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27/09/2007

Les Hussards

43ff4b17e8eebb740f195b11fd8feada.jpgRoger Nimier, le papa tôt disparu de Marie Nimier, était un écrivain qui s’est trouvé au centre d’un mouvement littéraire dont presque tous ses membres refusèrent l’étiquette : Les Hussards. Mouvement nommé par Bernard Franck, chroniqueur littéraire à l’Obs, mort en 2006, dont l'article hebdomadaire avait le don de m’irriter. Roger Nimer avait publié un roman intitulé le « Hussard bleu ».

Les hussards étaient tous des écrivains de droite dont certain comme Nimier ou Antoine Blondin étaient royalistes, voire anarchistes. Ils ont souvent écrits dans Cahiers de la Table ronde et ils s’opposaient aux existentialistes dont l’instigateur était Sartre et la revue Les Temps Modernes. C’est bien entendu de tout cela dont parle en filigrane Marie qui dit avoir eu un peu de peine en mai 68 à assumer la filiation. Elle dit pourtant qu’elle a de grands souvenirs quand elle allait avec papa chez l’ogre de Meudon : Céline Ferdinand. Je peux imaginer.

Le prix Roger Nimier récompense un jeune (hum, Cioran en 77, Frank en 81) auteur dont l'esprit s'inscrit dans la lignée de l'oeuvre littéraire de Roger Nimier.  Lire aussi l'article de Pierre Assouline: Grand style et Abjection de la droite littéraire.
 Biographies de Nimier. Excusez du peu :

• Marcel Aymé, Roger Nimier, Paris, « Livres de France », février 1967.
• Yves Berger, Roger Nimier, dans Écrivains d’aujourd’hui, Paris, Grasset.
• Antoine Blondin, André Fraigneau, Roger Nimier,
• Pierre Boutang, Les Abeilles de Delphes, Paris, La Table ronde.
• Jacques Chardonne, Lettres à Roger Nimier, Paris, Grasset.
• Marc Dambre, Roger Nimier, Hussard du demi-siècle, Flammarion, 1989.
• Olivier Frébourg, Roger Nimier, trafiquant d'insolence, Les Editions du Rocher, 1989.
• Alain Sanders, Roger Nimier : hussard bleu et talon rouge, Éditions de Paris 2006.
• Christian Millau, Au galop des Hussards , Paris, Fallois, janvier 1999 

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26/09/2007

Reine du Silence

306d69545fc5203a6a1ca8cd16ca0382.jpg Dans le cimetière de Saint-Brieuc où repose Roger Nimier, il y a la tombe de Louis Guilloux et celle du père de Camus, dixit Marie Nimier. Il semble que Marie n’ait pas lu Le Premier Homme, le livre publié quelques années après la mort de Camus sinon elle en aurait inévitablement parlé.

Le sujet des deux romans, l’absence du père, est ce qui m’a le plus touché dans le livre de Marie. Je n’ai pas arrêté, à la lecture, de faire des comparaisons. Ce permis, que Marie rate régulièrement, m’a fait pensé à ce problème que j’ai toujours eu avec la mécanique et les bagnoles en générale. Un extrait sur ce sujet :    

« Nombreux sont les écrivains qui ont vu mourir leur père alors qu'ils étaient enfants. Cette perte prématurée serait-elle une petite machine à fabriquer, alternativement, de l'écri­ture et du silence ? De l'écriture, dans un pre­mier temps, pour combler le vide, puis du silence pour se faire pardonner d'avoir volé la parole paternelle, de s'en être emparé ? Tant que les écrits restent confidentiels, on s'arrange, mais dès que l'on atteint un certain degré de notoriété, les choses se compliquent. L'atten­tion que l'on te porte n'est-elle pas usurpée ? Qui es-tu pour mériter de tels éloges ? Il faudrait établir la liste de tous ces écrivains sans père. De ces écrivains qui se retirent, se mettent à l'écart, et voir s'il y a une corrélation. Mais est-il encore écrivain, celui qui n'écrit plus.

Est-il encore romancier, celui qui n'écrit plus de romans ? La réponse est évidente. On a pu lire des livres entiers sur le sujet, des livres merveilleux sur le renoncement littéraire qui serait, pour certains, le suprême aboutissement de leur carrière artis­tique. Bien entendu, il reste écrivain, le lecteur »

24/09/2007

Bolduc

6e234339b576723f3700933cebeef3e1.jpg Savez-vous ce qu’est un bolduc ?

 

 

C’est un ruban fin de couleur vive qui sert à ficeler et à décorer les paquets ou les bouquets.

La fabrication du bolduc requiert un certain coup de main surtout pour coller la petite étiquette dorée  comme cette fleuriste du cimetière de Saint Brieux dont parle Marie Nimier dans la Reine du Silence. Le bolduc vient de Bois-le-Duc une ville du Brabant septentrional en Hollande où l’on fabriquait ces rubans.

  

 

« …tu prends le ruban à la base, tu le coinces entre la lame d'un couteau et le plat du pouce et tu tires en remontant, plus le geste est vif, plus la frisure est moussue, et enroulée serré lorsque le geste est lent, elle sait tout ça sur le bout des doigts, la fleuriste, elle sait que très vite dans la poubelle sa belle construction, comme les pâtissiers leurs décorations en pâte d'amande sur la bûche de Noël dans l'estomac avec la farce, pêle-mêle, les huîtres et le chapon, mais peu lui importe. Elle aime le travail bien fait, il n'y a que cela qui compte pour elle : la beauté du geste, le plaisir de l'instant. Tu auras beau agiter la main en signe de dénégation (c'est pour en face, vous savez, tous ces efforts, est-ce bien la peine ?), elle ne t'écoutera pas, ne te regardera pas, continuera à passer la lame de ses ciseaux contre le ruban doré jusqu'à ce qu'il dégouline en anglaises sur le papier de Cellophane. Sa bou­tique est à son image. Les fleurs artificielles, les plaques gravées, les couronnes mortuaires, oui, tout est disposé gaiement, avec des anges en terre cuite qui volettent à différentes hauteurs, des bougies parfumées et la radio qui égrène les actualités : terrible accident de la route en ce premier jour du week-end… »

Ce n'est pas un hasard si la radio du fleuriste parle de terrible accident. Marie a perdu son père dans un terrible accident. Il s'appelait Roger Nimier. Il était jeune, écrivain comme Marie, bourré de talent et aussi royaliste et provocateur.

21:19 Publié dans Lecture | Lien permanent | Commentaires (0) |

23/09/2007

Drague

88671f9d1efd0efb8577cbc8805a0902.jpgL'histoire:

Etienne, le narrateur, pantalon à grosses côtes et sac au dos, n'hésite pas à se sacrifier pour suivre le pèlerinage qui, de Vézelay à Compostelle, perpétue selon lui l'archaïsme de la pensée et la soumission au destin. Appuyé à son bâton de pèlerin, Etienne a plus d'un tour dans sa besace pour approcher au plus près les corps croyants de cette vaste communauté en marche. Le constat est hilarant : la chair est faible, on s'en doutait, mais elle est tout sauf triste...

Commentaire :

Les trois religions révélées donnent au péché de chair une grande importance. A la lecture de ce livre on ne peut que penser que c’est pour ajouter le maximum de piquant à la transgression érotique. Ces catholiques craquantes sont merveilleusement croquées par Etienne Liebig qui ne prend pas de bouillon pour nous mettre en valeur leur plus beaux Callibistrys confrontés au chibre du narrateur. Ce roman sans prétention est un roman athée, bouffeur du curé et pisseur dans le bénitier, paillard, jouisseur et jouissif. J’ai pas mal ri surtout au début. On fatigue un peu au bout d’un moment mais le souffle reprend ça et là au gré de scènes érotiques croustillantes.

Si vous êtes croyants et bien-pensants laissez tomber, ça sent le souffre et la queue de diable à dix lieues.

Etienne Liebig a aussi commis : Comment draguer la militante dans les réunions politiques

07:45 Publié dans Lecture | Lien permanent | Commentaires (4) |

21/09/2007

Rires forcés

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Ce matin, je me suis réveillé avec cette stupide phrase en tête:

"Quand un gendarme rit dans la gendarmerie, tous les gendarmes rient dans la gendarmerie."

Alors jai enchainé...
les potes rient, les fromages rient, les niaises rient, les connes rient,
les berges rient, les vaches rient, les sous rient et les sourds rient,
les poux rient, les aras qui rient, les potes rient, les fromages rient,
les canards rient, les verres rient, les bouches rient, les crèmes rient,
...
Par chance j'ai prêté mon dictionnaire de rimes. Si le coeur vous en dit ajoutez quelques ânes rient en commetaire.  

09:25 Publié dans Blog | Lien permanent | Commentaires (10) |

19/09/2007

Hommage Posthume

b2f9ed5b1cb307e7b17994e8d70b7d25.jpg"Françoise Giroud, de son vrai nom France Gourdji, fut un prof de piano qui tenta de se faire passer pour concertiste. Elle fut script-girl, jamais script-lady. Dent de fer, mâchoire de caoutchouc : croyant mordre, elle couinait. Elle voulut se faire craindre et respecter ; elle fut crainte, puis tolérée. Elle mourut dans un tintamarre d'éloges, avant de couler à pic.

On retiendra d'elle quelques vacheries de chansonniers : « On ne tire pas sur une ambulance », « Combien coûte un ticket de métro ? » ; et un aphorisme pour sujet du bac : « Le problème des femmes sera résolu le jour où l'on verra une femme médiocre à un poste important ». Postulat se retournant contre son auteur, nommée Secrétaire d'État à la Condition féminine, puis à la Culture. Ce dont elle se vengera dans de petits livres aigres, plats et inélégants, où elle laissa le plus clair d'elle-même."

Stéphane HOFFMann

On disait qu'elle avait "une plume". Elle a pondu le roman "Mon très cher amour", un des plus mauvais livre que j'ai jamais lu. Comme le signale le garde-mots elle a aussi écrit ça mis en musique par Lou Gasté le mari de Line.

LE PETIT CHAPERON ROUGE
Paroles: Françoise Giroud, musique: Louis Gasté, 1944

Le petit chaperon rouge
Trottinait dans les grands bois
Quand soudain une ombre bouge
C'est un loup, un gros loup à l'oeil sournois
Qui se dit en voyant la gamine
J'ai besoin de vitamines
Je vais faire un bon petit repas froid

REFRAIN:
Tire, tire, tire la chevillette
Tire et la bobinette cherra

Où allez-vous donc fillette?
Lui demande le loup gourmand
Je vais porter une galette
Et un petit pot de beurre à ma mère grand
Qui habite cette maisonnette.
Allez vite mignonnette
Et merci, merci pour le renseignement
REFRAIN
Tandis qu'elle cueille des noisettes
Il court vite chez la mère grand
Et d'un seul coup de fourchette
Il avale presque toute la bonne maman
Pour la fête se fait une vinaigrette
Met chemise, bonnet, lunettes
Puis se couche dans le lit en ricanant
REFRAIN
Toc, toc, toc, vient la pauvrette
Qui annonce à sa mère grand:
Je vous apporte une galette
Et du beurre que vous envoie ma maman
Ouvrez vite à votre mignonnette.
De sa voix la plus fluette
Le loup crie, imitant la bonne maman
REFRAIN
Elle entra dans la chaumière
S'écria en la voyant
Que vos bras sont longs grand-mère
C'est pour mieux, mieux t'embrasser mon enfant
Que vos yeux, vos oreilles, vos molaires
Ont grandi bonne grand-mère
C'est pour mieux te manger mon enfant
REFRAIN
Mais le petit chaperon pas bête
Se rappelant la fin de l'histoire
Prit une grosse clé à molette
Et lui ferma soigneusement la mâchoire
Puis doucement au loup bavant de colère:
Je t'ai laissé bouffer grand-mère
Mais faudrait tout de même pas me prendre pour une poire.

Le petit pot et la galette
C'est le chaperon qui les mangera
Il faut toujours ma grosse bête
Se méfier d'un plus petit que soi!

 

22:25 Publié dans Blog | Lien permanent | Commentaires (5) |

17/09/2007

L'attentat

c9f5f33cc031453572ba1998a9f3e4a8.jpgAmine est palestinien. Il a la nationalité israélienne et c’est un brillant chirurgien, doué de ses mains, intelligent et avec un contact humain chaleureux. Il est marié à une palestinienne, Sihem. Sans enfant, ils filent le parfait amour dans leur résidence friquée d’un quartier rupin de Tel-Aviv. Tout baigne jusqu'au jour où... un attentat se produit dans la capitale. Son ami Naveed, flic israélien, lui annonce que Sihem a été tuée et qu'elle est fortement soupçonnée d'être la kamikaze responsable de nombreux morts. C’est le drame pour Amine qui va désormais chercher des raisons de continuer à vivre et part pour une quête de ses racines.

Sur cette fantastique idée de roman, Yasmina Khadra batit un récit riche et subtil. C’est le type même du roman que je voudrais être capable d’écrire : Une grande histoire, des personnages attachants y compris les personnages secondaires très subtils, un récit bien ficelé…

Khadra nous emmène dans les méandres de l’âme humaine. Amine se demande pourquoi, pour quelles raisons sa femme, cet être doux, dénué de haine et de mystère, s'est-elle fait exploser dans un restaurant, bondé d'enfants de surcroît ? Pourquoi ne lui a-t-elle rien dit ? Et comment lui, qui l'aimait tant, qui lui avait donné toute sa vie, n'a-t-il rien vu venir ? Dans sa quête éperdue pour approcher les raisons qui ont pu motiver un tel acte, Amine se frotte à ces « terroristes » en puissance hantés par la cause palestinienne et, pour les meilleurs d’entre eux, prêts à mourir. Khadra sait nous rendre ce drame vivant. On tremble pour Amine sans cesse menacé comme traître à son peuple. On pleure avec Amine, enfin pour les plus sensibles.

Une deuxième fois merci à Dario pour m'avoir passer ce livre après les Hirondelles de Kaboul.

21:05 Publié dans Lecture | Lien permanent | Commentaires (1) |