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13/05/2009

Philosophe

Ca-vient.jpg Les philosophes existent de la plus haute antiquité. On les représente vêtus d’une pièce de lin mal ajustée, assis sur les marches de l’Agora, entourés de jeunes adeptes questionneurs ou encore dans un tonneau, presque à poil. Parfois, le philosophe se masturbe pour choquer le bourgeois, d’autre fois il chasse le grand Alexandre qui lui fait de l’ombre. En général, les philosophes prêchent le détachement, ce sont des sages, ils ont tout compris à la vie et surtout qu’il n’y a rien à comprendre.

Hier, sur la montagne, j’ai rencontré un philosophe. C’e n’est pas si courant. Surtout quand ce philosophe est un ex-marchand de voiture d’occasion.

Je ne sais pas exactement pourquoi mais j’ai un a priori défavorable en ce qui concerne les vendeurs. Cela me vient peut-être de mon grand-père, un artisan, qui traitait les marchands de « mercanti ». En fait, il n’aurait dû y mettre aucune intention maligne, vu qu’il était italien et que mercanti veut dire marchands en italien. Mais lui l’utilisait sciemment dans le sens français du mot : « Un homme qui ne pense qu’à gagner de l’argent. »

Toujours sans grande justification, dans mon esprit, le marchand de voiture d’occasion est le mercanti, le plus truand et le plus superficiel de tous. Il adore les bagnoles. Le week-end, il emprunte tout les cabriolet de la concession pour faire le cacou et tomber les gonzesses.

Eh bien, celui que j’ai rencontré hier est d’une autre trempe. Il m’a avoué faire plus de kilomètres à pied et en vélo qu’avec sa voiture. Sa voiture vieillit au garage pendant qu’il grimpe le Salève et cycle sur les pistes cyclables de la banlieue genevoise. C’est à cela qu'on reconnait le nouveau philosophe, il réduit ses besoins et sauve la planète, cela sans faire de publicité.

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01/02/2009

Préface

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Dans un livre oublié et recouvert de poussière, je retrouve une préface dont voici la fin.

Pourrez-vous en retrouvez l’auteur ?

 

Chaque homme, chaque femme doit cesser d'être un sujet soumis dans chacun des aspects de sa vie, comme travailleur, consomma­teur, habitant, usager des transports publics et pa­rent d'élèves aussi bien que dans ses activités de cul­ture et de loisirs. Réconcilier travail et création, donner à chacun la chance de la responsabilité par­tagée, préserver les différences enrichissantes entre les individus, les groupes et les peuples plutôt que de se laisser aller à une société de robots, tel est le sens du projet autogestionnaire et la raison pour laquelle il doit fonder non seulement l'organisation de la pro­duction mais celle de la société tout entière.

Utopie ? Peut-être, si l'on s'en tient à la révolte indi­viduelle et au rêve généreux. La réalité de demain, s'il est possible de transformer la volonté autogestionnaire en un projet politique, en une force collective capable de renverser l'Etat de la bourgeoisie pour imposer une organisation nouvelle qui rendra possibles le pouvoir des travailleurs et la liberté du peuple.

Il semble que nos sociétés habituées à l'abondance ne sachent plus comment se débarrasser des contraintes du progrès industriel, comment se délivrer des chaînes d'une éco­nomie de profit, tant le capitalisme a marqué les struc­tures, les institutions, les mentalités le socialisme n'apparaît plus guère que comme un capitalisme moins injuste. Par-là même il perd sa force de contestation. Il enferme les forces populaires dans le jeu des reven­dications et il déserte le terrain de l'Histoire.

Et pour­tant, le capitalisme ne cesse pas de montrer son véri­table visage la guerre et la misère, la division et la haine, la mort lente dans les campagnes et l'étouffe­ment dans les villes, l'oppression et la répression. La multiplication des révoltes, qui renouent avec bien des traditions historiques en France même manifeste la capacité des hommes à résister à leur propre exploi­tation. Elle ne permet pas de les en libérer.

Aujourd'hui, la recherche de l'autogestion popu­laire, malgré toutes ses ambiguïtés, est bien la voie nouvelle qui redonne son sens historique à la révolu­tion socialiste. Il revient aux militants révolutionnaires de donner à l'autogestion un contenu plus précis, qui corresponde mieux aux exigences de la lutte économique, politique et idéologique, contenu plus offensif aussi qui se nour­risse de toutes les luttes que mènent aujourd'hui les travailleurs pour imposer leur contrôle sur le travail et la vie sociale.

Contrôler aujourd'hui pour décider demain cette formule résume à la fois le but et le moyen de la révolution socialiste ; elle rappelle que seuls les travailleurs sont à même d'imposer leur pro­pre pouvoir et qu'ils ne sauraient le déléguer à aucun parti ni à aucun homme. La révolution se fera par les travailleurs et tout le peuple ou elle ne se fera pas. Le rôle des militants aujourd'hui est de permettre que se fasse cette révolution qui réconciliera enfin socialisme et liberté.

(selectionnez avec la souris)

Michel ROCARD Fin de la préface du manifeste du PSU

adopté par le 8ième congrès à Toulouse en décembre 1972

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11/12/2008

Inoubliable HM

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Article publié

sur agoravox

et repris par Yahoo Actualités

 

 

Connu par ses initiales, Henry Molaison est mort à l’âge de 82 ans le 2 décembre. Né en 1926, il avait été victime en 1953 d’une intervention chirurgicale au Hartford Hospital dans le cadre d’une épilepsie pharmaco-résistante. Après cette intervention, alors qu’il avait 27 ans, il ne put jamais plus former de nouveaux souvenirs. Son amnésie n’avait pourtant pas entamé ses capacités intellectuelles.

Il connaissait son nom. Il savait que sa famille paternelle venait de Thibodaux en Louisiane et celle de sa mère d’Irlande. Il se rappelait de la crise de 29, de la seconde guerre mondiale mais il ne se souvenait de rien après 1953. Il a vécu avec ses parents, puis avec de la parenté et enfin en institution à l’âge de 54 ans.

Chaque fois qu’il rencontrait un ami, chaque fois qu’il mangeait un plat, qu’il regardait la télé, qu’il entendait une histoire drôle, chaque fois c’était pour lui une première fois. Il avait la surprise de la découverte, le retour perpétuel en enfance. Il vivait ce que cherchent certains mystiques : l’instant présent.

La suite ici... et voici la fin pour ceux qui ne veulent pas cliquer :

Avait-il conscience de son apport à la science ? Oui et non. Il aimait bien participer à toutes les expériences. Il aimait les bonnes blagues et il était sensible aux gens dans la pièce. Un jour qu’une chercheuse faisait remarquer à quel point il était intéressant, HM rougit et quitta la pièce en disant qu’il ne pensait pas être si intéressant que ça.

Il a donné son cerveau à la science. Cerveau qui sera conservé et qui a été scanné la nuit de sa mort en long et en large pour tâcher de connaître au plus près quelles zones étaient exactement touchées. Il n’a laissé aucun survivant mais il a laissé à la science un héritage qui ne sera pas oublié.

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03/12/2008

Les pauvres

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Les Pauvres datent de la plus haute antiquité. La stratégie utilisée par les riches pour éviter d’avoir mauvaise conscience date par ailleurs de la même époque. Un des pires problèmes des riches est de vivre à côté des pauvres. C'est pourquoi les riches ont toujours consacré beaucoup d’énergie à justifier leur position de riches. C’est toujours le cas aujourd’hui mais les économistes libéraux ont apporté leur aide pour faciliter la bonne conscience des riches.

La réponse la plus antique, la plus pèrenne, et aussi la plus simple, disons la plus biblique, consiste à dire « Les premiers ici-bas seront les derniers là-haut  et réciproquement. » Magnifique. Rien à ajouter.

Et pourtant, des siècles plus tard, à l’aube de la révolution industrielle, on a modernisé la chose en disant que ce qui était bon pour les riches était bon pour l’ensemble de la société donc pour les pauvres. Vers 1830, certains économistes tel Malthus dirent que si les pauvres sont pauvres, c’est de leur faute : ils font trop d’enfants.

Ensuite on expliqua la chose, avec des gens comme Rockefeller (plus riche que Crésus), par cette merveilleuse règle de Darwin un peu bricolée : Seul les plus aptes survivent. L’élimination des pauvres se fait pour le bien de la race. Une loi de la nature, donc de Dieu. (L’ironie est que ce sont les mêmes qui luttent aujourd’hui contre le darwinisme avec l’Intelligent design.) Cette théorie du darwinisme social implique qu’aider les pauvres se fait au détriment de l’intérêt général bien compris.

Certains disent que c’est l’état qui doit aider les pauvres. Oui, mais les économistes libéraux pensent que l’état est incompétent donc on ne peut pas lui demander d’aider les pauvres, ce serait la pagaille et la solution serait pire que le mal. L’état doit s’occuper des choses sérieuses comme l’armée. En matière de protection sociale les fonctionnaires sont incompétents contrairement aux militaires qui dépensent l’argent public à bon escient. Ceci est particulièrement vrai pour les Etats-Unis.

Et puis aider les pauvres est mauvais pour leur moral, il faut qu’ils restent battants, qu’ils continuent de travailler plus pour gagner plus. D'ailleurs, ce sont souvent les femmes qui réclament des indemnités, et ce n’est pas bon pour la paix des ménages. Non, les aides nuisent aux défavorisés. De plus, elles nuisent aussi à ceux qui bossent qui doivent alors payer pour les oisifs. Les riches risquent de ne plus se rendre dans leurs  bureaux climatisés du dernier étage si leurs impôts sont trop élevés. Quelle perte pour la richesse commune.  Et même s'il continuent de bosser, comme Johnny, ils risquent de partir. à Monaco ou en Suisse. Pas bon pour l’économie tout ça. Mettons un bouclier pour les protéger. Regardez autour de vous, les riches bossent beaucoup moins qu’avant, c’est la faute aux aides sociales.

Et puis, aider les pauvres, c’est empiéter sur la liberté générale, donc sur la leur. C’est limiter le droit de faire ce qu’on veut de notre bel argent durement gagné. Et priver les gens de liberté n’est bon pour personne, pas plus pour les riches que pour les pauvres, c’est bien connu.

Dernier point, la crise est déjà tellement omniprésente, les informations économiques et boursières tellement déprimantes, le terrorisme est partout, alors il n’est pas conseillé, si on tient à son bonheur personnel, si on veut garder une pensée positive, de trop se préoccuper des pauvres. Non mais sans blague ! C'est minant pour le moral, ça n'est pas bon  pour le swing au golf et ça ne fait pas avancer le yacht.

* Texte librement inspiré d’un papier de John Kenneth Galbraith publié dans le numéro de novembre 1985 de Harper’s Magazine. A lire ici.

et écoutez Plume Latraverse. Ici les paroles.

Les pauvres ont pas d’argent
Les pauvres sont malades tout l’temps
Les pauvres savent pas s’organiser
Sont toujours cassés

Les pauvres vont pas voir de shows
Les pauvres sont ben qu’ trop nonos
En plus, les pauvres, y ont pas d’argent
À mettre là-d’dans

Les pauvres sont su’l’Bien-Être
Les pauvres r’gardent par la f’nêtre
Les pauvres, y ont pas d’eau chaude
Checkent les pompiers qui rôdent
Les pauvres savent pas quoi faire
Pour s’ sortir d’ la misère
Y voudraient ben qu’un jour
Qu’un jour, enfin, ce soit leur tour

Les pauvres gens ont du vieux linge sale
Les pauvres, ça s’habille ben mal
Les pauvres se font toujours avoir
Sont donc pas d’affaires !

Les pauvres s’achètent jamais rien
Les pauvres ont toujours un chien
Les pauvres se font prendre à voler
Y s’ font arrêter

Les pauvres, c’est d’ la vermine
Du trouble pis d’ la famine
Les pauvres, ça couche dehors
Les pauvres, ça l’a pas d’ char
Ça boé de la robine pis ça r’garde les vitrines
Pis quand ça va trop mal
Ça s’tape sa photo dans l’journal...

Les pauvres, ça mendie tout l’temps
Les pauvres, c’est ben achalant
Si leur vie est si malaisée
Qui fassent pas d’ bébé ! ! !

Les pauvres ont des grosses familles
Les pauvres s’ promènent en béquilles
Y sont tous pauvres de père en fils
C’t une manière de vice...

Les pauvres sortent dans la rue
C’est pour tomber su’ l’ cul
Y r’çoivent des briques s’a tête
Pour eux, le temps s’arrête
Les pauvres ça mange le pain
Qu’les autres jettent dans l’chemin
Les pauvres, c’comme les oiseaux
C’est fait pour vivre dans les pays chauds

Icitte, l’hiver, les pauvres gèlent
Sont maigres comme des manches de pelles
Leur maison est pas isolée
Pis l’ gaz est coupé

Les pauvres prennent jamais d’vacances
Les pauvres, y ont pas ben d’la chance
Les pauvres, y restent toujours chez eux
C’est pas des sorteux

Les pauvres aiment la chicane
Y vivent dans des cabanes
Les pauvres vont pas à l’école
Les pauvres, c’ pas des grosses bolles
Ça mange des s’melles de bottes
Avec du beurre de pinottes
Y sentent la pauvreté
C’en est une vraie calamité
Les pauvres...

... mais y ont tous la t.v. couleur

12:09 Publié dans Textes | Lien permanent | Commentaires (9) |

02/12/2008

Concours

Dans le cadre du concours organisé par le Garde-mots, j’ai écrit un petit texte qui raconte l’histoire d’un cryptographe (qui décrypte des textes) et de son ami sémioticien (qui s’occupe de décrypter le sens, les signes...). Le cryptographe travaille sur le Voynich ce fameux document mystérieux apparu en 1666. Le texte est enluminé de bleu, de jaune, de rouge, de brun et de vert. Les dessins représentent des femmes nues de petite taille, des diagrammes astronomiques et environ quatre cents plantes imaginaires. Aloïs, le sémioticien, est un adepte de Greimas à qui j'ai piqué cette phrase imbitable sur le sens. Le texte (qui n'a pas gagné) est sous l’illustration suivi d’une petite définition des mots sinon allez sur le site du Garde faire des découvertes heureuses.

Voynisch1jpg

Croyez-moi, la vie du cryptographe est épuisante, plus dure encore que celle du sémioticien. J’ai encore passé la nuit à essayer de décoder le Voynich, ce manuscrit sans doute apocryphe et probablement basée sur l’uchronie. Vers les cinq heures du matin, j’étais presque certain que je le tenais. Les petites femmes nues en bleu flirtaient avec les voyelles, celles en jaune et rouge pointait lascivement les consonnes… les mille plantes imaginaires se lisaient comme des idéogrammes et les dessins astronomiques ponctuaient le tout. Avec un peu de sérendipité et sans pierre de rosette, j’avais percé tous pièges et autres cryptolemmes du Voynich. Et puis non. Vers les six heures, sous mes yeux ébahis, la jungle a repris le dessus, emplies d’affreux pornithorynques.

Je ne voudrais pas ennuyer le lecteur avec mes problèmes d’insomnie et de petites femmes nues en étalant ici mon acribie. Je voulais simplement vous parler des ennuis d’Aloïs, mon meilleur ami, tabellion minutieux et grand sémioticien. Aloïs, un cryptonyme, prétend, à l’instar du grand Greimas, qu’il est difficile de parler du sens et d'en dire quelque chose de sensé et que, pour le faire convenablement, l'unique moyen serait de construire un langage à base de cryptomnésie et qui ne signifierait rien... Foin des métalepses glissantes, je me suis dit : voilà une bonne question qui pourrait faire l’objet d’une écritude pour le Garde-mots.

Sans contrepèterie, la littérature regorge de gens qui utilisent un langage de peu de sens pour dire des choses insensées. Les sémioticiens se penchent sur la question, Aloïs a décidé d’y consacrer sa vie. Le malheur, c’est que depuis qu’il se pose ce genre de question, non seulement, il ne dort plus mais il est victime d’une panne des sens. Sa femme, la belle Hélène, connue pour sa beauté et l'incandescence de sa libido, en est toute tourneboulée. Que faire ?

J’ai suggéré à Aloïs de s’intéresser aux petites femmes nues du Voynich, mais je ne me fais guère d’illusions, le pouvoir érotique de la cryptographie est bien mince pour un vrai sémioticien. Alors, en attendant qu’il retrouve une partie de ses sens, j’ai décidé de me sacrifier. Je vais abandonner le Voynich et passer toutes mes nuits avec Hélène, en toute indécence. Je ne dormirais peut-être guère plus mais je pense que je décrypterai bien mieux le vrai sens de la vie.

Uchronie – Réécriture de l’histoire

Serendépité – Art de faire des découvertes heureuses

Cryptolemme – Rébus

Pornythorinque – Animal chimérique, un peu salopard et même vicelard.

Acribie - précision, exactitude, rigueur, minutie

Tabellion – Notaire - Qui tient des comptes précis.

Cryptonyme – Faux nom

Cryptomnésie – Ecriture automatique

Métalespse – Changement (glissement) de sens

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24/11/2008

Bonne Pioche

Ca-vient.jpg Amour toujours… Petite note en forme de devinette. Un texte extrait de l’œuvre majeure de Marie-Madelaine Pioche de La Vergne, la fille aînée de Marc Pioche.

Une dame dont le grand Boileau disait « C’est la femme qui écrit le mieux et qui a le plus d'esprit. » et Voltaire dira plus tard : « Ses romans sont les premiers romans où l’on vit les mœurs des honnêtes gens, et des aventures naturelles décrites avec grâce. Avant elle, on écrivait d’un style ampoulé des choses peu vraisemblables. » Mais sous quel nom connait-on mieux cette Pioche de la Vergne ?

Je vous laisse apprécier son style qui n’a pas l’heur de plaire à un de nos dirigeants. C’est un homme qui parle :

« Il y a des personnes à qui on n'ose donner d'autres marques de la passion qu'on a pour elles que par les choses qui ne les regardent point ; et, n'osant leur faire paraître qu'on les aime, on voudrait du moins qu'elles vissent que l'on ne veut être aimé de personne. L'on voudrait qu'elles sussent qu'il n'y a point de beauté, dans quelque rang qu'elle pût être, que l'on ne regardât avec indifférence, et qu'il n'y a point de couronne que l'on voulût acheter au prix de ne les voir jamais. Les femmes jugent d'ordinaire de la passion qu'on a pour elles, continua-t-il, par le soin qu'on prend de leur plaire et de les chercher ; mais ce n'est pas une chose difficile pour peu qu'elles soient aimables ; ce qui est difficile, c'est de ne s'abandonner au plaisir de les suivre ; c'est de les éviter, par la peur de laisser paraître au public, et quasi à elles-mêmes, les sentiments que l'on a pour elles. Et ce qui marque encore mieux un véritable attachement, c'est de devenir entièrement opposé à ce que l'on était, et de n'avoir plus d'ambition, ni de plaisir, après avoir été toute sa vie occupé de l'un et de l'autre. »

22:13 Publié dans Textes | Lien permanent | Commentaires (3) | Tags : amour, toujours |

16/11/2008

Y a un os

Ca-vient.jpg

Erectus

Néandertal

Sapiens

Pelvis

Cerveau

Vialatte prétend que l’homo sapiens date de la plus haute antiquité. Il a raison, mais qu'en est-il des autres sortes d'homo ?

On a trouvé dans le code génétique, qui trainait dans un vieil os de néandertal, le gène FOXP2 qui, chez nous, permet la parole. A cette information il faut ajouter que l’homo erectus, qui était là bien avant l’antiquité, avait un crâne et aussi un pelvis très développé.

Mais que sait-on au juste de l’homo erectus ? Vous avez sans doute entendu parler de Lucy, une de nos lointaine tante, née il y a plus de 3 millions d’années. On connaît aussi quelques squelettes plus récents qui seraient, parait-il, ceux de jeunes adolescents venus d'Afrique. Et surtout, en 2001, on a découvert un bassin, ou, si vous préférez, un pelvis d’une femme homo erectus bien plus récente que Lucy (voir photo du pelvis avec en bleu les parties reconstitués). Cela me rappelle une copine qui s’était fait une fracture de périnée, qui n’était en fait qu’une fracture du péroné.

On l'a découvert en 2001, fini d’excaver en 2003 et analysé fin 2008, le pelvis. (Ils ne bossent pas de masse dans la paléoanthropologie… mais que fait Sarko ?) Vous me direz, peu importe le temps, ce qui compte ce sont les conclusions. C’est juste ! Eh bien figurez-vous que, vu la taille de ce pelvis, l’homo erectus était non seulement un chaud lapin mais qu’il faisait des bébés avec un cerveau 30% plus gros que ce qu’on avait imaginé. C’est assez fou de penser que nos savants puissent imaginer la taille des cerveaux des habitants d'il y a un million d’années alors qu'on ne connait même pas celle du cerveau de W, ni d'ailleurs celles des six cerveaux de notre président.

Il paraît que l'erectus, avec un tel cerveau, aurait pu faire un tas de choses compliquées telles  qu'apprendre à lire et à écrire, et ceci même dans une école moderne version Darcos (pour la France) ou version Gelmini (pour l’Italie) et qu’il aurait peut-être réussi à comprendre la mécanique des subprimes. C’est fou ce qu’on tire comme infos de quelques bouts d’os, que vous et moi aurions pris pour des rogatons.

Il y a une vraie fascination chez certaines personnes pour les ossements. Ma copine Christine, par exemple, était toute fière l’autre jour de nous montrer un crâne mérovingien rapporté de la Creuse. Au delà de l’aspect légal (peut-on garder chez soi un crâne mérovingien creusois entre un crâne de mouton savoyard et un autre de chèvre angora ?) ceci pose le vrai problème de savoir pourquoi les mérovingiens en Creuse avaient de si petites têtes et de si grosses épées alors que l'erectus, lui, semblait si subtil.

A mon avis, contrairement aux pelvis, les mystères de la science sont encore entiers.

Et c'est ainsi qu'Allah est grand.

07:04 Publié dans Textes | Lien permanent | Commentaires (5) | Tags : vialatte, nouvelles |