11/12/2014
Effet Pygmalion
Effet Pygmalion et effet Golem
Robert Rosenthal (1933-) a réalisé cette expérience qui se rapproche de celle mentionnée dans ma note d'hier :
Après avoir constitué deux échantillons de rats totalement au hasard, il informe un groupe de six étudiants que le groupe n° 1 comprend 6 rats sélectionnés d'une manière extrêmement sévère. On doit donc s'attendre à des résultats exceptionnels de la part de ces animaux.
Il signale ensuite à six autres étudiants que le groupe des 6 rats n° 2 n'a rien d'exceptionnel et que, pour des causes génétiques, il est fort probable que ces rats auront du mal à trouver leur chemin dans le labyrinthe. Les résultats confirment très largement les prédictions fantaisistes effectuées par Rosenthal : certains rats du groupe n° 2 ne quittent même pas la ligne de départ.
Les étudiants qui croyaient que leurs rats étaient particulièrement intelligents, leur ont manifesté de la sympathie, de la chaleur, de l'amitié ; inversement, les étudiants qui croyaient que leurs rats étaient stupides ne les ont pas entourés d'autant d'affection.
Cette prédiction auto-réalisatrice est appelée effet Pygmalion quand elle est positive et effet Golem quand elle est négative.
Pygmalion, dans la mythologie grecque, tombe amoureux de sa statue d’une grande beauté. Ne pas confondre avec Bygmalion qui est était un groupe spécialisé dans le conseil, l’image, la communication et la création de menue monnaie.
Golem, dans la mythologie juive, est une statue monstrueuse.
Suite de l’expérience sur Wikipedia
Rosenthal et Jacobson ont retenté l’expérience dans des écoles d’un quartier pauvre, délaissé de la politique et où habitent un nombre important de familles immigrées vivant dans des conditions très difficiles. Ils se présentent dans une école de ce quartier avec une fausse carte de visite et expliquent qu’ils dirigent une vaste étude à Harvard, en réalité financée par la National Science Foundation… Ce sont les élèves qui vont prendre la place des rats et leurs professeur celle des étudiants et ça va marcher !
06:29 Publié dans Science | Lien permanent | Commentaires (2) |
10/12/2014
Watzlawick
Je découvre un émission de France Culture qui date de l’année dernière dans laquelle Jackie Berroyer dit des textes extraits de livres intitulé "Faites vous-même votre malheur", et "Comment réussir à échouer" de Paul Watzlawick.
Paul Watzlawick (1921-2007) était un psy américain de l’école de Palo Alto en Californie. Un courant qui mêle la psycho-sociologie et les sciences de l'information et de la communication en rapport avec les concepts de la cybernétique. Ce courant est notamment à l'origine de la thérapie familiale et de la thérapie brève. Il fut aussi en relation avec le mouvement de l’anti-psychiatrie.
Je vous invite à en écouter quelques extraits mais avant cela voici une expérience menée par Paul Watzlawick qui ne manque pas de sel et démontre assez bien la vacuité des diagnostics psychiatriques.
Watzlawick demande un jour à Jackson, un des membres de l'école de Palo Alto, de se laisser filmer, lors d’une première consultation avec un malade paranoïaque dont le délire consiste à se prendre pour un psychologue clinicien. Il demande d’autre part à un ami psychologue clinicien de bien vouloir se laisser filmer, lors d’une première consultation, avec un malade paranoïaque dont le délire consiste à se prendre pour un psychiatre. En réalité, Watzlawick orchestre à leur insu la confrontation de deux « psy » qui ne se connaissaient pas. Chacun met tout son talent à démontrer la folie de l’autre, sur la foi des informations préalables : plus l’interlocuteur se comporte en « psy » (une obligation, puisqu’il croit recevoir un patient très atteint), et plus ce comportement (pourtant fort judicieux) confirme son prétendu délire aux yeux de son collègue méconnu.
Watzlawick en conclut que le diagnostic psychiatrique s'apparente à une étiquette douteuse, induite par une idée préconçue, venue d’un tiers faisant autorité.
Comment devenir bon dans la quête du malheur ou comment réussir à échouer… Introduction par Berroyer, le tout est sur le site de F.Culture.
07:49 Publié dans Science | Lien permanent | Commentaires (5) |
09/12/2014
Odorat
Après les nouvelles de l’ouïe, parlons de l’odorat…
La nouvelle date un peu, mais il y a un chinois à qui les chirurgiens ont fait pousser un nez sur le front. Après l'oreille sur le bras, je ne vous mets pas la photo. L'article est ici.
La revue Plos One, en se basant sur une étude canadienne, nous affirme que si vous avez plus de 57 ans et ne sentez plus les odeurs, vous avez un risque accru de mourir dans les cinq ans qui viennent. (On savait déjà que après 57 ans si un matin vous vous réveillez et que vous ne ressentez aucune douleur nulle part, aucun engourdissement ou tension, c'est que vous êtes mort.)
Des capsules de café à mettre dans son réveil. C’est l'invention de Guillaume Rolland, 18 ans. L’appareil est capable de vous réveiller sans aucune sonnerie stridente mais en chatouillant vos narines d'une odeur de café, de croissant ou encore de chocolat. A vue de nez, il ne sera pas dispo pour noël. Dommage !
Un chien qui sent les odeurs de stress dégagées par une hormone, le cortisol. Le chien Cali a la truffe fine, il prévient les crises d'angoisse, il est utilisé dans une école qui s’occupe plus particulièrement d’enfants à problème, genre autistes Au pif, six crises évitées par jour.
Et pour finir un film étonnant sur l’odorat, Le nez. Premier documentaire de Kim Nguyen. Film qui traque les subtilités des parfums et la science de l’odorat partout dans le monde, au fil de rencontres passionnantes et souvent émouvantes. Ce film a fait l'ouverture des Rencontres internationales du documentaire de Montréal. Je ne l’ai pas vu mais je flaire le bon docu. Sous-titres un peu durs à lire.
06:32 Publié dans Au fil de la toile, Science | Lien permanent | Commentaires (3) |
08/12/2014
Zoophyte
Un zoophyte est un être qui tient de l’animal (grec zos*) et de la plante (phutos). On disait que les éponges ou les coraux étaient des zoophytes. En fait cette catégorie interrègne (le règne est la première catégorisation des êtres vivants) n’existe plus. C’est bien dommage ! Les progrès de la science ne sont pas toujours favorable aux récits fantastiques...
En effet, Olearius (universitaire, mathématicien, géographe et bibliothécaire allemand 1603 – 1671) en son troisième livre met au rang des zoophytes une plante qui croît près de Samara sur le Volga. « C'est une espèce de melon fait comme un agneau, dont il a tous les membres. Il tient à la terre par la souche qui lui sert de nombril. En croissant il change de place, autant que la souche le lui permet, et fait sécher l'herbe partout où il se trouve. Quand il est meurt, sa tige sèche et le fruit se vêt d'une peau velue qu'on peut travailler et employer comme fourrure. »
Olearius, retour de Moscovie, atteste avoir vu de cette peau si fine et déclare qu'elle est recouverte d'une laine douce et frisée comme celle d'un agneau nouveau né. Joseph Juste Scaliger (un français voyageur) dit que ce fruit vit et croît tant qu’il trouve de l’herbe (à manger?).
Les habitants de Samara se servaient de ce... disons moulon (melon-mouton) velu pour attraper les loups qui en étaient friands paraît-il. Il aurait fallu réécrire la fable :
Un moulon se désaltérait
Dans le courant d'une onde pure.
Un Loup survient à jeun qui cherchait aventure,
Et que la faim en ces lieux attirait.
Qui te rend si hardi de troubler mon breuvage ?
Dit cet animal plein de rage :
Tu seras châtié de ta témérité.
- Sire, répond le moulon, que votre Majesté
Ne se mette pas en colère ;
…
Et qu'en aurait pensé Brigitte Bardot ? Fallait-il sacrifier les moulons pour avoir leur peau ?
Qu'est devenu le moulon ? Disparu dans les limbes avec le dodo de la Réunion, le mammouth à poil laineux, le lion des cavernes, le T-Rex, le tigre de Tasmanie, le kangourou-rat, le Bandicoot à pied de cochon, l'aurochs (toujours un s) et bien d'autres. RIP.
* Zoo vient du verbe grec zên qui veut dire vivre et dont une forme conjuguée (l'aoriste) est biônai qui donne une racine très à la mode: bio.
* Phytho vient du verbe grec Phuein, pousser, faire naître, croître, qui donne phuton qui désigne ce qui pousse. Ne pas confondre avec le futon qui est un lit japonais, un lit qui pousse à dormir.
06:24 Publié dans Science | Lien permanent | Commentaires (2) |
06/12/2014
Bang Bang
Je reçois de l'INA, cette pépite de la rédaction. Désolé pour la pub...
Et pour faire bon poids, quelques chansons,
Ferré / Caussimon, Ostende.
Une chanson de Jacques Debronckart par Isabelle Aubrey :
Et une autre par Jacques:
et pour finir le clown :
14:42 Publié dans Blog | Lien permanent | Commentaires (3) |
05/12/2014
Gaine
En lisant un commentaire d’ana sur la robe bleue d'Alice, je réalise que l’on dit gown pour robe en anglais et gonna pour jupe en Italien. Je me dis qu’il doit y avoir un lien avec gaine ou avec fourreau puisque l’on dit une robe fourreau.
Et paf ! Dans la mille !
Selon l’Alain Rey, le mot gaine a la même racine que vagin. Il vient du latin vagina qui veut dire gaine, fourreau ou sexe féminin suivant le contexte. Vagina s’est germanisé en wagina pour donner dégainer, dégaine, engainer, rengainer, rengaine, gainer et gainage.
Par l’espagnol vaina, vainilla (petite gaine) on a obtenu le mot vanille.
Un ancien mot pour fourreau d’épée, la vagine. Et bien évidemment vagin, vaginal, vaginite (inflammation du vagin), vaginisme (douleurs vaginales lors des relations sexuelles), invagination (pénétration par retournement en doigt de gant d’un viscère creux, par exemple l'intestin).
"Rengaine ton épée dans la fourreau car tout ceux qui prennent l'épée périront par l'épée." Mathieu 26-52
"Je vais embêter les filles à la vanille" A. Souchon
"Lorsqu'on rengaine le katana dans le saya (noto), les doigts de la main gauche (sauf l'index) cache le koiguchi (l'ouverture du saya) car pour les samourais, c'était un « principe féminin », l'index servant à guider la lame (...) Le noto s'accompagne d'un zanshin (état de vigilance) très profond car à tout moment le sabre doit pouvoir rejaillir du saya." Article saya de Wikipedia.
15:01 Publié dans Mots | Lien permanent | Commentaires (0) |
03/12/2014
Des couleurs
Vialatte pensait que la grammaire était, après le cheval, et à côté de l'art des jardins, l'un de sports les plus agréables. La grammaire, c’est comme le parapluie, disait-il, c’est comme les progrès de l’industrie, c’est ce qu’on appelle la civilisation. Il faut y croire malgré les apparences. Où serait le plaisir? Mais c’est comme l’horizon : elle recule à mesure qu’on avance. On y tend, on n’y touche jamais. La grammaire est une asymptote.
Il disait aussi : « La Grammaire est une belle personne, un peu sèche, un peu tatillonne, autoritaire et chichiteuse, un peu osseuse, un peu chameau, mais enfin, pour un jeune homme pauvre et qui n’a pas trop d’ambition, c’est un parti qui mérite un coup d’œil. »
Je viens de me farcir l’accord des adjectifs de couleur et j'ai peine à être d'accord avec Alexandre sur ce sujet. C’est effrayant ! Vous allez voir : l’adjectif de couleur simple s’accorde en genre et en nombre. Les adjectifs issus d’un animal, de fleur, de plante, de fruit, d’aliments, de pierre sont invariables (à noter que invariable s'accorde).
Jusque là, tout va bien. On dit donc des avocats marron si on parle du fruit, sinon, pour les avocats véreux, pourris, corrompus… affairistes on dit des avocats marrons ce qui au féminin donne des avocates marronnes. Je ne nommerai personne. Voili-voilou !
Comment les différencier ? Pas facile, commençons par les couleurs simples à apprendre par cœur : Alezan, aubère, bai, baillet, basané, beige, bis, blafard, blanc, blême, bleu, blond, brun, châtain, cramoisi, cyan, écarlate, écru, fauve, glauque, gris, incarnat, jaune, livide, louvet, mauve, moreau, noir, opalin, pers, pinchard, pourpre, rose, rouan, rouge, roux, tourdille, vermeil, vert, violet, zain et zinzolin.
Je rappelle que zinzolin a lui seul peut être rouge-pourpre …la couleur roussâtre est attesté en 1635. Le Dictionnaire du tapissier définit le zizzolin ou zinzolin comme une garance pourpre… ou rouge-orangé ... une couleur que l’instruction générale pour la teinture de 1671 dit obtenue avec la garance et voisine de la couleur de... la tuile. Peut-être pas jaune, gris ou bleu … mais mauve dans les nuanciers modernes. Il arrive que les zinnias, sous une certaine luminosité, aient des reflets zinzolins.
Quant à alezan, aubère, baillet, louvet, pinchard, rouan ou zain, prière de consulter votre dictionnaire du cheval préféré.
Les adjectifs de couleur pas simples et invariables sont canari, chamois, crevette, isabelle (?), pie, puce, sépia, serin, saumon, souris, taupe, acajou. Amadou, amaranthe ou amarante, bruyère, cannelle, capucine, châtaigne, coquelicot, cyclamen, ébène, fuschia ou fuchsia, garance, indigo, jonquille, lavande, lilas, noyer, pervenche, paille, pivoine, safran, tilleul, réséda, tabac, abricot, amande, aubergine, avocat (Hé oui, les marrons peuvent aussi être avocat), banane, cacao, cachou, carotte, cassis. Cerise, citron, clémentine, épinard, fraise, framboise, groseille, kaki, maïs, marron, melon, noisette, orange, olive, pastèque, pêche, pistache, prune, tomate, absinthe, bordeaux, café, cannelle, caramel, champagne, chocolat, cognac, crème, miel, moka, moutarde, muscade, porto, thé, acajou, acier, agate, albâtre, ambre, améthyste, anthracite, ardoise, argent, argile, bistre, bitume, brique, bronze, céladon, corail, cuivre, ébène, émeraude, étain, fer, grenat, ivoire, jade, mastic, nacre, ocre, or, perle, platine, rouille, saphir, soufre, rubis, topaze, turquoise, aurore, azur, havane, magenta, marine, marengo, pastel...
Attention : Les adjectifs formés à partir d’un nom de couleur eux s’accordent en genre et en nombre…
Argenté, basané, blanchâtre, bleuté, brunâtre, cuivré, doré, jaunâtre, grisâtre, mordoré, noiraud, olivâtre, orangé, rosé, rougeaud, rouquin, rubicond, verdâtre, verdoyant, violacé...
Attention : Les adjectifs de couleur composés de plusieurs mots (deux adjectifs, un adjectif + un nom, un adjectif + un complément, etc.) demeurent invariables.
On dit donc des juments grises, des juments pinchardes, des juments pervenche, des juments grisâtres, des juments gris souris ou caca d'oie ou bleu roi ou feuille-morte...
Attention au trait d’union…
Les adjectifs de couleur composés ne prennent généralement pas de trait d’union sauf :
- lorsque l’on met ensemble deux adjectifs de couleur.
Ex. : bleu-vert, gris-brun, jaune-vert.
- lorsque l’on emploie un nom composé
Ex. : arc-en-ciel, cuisse-de-nymphe, feuille-morte, sang-de-bœuf, vert-de-gris.
Attention : La juxtaposition des adjectifs de couleur les rend invariables.
Ex. : Tricolores, ces drapeaux vert, azur et orangé attirent le regard.
(Chacun des drapeaux affiche les trois couleurs.)
Mais on dit :
Ex. : Des chattes grises, noires, marron et blanches me dévisageaient d’un regard sauvage.
(Il y a des félins gris, des noirs et des blancs et des marron.)
Merci à ameliorersonfrancais.com pour ces précisions utiles.
15:49 Publié dans Vialatte | Lien permanent | Commentaires (6) |