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23/08/2011

Question de sens


« Ils veulent étaler leur instruction… et parlent toujours de sujets incompréhensibles! » A. Tchekhov 

 

 

En route pour la Russie, j’avais aussi pris un livre de ce cher Boulgakov. Un recueil de nouvelles intitulé « La locomotive ivre » Des textes un peu inégaux mais qui se passent tous dans le monde absurde de la Russie soviétique. Des nouvelles vécues de l’intérieur donc.


J’ai particulièrement aimé la nouvelle intitulée « Ils veulent étaler leur instruction… » (Table des matières ci-dessous). Elle pose la question de la langue de bois et de la manière de la brûler par des questions sur le vrai sens des mots. Aujourd’hui, il faudrait écrire sur la langue de velours des puissants, des ministères, des publicitaires ou des marqueteux qui nous inventent des formules creuses et douces bien plus sophistiquées que les apparatchiks soviétiques ne savaient le faire.

 

Bonne lecture de la Vendée capitaliste et des valets de chambre de la IIième Internationale. 

 

16:36 Publié dans Lecture | Lien permanent | Commentaires (2) |

12/08/2011

Mortuaire

Il existe une sorte de tourisme mortuaire qui pour un français commence au Père Lachaise. J’avoue que j’en suis adepte sans fanatisme. C’est ainsi que dans notre périple moscovite et pétersbourgeois nous avons visité le cimetière de Novodivitchi proche du monastère du même nom (métro Sportivnaïa) pour retrouver les tombes de Boulgakov, Tchekhov et Gogol* assez proches mais perdues au milieu de milliers de plaques de marbre recouvertes de caractères cyrilliques pas si faciles à déchiffrer.

 

P1020492.jpg*Михаил Афанасьевич Булгаков 

C'est ici que repose le maître...

Le maitre du maître...

et de Marguerite

 

 

 

 

 

 

 

P1020493.jpg*Николай Васильевич Гоголь 

Gogol l'ukrainien

Tarass Boulba

Le revisor

Les âmes mortes

 

 

 

 

 

 

 

 

 

P1020494.jpg  

 

*Анто́нПа́вловичЧе́ховPrononciation

 

 

J’adore Tchekhov et le livre d’Andreï Makine dont je parlais hier commence par « Désormais, vidé peu à peu de sa peine au fur et à mesure qu'elle vide son appartement, il se souvient d'un premier amour, qui lui faisait murmurer cette phrase de Tchekhov "Je vous aime, Nadenka. »Suis une réflexion sur l’art du nouvelliste et son écriture simple et dépouillée. Il se trouve que j’avais aussi emporté pour relecture La dame au petit chien suivi de Récit d’un inconnu (proche du titre de Makine).

 

Pour écouter quelques nouvelles d’Anton, c’est ici. La version prétenduement complète c'est ici.

 

 

 

10:01 Publié dans Lecture | Lien permanent | Commentaires (4) |

11/08/2011

Makine à Petersbourg

Avec une touche de sérendépité, j’avais choisi un livre d’Andreï Makine, La vie d’un homme inconnu, pour partir quelques jours à St Petersbourg.

 

L’histoire débute avec Choutov, un écrivain, la cinquantaine, d’origine russe qui vit à Paris et écrit en français (mais n’a pas le Goncourt). Suite à une histoire d’amour qui finit mal, Choutov part pour St Pétersbourg pour renouer avec une de ses ex. Il la retrouve au milieu des fêtes du 300ième anniversaire de la ville (2003 ?). Comme la ville, son amie est complètement absorbée par le maelström de la féroce modernité qui agite la vie des VIP et autres nouveaux riches en Russie et dans cette belle cité en particulier.

 

L’amie en question est sur un gros projet immobilier qui marche du feu de Dieu. Il y a juste un petit hic, trois fois rien, un vieillard grabataire et muet qui ne peut pas rejoindre son hospice. Le problème sera réglé après le week-end. Le fils de son amie, Vlad, un djeune hyper branchouille, confie la garde du complexe immobilier et donc du vieux à Choutov. Celui-ci a l’idée de montrer la télé qui diffuse en boucle la modernité simplette sur CNN (quelques mini-reportages bien choisis par Makine) au vieillard alité.

 

Et le muet, qui s'apelle Volsky, touché sans doute par ce geste, se met à raconter sa vie à Choutov. Il a connu l'horrible siège de Leningrad (ex. St P.) et raconte ses heurts et malheurs. C’est tragique et très triste. La stupidité de la guerre et de ces années de communisme y est montrée dans toute son effrayante horreur.

 

Ce qui m’a surtout plu dans ce livre, c’est la réflexion qui naît du choc de ces deux mondes qui ne semblent plus du tout corrélés. On dirait que plus personne ne se rappelle (à part l’écrivain bien sûr) que l’histoire de Volsky, l’inconnu, est le passé pas si lointain de ces gens qui célèbrent le tricentenaire de Petersbourg dans un capharnaüm d’images et de non sens mondialisé.

 

Le mot du jour : Capharnaüm était une ville de Galilée. Son nom vient de l'hébreu כפר נחום Kfar (village) et Nahum (compassion, consolation). Désigne un état de pagaille, de désordre.    

07/04/2011

Mister Pip

Plaisir de retrouver des amis à Baratier près d’Embrun, plaisir de marcher dans les Calanques de Cassis sous le soleil et plaisir de lire. Difficile de faire mieux en quelques jours.

Pour les Calanques, c’est comme d’habitude en vedette, En Vau, Port-Miou, Port-Pin, Sugiton, la grande Candelle et le Candelon… et les chemins flèchés de rouge, de blanc, de vert qui serpetent au milieu des rochers.

 

Pour le livre, c’est

Mister Pip

de  Lloyd Jones.

Que je compte bien faire lire autour de moi et dont je laisse le soin de commenter à l’experte Nancy Huston :

 

Mister Pip met en scène et en abyme, de façon subtile mais vertigineuse, l'empathie narrative. L'auteur, homme blanc dans la cinquantaine, se glisse dans la peau d'une fillette noire de 13 ans, qui se glisse dans la peau du héros d'un roman écrit cent cinquante ans plus tôt à l'autre bout de la planète - et nous, lecteurs, nous glissons à notre tour dans la peau des enfants éberlués, des parents affolés, des rebelles aux abois et, surtout, de ce magnifique désespéré qu'est M. Watts. Lloyd Jones nous offre là non seulement une histoire palpitante, vive, sensuelle, colorée, humaine, dans laquelle la tendresse la plus poignante alterne avec la violence la plus extrême (la lecture de certaines pages est suffocante) - mais aussi, en toute humilité, une leçon magistrale, à méditer par tous les professeurs de littérature à travers le monde. Le roman, nous rappelle-t-il encore et encore, nous donne la permission de changer notre vie.

22:36 Publié dans Lecture, Montagne | Lien permanent | Commentaires (0) |

26/01/2011

Muray-Lucchini

J’ai écrit en 2007 une note sur Philippe Muray que je ne renie pas après avoir vu Fabrice Lucchini disant ses textes. J’avais même mis un commentaire que je trouve toujours pertinent suite à un lecteur qui le comparait de Vialatte. Je me cite :

« Cela me semble juste de le (Muray) comparer à Vialatte, même penchants politiques et grand talent... à première lecture, Vialatte me semble avoir plus de légèreté.

Ceci dit, comme Vialatte, Muray (1945-2006) était un fieffé réac qui n’avait pas, me semble-t-il ce petit état de grâce humoristique qui faisait de Vialatte ce vieux con qu’on aimait à qui l’on pardonnait tout comme le disait, je crois, DvanW. Pour être juste, Muray était plus un philosophe et un moraliste alors que Vialatte était plutôt un artiste. Les textes de Muray ont une grande profondeur et ils ont été écrit un demi siècle plus tard, avantage non négligeable.

 

 Lucchini fait du Lucchini avec Muray comme il en a fait avec La Fontaine ou avec Céline. Il joue un rôle, il imagine que la salle est pleine de bobos qui ne connaissaient pas Muray et qui découvrent, atterrés, un écrivain qui déteste la modernité, la fête, les emplois sociaux... C’est sans doute un peu vrai (l'atterrement) pour certains. Du coup, Fabrice joue au comédien de gauche qui travaille pour ceux qui sont en haut du balcon et qui ont des billets bon marché.  

 

Très belle intro de Fabrice avec un texte de Cioran qui raconte qu'il n’ose pas aborder Beckett dans un parc. Ensuite Muray... Je n’ai pas vraiment aimé le texte sur les métiers (les fameux nouveaux métiers comme "agents d'ambiance", "coordinateurs petite enfance"...) qui se moque des "emplois jeunes" de Martine Aubry. Dans le fond, Muray ne connaissait pas vraiment le problème, ou il joue au con. Le texte sur le sourire bloqué de Ségolène Royal m’a beaucoup plus. Très drôle et tellement vrai. J’ai plus ou moins aimé un autre texte sur  l' "infantéisme" (néologisme de Muray) de la société où le citoyen veut continuer à être un enfant avec ses caprices et ses désirs dans le seul but de perpétuer cette enfance éternelle (le bonheur étant associé à la période de l'enfance). Et enfin, j’ai adoré un long poème dans lequel Muray se moque d’une fille bobo et voyageuse (la touriste innocente) à qui il arrive des malheurs. Le coup du poulet nourri aux grains et qui courre dans l’herbe, Lucchini en fait des tonnes, et, bon public, on se marre.

 

Bref, on n’y va pas pour Muray que l’on peut lire par ailleurs. Sa vision bien qu’aux antipodes de la mienne (et même parce qu’aux antipodes) pour certaines choses me fait beaucoup réfléchir sur notre société. Comme Zemour, il est un mal nécessaire. Il faut lire ses textes sur l’envie de justice, l’empire du bien… Bien sûr, on y va pour Lucchini qui, s’il lisait des textes de mon blog, serait sans doute capable d’en faire un spectacle poilant. Encore faudrait-il qu’il passe par ici. Qu’il vienne sur ce blog pour Vialatte. Il m’a semblé qu’il connaissait mal Alexandre suite au texte de Muray qui commence par : « L’enfance date de la plus haute antiquité… »

Autre parallèle, après Guy Debord, cité par Lucchini, qui m'est venu à l'esprit, dans la critique du langage, le relie avec Franck Lepage. Parallèle que Franck n'aimera pas. Franck n'est pas un écrivain mais c'est un humoriste moraliste marxisant qui, à la différence de Murray, n'explique pas les dérives par une grande déviance bienpensante sociale-démocrate qui touche la société par sa droite et sa gauche. Lepage pense, en gros, que le capitalisme est responsable de cette novlangue dont l'emprise est voulu/calculé par les puissants. Je penche pour Lepage mais, il se peut, que Murray ait en parti raison.

21:28 Publié dans Blog, Lecture | Lien permanent | Commentaires (0) |

11/01/2011

L'usine à lapins

 

 

Une grande découverte que ce Larry Brown et son usine à lapins. En 470 pages il nous balade dans plusieurs histoire assez peu corrélées qui alternent en vous tenant en haleine. On suit des personnages un peu glauques dans la ville de Memphis, et une Amérique populaire.

 

 

Il y a d’abord ce couple, 70 ans/40 ans, dans lequel la femme s’ennuie. Elle a des besoins  et tente de débaucher un jeune de 20 ans, sympa et paumé, venu pour attraper un chaton.

 

Il y a Anjalee, une prostituée qui ne porte pas chance à ses amants et qui inspire un amour géant à un jeune boxeur engagé dans la marine.

 

Il y a surtout Domino le boucher. Il n’a pas eu de bol dans sa vie Domino, et pour tout arranger, avec son camion, il prend un chemin de traverse et rencontre un cerf de Virginie qui aurait pu lui donner les délicieux steaks dont il rêvait mais qui, au contraire, va bouleverser sa bien pauvre vie.

 

C’est plein de détails marrants. C’est raconté à merveille et savamment traduit dans un français parfaitement adapté aux personnages. On pourrait regretter le manque de liens entre les histoires mais on pardonne tout, tellement on est content de suivre ces tranches de vie.

 

Malheureusement Larry Brown est mort en 2004, il avait 53 ans. Il ne nous livrera plus d'usine à lapins.

04:56 Publié dans Lecture | Lien permanent | Commentaires (2) |

10/01/2011

Auster et Lapins

 

Quelques livres de ce début d’année :  

  • Un Paul Auster assez costaud que JJ dit avoir été écrit pour moi.
  • Une découverte dont je vous parlerai demain: "L'usine à lapins."
  • L'heure d'avant de Colin Harrison Un polar leger, disons le polar de la décénie du mois un peu fade après l'usine à lapins. 
  • Les Années d'Annie Ernaux qui nous refait le coup de Je me souviens de Perec... Assez réussi ! 

Les deux premiers découverts grâce à JJ avec une très belle photo d'Andrée en souvenir avec une phrase du pauvre Ruthbeuf tirée de la complainte.

 

  

Dans le scriptorium de Paul Auster.

 

Une fantastique mise en abyme d’un écrivain et de son œuvre. Mister Blank estr un vieillard enfermé dans une chambre blanche tout habillé de blanc, est confronté à ses héros plus ou moins hostiles. Une caméra enregistre les faits et gestes d'un vieil homme qui constate qu'il ne se souvient plus des événements qui ont précédé. Le coup de fil d'un soi-disant policier, James Patrick Flood, la lecture d'une entame de roman intitulé Neverland et la consultation de photos laissées sur un bureau non loin du lit vont le plonger dans la perplexité. Une femme survient, elle s'appelle Anna, elle vient prendre soin de lui; il a avec elle, il le sait confusément, un lien particulier.

 

Au fil des 135 pages, on retrouve certains personnages de l’œuvre d’Auster en particulier Anna Blume. Pour les petits connaisseurs de l’œuvre d’Auster, Le Voyage d’Anna Blume est une œuvre moins connue que la Trilogie new-yorkaise mais c’est néanmoins une œuvre majeure qui décrit un monde décadent, voué à vivre sur la récupération des ordures, et dans lequel Anna tente de survivre.  

 

Le mot scriptorium (au pluriel, des scriptoria) est un mot latin dérivé du verbe scribere qui signifie « écrire ». Ce nom désigne l'atelier dans lequel les copistes réalisaient des livre copiés manuellement, avant l'introduction de l'imprimerie en Occident. 

21:24 Publié dans Lecture | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : paul auster |