02/12/2014
Qu’ouïe-je ?
Décidément, on n’en croit pas nos oreilles. Figurez-vous que l’on est en train de fabriquer des boules quies connectées, les Hush.
Via Bluetooth et une application mobile, elles permettent de s'isoler du monde extérieur tout en laissant passer les bruits qui comptent.
Par exemple le son de votre réveil le matin, les notifications de votre téléphone, les news ou les bruits de tout autre appareil configuré.
On pourra donc resté branché en s’isolant. Un peu comme avec Facebook, plein d’amis et une grande solitude.
Les vénitiens se plaignent du bruit des valises à roulettes en plastique sur les pavés. La cité des Doges se propose de les interdire. Il en coûterait 100 à 500 euros pour les contrevenants. On me souffle dans le creux de l’oreille que ce serait 100 euros pour le flux de touristes qui vient de la gare et 500 pour ceux qui quittent la ville. Les vénitiens devraient essayer des Hush qui ne laissent passer que le bruit des gondoles.
Aredius fait parvenir à nos oreilles une nouvelle encore plus stupéfiante. Stelarc un artiste australien s’est fait greffer une oreille sur le bras. Il déclare : «Je voulais d'abord me la greffer sur la joue mais l'endroit n'était pas très propice d'après les médecins». Bien sûr, il a aussi fait implanter un micro dans cette troisième l’oreille. L’idée était tout à fait en rapport avec le hush : donner à chacun sur Internet la possibilité d’écouter ce qu’entend l’oreille du bras de Stelarc, partager avec la webosphère une vraie communion auditive.
Manque de pot, l’oreille est restée sourde suite à une infection. Il a fallu retirer le micro. Mais Stelarc ne veut pas se reposer sur ses trois oreilles. Pris entre le marteau de la chirurgie et l’enclume du web, il a remis le pied à l’étrier et déclare avoir fait pousser sept oreilles en laboratoire à partir de culture de cellules vivantes de donneurs humains, de cellules cancéreuses et de cellules de souris, plongées dans un bain de nutriments.
Elles poussaient sur un modelé d'oreille en polymère qui se biodégradait au fur et à mesure. Cette technique d'avant-garde a permis d'obtenir une petite oreille instable, à la durée de vie très courte. Pour ses prochaines expériences, Stelarc pense ajouter un microprocesseur dans la boite de Pétri*. L’artiste se dit sans doute qu’avec une puce, les oreilles seront encore plus fines.
A bon entendeur, salut !
Oreille et ouie ont la même racine latine auris qui donne avec le diminutif icula auricula qui veut aussi dire anse de cruche. Tant va la cruche à l’eau…
Une boite de Petri est une petite coupelle de verre très utilisée en biologie notamment pour la culture des cellules ou… des oreilles.
11:23 Publié dans Au fil de la toile, Modernité moderne, Science | Lien permanent | Commentaires (4) |
30/11/2014
Champignac
Le grand prix du maire de Champignac est un prix décerné pour la sortie la plus amphigourique de l'année, en Suisse romande. Il tire son nom du maire de Champignac, un personnage de Spirou qui se distingue par ses longs discours pleins de langue de bois. J’avais commis une note en 2006. Voici quelques perles récoltées depuis… La liste avec les auteurs est ici.
« Dans Télétop Matin, Anne-Sylvie Sprenger constatait que le sexe n'était plus tabou et que dans les interviews, il était dans toutes les bouches. »
« La ville n'a pas entretenu ses WC. Elle a privilégié les besoins du tourisme, au bord du lac. »
« Prévoir sa succession est une délicate affaire. Faut-il le faire de son vivant?. »
« Or l'article de M. Nordmann ne prétend pas qu'il faut coucher pour obtenir une patente de restaurateur, mais laisse entendre qu'il est utile d'être introduit. »
« Monsieur Maudet vomit sur l'UDC depuis beaucoup de temps : ça, c'était dur à faire avaler. »
« Les dauphins arrivent à faire trois périlleux arrières et à retomber sur la queue. Il y a des trucs que nous n'arrivons pas à faire. »
« Si pour chaque sujet délicat, un huis clos est prononcé, c'est la porte ouverte à tout ! »
« Je ne veux pas avoir un pied à Berne et un pied à Genève, sinon je vais finir avec un torticolis. »
« Je pense que dans toute réforme, il y a des choses qui changent »
« Vous aviez 120 à 130 hellénistes qui sortaient par année au canton de Vaud. (aujourd’hui) Il y en a 7 à 12. Ça veut dire qu’on est en train de tuer les langues mortes »
« Grâce au rassemblement que la Marche Blanche suisse avait su susciter, le droit suisse a hissé l’abus sexuel contre l’enfance à hauteur d’un véritable droit fondamental. »
« Je n’ai jamais été partisane de la fessée ou du martinet comme principe pédagogique. Cela doit rester un choix de ces femmes »
« Monsieur Yves Mugny a des arguments qui sont tellement faux que même l’inverse n’est pas vrai »
« Le gouvernement ivoirien n’est pas aveugle »
La raquette du no 1 mondial est redevenue un sceptre. Sa crinière n'avait pas blanchi pour de vrai. La foire du trône reste ouverte, mais le roi de la jungle s'appelle toujours Roger Federer. Les battus d'hier seront peut-être les vainqueurs de demain, tant pis, tant mieux, que le meilleur gagne. […] Un Federer lancé est une gazelle au volant d'un éléphant, la puissance et la grâce, et toujours ces coups qui trompent énormément. (presque du Vialatte).
« Le feu est sous contrôle, mes hommes sont cuits ! » (un chef des pompiers)
« Le loup est arrivé et il est bien parti pour rester »
« J’écoutais d'un œil amusé »
« Faire comprendre ce que signifie mourir de faim, de maladie, ou sous les balles. Il est très difficile d’appréhender ce genre de situations si on ne les a pas vécues soi-même »
« Je pars du principe que tout exercice doit être répété quatre ou cinq fois jusqu'à ce qu'il soit réussi du premier coup »
« Il y a quelques mois, […] je vous ai dit que tout était possible. Tout ce qui se passe depuis montre que ce n'était pas tout faux »
« Le problème, avec la question de l'avortement, c'est qu'on a un tout petit peu jeté le bébé avec l'eau du bain »
« Regarder l'avenir dans un rétroviseur, c'est entretenir un miroir aux alouettes et faire un combat d'arrière-garde pour préserver des rentes de situation. Autant, dès lors, s'accommoder des réformes en marche »
D’ailleurs, « L'avenir nous dira ce que le futur nous réserve. » C'était un commentaire de Ruth qui avait lu celui de l’année suivante.
Amphigourique : Du grec amphi, double et peut-être agora la place où l'on discours (Alain Rex)
Amphibie : Du grec Amphi et bios, la vie. Qui vit dans deux milieux.
08:48 Publié dans Humour | Lien permanent | Commentaires (1) |
29/11/2014
Météo en arpitan
Ce blog parle parfois de l’Arpitan aussi nommé franco-provençal, une langue qui curieusement a été définie au XXième siècle quand on ne la parlait presque plus. On parle (parlait) arpitan en Italie (vallée d’Aoste et 8 vallées piémontaises), en Suisse romande (sauf le canton du Jura) et en France (pays de Savoie, Lyonnais, Forez, nord-Dauphiné, sud de la Bourgogne (Bresse, Bugey, Dombe, Beaujolais..) et de la Franche-Comté).
Sa riche littérature a commencé dès la fin du XIIIe siècle et s’est poursuivie sans interruption jusqu’au XXIe siècle. On y trouve de véritables chefs-d’œuvre, trop souvent ignorés.
Pour donner un coup de jeune à cette langue, La voix des Allobroges, un site savoyard est allé s’entretenir avec Lionel Fontannaz un patoisan qui travail à la météo suisse et donne les prévisions en Arpitan.
08:23 Publié dans Modernité moderne | Lien permanent | Commentaires (1) |
28/11/2014
Les loups
Jacques DUFILHO interprète "Les loups" sous le regard amusé de son auteur le Grand Alexandre... Poilade garantie
Et une petite dose de plus
07:43 Publié dans Vialatte | Lien permanent | Commentaires (1) |
27/11/2014
Le plein de Vialatte
Allez, de bonnes doses de Vialatte... Faut pas se priver.
On reste un peu sur notre faim, on aimerait avoir la fin... L'homme est-il vraiment une chauve-souris ? Et quid de la femme ?
La femme remonte à la plus haute Antiquité. Elle est coiffée d’un haut chignon. C’est elle qui reçoit le facteur, qui reprise les chaussettes, et fait le catéchisme aux enfants.
Je l’ai bien connue dans mon enfance. Sous la forme insolite de Mlle Guérin. Nous étions assis sur un banc. Elle, sur une chaise en face de nous. Toute petite, toute menue, et tout de noir vêtue. Pareille à une fourmi. Une fourmi bienveillante. Avec de beaux yeux bleus et de très jolis cheveux blancs. Et un boa autour du cou. Un petit boa. Pour le grandiose. Pour la toilette et la féminité. Pour le principe et la bourgeoisie. Bref, pour la classification. Ce boa nous fascinait. Il avait des plumes noires qui se moiraient de reflets zinzolins. Nous le trouvions luxueux et incompréhensible. La suite...
et puis il y a le Vialatte du jour enfin certains jours...
Zinzolin
Rouge-pourpre …« couleur roussâtre », est attesté en 1635. Le Dictionnaire du tapissier définit le zizzolin ou zinzolin comme une garance pourpre. .
… ou rouge-orangé ... une couleur de l’Instruction générale pour la teinture de 1671 obtenue avec la garance et voisine de la couleur de la tuile.
… peut-être pas jaune, gris ou bleu ...
… mais mauve dans les nuanciers modernes
09:55 Publié dans Vialatte | Lien permanent | Commentaires (3) |
26/11/2014
Serge Moscovici
Serge Moscovici est mort ce mois-ci. Il fut l'un des fondateurs de la psychologie sociale qui est l'étude scientifique de la façon dont les pensées, les sentiments et les comportements des gens sont influencés par la présence réelle, imaginaire ou implicite des autres. Il s'est aussi engagé dans le combat pour la planète. Il a été parmi les fondateurs de Génération Ecologie
Grace à Internet et à l'UQAC l'université du Quebec à Chicoutimi, on peut télécharger gratis une bonne dizaine de ses livres et articles ici en trois formats différents. Donc plus d'excuses pour ignorer la psychologie sociale.
Pour vous donner une idée, quatrième de couverture d'un des ses livres intitulé Psychologie des minorités actives :
Certains phénomènes semblent échapper à la raison humaine au point qu'on inclinerait à les attribuer à des forces magiques. Au nombre de ceux-ci figurent la facilité avec laquelle les hommes sont amenés à changer leur conception et leur perception de la réalité ainsi que leur comportement, et aussi la promptitude avec laquelle ils adoptent, comme par un effet d'hypnose, des opinions qui, la veille encore, leur étaient totalement étrangères et qui leur sont suggérées par un groupe, les mass media ou un personnage doté de pouvoir ou de prestige.
Il est également étonnant de constater que, malgré la pression énorme qu'exerce la société pour obliger les individus à se conformer au modèle général, des minorités et des déviants non seulement lui résistent mais arrivent même à créer de nouvelles façons de vivre, de penser et d'agir, obligeant de ce fait la majorité à les accepter à son tour.
Ces phénomènes d'influence, jadis du domaine de la spéculation, sont maintenant étudiés de manière scientifique en laboratoire. Dans ce livre, Serge Moscovici présente une théorie de l'influence des minorités. De l'ouvrage lui-même, publié d'abord en anglais, l'American Scientist a écrit : « Il faut absolument lire ce livre », tandis que Contemporary Psychology le qualifie d'« audacieux, plein d'intuition et d'une très grande portée ».
Serge était aussi le père de Pierre le commissaire européen. Sur le site de l'UQAC, vous trouverez une autobiographie écrite pour ses proches, Chronique des années égarées qui nous parle d'un passé récent et presque oublié. Cette génération a vécu plusieurs vies.
À présent je reconnais dans ma vie une chaîne d'exils, une manière d'odyssée ayant pour pôles le besoin impérieux d'avoir un chez moi et l'obligation de partir. Cette dernière s'est changée en un désir nomade de mon âme. Donc une succession de détours, d'années égarées dont j'essaie de retrouver la trace et la signification.
09:26 Publié dans Science | Lien permanent | Commentaires (1) |
24/11/2014
Le laps du temps
Au cinéma, on ne dit plus accéléré mais time lapse. L’accéléré consiste à ralentir la caméra tandis que le ralenti consiste à l’accélérer. Pour faire du time lapse il faut donc prendre une image de temps en temps.
C’est ce que faisait une jeune femme hier depuis le petit sommet du Salève au lieu dit Le Plan. L’appareil photo tourné du côté de Fort l’Ecluse. une image chaque dix secondes. On est dans cette période où l’anticyclone bloque les nuages sur la cuvette genevoise et la vallée de l’Arve. Et pourtant les nuages bougent, la preuve :
Autre exemple magnifique de time lapse, les plantes carnivores (à voir en grand) :
On dit un laps de temps. Les romains disait laspsus temporis. Le temps qui s’écoule ou qui fuit…. Même origine que labile, qui veut dire fragile, peu stable et qui finit en collapsus. Les anglais disent "to collapse", s'effondrer pour un bâtiment, s’évanouir pour un personne, ou encore clamser...
Pour finir, le premier time lapse en 1901:
12:18 Publié dans Au fil de la toile | Lien permanent | Commentaires (1) |