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17/04/2014

Blasphème

leviportrait.jpgVoi che vivete sicuri
Nelle vostre tiepide case,
Voi che tovate tornando a sera
Il cibo caldo e visi amici,

Vous qui vivez en toute quiétude
Bien au chaud dans vos maisons,
Vous qui trouvez le soir en rentrant
La table mise et des visages amis,

Ceci est la première strophe du poème introductif de Se questo è un uomo de Primo Levi, poème que beaucoup d’italiens connaissent par cœur. Ce livre est la référence mondiale sur les horreurs de la Shoah. C’est la raison pour laquelle ils ont été outrés par le pastiche qu’en a fait Beppe Grillo, le populiste cinq étoiles, sur son blog intitulé, se questo è un paese :

pdue_macht.jpgVous qui vous désintéressez de la chose publique

Comme si vous étiez étrangers à la vie des personnes

Moins chanceuses qui vous entourent

Vous qui trouvez en rentrant le soir

Dans vos maisons confortables

Le téléjournal du régime et les visages des mafieux sur l’écran

Tandis que vous mangez avec vos enfants

Que vous éduquez à devenir indifférents et esclaves.

Le pastiche continue et explique à quel  point "questo paese", l'Italie est corrompue et pourrie de l'intérieur. La situation vaut-elle de pousser aussi loin l'analogie ?

A la lecture de "se questo è un paese", les premiers indignés ont été les ligues juives qui ont crié aux viol du texte sacré, ceci d'autant que le billet de Grillo est accompagné d'un détournement du fameux Arbeit mach frei, le travail rend libre, slogan nazi affiché à l'entrée du camp d'Auschwitz. 

P2 macht frei, la P2 rend libre vient du nom de la fameuse loge du Grand Orient d’Italie, Propaganda Due. Tristement célèbre en Italie, cette loge, dissoute en 1981 comme organisation criminelle, incarne dans l’opinion publique italienne les liens entre la mafia, le pouvoir politique et le terrorisme des années de plomb. Son nom est entré dans le vocabulaire courant pour désigner les pouvoirs occultes.

La suite du texte de Primo Levi :

Considérez si c'est un homme
Que celui qui peine dans la boue,
Qui ne connaît pas de repos,
Qui se bat pour un quignon de pain,
Qui meurt pour un oui pour un non.
Considérez si c'est une femme
Que celle qui a perdu son nom et ses cheveux
Et jusqu'à la force de se souvenir,
Les yeux vides et le sein froid
Comme une grenouille en hiver.

N'oubliez pas que cela fut,
Non, ne l'oubliez pas :

Gravez ces mots dans votre cœur,
Pensez-y chez vous, dans la rue,
En vous couchant, en vous levant ;
Répétez-les à vos enfants,

Ou alors que votre maison s'écroule,
Que la maladie vous accable,
Que vos enfants se détournent de vous.

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