d’évènements organisés autour de Genève, cour de contes, festival des contes, Plan-les Ouates, Saint Ju, Douvaine… mais comme d’hab. on a un peu de peine à coordonner tout ça.
Il y a deux sites internet (au moins) pour la (riche il est vrai) animation estivale de Genève, alors coordoner un événement trans-frontalier, vous n'y pensez pas!
08:50 Publié dans Lecture | Lien permanent | Commentaires (0) |
27/09/2007
Les Hussards
Roger Nimier, le papa tôt disparu de Marie Nimier, était un écrivain qui s’est trouvé au centre d’un mouvement littéraire dont presque tous ses membres refusèrent l’étiquette : Les Hussards. Mouvement nommé par Bernard Franck, chroniqueur littéraire à l’Obs, mort en 2006, dont l'article hebdomadaire avait le don de m’irriter. Roger Nimer avait publié un roman intitulé le « Hussard bleu ».
Les hussards étaient tous des écrivains de droite dont certain comme Nimier ou Antoine Blondin étaient royalistes, voire anarchistes. Ils ont souvent écrits dans Cahiers de la Table ronde et ils s’opposaient aux existentialistes dont l’instigateur était Sartre et la revue Les Temps Modernes. C’est bien entendu de tout cela dont parle en filigrane Marie qui dit avoir eu un peu de peine en mai 68 à assumer la filiation. Elle dit pourtant qu’elle a de grands souvenirs quand elle allait avec papa chez l’ogre de Meudon : Céline Ferdinand. Je peux imaginer.
Le prix Roger Nimier récompense un jeune (hum, Cioran en 77, Frank en 81) auteur dont l'esprit s'inscrit dans la lignée de l'oeuvre littéraire de Roger Nimier. Lire aussi l'article de Pierre Assouline: Grand style et Abjection de la droite littéraire.
Biographies de Nimier. Excusez du peu :
• Marcel Aymé, Roger Nimier, Paris, « Livres de France », février 1967.
• Yves Berger, Roger Nimier, dans Écrivains d’aujourd’hui, Paris, Grasset.
• Antoine Blondin, André Fraigneau, Roger Nimier,
• Pierre Boutang, Les Abeilles de Delphes, Paris, La Table ronde.
• Jacques Chardonne, Lettres à Roger Nimier, Paris, Grasset.
• Marc Dambre, Roger Nimier, Hussard du demi-siècle, Flammarion, 1989.
• Olivier Frébourg, Roger Nimier, trafiquant d'insolence, Les Editions du Rocher, 1989.
• Alain Sanders, Roger Nimier : hussard bleu et talon rouge, Éditions de Paris 2006.
• Christian Millau, Au galop des Hussards , Paris, Fallois, janvier 1999
17:10 Publié dans Lecture | Lien permanent | Commentaires (1) |