21/05/2007
Eoliennes
Samedi au îles éoliennes. Après avoir fait, il y a deux ans, le tour de la Sicile, j'ai passé une journée sur les îles éoliennes, Lipari et Stromboli, grâce à de généreux mécènes. Pas le courage d'écrire un texte. Je vous renvoie donc au voyage de Maupassant en Sicile. Je vous avais parlé des catacombes des capucins à Palerme. Voici donc les îles Lipari par le même :
Je reviens lentement, essoufflé, haletant, suffoqué par l'haleine irrespirable du volcan ; et bientôt, remonté au sommet du cône, j'aperçois toutes les Lipari égrenées sur les flots.
Là-bas, en face, se dresse le Stromboli ; tandis que, derrière moi, l'Etna gigantesque semble regarder au loin ses enfants et ses petits-enfants.
De la barque, en revenant, j'avais découvert une île cachée derrière Lipari. Le batelier la nomma : «Salina». C'est sur elle qu'on récolte le vin de Malvoisie.
Je voulus boire à sa source même une bouteille de ce vin fameux. On dirait du sirop de soufre. C'est bien le vin des volcans, épais, sucré, doré et tellement soufré, que le goût vous en reste au palais jusqu'au soir : le vin du diable.
Le sale vapeur qui m'a amené me remmène. D'abord, je regarde le Stromboli, montagne ronde et haute, dont la tête fume et dont le pied s'enfonce dans la mer. Ce n'est rien qu'un cône énorme qui sort de l'eau. Sur ses flancs, on distingue quelques maisons accrochées comme des coquilles marines au dos d'un rocher. Puis mes yeux se tournent vers la Sicile, où je reviens, et ils ne peuvent plus se détacher de l'Etna accroupi sur elle, l'écrasant de son poids formidable, monstrueux, et dominant de sa tète couverte de neige toutes les autres montagnes de l'île.
Elles ont l'air de naines, ces grandes montagnes, au-dessous de lui ; et lui-même il semble bas, tant il est large et pesant. Pour comprendre les dimensions de ce lourd géant, il faut le voir de la pleine mer.
A gauche, se montrent les rives montueuses de la Calabre, et le détroit de Messine s'ouvre comme l'embouchure d'un fleuve. On y pénètre pour entrer bientôt dans le port.
La ville n'a rien d'intéressant. On prend, dès le jour même, le chemin de fer pour Catane. Il suit une côte admirable, contourne des golfes bizarres que peuplent, au fond des baies, au bord des sables, de petits villages blancs. Voici Taormine.
23:40 Publié dans Géographie | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : Vulcano, panarea, alicudi, salina, filicudi |
20/05/2007
Jack poète
.
Quelques vers
de
Jack Rollan
cités
en commentaire
par JLK
.
C’est affreux de penser à vous
sachant qu’il faut y renoncer
puisque ma vie arrive au bout
alors que vous la commencez
...
C’est affreux de penser à vous
mais plus affreux est de penser
que j’aurais pu mourir sans vous
avoir vue un instant passer.
______________________
Je t’aurais fait l’amour
en écoutant Ravel
à genoux, sans bouger,
comme on fait sa prière
_____________________
Je n’aime pas mon cœur
tabernacle d’un culte
où mon enfance en pleurs
déteste cet adulte
qui rate son bonheur.
...
Je ne supporte pas
le bruit de cette rue,
où je m’endors tout seul
où je m’endors sans toi
je ne supporte pas
mon drap de toile écrue
qui me fait un linceul
puisque j’y dors sans toi…
21:15 Publié dans Jack Rollan | Lien permanent | Commentaires (1) |
Encore Lucien
Après les Excentriques Stratégies de Parade de Dieppe, Lucien Mermet-Bouvier met en scène de petites utopies réalistes. Il présente au Château de Clermont une série de travaux récents. Voyageur burlesque à Paris, New York, Moscou, Genève mais aussi Annecy, Chambéry ou Albertville, l’artiste en rapporte une vision décalée. Mis en scènes avec personnages et accessoires, ses clichés stigmatisent avec humour nos paradoxes. La distance critique n’est pas loin : ses photographies sont également une manière de révéler nos conformismes. Et ses pérégrinations à travers le monde semblent bien être le meilleur moyen de faire au bout du compte un « certain portrait » des Savoie…
...
et ce n'est pas tout Lucien expose aussi à Annecy le Vieux du 16 juin au 30 septembre...
Voilà où mène une retraite mal maitrisée!
02:05 Publié dans Blog | Lien permanent | Commentaires (0) |
18/05/2007
Libération
Vingt-cinq ans...
Je revois la couleur du ciel au-dessus de Genève. La forme des arbres au bout de la rue de Carouge. Sous le soleil de ce printemps là, la nouvelle envahissait doucement la ville. En début d'après-midi, peu de gens avaient entendu la radio. Joyeuse et peu précise, la voix de ma mère téléphonant de Lausanne, sans dire bonjour :« Voilà, voilà, ça y est !»... - Allô, quoi ? qu'est-ce que tu... « Mais oui ! Ça y ,st ! C'est fini !»... - Mais qu'est-ce qui est fini, Maman !... « La guerre, mon chéri ! La guerre est finie !... »
Et ce besoin physique de le dire, immédiatement, moi aussi à quelqu'un là tout de suite sans raccrocher - dans ce téléphone encore chaud. A qui ? je ne sais plus très bien car j'ai fait le premier numéro qui me venait au coeur, mais ce devait être celui des Lauriac puisque ma mémoire â cet endroit résonne du grand rire de Rirette, ma sœur perdue.
Et puis sortir, voir, toucher des hommes, embrasser des femmes, plonger dans la foule des braves gens, partager ! ah oui ! partager cette joie qui s'est allumée dans mes tripes et qui monte à ma gorge comme un premier amour.
Dans les rues, la nouvelle gagne les passants, ouvre des boutiques, arrête un couple, rattrape un tram, sort de la pharmacie, me bouscule, disparaît dans une allée, monte dans les étages, saute du 5e, ne rejoint aux Bastions, me devance à la Corraterie, déboule dans les Rues Basses, voilà, voilà, ça y est, la guerre est finie, à bas les Boches, vive la France, le Molard sort ses drapeaux, la foule arrive Je partout sans savoir où elle va, revient sur ses pas, cherche à ~avoir ou ça va se passer...
Car enfin il faudrait bien que quelque chose se passe, n'est-ce pas, puisqu'on est tous venu pour ça !
Alors ça va se passer partout, la rue est à nous, les fenêtres pavoisent, des types se mettent à jouer de l'accordéon sur le trottoir, de bar en bistrot des bandes d'amis s'improvisent, trinquent, s'embrassent, font « Schmolitz » et repartent à la recherche d'autres amis. Ça va durer toute la nuit - dans ce grand délire des hommes qui boivent pour se jurer que le monde va devenir meilleur...
Toute la nuit, nous avons bu au bonheur de la France, à la grandeur de l'Amérique, au courage des Anglais, à l'héroïsme des Russes. Nous avons arrosé l'Europe future, inondé l'Humanité de demain, noyé la Victoire du Bien sur le Mal.
Délivrée du nazisme, la Terre des Hommes de bonne volonté allait connaître enfin la Paix, la justice, le Bonheur !
Nous avons bu toute la nuit - jusqu'au matin radieux de ce nouveau printemps qui se levait sur un monde fraternel.
Il y a vingt-cinq ans.
Nous avons bu toute la nuit.
Mais c'est aujourd'hui que j'ai la gueule de bois...
Jack Rollan - Bonjour publié dans "La Suisse" 9 mai 1970
11:15 Publié dans Textes | Lien permanent | Commentaires (2) |
17/05/2007
Pub Lucien
Lucien Mermet-Bouvier expose à Dieppe.
10:00 Publié dans Blog | Lien permanent | Commentaires (0) |
16/05/2007
Jack Rollan
En écoutant la RSR1 dimanche dernier j’ai appris que Jack Rollan avait avalé son bulletin de naissance. Des souvenirs me sont remontés en mémoire de l’époque où je restais cinq minutes sur le parking de l’entreprise à écouter l’éditorial de Jean-François Kahn sur Europe1, après le journal d’Olivier de Rincquesen, et où le défunt journal La Suisse publiait chaque matin le Bonjour de Jack.
Europe1 et Kahn, c’était vers 8 heures 15 et le billet du journal c’était à la pause café. Deux moments qui rythmaient et enrichissait la matinée du programmeur que j’étais. Dimanche donc, arrivé à la maison, j’ai retrouvé le recueil des Bonjours de Jack et je ne manquerai pas de vous en publier quelques uns ici, dès que Neuf daignera me remettre en route cette foutue connexion.
Jack Rollan, né Louis Plomb, en 1916 est donc mort le 3 mai. C’était un animateur de radio, un chansonnier et un chroniqueur. C’est dans ce dernier rôle que je l’ai particulièrement apprécié. Jack avait aussi lancé la Chaine du Bonheur, cette organisation de solidarité si typiquement suisse par son aspect multiple, généreux, pratique et efficace.
Dans ses billets, Jack savait être caustique, humain, hors des sentiers battus, sale caractère, un brin anarchiste, tout cela avec une plume riche et exigeante. Bref, parmi les articles du feu journal « La Suisse » en général conventionnels, axés sur le fait divers, le sport et une politique suisse un brin ennuyeuse, les Bonjours prenaient un joli relief. J’espère vous avoir mis l’eau à la bouche. A suivre...
14:35 Publié dans Jack Rollan | Lien permanent | Commentaires (4) | Tags : Genève, chronique, journaliste |
Accès
Changement de fournisseur internet : Passage de Cegetel à Neuf. Plus de téléphone... Pas d'info sur ce qui se passe. Long temps d'attente... Bref l'habituelle publicité mensongère... J'en reparlerai.
10:45 Publié dans Blog | Lien permanent | Commentaires (0) |