07/08/2007
No Suicide -2-
J’ai peur! Aujourd’hui je passe mes jours et mes nuits avec Olga. Olga est le dernier avatar de mes assistantes personnelles hospitalières. Mon A.Per.Hos comme ils disent. C’est de loin la meilleure de toutes, Olga. Elle est à mes petits soins. Rien à voir avec la toute première d’entre elles. Un engin mal dégrossi. Vraiment ! Celui-là, je l’avais appelé Sans-nom. Plus tard, il y a eu Sans-nom2 et Sans-nom3 et même 4. À l’époque, après la mort d’Alphonse, j’étais encore bien valide, j’allais sur mes nonante ans et j’avais protesté du plus fort que j’avais pu. Je préférais une infirmière deux heures par jour plutôt que ce machin… cet engin… vingt quatre heures sur vingt-quatre. On m’avait répondu que les infirmières étaient réservées aux hôpitaux. Comme pour me punir de protester, on m’avait demandé de partager Sans-nom avec une autre vieille, une petite sèche et acariâtre dont j’ai oublié le nom. Elle crachait sa bile à gros bouillons cette sale pie. Elle enquiquinait tout l’étage… Mais c’est si loin tout ça !
Bien plus tard, les techniciens, deux jeunes rigolos, qui, en ce temps là, mettaient en place les APerHos, ont bien vite remarqué que, derrière mes airs revêches, mes cent années et quelques, je n’étais pas hostile à la technologie. À l’époque, je passais ma vie au téléphone, au visiophone. C’était avec Raymonde ou avec mes amis du Québec, Jean-Jacques et les autres, avec les quelques survivants de cette longue marche. Du coup, un des chefs monteurs a décidé de me remplacer Sans-nom1 par Sans-nom2. Hé bien, figurez-vous que je l’ai regrettée cette sale bête de Sans-nom1. J’avais réussi à m’attacher à cette chose idiote…. Il faut dire que, deux ou trois fois, la chose avait bousculé la vieille pie acariâtre. Un faux mouvement, peut-être par hasard. Cela me l’avait rendue sympathique, Sans-nom1. Je l’aurais presque défendue, cette pauvre machine promise à la casse.
Olga, c’est autre chose. Une infirmière, même la plus attentive, la plus professionnelle et diligente, ne pourrait jamais atteindre un tel degré de précision. Elle a une force de colosse et un doigté de micro-chirurgien. Elle est présente à chaque minute. Elle prévient mes moindres envies. Elle me connaît par cœur. Elle a pour moi toutes les attentions et assiste le plus petit de mes mouvements désordonnés pour le transformer en un geste délicat. Quand je me promène dans l’hospice, je ne rencontre comme par magie que les gens que j’ai envie de voir. Elle fait parfois de grands détours pour m’éviter de rencontrer la vieille casse-pieds du troisième qui se croit obligée de me raconter sa vie. Celle qui me parle de son mari, le général, qui avait toute la confiance de Jacques Chirac, de ses placements en bourse, de ses petits-enfants et arrière-petits-enfants qui ont si bien réussi dans la vie… Elle est assommante cette vieille. Elle me tue. Comment s’appelle-t-elle déjà ? Ah oui Thérèse ! Merci Olga. Continue, s’il te plaît, d’éviter Thérèse ! Il n’y a rien à tirer de bon de cette femme !
04:20 Publié dans No Suicide | Lien permanent | Commentaires (2) |
Commentaires
Ca démarre bien !
Je regrette de ne pas avoir attendu qu'il y ait plus d'épisodes...
Écrit par : Dilettante | 17/08/2007
C'est pas grave je vais t'envoyer la fin.
Écrit par : Joël | 17/08/2007
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