Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

26/06/2007

La traque 004

medium_traque.2.jpgPour poursuivre le feuilleton arborescent lancé

par Dario (001), suivi de quelques branches...

dont une prise par moi (002) et par Olivier (003)

Voici le 004 :

Il arrive que l’on change radicalement d’avis sans même le plus petit fait nouveau. C’était le cas de John, ce matin là qui, après l’email d’Irina était passé en quelques heures du profond scepticisme à la nécessité d’agir et d’agir vite. 

Non, il n'était pas certain d'avoir connu une Irina. Dans une vie antérieure peut-être... C'était trop vague dans son esprit. Pourtant, après mûre réflexion, John avait décidé de prendre ce foutu avion pour Singapour.

En repensant au mail d’Irina, il avait fini par se remémorer sa dernière conversation avec Marcus. Une conversation qui l’avait mis très mal à l’aise. Il s’était demandé si Marcus plaisantait ou s’il était sérieux. Il faut dire que Marcus adore la blague. C’est le genre de pince-sans-rire qui aime mettre les gens dans l’embarras y compris ses amis et donc John plus souvent qu’à son tour. C’est pourquoi John avait fini par conclure à une petite mise en scène de Marcus.

Et si c’était vrai ? Et si John était vraiment menacé ? Deux choses étaient claires, premièrement depuis des jours Marcus faisait le mort… enfin passons sur l’expression… Il ne répondais plus, il n’avait pas envoyé d’email et pas répondu non plus aux nombreux messages de John… deuxièmement John était un des meilleurs physiciens nucléaires de sa génération.

C’est à cela que songeait John dans cette salle d’attente, ce lounge business class dû aux bons soins d’Irina. Merci à elle ! L’avion avait déjà une heure de retard… Oui, sacré Marcus ! Non content d’être un bon théoricien il avait quelques idées bien arrêtées sur la manière de résoudre le problème de l’énergie. Idées qu’il refusait de livrer en détail, convaincu que le remède pouvait être pire que le mal.

« La planète est foutue.  On est dans un cercle vicieux, nous les scientifiques en particulier. Si on trouve des solutions elles risquent bien de faire oublier le mal aux milliard de consommateurs qui brulent la chandelle par les deux bouts… Crois-moi, le mal est presque à coup sûr plus fort que les meilleurs remèdes. »

John, de nature plutôt optimiste, avait peine à le suivre sur ce terrain mais il aimait bien quand son ami rentrait dans des colères noires au sujet du réchauffement climatique.     

00:15 Publié dans Ecriture | Lien permanent | Commentaires (6) | Tags : polar |

24/06/2007

La Leçon -3-

medium_heidi.jpgLisez 

la leçon de choses

 en un jour 

pour savoir pourquoi Alain Bagnoud a mis Heidi en tête de la liste des quatre livres de son enfance.

Est-ce que j’aurais pu écrire le livre d’Alain Bagnoud ?

Sans doute pas dans la forme. Son écriture est évidemment très personnelle. Son style est agréable, très lisible, pas de mots savants, un vocabulaire adapté à l’histoire sans recherche excessive, du patois de ci de là dont j’aurais pensé qu’il ressemblerait plus au mien, le patois d’Abondance, pas très loin du Valais, à vol d’oiseau. 

Dans le fond on a vécu tous les deux la fin d’une époque dans deux lieux semblables en ce qu’ils étaient les derniers à recevoir la sacro-sainte civilisation de l’aspirateur et de la tourniquette à faire la vinaigrette. Avec Alain nous avons neuf ans d’écart et j’aurais pensé, a priori, que, vivant en Suisse, il n’avait pas connu ce monde là. Eh bien si et il nous le fait bien revivre.

J’hésitais sur le morceau à numériser.  J’aurais aimé vous mettre la négociation à propos des vieilles granges et comment le grand-père s’en sort magnifiquement à coup de proverbes en patois face à l’arnaqueur sans scrupule. A propos de patois :

"Le patois, c'était le passé, la lourdeur figée, la boue, les odeurs de fumier, les vieux appartements mal aérés. Le carcan des traditions. Les modèles de comportement obtus. Les reproches muets et culpabilisants. Une lourdeur bête comme de la graisse figée qui enrobait une société pétrifiée, épaisse, irrespirable, étouffante.

Augustine (le régente un peu bornée) avait raison. Elle faisait bien de s'irriter contre les vestiges de ce dialecte chez Delphine, de s'acharner à en arracher les racines qui résistaient, qui se réfugiaient dans des mots, dans des expressions, dans la syntaxe. J'approu-ais naturellement sa démarche. Moi aussi j'étais du côté du progrès, de l'avenir.

Mais soudain la régente me stupéfia. Elle avait changé d'état d'esprit. Son gros nez en l'air, elle avait pris un air poétique. Elle parlait avec nostalgie. Pourtant, disait-elle, bien sûr le vieux temps avait du bon ! Toutes ces qualités qu'on n'a plus !

- Tu étais plus jeune mais tu dois te rappeler, Rita ? Le bon vieux temps ! Les gens se connaissaient tous, ils savaient d'où ils venaient. Ils s'entendaient, ils discutaient, ils s'entraidaient. C'étaient des vrais chrétiens. Ils ne pensaient pas qu'à l'argent, ils avaient des vrais mérites !

Comme une photo informe dont on s'aperçoit soudain qu'elle représente un panier de fruits ou un paysage photographié d'avion, l'inconséquence de sa position, qu'elle avait souvent exprimée en classe, me frappa brusquement, là devant l'église. Pourquoi alors, si le patois devait être extirpé par tous les moyens, la régente se mettait-elle à chanter les mérites du passé qui lui était lié ? Je me pose encore la question. Pourquoi, malgré sa nostalgie d'une société paysanne, Augustine travaillait-elle à en remplacer les valeurs par celles de la petite bourgeoisie, de l'ambition épicière et de la convention ?

Car le bon français qu'elle prônait, c'était une vision du monde médiocre exprimée dans une syntaxe simple. Le bon élève devait se méfier de la richesse et de la plasticité de la langue. Il lui fallait couler sa parole dans les lieux communs, les expressions toutes faites, les formules reconnues. Parler le bon français, c'était collectionner des locutions, des manières de dire réglées. S'en faire un fond solide. Les stocker dans une réserve où il suffisait ensuite de puiser pour permettre les échanges consensuels, convenables, qui n'entraîneraient ni contestation, ni débats, ni troubles.

La leçon de chose en un jour - page 229 -

22:15 Publié dans Lecture | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : arpitan, progrès, abondance |

21/06/2007

Vive la ligue!

medium_savoanim.jpg"Le sage dit, selon les gens :
Vive le Roi! Vive la Ligue!"

La chauve-souris
et les deux belettes
Jean de La Fontaine

* Le roi est Henri III, et la Ligue est l'association de catholiques zélés dirigée par le duc de Guise vers 1580, qui voulait mettre sur le trône le cardinal de Bourbon (oncle du futur Henri IV).

Brassens reprend ce thème dans "Oncle Archibald" 

Nul n'y contestera tes droits,
Tu pourras crier : viv' le roi !
Sans intrigue...
Si l'envie te prend de changer,
Tu pourras crier sans danger
Viv' la Ligue ! (bis)

La Ligue savoisienne est un parti politique indépendantiste (désannexionniste) savoyard fondé en 1995 par Jean de Pingon, après la parution d'articles dans les hebdos Le Faucigny et Présence savoisienne. (voir WIKI - Notez le paragraphe Jeune qui commence en arpitan et finit en anglais)

Profession de foi : La Ligue savoisienne veut regrouper et unir tous les Savoisiens décidés à oeuvrer pour la souveraineté de la Savoie.

Sondage sur leur site :
Souhaitez-vous la création d'une région Savoie ?
CSA 41%  - IFOP 55%
Pense voter pour la ligue 7%
N’exclut pas de voter pour la ligue : 8%

Dimanche 10 mai, 4ième circonscription de  Haute –Savoie, premier tour : Anne-Marie ROSSET (Ligue Savoisienne) 5 voix sur 29’952. (Une à Viry, Une à Vetraz-Monthoux, trois à St Pierre en Faucigny.)

Comment dit-on en Franco-Provencal : "On espère qu’Anne-Marie ROSSET habite Saint Pierre e Faucigny" et "Ils auraient pu s'économiser les sondages."

 

23:50 Publié dans Blog | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : arpitan, politique, savoie |

20/06/2007

La Leçon -2-

medium_ABA.jpg

La leçon

de chose

en un jour. 

Alain Bagnoud

Edition L’Aire

Le héros principal et narrateur est ce petit garçon de sept ans qui arrive, ce jour là, dans le monde des grands mais qui sent bien qu’on ne va pas lui faire toute la palce et tout lui expliquer… pas tout de suite en tout cas. C’est un garçon rêveur, qui confond souvent ses songes et la réalité, qui se prend pour un grand footballeur, un preux chevalier… C’est le propre de l’enfance me direz-vous. Oui mais c’est encore plus l’enfance d’un écrivain.

A part ces rêves éveillés commun à tous les imaginatifs, l’écrivain se construit de plusieurs manières. La mienne est clairement dans la révolte contre un monde trop injuste, révolte sourde et inefficace mais néanmoins viscérale. La manière d’Alain, pardon de son héros, est bien plus modeste, presque effacé. Confronté à l’injustice, à la force, aux puissants, il se dit qu’ils doivent avoir raison, que c’est lui qui ne comprend pas. C’est le cas face au tout puissant Monsieur Richard Mitte de Lucien, l’homme qui a réussi, qui gagne de l’argent, conduit de belles voitures…

Et quand Augustine, la régente, féministe rétrograde (ça existe ?) frustrée de ne plus avoir sa classe de filles (ç’est bien plus sage les filles) essaye de l’humilier pour une faute qu’il n’a pas commise, il se dit que c’est peut-être de sa faute, qu’il doit faire preuve d’humilité devant un adulte. Encore que, plus tard dans la soirée, il aura le courage de rester quand la régente lui demande d’aller jouer pour parler seule à seule à sa mère.

Bien sûr, il y a la part de « littérature », la volonté de se mettre à la place de l’enfant fragile face aux puissances. Volonté de partager les croyances communes et les traditions, fussent-elles rétrogrades, xénophobes. N’empêche que c’est bien réussi puisque j’ai adhéré au respect de l’enfant pour ces fausses valeurs et que j’ai eu envie de lui dire « n’écoute pas, ce sont des balivernes, »

Alain nous décrit un monde disparu, la fin d’une époque de bondieuserie, de superstition mais aussi de solides valeurs morales. Quand je songe qu’il a neuf ans de moins que moi, c’est étonnant qu’il ait pu vivre ces choses. Je crois qu’il faut que j’y revienne... demain peut-être. Encore une fois, j'ai pris bien du plaisir à découvrir ce petit monde.

21:54 Publié dans Lecture | Lien permanent | Commentaires (4) |

19/06/2007

La Leçon -1-

medium_Lecon.jpg.

La leçon

de chose

en un jour 

.

Alain Bagnoud

.

Edition L’Aire

.

Sur les blogs je rencontre des écrivains. Il arrive même que je les rencontre « pour de vrai. » Et bien sûr je suis amené à les lire ce qui est la moindre des choses me direz-vous. C’est ce qui m’est arrivé avec Alain. C’est tout neuf. Cela date du dernier salon du livre de Genève. Pas totalement étonnant quand on sait qu’Alain est prof à Genève.

Mais Alain est aussi Valaisan. Quand j’ai écrit « éclats et pulsations » je n’ai pas arrêté de répondre à la question : « Quelle est la part d’autobiographie ? » C’est la question que tout lecteur à envie de poser à Alain Bagnoud. Je réponds sans le consulter « une part énorme ! » Je ne sais pas trop pourquoi après tout car je le connais à peine. Et pourtant, il me semble ressembler comme deux gouttes d’eau à son jeune héros Aulagnard. Aulagne, Sinerre, des noms inventés mais dont il ne faut pas chercher bien loin l’équivalence.

Raconter son enfance serait, pour un écrivain, presque un exercice de style si, en fait, ce n’était aussi le fond de commerce de toute littérature. Les précédents sont innombrables, des autofictions plus ou moins transposées, l’Aulagne d’Alain est le Combray de Proust, le Macondo de Marquez…  Donc Alain fait dans le classique. Il fait aussi dans l’unité de temps et de lieu comme dans les pièces du Grand Siècle. 290 pages qui couvrent une seule journée, l’anniversaire de notre héros qu’il transforme en une seule leçon de chose.

Je ne me souviens pas où j’ai lu qu’il suffirait d’avoir vécu une seule journée pour pouvoir écrire de nombreux volumes. J’avoue que cette perspective m’avait laissé songeur. Je ne me sens pas trop capable de réussir cet exercice et j’avoue que, quand j’ai commencé le livre d’Alain et compris que tout se déroulerait réellement comme le dit son titre « en un jour », j’étais un peu inquiet. Et bien figurez-vous qu’il fait mieux que tenir la route. Avec ses personnages, Dogane le jeune étranger, pas de chez nous "les propres en ordre", donc à éviter, Milon un peu sorcier, le régent* et surtout Augustine la régente, sévère et bornée, le petit curé et surtout Monsieur Richard Mitte de Lucien, entrepreneur friqué et tout puissant que tous les gens du village semblent révérer, Alain Bagnoud nous captive. Je vous dirai un peu plus demain à quel point j’ai aimé ce roman. 

* Régent - Instituteur en Suisse et aussi dans la Savoie de mon enfance. Il faut reconnaître que cela donne une autre dimension qu’instit même renommé « professeur des écoles »

19:20 Publié dans Lecture | Lien permanent | Commentaires (3) | Tags : Découverte, valais |

18/06/2007

Nymphéas

medium_Pigeon.jpg 

Je voulais parler du livre d’Alain Bagnoud, ce sera pour demain car je ne résiste pas à la vanité de vous montrer mes nénuphars.

 

C'est un peu la crise du logement dans l'étang. J'avais acheté le rose en pensant que le blanc, dont j'avais cassé les rhizomes (trop lourds), en nettoyant l'étang, était foutu. C’était il y a trois ans, mais c’est coriace ces bestioles, le blanc se défend bien maintenant et il a repris ses jolies feuilles de nymphéas. Les nymphéas chers (oui le nymphéa est masculin) à Monet sont des nénuphars blancs avec ces feuilles marbrées que l'on voit  à gauche. On constate que fleurs et feuilles sont impossibles à démêler. Il faudra attendre l'hiver pour faire le tri mais je n'aurais pas le coeur de choisir. 

Cliquer pour le détail.

23:20 Publié dans Blog | Lien permanent | Commentaires (3) |

17/06/2007

Ergotisme et LSD

medium_lsd2.jpgLa maladie des ardents ou ergotisme est en fait une intoxication à l’ergot de seigle.

On a vu dans le note précédente qu'elle sévissait déjà en l’an de grâce 945... La dernière épidémie a eu lieu à Pont Saint Esprit dans le Gard, en plein vingtième siècle

Le seigle est une céréale rustique qui pousse sous des climats froids. Les populations souvent mal nourries cultivaient du seigle et étaient amenées à consommer des graines attaquées par l’ergot. Ils absorbaient des doses massives de LSD. C’est en effet en étudiant ce champignon que le chimiste suisse Albert Hofmann découvre le LSD, nommé aussi LSD-25 car c’était le 25e dérivé de l'ergot de seigle qu'il étudiait.

Mais est-ce que les possédées de Morzine souffraient de l’absorption d’ergot de seigle ?

Petite commune plutôt pauvre presque coupée du monde au XIXe siècle, dans une étroite vallée de Haute-Savoie , Morzine est le théâtre d'une étrange « épidémie » se déclarant au printemps 1857.

La première malade fut une petite fille, qui en sortant de l’église, vit retirer de la rivière une autre fillette qui avait failli se noyer. Cet événement l’impressionna beaucoup, mais elle se rendit néanmoins à l’école. Mais au bout d’un moment, elle tomba comme morte sur son banc. Par la suite, elle éprouva plusieurs fois la même chose à quelques jours d’intervalle. Deux mois plus tard, le mal se communiqua à l’une de ses amies. Puis, les jours suivants, les crises des deux petites devinrent plus fréquentes et leur début fut marqué par des hallucinations.
 
Plus tard, les deux fillettes furent prises d’accès convulsifs et elles, que l’on disait autrefois si douces, proféraient des blasphèmes et lançaient des imprécations contre leurs parents. Le mal gagna les frères et sœurs de ces deux enfants, puis s’attaqua à d’autres enfants de la commune qui furent en proie à des crises convulsives, à des phénomènes de somnambulisme et parfois de mutisme.

La population pense alors que les convulsionnaires sont des possédés du démon.

Pendant quelques années, la maladie persiste à l’état endémique. Les nombre de malades atteint 120 en 1861, en majorité des femmes victimes de crises répétées, au cours desquelles elles semblent possédées, frappant, hurlant et proférant insultes et blasphèmes. et l’on tente de l’enrayer par l’envoie d’un détachement d’infanterie et en implantant à Morzine une brigade de gendarmerie.

En 1863, le calme semble revenu, le poste de gendarmerie est retiré. Cependant, tout n’était pas fini. Début mai 1865, des dizaines de femmes furent prises de convulsions et se mirent à vociférer. Convaincue de l'origine surnaturelle du mal, la population appelle de ses vœux des cérémonies d'exorcisme, et traque comme hérétiques ceux qui gardent leur sang-froid...

Hystérie collective ? Maladie mentale ? Sorcellerie ? Possession démoniaque ? Toutes les hypothèses sont défendues y compris celle de l’ergot de seigle.

12:55 Publié dans hallucinant | Lien permanent | Commentaires (5) | Tags : sorcellerie, possedees |