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20/06/2007

La Leçon -2-

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La leçon

de chose

en un jour. 

Alain Bagnoud

Edition L’Aire

Le héros principal et narrateur est ce petit garçon de sept ans qui arrive, ce jour là, dans le monde des grands mais qui sent bien qu’on ne va pas lui faire toute la palce et tout lui expliquer… pas tout de suite en tout cas. C’est un garçon rêveur, qui confond souvent ses songes et la réalité, qui se prend pour un grand footballeur, un preux chevalier… C’est le propre de l’enfance me direz-vous. Oui mais c’est encore plus l’enfance d’un écrivain.

A part ces rêves éveillés commun à tous les imaginatifs, l’écrivain se construit de plusieurs manières. La mienne est clairement dans la révolte contre un monde trop injuste, révolte sourde et inefficace mais néanmoins viscérale. La manière d’Alain, pardon de son héros, est bien plus modeste, presque effacé. Confronté à l’injustice, à la force, aux puissants, il se dit qu’ils doivent avoir raison, que c’est lui qui ne comprend pas. C’est le cas face au tout puissant Monsieur Richard Mitte de Lucien, l’homme qui a réussi, qui gagne de l’argent, conduit de belles voitures…

Et quand Augustine, la régente, féministe rétrograde (ça existe ?) frustrée de ne plus avoir sa classe de filles (ç’est bien plus sage les filles) essaye de l’humilier pour une faute qu’il n’a pas commise, il se dit que c’est peut-être de sa faute, qu’il doit faire preuve d’humilité devant un adulte. Encore que, plus tard dans la soirée, il aura le courage de rester quand la régente lui demande d’aller jouer pour parler seule à seule à sa mère.

Bien sûr, il y a la part de « littérature », la volonté de se mettre à la place de l’enfant fragile face aux puissances. Volonté de partager les croyances communes et les traditions, fussent-elles rétrogrades, xénophobes. N’empêche que c’est bien réussi puisque j’ai adhéré au respect de l’enfant pour ces fausses valeurs et que j’ai eu envie de lui dire « n’écoute pas, ce sont des balivernes, »

Alain nous décrit un monde disparu, la fin d’une époque de bondieuserie, de superstition mais aussi de solides valeurs morales. Quand je songe qu’il a neuf ans de moins que moi, c’est étonnant qu’il ait pu vivre ces choses. Je crois qu’il faut que j’y revienne... demain peut-être. Encore une fois, j'ai pris bien du plaisir à découvrir ce petit monde.

21:54 Publié dans Lecture | Lien permanent | Commentaires (4) |

Commentaires

J'en ai eu aussi à l'écrire. Merci.

Écrit par : alain bagnoud | 21/06/2007

Il est délicat d'écrire sur un monde disparu, parfois, quelques branches subsistent...voir cet article :
http://tf1.lci.fr/infos/france/justice/0,,3473527,00-ils-avaient-frappe-ecrivain-dont-ils-aimaient-pas-roman-.html

Écrit par : Balein | 21/06/2007

Balein, merci pour le lien. J'en ai entendu parlé ce matin. J'ai lu un bouquin de Jouve, "une littérature sans estomac" que j'avais trouvé superbe dans la critique.

Alain, qu'en pense les habitants d'Aulagne?

Écrit par : Joël | 21/06/2007

"N'écoute pas ce sont de balivernes"... Le discours tenu aux enfants n'a pas beaucoup changé aujourd'hui. Comme de ces choses parfois bien plus laides qu'on a subies avec horreur et qu'on reproduit à l'âge adulte. Je me souviens d'une grand-mère il y a peu et qui ayant croisé son petit-fils lui balançait avec une écoeurante insistance les lieux-communs des bonnes manières. Il n'avait rien fait le pauvre. Rien. Et toute cette violence du conformisme ramassé en pleine poire. "Faut bien travailler, en travaillant on arrive, l'école c'est important....." Il n'avait rien demandé le pauvre. Il a fondu en larmes. Tout à coup. Mais réellement à bout de résistance. Comme je l'ai compris ce petit. Quel élan de compassion ! J'aurais voulu me cacher au prochain virage pour le tirer hors du sentier battu et le lui dire. "N'écoute pas ce sont de balivernes." Lui donner l'accolade et tenter de lui montrer la lueur du soleil là-bas dans le nébuleux de l'avenir.
Bien sûr je ne l'ai pas fait.

Écrit par : libou | 25/06/2007

Les commentaires sont fermés.