14/06/2016
Bogd Khan Uul
En lisant le livre de Léonid Youzéfovitch, le baron Ungern, je découvre une montagne proche de Oulan-Bator qu’il appelle Bogdo-Ul et que l’on retrouve sur le net sous le nom de Bogd Khan Uul. Du coup, je me paie une tranche de dépaysement. Un sommet de 2290 mètres tout boisé juste à côté de la capitale mongole.
J'en déduis que Bogd est un sommet en mongol. En 1912, les chinois avaient fait prisonnier le dernier Bogdo Gegen*. C’était une belle erreur quand on sait que le Bogdo Gegen est avec le Dalaï Lama et le Penchen Lama un des trois bouddhas vivants et qu’en plus le Bogdo bien que tibétain était adoré par les mongols.
Le rusé Ungern, que certains croyaient être la réincarnation de Gengis Khan, en a profité pour mener une guerre psychologique aux républicains chinois qui avaient viré l’empereur mandchou Qing en 1911. Ils s’étaient installés à Ourga/Oulan Bator. Ungern faisait des feux sur le Bogdo-Ul. La superstition a joué à plein. Les chinois en bien plus grand nombre que les troupes blanches de von Ungern-Sternberg étaient terrifiés à la vue de ces feux.
Un sommet de 2290 mètres tout boisé juste à côté de la capitale mongole, on comprend que les tour-operator en aient fait un haut lieu de balade.
On peut y faire du cheval soi-disant sans émission de CO2 (et l’avion banane ?) mais attention « Il est de la responsabilité du client d'être entièrement recouvert d'assurance voyage et médicale lors d'un voyage en Mongolie. »
Donc couvrez-vous !
* Le Bogdo Gegen est aussi appelé Khutuktu. Les Khutuktu successifs sont des réincarnation de grand lamas et constituent donc une lignée de tulku. Mieux vaut savoir prononcer les U en tibétains. En fait tulku est la traduction en tibétain du sanscrit nirmanakaya. En sanscrit, il faut savoir prononcer les A. Le tulku n'a pas forcément un chapeau pointu et ne dit pas turlututu. La preuve ces 3 tulkus photographiés un jour de festivité au Tibet et qui illustrent l'article tulkou de wikipedia :
Ceci est un retour à la rubrique géographique.
22:13 Publié dans Géographie, Humour | Lien permanent | Commentaires (0) |
08/06/2016
Manufrance
"Le bonheur c’est de réaliser sa nature profonde" disait Spinoza. Voilà bien une phrase tellement profonde qu’elle me semble être sans fond.
Lorsqu’on demandait à Vialatte quelles étaient ses sources d’inspiration, il citait le catalogue de Manufrance et Charles Dickens. Et comme je pense que ma nature profonde est vialattienne, je me suis précipité pour savoir si ce catalogue existe toujours. Il fallait s'y attendre, la version papier est morte en 1985. Il faut donc se fier à la version internet.
Si vous chercher sur le site « équipement du marcheur » vous découvrirez un choix intéressant d’appeaux en tête de liste : Appeaux à bouche, merle, grive tourdre, grive blessée, chouette, renard, sarcelle, sanglier, buse, mésange, huppe… appeaux à soufflet, merle, grive litorne, caille, grive tourdre, canard col-vert femelle… appeaux à vis pour grive musicienne (comment s’en passer ?), chardonneret (photo), rossignol…
Et bien sûr on a le bâton à réserve d’alcool absolument nécessaire en montagne et déjà cher à Vialatte.
Alexandre avait raison, Manufrance est une grande source d’inspiration. Une source qui ne peut que satisfaire ma nature profonde qui est foncièrement curieuse, hétéroclite et frivole. Un vrai foutoir.
Il n'y a guère que le foot qui m'indiffère... quoique. Je regarderais peut-être la finale, si l'Angleterre sort de l'Europe.
Quant à Dickens et son Pickwick, je vous en parlerai plus tard... peut-être. Juste une citation tirée des grandes espérances qui a inspiré "Mister Pip" à Lyod Jones.
- Camilla... ma chère... c'est un fait avéré que vos sentiments de famille vous minent, au point de rendre une de vos jambes plus courte que l'autre.
16:00 Publié dans Vialatte | Lien permanent | Commentaires (1) |
04/06/2016
BP
Retour sur la visite de la caverne Chauvet.
Très belle reconstitution des plus beaux morceaux de cette grande grotte découverte dans un endroit singulier tout près de la fameuse arche sur l’Ardèche à Vallon Pont d’Arc.
Un petit regret, trop de monde (cadence des visite de groupe : 5 minutes) ne permet pas vraiment de retrouver le mystère ressenti dans la grotte de Niaux (10 ans déjà). Hé oui, un peu de mysticisme ne nuit pas !
Deux discussions dans notre groupe, qui adore discuter et disputer, suite à la visite du musée de la préhistoire de l'aven d'Orgnac et de ses tableaux pas très clairs. Etaient-ce vraiment des Homo Sapiens (on dit maintenant hommes modernes) et qu’elle est la référence exacte de BP ?
Donc oui, il y a 37’000 ans BP des aurignaciens ont peint sur ces murs, suivis il y a 31 à 27 mille ans (toujours BP) par des gravettiens. Les deux populations sont des hommes modernes contemporains des derniers hommes de Néandertal mais différents génétiquement.
Quant au croisement entre Sapiens et Néandertal impossible de se faire une idée précise sur le Web, ADN nucléaire ou mitochondrial... Trop d’avis pas clairs voire contradictoires. Il va falloir attendre un peu.
Quant au BP, Before Present c'est avant le premier janvier 1950. Pourquoi cette date ? On ne sait pas trop. La datation au carbonne 14, peut-être. Elle est un peu plus ancienne (10 BP) mais vraiment utilisée qu’à partir de 1950.
Pour mettre tout le monde d’accord, j'ai proposé de traduire BP par « Before Perino ». Il suffirait de changer la date d’exactement un petit trimestre (au 1 avril 50) et on aurait une référence solide. Cette prétention me rappelle un poème de Boris Vian. V comme Vian.
Le fond de mon cœur
Je vais être sincère – une fois n'est pas coutume
Voilà : Je serai content quand on dira
Au téléphone – s'il y en a-t-encore
Quand on dira V comme Vian…
J'ai de la veine que mon nom ne commence pas par un Q
Parce que Q comme Vian, ça me vexerait.
13:45 Publié dans Blog, Science | Lien permanent | Commentaires (1) |
03/06/2016
Pédalo
Le Zouave du pont de l'Alma a de l'eau à mi-cuisses.
Avec la Seine en crue, certains suggèrent de remplacer les Vélib’ par des pédalos.
Vialatte a célébré en son temps le pédalo et pourtant il ne connaissait pas le couple royal présidentiel
"C’est grâce au pédalo que l’homme glisse sur les eaux comme le cygne de Sully Prudhomme. Il veut des couples assortis dont il exige la majesté du buste et la célérité des membres inférieurs. Il convient aux caissières qui sont belles par le haut, et à certaines veuves, un peu fortes, d’officiers supérieurs ou de commerçants aisés.
La femme sera royale et l’homme présidentiel. On peut mettre ses décorations. Le thorax doit être pompeux, l’abdomen assez important, la barbe paraît essentielle. Le haut-de-forme étant démodé, il vaudra mieux aller tête nue ; mais le melon, si l’on veut, sera noir.
Le sourire doit rester naturel et la conversation mondaine. La règle d’or est que la tête et la nuque, le thorax, le geste des bras restent toujours dans l’ignorance de l’immense frénésie des membres inférieurs."
(Alexandre Vialatte, Almanach Marie-Claire, août 1964)
Dans la Montagne, il disait déjà :
"Quel homme que l’homme ! (…) Tandis que sa vaste pensée, derrière son vaste front, en haut de sa vaste tête, sur son buste majestueux, a l’air de méditer sur son âme immortelle, ses pieds actionnent frénétiquement la manivelle d’un pédalo.
Ce pédalo, constate Pascal, lui cache la mort."
(La Montagne – 12 juillet 1960)
En fait, ne cherchez pas, Pascal n'a jamais parlé de pédalo, il disait juste qu'on pédalait pour ne point penser à la mort.
"Les hommes n’ayant pu guérir la mort, la misère, l’ignorance, ils se sont avisés, pour se rendre heureux, de n’y point penser”
“Tout le malheur des hommes vient d’une seule chose, qui est de ne pas savoir demeurer en repos dans une chambre”
18:41 Publié dans Au fil de la toile | Lien permanent | Commentaires (0) |
02/06/2016
Où vas-tu Pedro ?
Où vas-tu Pedro ? Au théâtre à Ferney-Voltaire
Adaptation et mise en scène : Marie-Laure Berchtold
Où vas-tu Pedro ? C’est la question posée par un enfant tapi dans un buisson à un soldat républicain prisonnier des fascistes, un matin de 1937. Sur scène, des Pyrénées à la Galice, c’est la quête des petits-enfants de républicains espagnols pour ouvrir les fosses communes et refermer les blessures de la mémoire.
A travers les témoignages recueillis auprès des derniers républicains espagnols, la pièce raconte une Espagne qu’on a voulu effacer pendant plus de 70 ans, une Espagne qui parle et qui chante, transformant le silence en mots, tissant des liens entre le passé et le présent, entre l’intime et le collectif, entre l’Espagne et le reste du monde. Une histoire reconstituée et soudain présente, une histoire universelle.
Si vous habitez loin de Ferney, tant pis pour vous. Sinon vous pouvez encore tenter votre chance jusqu’à dimanche pour voir la pièce montée par Marie-Laure Berchtold avec son atelier théâtre. Si vous n’êtes pas dispo ou qu’il n’y a plus de place, demandez lui de jouer les prolongations cet automne.
Une note de plus pour vous dire tout le bien que je pense du travail de Marie-Laure comme metteur en scène. Je l’ai déjà dit ici entre autre, avec les élèves de son atelier, elle monte des spectacles d’une qualité exceptionnelle dans un style bien à elle : des sujets forts, traités dans l’émotion et la poésie.
Cette évocation de la guerre civile qui opposa les républicains aux phalangistes fascistes et aux troupes de ce cabrón de Franco, se situe en 2006 lorsque la recherche des corps des républicains massacrés par les phalangistes fut enfin autorisée. Manon Moreau en tira une pièce de théâtre. Marie-Laure l'a fait jouer par ses élèves. Et nous, on est ému par la scène de ces trois femmes qui fuient le pays pour se réfugier en France et chantent une berceuse galicienne pour oublier la guerre et se souvenir des jours heureux.
Franck Janura chante et accompagne à la guitare des mélodies nostalgiques reprises par la troupe ce qui ajoute une belle note musicale à cette prestation théâtrale portée par 12 comédiens passionnés et troublants de vérité. Ils sont les passeurs de mémoire, du berger à la jeune fille en colère, du commandant anarchiste aux femmes sur la route de l’exil, des petits-enfants des républicains espagnols à cette vieille femme qui veille sur le vieux châtaignier comme sur un trésor. Personne n’a oublié Pedro. On s’en souviendra longtemps.
10:02 Publié dans Théatre | Lien permanent | Commentaires (0) |
31/05/2016
Parkour
Parkour, gluten et quadrupédie
Comme le running ou le régime sans gluten, le parkour est à la mode, enfin pour ceux qui peuvent se le permettre car c'est encore plus difficile que la course ou la chasse au gluten.
Le parkour est une sorte de parcours du combattant que l’on peut simplifier en PK si on est minimaliste.
« Le parkour est une activité physique qui vise un déplacement libre et efficace dans tous types d’environnements, en particulier hors des voies de passage préétablies. Ainsi, les éléments du milieu urbain ou rural se transforment en obstacles franchis grâce à la course, au saut, à l’escalade, au déplacement en équilibre, à la quadrupédie*, etc… » nous dit Wikipedia.
Très spectaculaire, le parkour fait flores sur Youtube :
Ce n’est pas forcément un truc nouveau. Certains se référent à George Herbert mort en 1957, qui enseignait une méthode de gym naturelle l’Hébertisme. Voilà aussi un petit film de 1930, rien de nouveau sous le soleil...
* L’homme n’est normalement quadrupède que dans la petite enfance mais il y a des exceptions comme cette famille turque, les Ulas, qui marchent à 4 pattes.
Bien sûr le parkour a ses ratés douloureux. Âmes sensibles s'abstenir, vous pouvez aussi couper le son :
Cette note marche sur la tête mais elle est garantie sans gluten.
15:55 Publié dans Au fil de la toile | Lien permanent | Commentaires (4) |
28/05/2016
Ardèche
Une semaine en Ardèche, à la limite du Gard (Barjac), dans un couvent à l’initiative de Patrick et Chantal.
Avec un casting d'enfer : René et Raymonde, Michel et Michèle, Hélène et Christian, Lucien et l’autre Michèle (aussi prénommée Marie Joseph , comment s’y retrouver ?), Jean, Lionel et Monique et enfin Pierre et Aleth venus en voisins de Valliguières avec du vin, de l’huile et des idées de balades.
Dimanche : Balade le matin depuis la Bastide de Virac. Vue sur la fameuse arche sur l’Ardèche. Ensuite, avec Pierre et Aleth découverte des tours bizarres d’Anselm Kiefer qui a séjourné quelque temps à Barjac. Tour du pays en voiture. Inspection des chênes truffiers (photo de l'araignée jaune).
Lundi : Promenade au départ de St André de Roquepertuis en passant par Issirac et Bernas et Montclus. Très jolis villages de pierres sèches.
Mardi : Le groupe se sépare. Nous partons pour la grotte Chauvet, enfin la caverne.
Mercredi : On refait le chemin du Facteur (parcouru il y a pas mal d’années). Guidé par Pierre, on part de Brahic (un hameau des Vans) pour Murjas. Montée en direction de La Coste où l’on croise des passionnés qui refont le chemin et les terrasses (les accols). Après la descente, Pierre s’ouvre le genou vers le ruisseau en descendant de La Coste. Casse-croûte à Perriès.
Jeudi : Visite de caves et de couvent. Ensuite certaines font de l’aquarelle sous la direction de Chantale d’autres vont explorer le gué peu praticable sur l’Ardèche.
Vendredi : Descente dans les gorges de l’Ardèche. Chemin passablement difficile. Après le casse-croûte, Lulu et Mimi nous quittent pour la grotte Chauvet. Fin de balade un peu difficile pour certains. Bière bien méritée. Il est tard ce sera donc pizzas.
Le samedi retour par le chemin des écoliers. Repas à St Marcellin. Après une semaine de beau temps, la pluie s’annonce.
20:39 Publié dans Blog | Lien permanent | Commentaires (0) |