12/08/2007
No Suicide -4-
Ces histoires, je les ai d’abord écrites pour Jules, mon ami québécois, le petit-fils de Jean-Jacques, puis pour les enfants de Jules : Colin et Chloé. Eux qui pourraient déjà être parents. J-J aurait dit : « Ça n’a pas de bon sens ! » Ce sont des mots qui me poursuivent. Quand il a réalisé l’ampleur que prenait ce travail d’écriture sous la dictée, Jules m’a dit : « Mamie, commencer à écrire des contes comme ça, à ton âge, ça n’a pas de bon sens ! » Il avait bien raison. Moi, j’entendais toujours « …pas de bon sang. » Ça me faisait rire. Bon sang. « Bon sang de bonsoir ! » C’est ce que disait mon père quand il était en colère. Mon père… le pauvre… C’est si loin. Maman… Papa. Je les ai presque oubliés, dans la liste de mes chers défunts…
Olga recueille mes paroles. Elle me les récite. Elle me les corrige. Je n’ai pas besoin de dicter plusieurs fois. Elle sait ! Elle sait quand je veux changer un adjectif, biffer une phrase. C’est presque de la transmission de pensée. Elle sait ! Elle fait la différence entre un texte que je lui dicte et une demande que je formule. Même si j’essaye de la tromper en disant par exemple : « Je veux aller au jardin… » Elle n’hésite pas, elle sait… Elle va se mettre à me questionner : « voulez-vous commencer un dialogue ? » Elle enregistre mes paroles. Elle envoie mes récits à Jules à Toronto, à Colin et Chloé, je ne sais où, à d’autres enfants… Enfin si, je sais. Elle n’agit que sur mon ordre, uniquement. Parfois elle me demande « Est-ce que ce texte est fini ? »
Mesdames et messieurs les députés, mes chers collègues, un peu de silence et de respect, s'il vous plaît. Merci. Ce récit autobiographique a été recueilli de la bouche même de madame Laurent par OLGA, son assistante personnelle. Depuis quelques jours, ces paroles sont accessibles sur Webnet 8.1. Je vous propose d’écouter la suite immédiatement. Quant à ceux qui manifestent bruyamment en frappant leur pupitre, je leur demanderai un peu de patience et de silence. Madame Laurent, je vous le rappelle, en a eu pendant de très très longues années… Il me semble qu’elle a le droit d’être écoutée jusqu’au bout par cette assemblée qui réunit les représentants du peuple. Et puis son récit pourrait vous réserver quelques surprises... Merci de votre patience.
06:30 Publié dans No Suicide | Lien permanent | Commentaires (1) |
11/08/2007
Autodafé
Pour faire suite à l'autre note, je me dois de relayer cette nouvelle bien triste.
Un autodafé (du portugais auto da fé, acte de foi) consistait, à l'origine, à brûler des livres considérés comme païens, blasphématoires ou immoraux (mesure qu'aurait pratiqué Saint Paul). C'est ce que semblent avoir commis avant-hier des abrutis dans l'abbaye de Lagrasse (Aude).
Pierre Assouline qui avait parlé de La nuit sexuelle tombe sur l’abbaye de Lagrasse », a ensuite été le premier à rapporter cet acte infâme commis par des abrutis.
"Ce matin à l’aube, les collaborateurs des éditions Verdier qui parrainent depuis les origines ce Banquet du Livre, ont constaté que leur librairie, installée au sein de l’abbaye avec les toulousains d’Ombres blanches, avait été saccagée. Un mélange de gas-oil et d’huile de vidange avait été répandu sur les 12 000 volumes proposés durant la manifestation. Pas de revendication. La police enquête. Prions pour qu’elle trouve.
Voir aussi: «« Penser : le péché irrémissible » de Ronald Klapka, dans remue.net,
et « Autodafé à l'huile de vidange à l'Abbaye de Lagrasse » de David Servenay dans Rue89.
11:45 Publié dans Religion | Lien permanent | Commentaires (3) |
10/08/2007
Rhône
Par Ouerdya AÏT-ABDELMALEK AFP - Mardi 7 août, 20h07
10:00 Publié dans Simplicité | Lien permanent | Commentaires (7) |
09/08/2007
No Suicide -3-
Olga est le tout dernier modèle d’APerHos. Si mon Raymond revenait, lui qui aimait tellement bricoler, il dirait d’Olga que c’est un beau lit d’hôpital bien pratique, super ingénieux. C’est vrai, Olga est un lit capable de toutes les orientations. C’est aussi une petite voiture qui se déplace seule dans les couloirs ou les allées du jardin. Alphonse, lui, aurait aimé la chaîne stéréo qui joue les morceaux que je veux… un son très pur… un choix infini de musiques du monde. Parfois, elle me met une chanson sans que je demande rien. Je suis tentée de protester mais c’est inutile, elle est toujours dans le ton, dans l’humeur de l’instant… Pour Lucien, mon fils, chez Olga, c’est l’écran de télé plat et pliable qui surgit de sous le matelas qui l’aurait séduit. Je l’entends presque dire : « Un lit à la James Bond. »
Moi, j’associe Olga, ce petit bijou de technique, à mon vieux monde fané… éteint même… et depuis si longtemps. Cela me la rend plus proche, plus humaine, presque amicale. Sinon, quand on y réfléchit, c’est Big Brother cet engin là. L’œil à tout, l’œil partout… Et pourtant avec Olga, on a fait de grandes choses dernièrement.
J’ai peur ! Je suis morte. Morte avec Raymonde, avec Lucien, avec Jean-Jacques. Il voulait le cryogéniser, mon Jean-Jacques. Ils disaient que sa maladie, à J-J, serait soignée dans quelques années. Ils disaient qu’alors, ils pourraient sans doute le réchauffer, qu’il aurait encore de belles années à vivre devant lui. Je les ai empêchés de commettre ça. J’envie ces petites vieilles à qui on a accordé le droit de mourir parce que leur maladie était enfin jugée incurable. J-J conservé dans de l’azote liquide… et quoi encore !... Il n’aurait pas été le seul. Ce fût un débat terrible. Les refroidisseurs avaient démontré que cela marchait. Nous avons refusé. Nous étions nombreux. Nous avons gagné. Aujourd’hui, personne ne peut plus être cryogénisé contre son gré. C’est fini !
J’ai peur ! Je suis partie avec eux, partie avec les miens. Dans ma tête, en tout cas. Je veux faire disparaître les derniers souvenirs qui me restent. Ma mémoire étonne, paraît-il. Moi, elle me fatigue. C’est grâce à Olga que je l’entretiens… et même parfois à mon corps défendant. Avec son aide, j’ai pu me livrer à la seule chose qui vit encore un peu en moi : les petites histoires que je construis patiemment pour les gosses.
03:20 Publié dans No Suicide | Lien permanent | Commentaires (0) |
08/08/2007
Augustin
A part ça, puisque je suis dans les citations j'en ai trouvé deux dans ce livre recommandé par cgat qui sont de Saint Augustin. Augustin est un philosophe et père de l'église. C'est probablement le philosophe le plus éloigné de mes idées mais ce nétait ni un imbécile, ni un idiot :-)
"Immense est la foule des imbéciles" Augustin, Contre les académiciens I.1-2
"La plupart des humains sont des idiots.
- ça aussi on le sait" Augustin, Le libre arbitre I. 8.19
Chose amusante, cgat, lignes de fuite, cite aujourd'hui un phrase de Léautaud que j'avais cité ici et qui méritait une place chez Jerphagnon.
"Les temps sont durs. La vie n’est pas drôle. La bêtise règne. Le bon Dieu redevient à la mode." Léautaud
J'ai un peu parlé de la chick litt, la littérature pour les poulettes. En lisant le blog de H-IL, je tombe sur "Oh que oui qu'tu connais ces p'tits questionnaires à la con, qu'tu trouves dans tous les menstruels vendus z'en kiosque." J'avoue que ce "menstruels" m'a ravi.
11:10 Publié dans Au fil de la toile | Lien permanent | Commentaires (1) |
07/08/2007
No Suicide -2-
J’ai peur! Aujourd’hui je passe mes jours et mes nuits avec Olga. Olga est le dernier avatar de mes assistantes personnelles hospitalières. Mon A.Per.Hos comme ils disent. C’est de loin la meilleure de toutes, Olga. Elle est à mes petits soins. Rien à voir avec la toute première d’entre elles. Un engin mal dégrossi. Vraiment ! Celui-là, je l’avais appelé Sans-nom. Plus tard, il y a eu Sans-nom2 et Sans-nom3 et même 4. À l’époque, après la mort d’Alphonse, j’étais encore bien valide, j’allais sur mes nonante ans et j’avais protesté du plus fort que j’avais pu. Je préférais une infirmière deux heures par jour plutôt que ce machin… cet engin… vingt quatre heures sur vingt-quatre. On m’avait répondu que les infirmières étaient réservées aux hôpitaux. Comme pour me punir de protester, on m’avait demandé de partager Sans-nom avec une autre vieille, une petite sèche et acariâtre dont j’ai oublié le nom. Elle crachait sa bile à gros bouillons cette sale pie. Elle enquiquinait tout l’étage… Mais c’est si loin tout ça !
Bien plus tard, les techniciens, deux jeunes rigolos, qui, en ce temps là, mettaient en place les APerHos, ont bien vite remarqué que, derrière mes airs revêches, mes cent années et quelques, je n’étais pas hostile à la technologie. À l’époque, je passais ma vie au téléphone, au visiophone. C’était avec Raymonde ou avec mes amis du Québec, Jean-Jacques et les autres, avec les quelques survivants de cette longue marche. Du coup, un des chefs monteurs a décidé de me remplacer Sans-nom1 par Sans-nom2. Hé bien, figurez-vous que je l’ai regrettée cette sale bête de Sans-nom1. J’avais réussi à m’attacher à cette chose idiote…. Il faut dire que, deux ou trois fois, la chose avait bousculé la vieille pie acariâtre. Un faux mouvement, peut-être par hasard. Cela me l’avait rendue sympathique, Sans-nom1. Je l’aurais presque défendue, cette pauvre machine promise à la casse.
Olga, c’est autre chose. Une infirmière, même la plus attentive, la plus professionnelle et diligente, ne pourrait jamais atteindre un tel degré de précision. Elle a une force de colosse et un doigté de micro-chirurgien. Elle est présente à chaque minute. Elle prévient mes moindres envies. Elle me connaît par cœur. Elle a pour moi toutes les attentions et assiste le plus petit de mes mouvements désordonnés pour le transformer en un geste délicat. Quand je me promène dans l’hospice, je ne rencontre comme par magie que les gens que j’ai envie de voir. Elle fait parfois de grands détours pour m’éviter de rencontrer la vieille casse-pieds du troisième qui se croit obligée de me raconter sa vie. Celle qui me parle de son mari, le général, qui avait toute la confiance de Jacques Chirac, de ses placements en bourse, de ses petits-enfants et arrière-petits-enfants qui ont si bien réussi dans la vie… Elle est assommante cette vieille. Elle me tue. Comment s’appelle-t-elle déjà ? Ah oui Thérèse ! Merci Olga. Continue, s’il te plaît, d’éviter Thérèse ! Il n’y a rien à tirer de bon de cette femme !
04:20 Publié dans No Suicide | Lien permanent | Commentaires (2) |
06/08/2007
Nostalgie?
On a connu des années où les soixante-huitards semblaient tous avoir versé dans le conformisme petit bourgeois, où leurs enfants faisaient du cocooning tranquille en fuyant tout ce qui était de l’ordre de l’idéal et où, finalement, l’héritage de 68 était devenu honteux au point d’en faire un sujet de vergogne en campagne électorale. Voilà semble-t-il que les idées alternatives de cette époque reviennent en vogue chez les plus jeunes. Attention, ils ne sont pas encore dans la rue chantant « Sarko, salop le peuple aura ta peau » Mais sait-on jamais ? :-) Bien sûr quarante ans plus tard ces idées sont, selon moi, tout à fait d’actualité avant de devenir nécessaires.
Je viens de découvrir via le forum sur la simplicité volontaire que quelqu’un avait mis en ligne le livre de Jacques Massacrier publié en 1973 et intitulé « Savoir Revivre » Un livre manuscrit d’une inspiration très Power Flower mais plein d’astuces pratiques pour mener une vie en dehors des sentiers battus de la consommation croissante.
En 74, Jacques Masacrier était parti avec sa petite famille à Ibiza. Il a sorti d’autres livres, Le goût du temps qui passe et Partir entre autres… Si vous avez de ses nouvelles cela m’intéresse.
Quelques planches du livre à retrouver sur le site ci-dessus.
04:45 Publié dans Simplicité | Lien permanent | Commentaires (5) |