26/04/2014
Commémorations
Notre premier ministre est à Rome cette fin de semaine pour "élever à la dignité de saint" deux ex-papes. Manuel Valls n’a-t-il rien de mieux à faire ?
Le 24 avril, notre président commémorait le 99ième anniversaire du génocide arménien. A l’occasion il a annoncé qu’il serait à Erevan le 24 avril 2015 et qu’il allait proposer une loi "contre ceux qui nient l'existence du génocide arménien". François Hollande n’a-t-il rien de mieux à faire ?
S’ils veulent continuer leur frénésie de commémoration, je leur propose le calendrier suivant. Que des 100ième anniversaires ! Quoi de mieux ?
- 28 juin Sarajevo Assassinat de l’archiduc
- 28 juillet Belgrade Déclaration de guerre de l’Autriche-hongrie à la Serbie. Bombardement de la ville.
- 30 juillet Moscou mobilisation générale
- 31 juillet soit Bruxelles pour la mobilisation générale soit retour à Carmaux pour l’assassinat de Jean Jaurès.
- 1 août Berlin déclaration de guerre de l’Allemagne à la Russie
- 2 août Paris mob générale – Luxembourg envahit
- 3 août Lunéville premier bombardement
- 4 août Assemblée nationale Poincaré appelle à l'Union sacrée devant les deux chambres qui votent les crédits de guerre à l’unanimité.
- 5 et 6 août Strasbourg - Libération d’une partie de l’Alsace sous domination allemande depuis 1870
- 16 août Liège – prise de la ville
- 20 aout Namur –chute du fort
Il y en a tous les jours. Il n’y a qu’à se reporter à Wikipedia Chronologie de la Première Guerre mondiale. Ne pas rater :
- 6 septembre 14 Première bataille de la Marne (inauguration en taxi)
- 15 décembre 14 Offensive en Champagne
- 15 février 15 Dardanelles – début de l’offensive
- 22 Mars 15 Przemysl Capitulation austro-hongroise
- 25 avril 15 Gallipoli ou Canberra Échec de l’expédition. Mort de 200 000 soldats britanniques.
- 23 mai 15 – Rome (pour Manuel) – L’Italie entre en guerre
- 23 aout 15 - Brest-Litovsk, les Russes abandonnent la ligne du Bug
- 18 octobre 15 Rives de l’Isonzo - Des morts en veux-tu en voilà
- 2 décembre 15 Salonique
- 21 février 16 début de la bataille de Verdun
- 1 avril 17 Chemin des Dames. Début de l'offensive Nivelle
- 4 mai 17 Chemin des Dames. Echec de l'offensive Nivelle
Ce périple touristique devrait s’arrêter là car le 4 mai 2017, on sera à 2 jours du deuxième tour des présidentielles. Hollande pourra reprendre le chemin des dames et Valls ira prier à Rome.
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24/04/2014
Trystan
On dit souvent qu’après trente ans, on ne se fait plus de vrais amis. C’est faux. Trystan en est la preuve… enfin en était la preuve. J’avais coutume de dire qu’il était un ami d’enfance rencontré sur le tard. C’est à sa perte que je mesure combien je l’aimais, combien nous l’aimions, Catherine et moi, et aussi tout ce que nous avions encore à faire ensemble.
Nous nous sommes connus grâce à ce blog. Il était un de ses fidèles lecteurs. Il commentait peu ou alors par email. Son premier mail date de mai 2011, il disait « Lentement je découvre le coin, Neydens, Archamps, St Julien et ce Salève tant de fois gravi par Ella Maillart...! » Après le Salève et Ella Maillart, on a bien sûr parlé de Nicolas Bouvier, de son Usage du monde. Puis nous avons enchainé sur bien d’autres écrivains voyageurs.
Le voyage et la littérature, c’était nos dadas, dadas surréalistes bien sûr. En matière de littérature, Trystan était un puits de science. Il avait beaucoup lu et parlait avec talent aussi bien de Virgile, de Montaigne, de Robert Musil, de Kazantzakis, de Vialatte, que de Mankell ou d’André Blanchard. De bien d'autres. Quelle richesse d’échanges !
Il parlait aussi de sa famille, de son père ingénieur chez Peugeot, de son frère, de son fils… Il était très fier du petit Malo qui changeait son statut social... Depuis le 4 Juillet je suis le grand père d'un petit Malo parfaitement bâti selon la médecine moderne...! Il ne peut pas se plaindre de moi car je l'ai copieusement arrosé le long de ma virée ( Berlin-Prague-Vienne- Budapest ). Pudeur de sa part ou malchances du calendrier, on n’a jamais rencontré Barbara qui l'avait pourtant amené par ici.
A la relecture de ces mails, je constate la difficulté que nous avions à nous rencontrer, moi à mes occupations municipales, lui à ses voyages. Ses passages vers Genève ne permettaient pas forcément la rencontre, c’était toujours avec moult regrets. Après l’Europe centrale, c’était l’Anatolie, l’Iran puis repos à Turin avec Barbara avant d’aller à Bangkok et à Pékin. Turin… il adorait ce coin d’Italie : Je me sens piémontais parfois tant le mode de vie me convient. On parlait de nos origines transalpines.
C’était un bourlingueur convivial. Il nous a recommandé une échoppe à Venise, deux ou trois gîtes en Crète. Des adresses précieuses car il avait vécu là et rencontré les gens, de vrais gens, des gens simples, des gens qui vivent, des gens qui existent… Pour Trystan, ce qui comptait c’était d’être, de vivre, de profiter de l’instant… C’était un homme libre. Il ignorait les gens qui vivent pour posséder et encore plus ceux à qui importe le paraître, ou alors il se moquait d'eux avec humour. A l’image de Montaigne qu'il aimait citer, il savait sonder les grâces et façons de chacun pour engendrer l’envie des bonnes et le mépris des mauvaises.
Notre voyage en Crète, c’était un peu le sien. Je le comparais à Zorba et il me répondait : comme j'aimerais avoir la spontanéité solaire de Zorba et son détachement. La mine fera faillite certes mais l'ingénieur apprendra le sirtaki. Quoi de mieux ..?
C’est aussi à cette époque qu’il a commencé à parler de ses problèmes de scalp qui devaient mal finir comme on sait.
Ce matin, j’ai parcouru tous nos mails et constaté à quel point sous son dilettantisme Trystan cachait une grande érudition et un goût profond pour la vie et pour les êtres. Je réalise aussi tout ce que l’on aurait pu faire si ce maudit mélanome… quel vilain mot mélanome !
On t’attendait Trystan. La chambre d’amis était prête. On aurait trinqué au spritz vénitien, Apérol et Proseccho, ensuite tu nous aurais concocté ce petit plat que tu nous avais promis. Le lendemain, nous aurions été dégusté le menu gastro à l’Angelick, ensuite on aurait fait une petite marche sur la Salève à admirer le Mont-Blanc et le Jura en parlant d’Ella Maillart, de Nicolas Bouvier, de tous nos chers auteurs, de la Crète, du Piémont ou encore des progrès du petit Malo.
Adieu l’artiste !
09:15 Publié dans Blog | Lien permanent | Commentaires (1) |
18/04/2014
Gabo
Hommage à Gabriel Garcia Marquez élevé par sa grand-mère, Doña Tranquilina Iguarán Cotes de Márquez, femme de caractère qui trouvait normal l'anormal, qui côtoyait fantômes et prémonitions, et qu'il dépeindra sous les traits d'Ursula Buendía dans ce fameux roman qui commence comme ça :
Bien des années plus tard, face au peloton d'exécution, le colonel Aureliano Buendia devait se rappeler ce lointain après-midi au cours duquel son père l'avait emmené découvrir la glace. Macondo était alors un village de vingt maisons en glaise et en roseaux, construites au bord d'une rivière dont les eaux diaphanes roulaient sur un lit de pierres polies, blanches, énormes comme des oeufs préhistoriques.
Le monde était si récent que beaucoup de choses n'avaient pas encore de nom et pour les mentionner, il fallait les désigner du doigt.
Tous les ans, vers le mois de mars, une famille de Gitans déguenillés plantait sa tente près du village et, dans un grand tintamarre de fifres et de tambourins , faisait connaîre des nouvelles inventions. D’abord ils apportèrent l'aimant. Un gros Gitan à la barbe broussailleuse et aux mains de moineau, qui répondait au nom de Melquiades, fit une truculente démonstration en public de ce que lui-même appelait la huitième merveille du monde des savants alchimistes de Macédoine. Il passa de maison en maison, traînant derrière lui deux gros lingots de métal, et tout le monde fut saisi d’effroi à voir les chaudrons, les poêles, les tenailles et les chaufferettes tomber tout seuls de la place où ils se trouvaient, le bois craquer à cause des clous et des vis qui essayaient désespérément de s'en arracher, et même les objets perdus depuis longtemps apparaissaient là où on les avait le plus cherchés, et se traînaient en débandade turbulente derrière les fers magiques de Melquiades. "Les choses ont une vie bien à elles, clamait le Gitan avec un accent guttural; il faut réveiller leur âme, toute la question est là". José Arcadio Buendia, dont l'imagination débordante allait toujours plus loin que le génie de la Nature, quand ce n'était pas plus loin que les miracles et la magie, pensa qu'il était possible de se servir de cette invention inutile pour extraire l'or des entrailles de la terre.
12:32 Publié dans Lecture | Lien permanent | Commentaires (8) |
17/04/2014
Blasphème
Voi che vivete sicuri
Nelle vostre tiepide case,
Voi che tovate tornando a sera
Il cibo caldo e visi amici,
Vous qui vivez en toute quiétude
Bien au chaud dans vos maisons,
Vous qui trouvez le soir en rentrant
La table mise et des visages amis,
Ceci est la première strophe du poème introductif de Se questo è un uomo de Primo Levi, poème que beaucoup d’italiens connaissent par cœur. Ce livre est la référence mondiale sur les horreurs de la Shoah. C’est la raison pour laquelle ils ont été outrés par le pastiche qu’en a fait Beppe Grillo, le populiste cinq étoiles, sur son blog intitulé, se questo è un paese :
Vous qui vous désintéressez de la chose publique
Comme si vous étiez étrangers à la vie des personnes
Moins chanceuses qui vous entourent
Vous qui trouvez en rentrant le soir
Dans vos maisons confortables
Le téléjournal du régime et les visages des mafieux sur l’écran
Tandis que vous mangez avec vos enfants
Que vous éduquez à devenir indifférents et esclaves.
…
Le pastiche continue et explique à quel point "questo paese", l'Italie est corrompue et pourrie de l'intérieur. La situation vaut-elle de pousser aussi loin l'analogie ?
A la lecture de "se questo è un paese", les premiers indignés ont été les ligues juives qui ont crié aux viol du texte sacré, ceci d'autant que le billet de Grillo est accompagné d'un détournement du fameux Arbeit mach frei, le travail rend libre, slogan nazi affiché à l'entrée du camp d'Auschwitz.
P2 macht frei, la P2 rend libre vient du nom de la fameuse loge du Grand Orient d’Italie, Propaganda Due. Tristement célèbre en Italie, cette loge, dissoute en 1981 comme organisation criminelle, incarne dans l’opinion publique italienne les liens entre la mafia, le pouvoir politique et le terrorisme des années de plomb. Son nom est entré dans le vocabulaire courant pour désigner les pouvoirs occultes.
La suite du texte de Primo Levi :
Considérez si c'est un homme
Que celui qui peine dans la boue,
Qui ne connaît pas de repos,
Qui se bat pour un quignon de pain,
Qui meurt pour un oui pour un non.
Considérez si c'est une femme
Que celle qui a perdu son nom et ses cheveux
Et jusqu'à la force de se souvenir,
Les yeux vides et le sein froid
Comme une grenouille en hiver.
N'oubliez pas que cela fut,
Non, ne l'oubliez pas :
Gravez ces mots dans votre cœur,
Pensez-y chez vous, dans la rue,
En vous couchant, en vous levant ;
Répétez-les à vos enfants,
Ou alors que votre maison s'écroule,
Que la maladie vous accable,
Que vos enfants se détournent de vous.
11:02 Publié dans Au fil de la toile | Lien permanent | Commentaires (0) |
16/04/2014
Meuh
Source : mamietitine.centerblog.net sur centerblog.
J’ai souvent traité ici des problèmes des vaches qui pètent, rotent et réchauffent la planète.
Sous l’impulsion de Barrack Obama, très concerné par les rots des vaches ricaines, l’élevage évolue.
Après les sacs qui recueillent les gaz, voilà de nouvelles idées : mettre les vaches au régime basilic et granulés ou encore mieux, fabriquer la vache du futur, une nouvelle espèce bovine propre en méthane.
Bientôt on aura dans les champs de vraies boites à MEUH !
Question : Dans quel film, Rufus est-il accordeur de boite à Meuh ?
A part ça faites un cadeau sympa, offrez une vache et un taureau. C’est gentil de penser à moi mais perso j’ai pas la place à la maison.
07:26 Publié dans Courrier International | Lien permanent | Commentaires (0) |
15/04/2014
Coeur
Je hais ce genre d’image. Je me suis toujours demandé d’où venait ce culte cordial. A ma connaissance, pas de trace de cœur du Christ ni de sa mère dans l’évangile. Je viens d’en découvrir la source ce week-end, à Paray-le-Monial, en Bourgogne, très belle basilique romane.
La responsable s’appelait Marie-Marguerite… Alacoque, née en 1647. Je vous livre un extrait de sa bio :
À cinq ans, elle entend parler des vœux religieux et, à l’insu de tous, elle fait sa première consécration à la messe en prononçant ces mots : « Ô mon Dieu, je vous consacre ma pureté et vous fais vœu de perpétuelle chasteté ». À l’âge de neuf ans, après sa première communion, elle pratique en secret des mortifications sévères de son corps, avant que la paralysie ne la cloue au lit pendant quatre ans.(...) Elle visite plusieurs couvents, et en entrant dans celui de la Visitation de Paray-le-Monial, une voix intérieure lui dit « C’est ici que je te veux » (...) Le Christ confie une mission à Marguerite-Marie : il demande au roi de France, Louis XIV, la consécration de la France à son Sacré-Cœur et sa représentation sur les étendards du royaume.
A la lecture de ces lignes, on peut penser que la pauvre gamine était un peu dérangée mais à l’époque pas de psychologue, des curés. Donc, elle entre au couvent. Elle sera poursuivi de visions du cœur du Christ. Ce qui est étonnant, c’est qu’on va la prendre très au sérieux et qu’un culte du sacré cœur va démarrer. Il aboutira à la canonisation de la fameuse Marguerite-Marie…Alacoque en 1920 par Benoît XV.
Popaul II, pape et grande éminence de la superstition, ira même spécialement sur sa tombe à Paray le Monial en 1986 pour prier.
Encore plus étonnant, après avoir critiqué François Fillion, premier ministre, pour être allé à Rome pour la béatification de Popaul II, Manuel Valls se rendra à Rome le 27 avril, pour la canonisation du même Popaul.
Et c’est là que la laïcité en prend un vieux coup. C'est bien simple, je suis écœuré et je vais de ce pas me faire cuire un œuf... Alacoque.
12:16 Publié dans Au fil de la toile, Religion | Lien permanent | Commentaires (3) |
11/04/2014
Blaireau
Dans la famille des mustélidés, j’ai parlé du furet et aussi des ratons laveurs de la Barbade mais jamais du blaireau.
L’animal bien sûr, pas l’individu grossier, antipathique et raseur, votre voisin, qui ne voit pas plus loin que son blaire et ne sort pas de son trou.
Le blaireau vient de gagner la bataille d'Angleterre. Grâce à Brian May, l'ancien guitariste de Queen, les english vont cesser l'abattage à tord et à travers de ces petites bêtes à poils noir et blanc, accusées de transmettre la tuberculose bovine.
Chez nous, les écolos législateurs, adeptes de 1984, changent le vocabulaire. Le projet de loi sur la biodiversité compte 72 articles. Il met fin aux termes nuisibles et malfaisants hérités de l'ancien code rural jugés trop anthropocentrés. Ces termes seront remplacés dorénavant par déprédateurs.
Ne traitez donc plus votre voisin, ce blaireau qui répand des tonnes d’engrais et pesticides sur ses 400 mètres carrés de terrain, de nuisibles ou de malfaisant, traitez le de déprédateur. Vous pouvez aussi continuer de le traiter de blaireau, ou de badger s’il est anglais, de tasso s’il est italien. En vieux français, on disait un taisson, en patois savoyard un tasson. Par ici, on dit "gras comme un tasson".
Vocabulaire: Déprédation vient du latin depredatio qui veut dire pillage, dépouillement. Praedere, piller en latin, praeda veut dire butin et aussi proie.
Question de faune éthique*: On ne dit plus « c’est la croix et la bannière » mais « c'est la proie et la tanière (du blaireau) »
*Ne pas confondre avec la faune étique qui elle se porte très mal.
07:09 Publié dans Au fil de la toile, Mots | Lien permanent | Commentaires (1) |