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05/03/2007

Les 50 ans de l'homme

Naarjuk me demandait ce qui m'avait fait m'intéresser à l'Inuktitut, la langue des inuits. QUestion qui m'a donné envie de ressortir ici un texte écrit en 2001 pour les 50 ans d'un copain.

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Les cinquante ans de l’homme.

Après avoir escaladé le Mont-Blanc, déployé des kilomètres de soies en forme de  sinusoïdes, posé des millions de mouches artificielles sur les eaux froides des pools irlandais et québécois, puisé toutes sortes de salmonidés suite à des batailles épiques, finalement l’homme arrive à cinquante ans. C’est un évènement bien banal si l’on songe  que l’homme a déjà connu les cinquante ans de Jeanine, de Christian, de Lulu, Michèle, René, Raymonde, de Jean-Jacques et d’Andrée, Gilbert, de Michel et Jean, de Joël et Catherine. La quinqua-mania est frénétique, on n’en sort plus, bientôt ce sera Michèle-e, Josie, Hélène, Roselle... Les demi-siècles s’accumulent sans répit jusqu’à former des millénaires.

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On sait qu’à cinquante ans la femme se sent encore jeune et pleine d’avenir alors que l’homme se voit au bout du rouleau, usé, juste bon à regarder des documentaires animaliers sur la cinq. Il nous faut vivre avec cette inégalité profonde. Même sans fumer, même en arrêtant le Côtes du Rhône et le Lagavullin, il n’y a rien à faire, notre durée de vie sera plus courte. Ceci sans même compter que, à jeun, notre perception de l’inexorable finalité de l’homme est plus vive que celle de nos compagnes. Cette fatalité de la caisse en sapin nous pousse à toutes les extrémités. Bon restons gais, ainsi que le veulent l’homme et le lieu.

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D’ailleurs un proverbe Inuit ne dit-il pas : « c’est dans ses nuits les plus sombres que l’homme fait ses rêves de pêches les plus riants. » On ne parlera jamais assez de la sagesse du Nunavukti qui est aussi profonde que ses rivières sont glaciales et ses lacs poissonneux. C’est pourquoi les mauvaises langues qui prétendent que l’homme se rend au Nunavut pour la gaudriole, devraient réfléchir. Non, l’homme se rend au Nunavut pour y trouver la sagesse et un sens à sa vie. D’ailleurs il existe un autre proverbe en langue Inuktitut qui dit : « C’est dans la force de son âge que l’ours polaire fait ses plus belles pêches. Il ne se soucie plus du piaillement des otaries qui se prélassent sur la banquise. »

medium_Nuna3.JPGA suivre...

02:45 Publié dans Textes | Lien permanent | Commentaires (2) |

03/03/2007

Numération Bibi

medium_Bibi-binaire.2.jpgBobby

Lapointe

Matheux

Humoristique

La table des caractères Inuits m'a fait penser au système bibi-binaire de Boby Lapointe.

La numération Bibi est une application du système hexadécimal d'usage courant en informatique. Parce que seize peut s'écrire "2 exposant 2, exposant 2" don Bi-Bi-Binaire.

Boby Lapointe a inventé la notation et la prononciation de seize chiffres. À l'aide de quatre consonnes et de quatre voyelles, on obtient les seize combinaisons nécessaires :

HO, HA, HE, HI,

BO, BA, BE, BI,

KO, KA, KE, KI,

DO, DA, DE, DI.

Pour définir un nombre, il suffit d'énumérer les chiffres qui le composent. Exemple : en Bibi, le nombre 2000, qui se traduit, en hexadécimal, par 7D0, est appelé BIDAHO.

Bobby Lapointe aurait aimé nous entendre, chanter en " Bibi " les tables de multiplications : HE fois KO = HA HO / BE fois BE = HE KE / KO fois KA =  BO KO / DO ...

Pour la petite histoire, Boby Lapointe, le jour où il a finalisé son code, rentre chez lui et offre un bijoux à sa fiancée, Colette, en lui donnant le nombre suivant:

584 623 705 671

Convertit en bibinaire, on trouve donc :
KOKOHADEBOKADODEBOBY. « Coco a de beaux cadeaux de Boby. »

Exercice: Combient font HABI x HABI ? et HABI + HABI

Compteur BIBI

 

15:57 Publié dans Textes | Lien permanent | Commentaires (4) |

27/02/2007

Si Bouddha...

medium_Boud.JPG-

Photo prise par

Céline

au Laos

à Luang Prabang

-

... Si Bouddha avait connu l’informatique, sans doute aurait-il choisi les ordinateurs pour illustrer l’impermanence. Rien de stable dans ces machines… La vitesse est dépassée… L’accélération est surannée… Les prix des processeurs s’écrasent… une génération nouvelle chaque année et demie… L’expérience des uns ne sert à personne… c’est à peine si elle peut resservir pour soi-même… et pas très longtemps… Des œuvres du passé, il ne reste rien ou presque… et ce qui reste n’est utile qu’aux historiens, et encore…

De toute façon, qu’y a-t-il d’important à sauver ? Un logiciel qui fonctionne est un logiciel obsolète... Tout est construit sur le sable… du silicium… des puces en sable qui n’arrêtent pas de bouger leurs milliards de pattes... Les mémoires se remplissent et se vident à la vitesse de la lumière… les électrons volent… les pixels clignotent… Frémissantes sous la main les souris glissent sur des tapis trop petits sans jamais marquer une halte, esquisser une méditation ou entamer une quelconque prière…

20:40 Publié dans Textes | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : ordinateur, bouddha |

16/02/2007

Empathie

 medium_dilbert-planning.gif









  • Salut John, on avait  besoin de quelqu’un sur le projet RTAR, on a pensé à toi.
  • Ah bon
  • Oui, tu commences lundi rue du Port. Paul, le chef de projet, t’attend, ils sont un peu à la bourre.
  • Ah bon, mais… on est vendredi.
  • Oui, le week-end est bienvenu. Au fait ça te dit de travailler avec l’équipe de RTAR ?
  • Ben, c'est-à-dire que c’est basé sur du Piton... et que je connais pas le Piton… et puis... je connais pas le domaine non plus... pas du tout.
  • Oh tu apprendras vite. Non ce que je voulais savoir, c’est si ça te plaisait cette idée de bosser chez TAROX.
  • Je sais pas...
  • Tu vas voir, c’est assez sympa et puis c’est un gros client.
  • Il n’y a pas de parking rue du Port.
  • Je croyais que tu prenais le bus.
  • Non. Depuis chez moi c’est pas possible.
  • Oh t'es malin, tu vas bien te débrouiller… T’as pas répondu à ma question: t’es content de bosser sur ce projet?
  • Pour ce que j’en sais, il y a pas mal de tirage dans l’équipe… et avec le client aussi... beaucoup de politique...
  • Oh, rien de grave, on exagère toujours. Bon, tu m’excuses mais ma femme m’attend, on monte au chalet ce week-end.
  • J’avais des questions.
  • Ecoute, j’ai pas bien le temps. On en parlera plus tard. Appelle-moi la semaine prochaine. Surtout lundi, soit à l’heure, ils n’aiment pas les gens en retard chez TAROX et Paul non plus. Tu verras ça va te plaire.

*toute ressemblance avec des situations existantes ou ayant existées serait pure coïncidence.

01:35 Publié dans Textes | Lien permanent | Commentaires (5) |

13/02/2007

Wil et Alex

medium_humboldt.jpgGravure:

Schiller,

Les frères Wilhelm

et Alexander von Humboldt

et Goethe à Iena.

En août, Je vous avais présenté deux génies, un frère et une sœur. L’autre jour je vous ai parlé de deux écrivains les frères Mann. Dans le livre de Daniel Kehlmann, les arpenteurs du monde. Il est aussi question de deux frères : Les frères Humboldt.

Le baron Alexandre von Humboldt avait un frère aîné Wilhelm. Si Alexandre était un grand explorateur et naturaliste, Wilhelm fut un étonnant inventeur de concepts dans le domaine des sciences humaines. On a principalement retenu de ses travaux sa philosophie de la langue, ce que l'on a appelé l'hypothèse humboldtienne, qui se rejoint avec l'hypothèse Sapir-Whorf, qui veut que les catégories de la langue parlée prédéterminent nos catégories de pensée. Chaque langue renfermerait une vision du monde irréductible. C'est négliger l'intérêt d'Humboldt pour la dimension universelle du langage

Wilhelm sera au service de l'État prussien, notamment comme diplomate en France. En tant que ministre prussien de l'Éducation (1809-1810), il réforma profondément le système scolaire, en se basant sur les idées du philanthrope Pestalozzi — il envoya les professeurs prussiens étudier ses méthodes en Suisse. Il fonda l'université Humboldt de Berlin. Représentant de la Prusse avec Hardenberg au congrès de Vienne, il défend contre la France vaincue une ligne assez dure.

Humboldt était l'ami de Goethe et surtout de Friedrich von Schiller. Ces deux poètes lui inspirèrent des réflexions esthétiques souvent novatrices. Malgré cette carrière, il considérera toute sa vie que la culture de soi, la Bildung, est plus essentielle que le service de l'État.

Extrait des arpenteurs du monde :

Chez lui, il trouva deux lettres. L'une de son frère aîné, qui le remerciait pour sa visite et son soutien. « Que l'on se revoie ou non, il n'y a plus à présent – comme depuis toujours, au fond- que nous deux. On nous a très tôt inculqué l'idée qu'une vie devait avoir un public. Nous pensions tous deux que le nôtre était le monde entier. Or les cercles se sont progressivement rétrécis, et il nous a bien fallu comprendre que la vraie finalité de nos efforts n'était pas le cosmos mais simplement l'autre. C'est à cause de toi que je voulais devenir ministre, c'est à cause de moi que tu devais monter sur la plus haute montagne et ramper dans des grottes ; pour toi j'ai conçu la meilleure université qui soit, pour moi tu as découvert l'Amérique du Sud, et seuls les imbéciles qui ne voient pas ce qu'une vie dédoublée signifie auraient le mot "rivalité" à l'esprit : parce que tu existais, j'ai dû devenir l'éducateur d'un Etat, parce que j'existais, il te fallait être l'explorateur d'un continent, tout le reste aurait été inconvenant. Et nous avons toujours eu un instinct très sûr des convenances. Je te prie de ne pas léguer cette lettre à la postérité avec l'ensemble de notre correspondance, même si, comme tu me l'as dit, tu ne fais plus aucun cas de l'avenir. »

 

02:50 Publié dans Textes | Lien permanent | Commentaires (0) |

08/02/2007

Sur la terre

medium_salade.gifComment ça va sur la terre ?
- ça va, ça va... hum pas très bien*.
Les petits chiens sont-ils prospères ?
- Mon Dieu oui, merci bien.
Et les nuages ?
- ça flotte.
Et les volcans ?
- ça mijote.
Et les fleuves ?
- ça s'écoule.
Et le temps ?
- ça se déroule
Et votre âme ?
- elle est malade.
Le printemps était trop vert
elle a mangé trop de salade
©Jean Tardieu, Monsieur, Monsieur.

* version originale: "ça va, ça va, ça va bien"

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29/01/2007

Olorimes

medium_vilmorjh.jpgÀ Cordoue

Accords doux
Décors d'août
C'est tôt beys zélés
À Cordoue.
Lâchant son silence
La chanson s'y lance
Cette eau baise, ailée
À Cordoue
Sept obèses et les
Accords d'août
Des corps doux
Et le vent
Oscille en silence
Élevant
Oh ! si lent, six lances.
À Cordoue
Bais et laids
Beys zélés, maintenant
Baisez-les mains tenant
Baies et lait :
Accord doux.
Récupéré de « wiki »
Dessin de Jean Hugo pour l'alphabet des aveux
et poème de Louise de Vilmorin (1902-1969) passée des graines à la poésie.

J'aime bien surfer au hasard et m'abandonner à la sérendipité... La chasse au canard m'a entrainé sur... Lamoureux... puis sur Saturnin... et Louise de Vilmorin... puis les holorimes ou olorimes comme elle l'écrivait...

Étonnamment monotone et lasse,
Est ton âme en mon automne, hélas !

 

05:45 Publié dans Textes | Lien permanent | Commentaires (4) |