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10/11/2015

Apostophes

CPB87012422.jpegJ’adore Bernard Pivot que l’on a eu la chance de voir en spectacle à Nancy au Livre sur le Place dans un grand numéro, « Les mots m’ont mangé »  Le récit de la vie héroïque, navrante, loufoque mais glorieuse, d’un écrivain dévoré par les mots.

 Merci à Pierre Assouline d’avoir fait ce documentaire sur Apostrophes en Replay ici. Merci à Aredius sans qui je l’eusse ratée. Précipitez-vous ! Les jours sont comptés.  Vous allez retrouver de grands écrivains, Yourcenar, Soljenitsyne, Nabokov. Des débats historiques comme celui sur les nouveaux philosophes avec André Glucksman qui vient de nous quitter...  

A l'occasion des quarante ans de l'émission, pour en ressusciter les grandes heures et les rencontres historiques, Pierre Assouline a composé un florilège des meilleurs extraits, présenté sous forme d'abécédaire, qu’il a fait commenter par un Bernard Pivot surpris, heureux, nostalgique et généreux en anecdotes inédites.

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Cette émission nous permet de constater à quel point Pivot est un homme exceptionnel qui a vécu une vie passionnante et passionnée avec un amour de la littérature énorme et communicatif. Sans compter qu’ensuite il y eu Bouillon de culture, Double Je… Vraiment, un grand bonhomme.

11:19 Publié dans Lecture, Mots | Lien permanent | Commentaires (1) |

27/10/2015

Pas de pitié

nietzsche2.jpgToujours dans ECCE HOMO la dernière oeuvre de Nietzsche traduite par Alexandre Vialatte dont les sous-titres m'enchantent : 

- Pourquoi je suis si sage

- Pourquoi je suis si malin

- Pourquoi j'écris de si bon livre

- Pourquoi je suis une fatalité

Je reviens en arrière et relis un passage sur les actions désintéressées et l'amour du prochain qui donne  à réfléchir :

Mes expériences me donnent surtout le droit de me méfier de ce qu'on appelle les instincts, « désintéressés » et de ce fameux « amour du prochain » qui est toujours prêt à vous venir en aide et de la voix et du geste.

Je le considère en soi comme une faiblesse et comme un cas particulier de l'incapacité de résistance aux impulsions ; la pitié ne s'appelle vertu que dans le monde des décadents. Je reproche aux compatissants d'oublier trop facilement la pudeur, le respect, le tact et les distances, à la pitié de sentir trop vite la populace et de ressembler à s'y tromper aux mauvaises manières ; je dis que les mains compatissantes peuvent parfois avoir une action destructrice sur une grande destinée, quand elles viennent farfouiller dans les blessures d'une solitude et le privilège d'une grande faute.

Vaincre la pitié c'est, à mon avis, une vertu aristocratique : j'ai raconté, en lui donnant pour titre « La Tentation de Zarathoustra », l'histoire de ce grand cri de détresse qui parvient un beau jour au sage, et la pitié, comme un dernier péché, est déjà près de l'assaillir et de l'arracher à lui-même.

Rester maître de soi dans ces situations-là, conserver pure la hauteur de son devoir en face des bas et myopes instincts mis en oeuvre par les actions prétendues « désintéressées », voilà la preuve, la suprême preuve peut- être que doit donner un Zarathoustra, le véritable témoignage de sa force.

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09/08/2015

Polar et robot

Avec Méline et Lilian, on a pris l’habitude de fabriquer des histoires que l’on découpe et classe dans un cahier, en fait deux cahiers, un à Colomiers, l’autre à St Julien. Histoires illustrées de beaux dessins (voir en bas un dessin de Lilian).

elfe20.jpgMéline vient d’écrire sa première nouvelle policière, un meurtre qui se passe dans le monde des elfes. La question bien sûr est : Qui est l'assassin ? 

Vous la lirez peut-être un de ces jours sur ce blog si je l’extrais du cahier...

et surtout si Méline est d’accord.

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6980272.imageSur ce, je découvre le premier meurtre de robot qui bien sûr à eu lieu aux Etats-Unis, pays si propice aux romans noirs. Pourtant le robot HitchBot (littéralement robot auto-stoppeur) avait commencé sa carrière en Europe. Il avait levé le pouce en Allemagne puis en Hollande. Ensuite, il a fait 6000 kilomètres au Canada. Partout les gens l’on pris à bord avec un large sourire. Du coup, HitchBot qui "voulait" faire le tour du monde en stop avait prévu cette année de rallier San Francisco depuis Philadelphie.

Hélas ! Au bout de 500 kilomètres il a été assassiné par une bande de vandales. C’est ce que nous relate Courrier International. Robots, ne faites jamais confiance aux humains !

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Le dessin de Lilian pour illustré un beau chèque des copines de Céline en faveur de Caméléon :

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02/08/2015

Lisbeth

On a bientôt fini d'écouter la célèbre trilogie de Stieg Larson Millénium excellemment lue par Emmanuel Dekoninck. Je sais que le premier livre est paru il y a dix ans mais je n'ai pas pour habitude de me précipiter sur les nouveautés et je me méfie un peu des best sellers. L'audition avec le walkman Sony offert par Xav est bien agréable. C'était pour la voiture ou le camping-car mais vu la longueur on est un peu obligé de l'écouter à la maison, du coup on vit à Stockolm non loin de Lundagatan. On ne sait plus ce qui se passe dans le vaste monde... et on ne s'en portent pas plus mal. 

Millenium-la-serie-suedoise-arrive-sur-Canal_portrait_w532.jpgJ'ai particulièrement aimé le personnage de Lisbeth Sallander (photo tirée de la série télévisée suédoise). Depuis Ignatius J. Reilly le héros de la conjuration des imbéciles, je n'avais pas découvert un personnage aussi riche de surprise et haut en couleur. L'intrigue est menée de main de maître, c'est un vrai bonheur.

Avantage de l'Audiolib bien lu, on se fatigue moins, c'est très cool. Inconvénients, c'est assez long et on ne peut pas sauter la liste des courses, l’enchaînement des rues (gatan en suédois), les plats et les boissons au restau (un nombre incalculable de cafés lattés), les digressions historiques sur les amazones, etc... Il est aussi plus difficile de mémoriser les personnages et dans la trilogie il y en a un bon paquet.

Emmanuel Dekoninck a aussi lu les 4 tomes de 1Q84 de Murakami. Je les ai moi-même lu en livre en papier (hé oui c'est encore possible). Là aussi les descriptions un peu longues ne manquent pas. Ce n'est pas mon Murakami préféré, trop délayé.

19:00 Publié dans Lecture | Lien permanent | Commentaires (0) |

26/06/2015

Chimamanda Ngozi Adichie

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Ce livre est un cadeau de Raymonde toujours à l’affût de beaux textes.

Si vous aimez la littérature et voulez découvrir quelque chose de nouveau, lisez « Autour de ton cou » de Chamamanda Ngozi Adichie. C’est un recueil de nouvelles. Chimamanda est une jeune femme nigériane qui a fait ses études supérieures aux US, donc elle raconte des histoires de femmes entre le Nigéria et les US. On y trouve la religion, la superstition, l'Afrique, la guerre civile et la dictature, l'histoire du Biafra, la découverte de la bizarre société des zuèsses. Pour un vieux mâle européen comme moi, c’est assez décoiffant et c’est ce qui fait tout le plaisir de la lecture de ce recueil. 

4ième de couv : 

Lauréate de la loterie des visas, Akunna quitte le Nigeria pour les Etats-Unis ; elle y découvre un pays qui a bien peu à voir avec celui de ses attentes.

A Kano, dans le nord du Nigeria, une violente émeute intercommunautaire réunit deux femmes que tout sépare : une marchande d'oignons musulmane et une étudiante issue de la bourgeoisie chrétienne de Lagos.

Dans Nsukka blanchie par l'harmattan, James Nwoye, ancien universitaire au soir de sa vie, repense au rêve biafrais et attend, la nuit, les visites de sa femme défunte, qui vient caresser ses jambes fatiguées.

Voici quelques-uns des personnages des nouvelles d'Adichie ; ils composent une image complexe et riche de la réalité nigériane d'aujourd'hui, qui prend ses racines dans le passé et se prolonge dans l'expérience de l'émigration, une plongée émouvante, souvent poignante, tour à tour terrible et drôle, toujours vibrante d'humanité.

Si vous avez un moment, écoutez le discours de Chamamanda sur le féminisme. Discours repris en parti dans une chanson de Beyoncé. Beaucoup d'humour...

12:22 Publié dans Lecture | Lien permanent | Commentaires (2) |

07/06/2015

Le potager d'Arto

arto-paasilinna-by-esther-berelowitsch.jpg&sa=X&ei=40V0Vf7TGcy9Uez_g7AC&ved=0CAkQ8wc&usg=AFQjCNFiSB7eoaSg5KJ-zDqrMG4O9fhzZgCombien Arto Paasilinna a-til écrit de livres depuis ce très fameux Lièvre de Vatanen ? Combien ont été traduits en français ? Une chose est sûre, ses livres nous a arrivent dans un joyeux désordre. Il se peut que ceci soit une volonté d’Arto qui est un sacré farceur finlandais bourré d’imagination. Vérification faite, il m’en reste encore à découvrir.

Pour parfaire ma connaissance de l’œuvre je viens de lire « Le potager des malfaiteurs ayant échappé à la pendaison » que m'a prêté Michèle-Marie mais que je vais devoir acheter. C’est un très bon Paasilina.

product_9782070446537_195x320.jpg&sa=X&ei=O0Z0VaLIHofXUZ6ag5gH&ved=0CAkQ8wc&usg=AFQjCNHH-WaETX5KltxM4zQXQJZo9x_fMQL'inspecteur principal Jalmari Jyllänketo est envoyé par la Sécurité nationale finlandaise dans l'ouest de la Laponie. Alors que des rumeurs font état de mystérieuses disparitions, il doit enquêter sur un ancien kolkhoze reconverti en une florissante exploitation agricole : les mines de fer sont devenues des champignonnières ; les terres marécageuses, des potagers bio. Accueilli par la jolie fille de la patronne, Jalmari Jyllänketo ne trouve d'abord rien qui justifie la suspicion des autorités... avant de s'étonner des importantes mesures de sécurité et de la mine patibulaire des ouvriers... Que cachent l'Étang aux Rennes et sa mystérieuse propriétaire ?

Comme d’habitude, c’est truculent. Arto flirte sans vergogne avec l’invraisemblance pour faire naître sous nos yeux ébahis des personnages fous, bizarres, humains, bons et délirants. Dans ce monde si triste parfois ils laissent tomber une carrière par amour et goût de l’aventure. J'ai passé un bon moment.

Déjà lus :

Le lièvre de Vatanen

La douce empoisoneuse

Petit suicide entre amis

La cavale du Géomètre

Le meunoer Hurlant

Prisonnier du paradis

La forêt des renards pendus

Le fils du dieu de l’orage

Le bestial serviteur du pasteur Huskonnen

 

Reste à lire. Pas mal de livres. La Librairie.

 

A noter les excellentes traductions (autant qu'on puisse en juger) d'Anne Colin du Terrail qui a traduit la plupart des romans de Paasilinna. 

15:39 Publié dans Lecture | Lien permanent | Commentaires (1) |

04/04/2015

Pennac

430597_Pennac-Daniel-8742.jpgUne leçon d’ignorance.

Leçon doctorale prononcée par Daniel Penac en mars 2013 (en italien je crois) lors de son intronisation comme  docteur honoris causa en pédagogie de l'université de Bologne, la plus vieille université du monde (1088).

Intellectuels, Pédagogues et Démagogues. Extrait:

[Suite à l’échec scolaire] …tous se lancent dans toutes sortes de stratégies pour s’offrir le réconfort d’une identité : addictions diverses, consommation tous azimuts, constitution de bandes, de communautés en tout genre – y compris aujourd’hui sur la Toile, histoire d’être accepté par un groupe, quel qu’il soit. 

Or, la particularité commune à ces groupes est le mépris des "intellectuels". Je souligne le mot intellectuels, parce que je l’entends de plus en plus souvent prononcé comme une insulte. D’abord par bon nombre d’adolescents pour lesquels l’adjectif « intellectuel » suggère je ne sais quel déficit de virilité et d’adaptabilité au monde réel. Ensuite par les plus populaires de nos médias dans lesquels l’adjectif « intellectuel » est associé à l’ennui le plus profond, l’ergotage vain et le snobisme. Enfin, à l’échelle européenne, par nombre d’hommes politiques qui présentent l’intellectuel comme le prototype de l’idéaliste irresponsable, du privilégié arrogant, de l’ennemi de l’entreprise, voire de l’intelligence corrompue.

Ainsi bruit l’air de notre temps. Et, ce que nous dit ce bruissement, c’est la victoire, de plus en plus fréquente, du démagogue sur le pédagogue.

À y regarder de près, le démagogue est l’exact antonyme du pédagogue. Pourtant, tous deux s’adressent au sentiment de solitude propre à l’être humain. Le pédagogue nourrit notre solitude ontologique d’un savoir protéiforme, il ouvre notre curiosité, éveille notre appétit de recherche, stimule notre aptitude critique, exerce sur notre esprit une influence qui se refuse à la domination, bref, contribue à faire de nous des individualités réfléchies, ouvertes et tolérantes, dont l’addition constitue une communauté humaine démocratiquement viable. 

Le démagogue, lui, confisque à son profit le sentiment de solitude suscité par nos échecs, nos manques, nos frustrations, nos malheurs, nos peurs et nos ressentiments. Il substitue le dogme à l’esprit critique, le slogan au raisonnement, la rumeur aux faits établis, les convictions aveugles aux doutes éclairés, les croyances aux savoirs, le diktat indiscutable aux institutions mesurées, et, surtout, surtout, il désigne le coupable en se posant lui-même comme le vengeur providentiel. Ce faisant, il a du charme*, au sens le plus archaïque du terme, et il l’exerce: il est le joueur de flûte qui nous arrache à notre solitude, et nous sommes les enfants perdus qui le suivons en masse vers le fleuve qui nous noiera.

* Charme au sens archaïque veut dire "formule magique". En italien c'est fascino, que l'on peut aussi traduire par fascination.