25/09/2005
Catacombes
Décidément,
les blogs mènent
à tout...
même dans les catacombes. On le sais, je suis un adepte du garde-mots qui vient de se faire repérer par David Abiker dans sa chronique du matin de France-Inter sur les blogs
Deux ou trois jours avant que je ne parte en Sicile, on y parlait de Catabase. Alain donnait un pointeur sur le voyage de Maupassant dans les catacombes des Capucins de Palerme à la fin du dix-neuvième. Il fallait donc impérativement qu'au début du vingt et unième je leur rende une petite visite . Dans le parcours du combattant du touriste avide de se cultiver, ce n’était pas facile à caser, j’y reviendrai.
Nous voilà donc, pour trois euros versés au capucin de service, par un après-midi ensoleillé entrés dans cet étonnant cimetière souterrain. On descend des escaliers, on traverse une vaste pièce et on se trouve dans un grand couloir bordé de squelettes. Certains sont couchés, mais le plus grand nombre est debout contre les deux murs. Ils sont habillés d’étranges accoutrements dont on se demande s’il étaient ceux de leur ensevelissement où si on les en a revêtu a posteriori. Certains crânes sont entiers avec toutes leur dents ou presque, d’autre ont des mâchoires déformées, des os temporaux brisés. Il leur reste parfois des chevelures entières, des moitiés de moustaches, quelques lambeaux de chair séchés comme de la viande de Grison, …
Dans un premier temps on est impressionné, ému, puis très vite on s’habitue. On finit par déambuler presque guillerets en déchiffrant les rares étiquettes qui pour les plus chanceux donne un nom, une date. On comprend que Maupassant qui était contemporain de ces squelettes ait pu être frappé. Soudain on passe devant les enfants, l’émotion reprend le dessus, il ne reste presque rien de ces petits squelettes habillés on l’imagine par leur mère. Puis on continue, et on découvre les catégories : uomini, donne, professionisti, prete… On est un peu déçu de ce classement, on aimerait que tous restent ensemble, tous ridicules dans leurs tuniques sans âge, même si on ne peut s’empêcher de chercher, comme le signale le Routard, il « gigante » sur le mur droit du couloir des hommes et la « baby girl » parfaitement conservée, Rosalia Lombardo morte en 1920 et dont le secret de l’embaumement du docteur Solafia est enfoui dans sa tombe. Tant mieux.
Je veux un instant oublier le Routard et ses explications, la petite Rosalia, le gigante et toute la superstition dont sont capables les siciliens, pour un dernier parcours dans les couloirs et un retour à ma méditation sur le thème « Vanitas vanitatum, et omnia vanitas » qui est, je veux le croire, la seule raison pour laquelle les capucins ont depuis plus de cent ans laissé visiter ce lieu étonnant.
Tant pis pour l'église où ont eu lieu les vêpres siciliennes.
10:05 Publié dans Géographie | Lien permanent | Commentaires (4) | Tags : Ecriture |
Commentaires
Je n'irai pas voir ca. Jamais.
Écrit par : Atitof | 25/09/2005
Je suis ravi de t'avoir inspiré cette expérience, beaucoup moins effrayante qu'on ne croit.
Addendum à mon commentaire:
http://legardemots.tooblog.fr/?2005/09/07/352-catabase#c1565
A bientôt.
Écrit par : Le garde-mots | 25/09/2005
Alors comme ça, on veille jusqu'a trois heures du mat', confortablement calé devant ton ordinateur...
A quand une chronique d'Abiker sur le joueb ?
Bises.
Écrit par : Xavier | 27/09/2005
En fait c'était Cribas à 3 heures du mat, je n'ai fait que faire la remarque à 5 heures:
http://legardemots.tooblog.fr/?2005/07/01/154-le-satire-larigot#c950
Écrit par : joël | 27/09/2005
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