17/06/2007
Ergotisme et LSD
La maladie des ardents ou ergotisme est en fait une intoxication à l’ergot de seigle.
On a vu dans le note précédente qu'elle sévissait déjà en l’an de grâce 945... La dernière épidémie a eu lieu à Pont Saint Esprit dans le Gard, en plein vingtième siècle
Le seigle est une céréale rustique qui pousse sous des climats froids. Les populations souvent mal nourries cultivaient du seigle et étaient amenées à consommer des graines attaquées par l’ergot. Ils absorbaient des doses massives de LSD. C’est en effet en étudiant ce champignon que le chimiste suisse Albert Hofmann découvre le LSD, nommé aussi LSD-25 car c’était le 25e dérivé de l'ergot de seigle qu'il étudiait.
Mais est-ce que les possédées de Morzine souffraient de l’absorption d’ergot de seigle ?
Petite commune plutôt pauvre presque coupée du monde au XIXe siècle, dans une étroite vallée de Haute-Savoie , Morzine est le théâtre d'une étrange « épidémie » se déclarant au printemps 1857.
La première malade fut une petite fille, qui en sortant de l’église, vit retirer de la rivière une autre fillette qui avait failli se noyer. Cet événement l’impressionna beaucoup, mais elle se rendit néanmoins à l’école. Mais au bout d’un moment, elle tomba comme morte sur son banc. Par la suite, elle éprouva plusieurs fois la même chose à quelques jours d’intervalle. Deux mois plus tard, le mal se communiqua à l’une de ses amies. Puis, les jours suivants, les crises des deux petites devinrent plus fréquentes et leur début fut marqué par des hallucinations.
Plus tard, les deux fillettes furent prises d’accès convulsifs et elles, que l’on disait autrefois si douces, proféraient des blasphèmes et lançaient des imprécations contre leurs parents. Le mal gagna les frères et sœurs de ces deux enfants, puis s’attaqua à d’autres enfants de la commune qui furent en proie à des crises convulsives, à des phénomènes de somnambulisme et parfois de mutisme.
La population pense alors que les convulsionnaires sont des possédés du démon.
Pendant quelques années, la maladie persiste à l’état endémique. Les nombre de malades atteint 120 en 1861, en majorité des femmes victimes de crises répétées, au cours desquelles elles semblent possédées, frappant, hurlant et proférant insultes et blasphèmes. et l’on tente de l’enrayer par l’envoie d’un détachement d’infanterie et en implantant à Morzine une brigade de gendarmerie.
En 1863, le calme semble revenu, le poste de gendarmerie est retiré. Cependant, tout n’était pas fini. Début mai 1865, des dizaines de femmes furent prises de convulsions et se mirent à vociférer. Convaincue de l'origine surnaturelle du mal, la population appelle de ses vœux des cérémonies d'exorcisme, et traque comme hérétiques ceux qui gardent leur sang-froid...
Hystérie collective ? Maladie mentale ? Sorcellerie ? Possession démoniaque ? Toutes les hypothèses sont défendues y compris celle de l’ergot de seigle.
12:55 Publié dans hallucinant | Lien permanent | Commentaires (5) | Tags : sorcellerie, possedees |
Commentaires
Pas de réponse pour Morzine donc ?
Parfois, là-haut, il y a encore des possédées, à Avoriaz par exemple, tard dans la nuit, sous les lumières de la piste... J'en ai connues.
Écrit par : JPaul | 18/06/2007
Cher Monsieur Ce fut un plaisir de vous lire, pas seulement pour Morzine. Je n'ai, quant à moi, aucun doute sur l'étiologie de l'ergot dans les possesions de Morzine. C'est en recherchant l'existence de la culture de seigle des marais dans la région de Morzine que je suis tombé sur votre blog, et que je me sens moins seul. Auriez-vous des lumières sur ce point d'agriculture du 19° siècle? Merci d'avance et bien cordialemant. A.K.
Écrit par : dr.arthur kriegel | 31/08/2007
Avant de poster cette note, j’étais convaincu que l’ergot de seigle était la cause de l’épidémie de Morzine. Puis j’ai trouvé quelques pages sur le Web et j’ai commencé à avoir des doutes, essentiellement dus au fait qu'un grand nombre de « possédés » étaient des femmes. Il m’a aussi semblé que la description des symptômes étaient différente de ce que j’avais lu sur la maladie des ardents.
Ceci dit, je ne suis qu’un fouineur de toile aux intérêts multiples et je ne connais pas grand-chose à tous ces sujets que j’aborde avec une curiosité avide et même une curieuse avidité. Je suis prêt à me cultiver sur la culture du seigle des marais dans les vallées alpines au XIX ième mais pour l’instant je crains que le sujet soit un peu neuf pour moi :-) La seule chose que j’ai cru comprendre c’est que le blé ne pousse pas très bien à ces altitudes et sous ces latitudes alors que le seigle est plus résistant sauf bien sûr lorsqu’il monte sur ses ergots.
Ce blog ne reculant devant aucun sujet cultivant, culturel et même culturactif comme on dit à la TSR, je publierais volontiers toute note que vous souhaiteriez me soumetttre sur ce sujet ou un autre.
Écrit par : Joël | 31/08/2007
Effectivement je ne suis pas certain du tout que ces cas de possession - comme on en trouve des centaines dans les campagnes française du très bigot XIXème siècle- soient liés à l'ergot de seigle pour la bonne et simple raison que cette "maladie" était le plus souvent mortelle et assez foudroyante. Que des femmes aient eu des symptone approchant pendant des anées sans en mourrir semble disqualifier la piste de l'ergot. Sinon pur information, je viens de publier une petite histoire du LSD qui ne remonte pas jusqu'aux feux de Saint Antoine (le nom de l'intoxication à l'ergot de seigle que moyen âge) mais qui devrait vous intéresser: http://www.factsonlyagency.com/article-12274824.html
Écrit par : Roquettesyntaxe | 24/09/2007
Pourquoi signer comme ça?
Écrit par : Joël | 24/09/2007
Les commentaires sont fermés.