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18/04/2007

A pied

medium_rlstev.jpg.

Les

voyages

à pied

.

Nous sommes si pressés d’agir, d’écrire, de réunir des biens, de nous faire entendre un instant dans le silence moqueur de l’éternité que nous oublions une seule chose dont celles-là ne sont que fragments : vivre. Nous tombons amoureux, nous buvons sec, nous courons de ci de là sur la terre comme des moutons apeurés. Demandez-vous maintenant si, au bout du compte, vous n’auriez pas mieux fait de rester au coin du feu chez vous, occupé au bonheur de penser. Rester à contempler, se rappeler les visages des femmes sans les désirer, être partout et avec tout en sympathie, mais vous contentez de rester où vous êtes et ce que vous êtes, n’est-ce pas connaître la sagesse et la vertu à la fois et demeurer dans le bonheur ?

Après tout, ce ne sont pas ceux qui portent la bannière qui jouissent de la procession, mais ceux qui la regardent de leur balcon. Une fois que vous aurez saisi cela, vous serez d’humeur à être un parfait hérétique vis-à-vis de la société. Ce n’est pas l’heure de vous dérober, ou de prononcer de grands mots vides.

(…la marche à pied...)

Est-ce que, pendant cet intervalle, vous avez été le plus sage des philosophes ou le plus insigne des ânes ? L’expérience humaine n’est pas encore en mesure de répondre ; mais au moins vous avez connu un magnifique moment, et abaissé les regards sur les royaumes de la terre. Que ce fût sagesse ou folie, le voyage de demain vous emportera corps et âme vers quelque autre paroisse de l’infini. Celui qui est membre de cette confrérie ne voyage pas en quête de pittoresque mais à la recherche de certaines humeurs joyeuses – De l’espoir et de l’esprit qui accompagnent les premiers pas le matin et de la paix, de la plénitude spirituelle au repos du soir.

 Des promenades à pied – Robert Louis Stevenson 1876 

01:25 Publié dans Textes | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : randonnée, pedibus, philosophie |

14/04/2007

Mon Croaïzu

medium_Craizu0001.JPG

J'ai retrouvé ce texte dans mes archives écrit en patois savoyard donc en arpitan.

Un texte retrouvé grace à un de ces instituteurs qui faisaient soit-disant la chasse au patois mais qui avaient aussi une grande culture et une grande tolérance.

En mémoire d'Albert (de Rumilly) qui a dit ce texte, en patois (de Rumilly bien sûr) par un beau soir des années 80 à la MJC de Saint Julien

C'est un peu long mais je ne me suis pas senti de le couper. 

Mon Croaïzu

- Le craizu était une petite lampe à huile -

A Eclié, pet dzot los egrâ,
Saquin jhor qu'd'itou égarâ,
D'avou fé la travaille
D'on viœu croaizu, qu'dromsive i
(Lo rat avo radia son Jaret)
Parmi d'atre faraille.

A Ecle, dessous les escaliers,
L'autre jour où je m'étais égaré,
J'ai fait la découverte
D'un vieux Croaizu qui dormait là
(Les rats avaient mangé sa mèche)
Parmi d'autres ferrailles.

Avoé grand suet, d't'é ramassâ,
Drolo croaïzu dé tèp passâ,
Viœu souveni d’famille
T'itâ coffo, t'fassâ pétia ;
Mais, yeuré que d'tai biet nétia,
Ton couivro jhauno brille !

Avec grand soin, je t'ai ramassé,
Drôle de Croaizu des temps passés,
Vieux souvenir de famille !
Tu étais sale, tu faisais pitié ;
Mais à présent que je t'ai bien nettoyé,
Ton cuivre jaune brille !

T'mé rappelle mon juéno tèp,
Pourra croaïzu ; ya jha longtèp
Qu'no sin d'villié congnsance !
D't'avaï rtrovâ, d'sé tot contèt ;
S'té vu, no bliagrin on momet,
To dou, dvant la crédance.

Tu me rappelles ma jeunesse,
 Pauvre Croaizu ; il.y a déjà longtemps
Que nous sommes de vieilles connaissances
De t'avoir retrouvé, je suis bien content ;
Si tu veux, nous allons blaguer un moment;
Tous les deux devant la crédence.

U mai d’juet, pé rna bella né,
Quaque tèp après la miné,
Dejha l'pollet çhantâve ;
A pu-pré on hoeura avant jhor,
Quand ma mâre m'a mta u jhor,
E ton faret qu'mallmâve !!

Au mois de juin, par une belle nuit,
Un peu après minuit,
Le coq chantait déjà ;
A peu près une heure avant le jour,
Quand ma mère me mit au monde,
C'est ta mèche qui m'a éclairé !

Yœu-tou qu'ya l'tèp, quand rli faret
S'argalâve d'houillo d'navet,
Dzot la granda chospance !
Yœu-tou qu'ya rlé grandé veillé,
Quand los garçon, lé juéné flié,
Çhantivo loeu romance
!

Où est le temps, quand cette mèche
Se régalait d'huile de navet (colza),
Dessous la grande suspension !
Où est-ce qu'il y avait les grandes veillées
Quand les garçons, les jeunes filles,
Chantaient leurs romances !

L'hivé, t'a viu faire d'bennon,
D'ruçhe, d'croblié et d'cavagnon ;
Viu pelâ lé çhatagne.
T'a viu bleyï los éçhangliu,
T'a viu lo gromaillon trizu
Tontbâ diet lé cavagné !

L'hiver, tu as vu faire des bannes,
Des ruches, des corbeilles et des paniers ;
Vu éplucher les châtaignes.
Tu as vu tailler les chénevottes,
Tu as vu les cerneaux (de noix) triés
Tomber dans les corbeilles !

Ntra famille étaï u compliet.
Su l'cul d'on lopin, to solet,
T'fassâ brilli ta l'mire,
Quand diet l'pélo, lot assèbliâ
Ptiou et grand, n'z'itô attabliâ
Su la granda pâtire !

Notre famille était au complet.
Sur le fond d'un pot(1), tout seul,
Tu faisais briller ta lumière,
Quand dans la salle à manger, tous assemblés
Petits et grands, nous étions attablés
Autour du grand pétrin !

Daipoé lor, adiu lo croaïzu ;
L 'pétrole qu'vos a soffliâ dsu
A etoffâ vitré fâre !
Maï tot-pari, on jhor qu'met taï,
D'naraï pliet d'houillo et d'mar mortraï
P'allâ rjuèdre ma mâre !

Depuis lors, adieu les Croaïzus ;
Le pétrole qui vous a soufflé dessus
A étouffé vos mèches !
Moi aussi, un jour, comme toi,
Je n'aurai plus d'huile et je mourrai
Pour aller rejoindre ma mère !

D't'é prometto qué quand d'saraï
Prêt à mori, d't'é rallmeraï.
Pisqué t'ma viu taï mêmo
Vgnï à çti monda tot ptiollet,
Su maï t'veillré, mon croaïzollet,
A rli momet suprémo!!!

Je te promets que quand je serai
Sur le point de mourir, je te rallumerai
Puisque tu m'as vu toi-même
Venir en ce monde tout petiot,
Sur moi tu veilleras, mon petit Croaizu,
A ce moment suprême !!!

Ecle, le 26 mai 1905.
Aimé Marcloz d'Ecle (1856-1906)

(1) voir dessin

12/04/2007

RSR1

Pour ceux qui l'aurait raté, je vous remets une couche de Brigitte Patient lisant des textes de ce blog. Comme l'a fait remarquer sugus, la voix de Brigitte met merveilleuse en relief des textes dont vous n'auriez sans doute pas remarqué la beauté en premier lecture :-)

17/03/2007

Le bonheur à 2 euros

medium_bonheur.jpg___________

Le bonheur,

désespérément.

par

André

Comte Sponville

_____________________

1 euro 90 chez Amazon

A ce prix là c'est dommage de s'en priver.  Extrait:

J'étais en train de terminer le deuxième tome de mon traité, quand je suis tombé, feuilletant un livre de Mircea Eliade, sur une citation du Sâmkhya-Sûtra, citant lui-même le Mahâbhârata, le livre immémorial de la spiritualité indienne :

« Seul est heureux celui qui a perdu tout espoir ; car l'espoir est la plus grande torture qui soit, et le désespoir le plus grand bonheur. »

Et j'étais en train de terminer un livre qui s'appelait Traité du désespoir et de la béatitude, dans lequel, à ma façon laborieuse, celle d'un intellectuel occidental, j'essayais d'exprimer à peu près - en quelque six cents pages - cette idée dont le Mahâbhârata, en trois lignes, m'offrait le résumé exact ! Ce fut une grande émotion et une grande joie. J'ai toujours dit à mes étudiants : si vous pensez avoir une idée que personne n'a jamais eue, il y a tout lieu de craindre qu'il ne s'agisse d'une sottise. A l'inverse, trouver une de ses propres idées chez un bon auteur du passé est toujours rassurant..."

Voilà, une conférence donnée par AC-S... Pas mal de citations... Simple à comprendre... 70 ans de pratique et vous y êtes! Je sais, "Le temps d'apprendre à vivre, il est déjà trop tard", écrivait Aragon. Le vrai truc, l'astuce, c'est le désepoir.

« Je ne désire rien du passé. Je ne compte plus sur l'avenir. Le présent me suffit. Je suis un homme heureux car j'ai renoncé au bonheur. » Jules Renard

« Qu'est ce que je serais heureux si j'étais heureux. » Woody Allen 

01:10 Publié dans Textes | Lien permanent | Commentaires (6) |

12/03/2007

RSR1

Journal Infime, L'écrit du blog,

Brigitte Patient parle de ce Joueb

A écouter sur RSR1, Radio Suisse Romande ou sur le Web jusqu'à la fin de la semaine. 

Je viens de l'écouter... C'est vers (14heures):24 pour les pressés... Je n'aurais pas mieux choisi parmi mes textes. Quelle voix! Merci madame Patient.

17:50 Publié dans Textes | Lien permanent | Commentaires (5) |

08/03/2007

La guerre des bouts

medium_oeuf.jpgPetits

et

gros

bouts

des

ordinateurs

Selon que les processeurs d'ordinateur traitent les nombres de gauche à droite ou de droite à gauche on les appellent "big endian" ou "little endian", en français "Grosboutiste" et "Petitboutiste". Jusqu'à qu'on se mette d'accord pour échanger des informations, (avec Internet) sur l'approche grosboutiste, la guerre faisait rage. Cette guerre avait déjà été imaginée par Jonathan Swift en 1721 dans les Voyages de Gulliver:

>Ces deux formidables puissances (Lilliput et de Blefuscu.) ont été engagées pendant trente-six lunes dans une guerre opiniâtre... Tout le monde convient qu'il faut casser les œufs par gros bout ; mais l’aïeul de Sa Majesté, alors qu’il était enfant, eut le malheur de se couper un des doigts en cassant un oeuf ; sur quoi l’empereur son père ordonna de casser leurs œufs par le petit bout. Ceci provoqua six révoltes, dans lesquelles un empereur perdit la vie... Onze mille hommes ont préférés la mort à l'idée de casser leurs œufs par le petit bout.

Plusieurs centaines de gros volumes ont été écrits et publiés sur cette matière... Et pourtant ceci n'était qu’une interprétation du texte : "Que tous les fidèles casseront leurs œufs au bout le plus commode. On doit, à mon avis, laisser décider à la conscience de chacun quel est le bout le plus commode, ou, au moins, c’est à l’autorité du souverain magistrat d’en décider."

...une guerre très sanglante a régné entre les deux empires pendant trente-six lunes, guerre dans laquelle nous perdimmes quarante gros vaisseaux et moult petits vaisseaux ainsi que trente mille de nos meilleurs matelots et soldats ; la perte de l’ennemi, ne fut pas moins considérable...<

02:55 Publié dans Textes | Lien permanent | Commentaires (4) |

07/03/2007

Uqammak

                                        medium_Nuna8.JPG

medium_Nuna4.JPGOn envie tous l’homme de cinquante ans qui va monter vers ce pays d’en haut de la mémoire, ce pays plus haut que le Mont-Blanc, plus loin que le rêve. Le pays dont les symboles sont le lagopède blanc, le chien malamut et la saxifrage pourpre. Ce pays qui veut marier le développent durable et Internet, attirer le tourisme et protéger la chasse à l’ours et au bœuf musqué. C’est bien ! Avec un bémol tout de même : mercredi, sur Nunavut.com, il faisait -12 à Iqaluit, la capitale, au sud du pays, jeudi il faisait -18 et samedi on en était à -33 Celsius. On rappelle que c’est à -40 que les degrés Celsius rejoignent les Fahrenheit et que les bottes du pécheur se prennent dans le même bloc de glace que le saumon. C’est vrai que c’est en été que l’homme de cinquante ans se rendra au Nunavut. Et bien, ce n’est pas une raison. Au lac Hazen, au nord, dans le parc national d’Ellesmere, là où les truites sont si nombreuses qu’elles doivent jouer des nageoires pour pouvoir rester dans l’eau, eh bien au lac Hazen, il y a des étés où la glace qui entoure les poissons ne fond pas totalement.
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 medium_Nuna4.JPGEn général l’habitant du Nunavut n’est pas un Uqammak, un beau parleur en inuktitut. Seuls les vieux racontent des histoires d’igloos qui volent, de belle-mère qui se transforme en Narval, de Sedna, la déesse de la mer, qui dressa ses chiens à tirer si fort sur les îles que finalement le Nunavut devint presque un pays. Les vieux, quand ils se mettent à raconter des histoires de lacs qui débordent de truites, de saumons gros comme des pickups, on les arrêtent tout de suite, c’est qu’ils ont fait leur temps. Avant cette date fatidique, on souhaite donc à l’homme de pouvoir raconter encore quelques bien belles histoires de pêche. 
medium_Nuna6.JPG
 
                          F I N 
medium_Nuna3.JPG

02:10 Publié dans Textes | Lien permanent | Commentaires (2) |