29/08/2015
Le toupet de Trump
Selon l’économiste Daniel Cohen, 90% des américains n’ont pas augmenté leur pouvoir d’achat dans les 30 dernières années.
Pendant ce temps Donald Trump multimilliardaire, qui a fait sa fortune dans l’immobilier, monte dans les sondages. Comment est-ce possible que tous ces gens qui galèrent puissent penser que cet homme serait un bon président pour eux ? Sans doute le mythe de la réussite qui laisse à penser que quelqu’un qui a réussi va amener les autres au succès. Et pourtant tout le monde sait que quelqu’un qui a amassé une si grande fortune, surtout dans ce domaine, ne peut l’avoir fait qu’au détriment du plus grand nombre, donc de l'intérêt général.
En plus, ce triste sire est sexiste et raciste. Il accumule les déclarations qui puent. Mais il amuse la galerie. Son dernier truc en date tourne autour de sa soi-disant perruque (toupée*). On dirait qu’il en a une mais en fait ce sont ses vrais cheveux fait-il constater par une dame du public.
L’anglais toupée veut dire postiche, vient du français toupet. Un toupet est une touffe (même origine de l’allemand topf) de cheveux sur le sommet de la tête, le mot viendrait donc de l’anglais top, sommet. Quant à Trump, s’il n’a peut-être pas pas de toupée mais il a un sacré culot qui l’amène au sommet des sondages. Perso, je ne trouve pas ça top.
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28/08/2015
Rudologie bis
Lilian, 8 ans, me parle avec grand enthousiasme de sa visite à Bruniquel* et d’un homme « presque » Cro-Magnon, homme qui lui a montré comment se servir d’un propulseur à sagaies et autres instruments genre fronde à tuer le mammouth bâtie façon marteau d’athlète... Il me dit qu'il a même essayé avec le propulseur et la fronde de tuer une balle de foin faisant office de pachyderme... "mais ce n'était pas si facile." Finalement, il me chante la chanson qu'il connaît assez bien...
Du coup, je cherche la chanson des 4 barbus, le commentaire du Garde-Mots... et je retombe sur ma note sur la rudologie postée en 2009 avant que je ne sois élu au Sidefage et bientôt institué spécialiste du déchet*…
La rudologie, une science de notre temps.
Comme dirait Vialatte, le rudologie date de la plus haute antiquité et même plus. Déjà dans sa caverne l’homme de cro, l’homme de ma, l’homme de Cromagnon, pon pon laissait des déchets. Très peu en comparaison de l’homme moderne, cela va de soi.
Ah oui, j'allais oublier, du latin rudus, décombres, la rudologie est l’étude des déchets.
Eh oui, la poubelle, est un bon moyen de mesurer le pouls de la société. (La poubelle ne date que du 19ième siècle, Eugène Poubelle (1831-1907), préfet de Paris, fut amené à prendre un arrêté en 1884 qui obligeait les propriétaires d'immeubles à mettre à disposition de leurs locataires des récipients communs, munis d'un couvercle et d'une capacité suffisante pour contenir les déchets ménagers.)
Plus près de nous entre 1985 et 1990, la société française avait quatre grandes catégories de poubelles :
- Les poubelles de l’abondance pour les déchets des ploutocrates, les riches, ceux qui ne jettent que des Rolex usagées ou des bijoux dessertis.
- Les poubelles du choix possible pour les déchets de la classe moyenne qui jette des choses moins fantaisistes, des Swatch qui ne marquent l'heure que deux fois par jour, des quolifichets achetés au souk de Marrakech...
- les poubelles du nécessaire pour les déchets des HLM. Très riches en cartons d'emballage, pack de bières vides, jouets toc en plastoc et autres rogatons.
- Enfin les poubelles de l’indispensable, les déchets des pauvres, assez proches des déchets que laissait Cromagnon. Peu de choses en somme.
Les déchets sont précieux pour révéler les comportements spatio-temporels d’une société donnée. Ainsi par exemple, rien qu’en examinant les ordures rejetées par une catégorie sociale, les rudologues peuvent apprendre qui travaille et à quel heure, qui fait la fête, en famille, qui partouze, qui chôme, qui se gave etc… Dans la poubelle on distingue aussi le rat de ville du rat des champs… Bref, la rudologie est devenue une branche importante de la sociologie. Et en ce moment les fours des incinérateurs à ordures du Sidefage ne fonctionnent pas à leur pleine capacité. On se demande bien pourquoi.
A noter que les hommes de la grotte de Bruniquel étaient sûrement des Néandertaliens et pas des sapiens comme l'homme de cro, l'homme de ma, l'homme de gnon, l'homme de Cro-Magnon, ce n'est pas du bidon...
* Déchet à la même origine que déchoir et décadence qui vient du decadere latin qui veut dire tomber (cadere en italien). Peu à peu le sens du mot a déchu et on a dit "aller en déchié (sic Alain Rey) pour les ordures puis le mot s'est transformé en déchet. Les intercommunalités en ont fait des déchetteries (intercommunales) pour la propreté du territoire (intercommunal).
* Ordure vient de ord ou orde qui voulait dire sale. Mot dérivé du latin horridus, hérissé ou à l'aspect sauvage qui a donné horreur et horrible.
A propos de déchié, une petit contrepèterie : "La philanthropie de l'ouvrier charpentier"
09:04 Publié dans Rudologie | Lien permanent | Commentaires (2) |
27/08/2015
Nader et l'IA
Ce blog parle assez souvent de robots et aussi de la singularité. Récemment, j’ai fait une note sur le film Ex Machina. Je rappelle que la singularité est ce moment, pour l’instant hypothétique, où la machine va devenir indépendante de l’homme voire même être un réel danger pour la race humaine.
Dans son roman Rainbows End, Vernor Vinge nous raconte, à travers une fiction, ce moment singulier où la machine va prendre son essor, disons vers 2025-2035.
Pas mal de gens pensent que cette idée est stupide que la machine sera toujours une bête machine. Un gros robot stupide, disait Boris Vian.
Pourtant, je lis de plus en plus d’articles écrits par des personnes sérieuses qui s’en inquiètent. Vous avez peut-être entendu parler de l’alerte lancée par Stephen Hawking sur la menace que cause l’Intelligence Artificielle (IA). Il a été rejoint par Bill Gates. Aujourdh’hui, je lis un article de Ralph Nader, le pape de l’écologie aux US. Nader pointe les robots militaires :
On sait que 70% du volume des échanges boursiers des Etats-Unis sont désormais le fait d'ordinateurs (…) Les armes autonomes, par exemple, peuvent être conçues dans un certain but par les armées, mais leur usage peut déboucher sur des situations non souhaitées et plus redoutables, où ces armes décideraient d'elles-mêmes qui et quand elles frapperaient. Bien sûr si cela peut arriver, cela arrivera !
Effrayant ? N’est-il pas ?
Que de chemin parcouru depuis 1953 et le fameux robot à Ducros dont se moquait Boris Vian ! « He va donc gros robot ! » disait-il à un robot obèse. Qu’en penserait-il aujourd’hui ? On peut se demander si l’avenir est encore à Pic de la Mirandole ou s’il ne serait pas plutôt à un nouveau Robespierre debout face aux apprentis sorciers.
17:02 Publié dans Numériclash, Science | Lien permanent | Commentaires (1) |
16/08/2015
De la qualité !
Trois dévaluations du yuan en trois jours ! Les raisons invoquées : Le taux de croissance de l’économie chinoise est passée en dessous des deux chiffres. Alerte ! Il faut faire quelque chose d'urgent ! Evidemment. Pour mémoire un taux de 10% provoque un quasi doublement en 7 ans, quadruple en 15 ans et est multipliée par 8 en 22 ans.
On parle ici de la croissance du PIB, cet indicateur qui additionne les constructions et les destructions, les bombes atomiques, les accidents de la route, la pollution et la lutte antipollution… Bien sûr on peut parler d’autres types de croissance, par exemple la croissance de la qualité de vie ou des processus démocratiques, on peut rêver…
Ce taux d'augmentation du PIB, à un ou deux chiffres, est donc parfaitement stupide. Du coup, on enregistre un max de problèmes tels Tchernobyl, Fukushima et ces jours-ci Tianjin. Remarquez que messieurs Hollande et Vals, après monsieur Sarkozy, nous parlent en priorité de cette croissance là pour nous sortir de la crise. Accroître la quantité, toujours la quantité, jamais la qualité.
Ecoutons ce que disait le sage Edmond Maire, il y a plus de 40 ans :
Depuis 1972, on s’est rapproché du précipice, il est minuit moins trois. Le chômage atteint presque partout des niveaux record, la pollution a augmenté, le dérèglement climatique est avéré, la mondialisation est passée tel un rouleau compresseur écrasant aussi bien les habitants des pays riches que des pays pauvres dans une compétition aux vainqueurs illusoires….
Il faut vraiment changer de paradigme*. On doit investir dans la rénovation thermique, le développement des modes de transports collectifs, le verdissement des processus industriels, l’agro-écologie, etc. Seuls l’UE peut le faire en imaginant et en mettant en oeuvre des investissements considérables à travers des mécanismes bancaires d’un type nouveau au service de la collectivité plutôt qu’au service des plus riches.
Mais qu’est ce qui me prend de m’attaquer à de tels problèmes ? Allez plutôt sur le site de Nouvelle Donne ou intéressez-vous à Altarnatiba Léman.
* Un paradigme est une représentation du monde, une manière cohérente de voir les choses. En grec paradeïgma signifie « modèle » ou « exemple »
En physique le paradigme newtonien qui avait remplacé celui de Ptolémée a été remplacé par la relativité générale et la physique quantique. Impossible de penser l'univers comme le pensait Newton et encore moins comme Ptolémée. De même, en matière d'économie, le paradigme du capitalisme néo-libéral est devenu nuisible (in fine même pour les riches) et doit donc être déclaré obsolète et remplacé par autre chose.
10:06 Publié dans Société | Lien permanent | Commentaires (1) |
14/08/2015
Antimatière
Cela fit longtemps que je ne vous ai pas donné des nouvelles de la science fondamentale, celle qui cherche à expliquer l’univers et voudrait bien trouver Dieu le pourquoi de ce foutoir tout en débusquant le comment.
(Image : Schéma de l'intérieur d'un proton : deux quarks up et un down. Leur charge de couleur évolue dynamiquement par l'échange de gluons.)
On nous a appris que le monde est fait de matière et d’antimatière. Mais est-ce si sûr ? Pour moi l’existence de cette antimatière ressemble à un gag de physicien quand on sait que, selon l’équation de Dirac 1928, quand matière et l’antimatière se rencontrent elles disparaissent (les deux) et se transforme en énergie selon la fameuse équation E=MC2. Donc l’antimatière est très virtuelle car le premier qui met le doigt dessus va se fait péter les phalanges voire plus si il y en a beaucoup.
On se dit donc que c’est encore un truc pour financer des chercheurs en physique et construire au CERN des machines gigantesques pour faire tourner la matière en bourrique. Comment démontrer (ou non) la symétrie entre les deux sortes de matière sachant que seule notre matière à nous est vraiment palpable ?
Mon informateur au CERN (Eh oui, je me flatte d’avoir un informateur au CERN) après m’avoir rapporté que la taille des prochains synchrotrons fera le tour du Salève puis ira de la terre à la lune et ensuite de la terre au soleil, mon informateur donc vient de m’envoyer une autre coquecigrue* sur la super symétrie.
Nos savants fous jouent, avec leur synchrotron à protons (ou à baryons ou encore hadrons si on préfère), le LHC. Ils jouent à piéger protons et antiprotons dans des pièges de Penning (voir ci.dessous un piège à positron). Le piège attrape un proton à la fois, il le piège comme un vulgaire lapin de garenne. Bizarrement, le rapport ne parle pas d’accélérateur mais de décélérateur, sans doute la mode du slow travel. Ils cherchent à déterminer le rapport charge sur masse des vrais et des faux protons.
Pour obtenir un proton, c’est simple, il suffit de prendre un atome d’hydrogène et de virer son électron négatif, on obtient un H- car le H normal est un H+. Pour l’antiproton, l’article ne dit rien. On prend sans doute un antiatome d’hydrogène (mais où ? dans le piège ?) auquel on retire son positron (ou positon qui est un electron prositif).
Résultat des courses : Le CERN annonce que, bien qu'ils aient mis le paquet, la comparaison la plus précise à ce jour entre le rapport charge sur masse du proton et celui de l’antiproton ne montre aucune différence, zéro, nib, walou, nada, que dalle. Il faudra donc rajouter du pognon pour continuer à douter de la super symétrie. Voilà, voilà !
Vialatte aurait sans doute conclut : Et c’est ainsi qu’Allah est grand !
* La coquecigrue est une créature imaginaire. C'est aussi Une billevesée, une sornette, une chose inventée. Débiter des coquecigrues signifie raconter une histoire ou un conte, mentir. Regarder voler des coquecigrues signifie se faire des illusions, s'occuper de choses inexistantes, voire ne rien faire du tout. Ce mot a été employé pour la première fois dans la littérature française par Rabelais qui raconte dans Gargantua comment Picrochole, vaincu et chassé de son royaume « fut avisé par une vieille lourpidon (sorcière) que son royaume lui serait rendu à la venue des Cocquecigrues » autrement dit jamais, soit, selon une expression plus actuelle : « quand les poules auront des dents ».
21:57 Publié dans Science | Lien permanent | Commentaires (0) |
13/08/2015
Chinois
Tout le monde connaît l’expression « C’est du chinois ! » qui signifie que c’est incompréhensible. Quand on a vu les caractères chinois, on comprend bien pourquoi. Quand on sait comment se forment les caractères, trait après trait, comment on cherche les mots dans un dictionnaire... on comprend encore mieux. Pourtant le chinois a un gros avantage, son écriture est universelle. Quand on connaît les idéogrammes, on peut communiquer par écrit avec quelqu’un qui parle une autre langue et bien sûr sait lire ces même idéogrammes (ceci à quelques petites réserves).
Est-ce que c’est la raison pour laquelle les Sud-africains ont mis le mandarin au programme de l’école primaire ? Peut-être pas… Sans doute quelques raisons économiques sous-jacentes, enfin peut-être... Les opposants ne se privent pas de parler de néo-colonialisme.
Le président sud-africain Jacob Zuma rencontre son homologue chinois Xi Jinping lors d’une visite à Pékin, en décembre 2014. AFP PHOTO / POOL / WANG ZHAO
Le premier président du Kenya, Jomo Kenyatta en parlant des anglais disait : « Ils avaient la Bible et nous la terre. Ils nous ont appris à prier les yeux fermés. Quand nous les avons ouverts, nous avions la Bible et eux la terre ».
Espèrons que les sud-Africains ne disent pas bientôt : « Ils avaient les idéogrammes et nous la terre. Ils nous ont appris le chinois à la maternelle en nous chantant des berceuses. Quand on s’est réveillé, nous avions les idéogrammes et eux la terre ».
18:14 Publié dans Courrier International | Lien permanent | Commentaires (1) |
11/08/2015
Août
Un petit texte du grand Alexandre pour le mois d'août
La Montagne – 22 août 1961
Tels sont les plaisirs du mois d’août, l’un des mois les plus nécessaires à la géoponie française (géoponie est dans le dictionnaire, vous n’avez qu’à le chercher vous-même*) parce que la chaleur étouffante procure au moissonneur les grosses transpirations qui lui sont tellement nécessaires pour éliminer rapidement les immenses quantités de boisson que la température l’oblige à absorber dans cette période de gros travaux.
Les Romains le célébraient en faisant mille folies, fêtaient Bacchus et tuaient des chiens pour les punir de n’avoir pas aboyé quand les Gaulois avaient assiégé le Capitole. Ils allaient jusqu’à couronner une tête de cheval noir de petits pains.
Aujourd’hui, on mange les petits pains, on se réfugie dans sa baignoire, on visite les expositions. L’homme s’agite, la femme se démène. Elle brille sur les plages à la mode d’un éclat emprunté au masque à la tomate et à la brosse conique qui rend le bouffant des cheveux. Le cheveu lui-même est nourri de « crèmes coiffantes » ; on ne voit plus que « nus améliorés » ; bref la vieillesse est devenue un mythe, je dirai même l’un des pires témoignages d’une mauvaise éducation.
Ensuite il nous fait part de la difficulté de nourrir le porc normand qui a de trop grandes oreilles et ne peut pas voir ce qu'il mange. Du coup, ils gémit et pleure ce qui est mauvais pour son engraissement...
* Comme je suis sympa, je vous mâche le boulot. Ne googlisez pas géoponie, c' est un terme savant pour agriculture. Du grec Gé la terre et poneis travailler. Nos paysans font tous de la géoponie sans le savoir.
Pensée de Jacques Siberfeld, un copain Vialatte :
Les crocodiles vivent cent ans ; les roses trois jours. Et pourtant, on offre des roses.
05:39 Publié dans Vialatte | Lien permanent | Commentaires (4) |