20/05/2016
Fourmis
Les rixes dans les cimetières moscovites ne sont rien en comparaison des batailles de fourmis organisées par l’ESE, le laboratoire Ecologie, Systématique et Évolution.
L’ESE s’est intéressé aux fourmis et en a tirée des conclusions aussi inquiétantes qu’un livre de Bernard Werber. Le réchauffement climatique va multiplier les millions de milliards de fourmis. Ils en ont pris 4 sortes, les plus méchantes, pour voir comment limiter l’essor formicole en provoquant des guerres entre myrmidons.
On peut se demander s’il est bien humain de faire se battre des animaux aussi féroces. Un jeu que l'on interdirait à ses propres enfants car les méthodes atroces de ces bestioles n’ont rien à envier à celles de Daech. Images insoutenables donc non diffusées ici…
Présentons les 4 antagonistes.
- W. auropunctata, la fourmi électrique, la plus petite des quatre (1 mm), très féroce.
- L. neglectus, ou fourmi des jardins, habituée à cibler les oisillons dans leurs nids ;
- L. humile, ou fourmi d’Argentine, et sa super-colonie, étendue du Portugal à l’Italie, capable de lever une armée de millions d’individus
- P. megacephala, ou fourmi à grosse tête, la seule à disposer d’une caste de soldats.
Pour chacune de ces espèces, 300 individus et une reine ont été placés dans une chambre. Puis les colonies ont été mises en contact deux à deux. Et les chercheurs ont comptabilisé les pertes pendant quarante-deux jours.
Le résultat est sans appel : la plus petite l’a emporté, la plus grande a pris une série de mémorables raclées. Leçons :
-
Celles qui s’aventurent sur le territoire adverse perdent le combat.
-
Les deux espèces qui emploient des armes chimiques, la fourmi électrique et la fourmi des jardins, sont clairement supérieures. Celles qui, au contraire, utilisent leurs mandibules pour couper leur adversaire en deux ou l’écarteler sont irrémédiablement vaincues.
Ensuite, les biologistes ont mis les quatre espèces en contact simultané. Et là, surprise . C’est la fourmi à grosse tête, la plus nulle de toutes, qui l’a emporté. Elle a laissé les autres s’entre-tuer, puis, lorsqu’elle a estimé qu’elle était en supériorité numérique suffisante, elle est passée à l’attaque. »
Napoléon le disait déjà :
« N’interrompez jamais un ennemi qui est en train de faire une erreur. »
and the winner (du match à 4) is :
11:21 Publié dans Au fil de la toile, Science | Lien permanent | Commentaires (0) |
17/05/2016
Rixe
La science fiction nous prédit qu'avec les crises économiques et écologiques, les guerres, la misère, les déplacements de population... le monde va devenir invivable et peut-être même terrifiant comme un roman de Lovecraft.
L'histoire d’outre tombe, qui est arrivée ce week-end de pentecôte à Moscou, en est une poignante illustration :
Le cimetière de Khovanskoye est en limite du cœur de Moscou, il couvre une superficie de 200 hectares. Ce qui fait de quoi enterrer 1 million de personnes à raison de deux mètres carrés par personne. Disons 500’000 en décomptant les allées entre les tombes, mais beaucoup plus si on superpose ou si on empile des urnes cinéraires, des niches de pigeon ou colombaria... Bref, niches ou pas, c’est le plus grand cimetière d'Europe et peut-être du monde.
Wikipedia nous apprend qu'y sont enterrées des russes très célèbres comme, par exemple, Vasily Aleksanyan, Iskra Babich, Dmitri Bystrolyotov, Alexei Khomich, Viktor Kosykh, Ivan Safronov ou encore Ruslana Korshunova.
Depuis plus de 20 ans, les jobs, grands et petits boulots, du cimetière étaient occupés par des tadjiks venus comme il se doit du Tadjikistan, capitale Douchanbé. Les tadjiks sont un peu perses, voire Wikipedia pour les détails ethno-géographiques. « Des migrants tadjiks qui s’occupent des morts et gagnent de l’argent ! », est-ce bien normal se sont dit quelques gangsters (gangster se dit bandit en russe, бандит), des migrants eux aussi mais plus russes car venus du nord Caucase (Tchétchénie, Daghestan, Astrakhan…).
Donc des bandits du Caucase bien décidés à obtenir leur part du gâteau estimée entre 10 et 20% des recettes ou encore 40'000 roubles par travailleur au choix. Mais voilà, les tadjiks n’étaient pas d’accord pour passer la monnaie.
Du coup, énorme rixe tadjiko-caucasienne au cimetière. Kalachnikovs des bandits contre bâtons, pelles, haches et couteaux des tadjiks. 200 personnes selon la police, 500 selon les observateurs et finalement 300 policiers dépêchés sur les lieux. Bilan : au moins 3 morts, 40 blessés et 150 arrestations.
Le tout nouveau directeur du cimetière serait à l’origine de la bagarre voulant se débarrasser des tadjiks pour mettre des copains à lui.
L’ancien directeur est déjà en prison car il vendait des caveaux en douce. En parlant de caveau, on ne sait toujours pas ce qu'est devenu le crâne de Murnau.
14:15 Publié dans Au fil de la toile | Lien permanent | Commentaires (0) |
12/05/2016
Envergure
J’avais oublié de parler du bal des oiseaux fantômes au Puy du Fou. Un spectacle fascinant. J’y ai appris que les condors, ces vautours sud américains (el condor passa), que l’on voit en nombre dans le spectacle, ont la seconde plus grande envergure de tous les oiseaux. Les premiers sont les albatros avec 3,40 mètres. Baudelaire en a parlé. Vialatte aussi :
Au Cap, l’albatros se marie. C’est un oiseau extraordinaire ; il se nourrit de limaces et de poissons volants, et brait comme l’âne, à mille pieds d’altitude. Baudelaire, pour d’autres raisons, l’a comparé aux poètes de génie. Son ventre blanc et ses sourcils noirs lui donnent l’air d’un homme politique se promenant après le bain sur une plage à la mode. On le rencontre sur les immenses étendues d’eau qui séparent l’Amérique de l’Afrique et de l’Asie. À condition d’y aller ...ou de s’y trouver déjà.
Il plane par troupes au-dessus des navires pendant des jours, sans la moindre fatigue. Il se rit du typhon, se repose au creux de la vague, et, au moment où le bateau sombre, il s’élève au plus haut des cieux où il éclate de ce rire inhumain que les navigateurs portugais ont comparé au braiment d’une ânesse. Quelle leçon pour l’orgueil des hommes !
Son œuf donne une omelette passable. Curieusement, il n’a pas de gros bout. Le gros bout est aussi petit que le petit. Et le petit aussi gros que le gros. Ce qui produit une impression bizarre. C’est parce qu’il est parfaitement symétrique. Cas unique dans le règne animal. On voit par là tous les mouvements qui s’y produisent à l’équinoxe. C’est un vrai brouhaha dans la zoologie. (Dernières nouvelles de la zoologie – La Montagne – 1er octobre 1967).
En fait si les albatros avaient vécu à Lilliput et à Blefuscu la guerre entre les deux puissances aurait peut-être été évitée. On se rappelle que les lilliputiens mangeaient les œufs par le petit bout et les Blefuscuens par le gros bout, à moins que ce ne soit le contraire, ce qui provoqua une guerre très longue (six mille lunes) et féroce Le texte est ici.
22:02 Publié dans Vialatte | Lien permanent | Commentaires (1) |
09/05/2016
En carton
On connaît la chanson enfantine :
Il était un petit homme, qui avait une drôle de maison.
Sa maison est en carton, Pirouette, cacahouète,
Hé bien la maison en carton, pirouette cacahouète, existe vraiment, ce sont les hollandais qui l’on fait. Elle s’appelle Wikkel House.
Wikkel veut dire envelopper en néerlandais. En fait la maison est enveloppée dans des couches de carton. La structure est en métal. Ensuite on fait 24 fois le tour de la charpente avec des rames de carton recyclé. Simple !
On pose la maison où l’on veut, sur la plage, dans la forêt… Faut juste être propriétaire d’un bout de terrain et déposer un permis de poser construire. On peut mettre autant de modules de base que l’on veut et l’entreprise est capable de modeler la maison à la hauteur de vos envies et vos finances… Le tout garantit 100% déenveloppement durable.
16:54 Publié dans Au fil de la toile | Lien permanent | Commentaires (1) |
02/05/2016
Vigousse
En passant au salon du livre vendredi, je découvre Vigousse, un nouveau (disons depuis 2009) journal satirique publié en Suisse Romande. "Le seul journal à deux balles qui ne coute que 3 francs cinquante". Pour ceux qui ne parle pas arpitan ou ce qu'il en reste en particulier en Romandie, vigousse veut dire vigoureux, costaud, qui bouge.
Pour célébrer les deux premières années d'existence ils ont publier ce livre dont la couverture a fait ma joie.
Il auraient pu mettre le titre en anglais :
"The best of Vigousse for the dummies"
mais cela sonne bien mieux en arpitan :
"Le mieux de Vigousse pour les bobets".
Par ici, un bobet est un niais, un pas malin, un qu'a pas inventer l'eau tiède. Un dummy, un nul...
Mon copain Bernard, grand inventeur de mot dit "Un bobechu" et quand il veut vraiment dire à quel point la personne dont il parle est un dummy, parfois il s'agit de lui-même il dit "Quel bobechu roibois !". Le roibois est une autre sorte de bobet.
Je suggère de faire
Le conseil fédéral pour les bobets.
Planquer son pognon pour les bobets.
Le revenu de base pour les bobets.
L'armée suisse pour les bobets
Le MCG (et l'UDC) pour les bobets.
Les tunnel du Gothard pour les bobets
...
12:42 Publié dans Blog | Lien permanent | Commentaires (5) |
01/05/2016
Pré d'Antoine
La dernière fois que nous sommes allé au Pré d'Antoine, c'était pour un fête des mères avec Albert et Aimée. Il y a donc plus de 20 ans. C'était un restau sympa à la cuisine familiale.
Cette fois, on a changé de classe. Sur un cadeau d'Inès et Xavier, nous sommes allé, par ce dimanche pluvieux de premier mai, manifester dans un restaurant... gastronomique. Cuisine fine. Décor moderne et luxueux. Vraiment une adresse à recommander. Ils devraient bientôt avoir leur première étoile, me semble-t-il. En tout cas Bernard Binaud la mérite.
On y cuisine des légumes oubliés.
Avec le carré d'agneau, on a découvert la poire de terre ou yacon. La poire pousse comme la pomme, sous terre. C'est un tubercule mais de la famille des astéracée, comme le topinambour, alors que la pomme de terre est une solanacée comme la tomate. Craquante et un peu sucrée, entre la pomme (celle d'arbre) et la pastèque nous dit Wikipédia. Paraît que ça se cultive par chez nous.
14:20 Publié dans Blog | Lien permanent | Commentaires (0) |
30/04/2016
Agiotoponyme
J’utilise encore, à l’occasion, le blog du Garde Mots pour vérifier... un mot. On y trouve une liste impressionnante et Alain en avait sans doute encore pas mal dans sa besace…
Il y a beaucoup de mots en « nyme » mais je n’ai pas trouvé agiotoponyme (ni hagiotoponyme) et pourtant j’habite un agiotoponyme. Ne riez pas, vous aussi peut-être. Il y en a beaucoup dans ce pays. Les stéphanois habitent un agiotoponyme, les malouins aussi, les briochins pareil et même les clodoaldiens ou les dominicains, les séquanodionysiens, les sanflorains, les germanopratins, les nazairiens, les audomarois, les déodatiens , les bragards… j’allais oublier les arédiens J
Un agiotoponyme* est donc un lieu qui dérive d’un saint ou d'une sainte. Donc tous les lieux qui commencent par saint ou sainte (et qui sont donc pénibles à rentrer dans un GPS) sont des agiotoponymes*. Géographie des hagiotoponymes en France
Il n'y a aucune vertu à habiter un agiotoponyme. L'agionyme n'est pas un sanctuaire et les habitants n'y sont pas plus saints qu'ailleurs. Saint vient de sanctus, participe passé passif du verbe latin sancire qui donne donc saint mais aussi sanction. La liste monotone des saints du conclave que l'on retrouve dans "Habemus Papam".
* Du grec agios – saint – qui donne agiographie, une vie de saint au sens premier ou au sens figuré souvent ironique. Du grec topos – lieu – qui donne topologie et utopie, le lieu de nulle part. Enfin du grec onyma – nom - qui donne anonyme, acronyme, synonyme, homonyme et une palanqué de mots en onyme.
L’ensemble des noms de lieu, les toponymes, s’appelle la toponomastique, un chewing-gum dur à mâcher.
10:51 Publié dans Au fil de la toile, Mots | Lien permanent | Commentaires (2) |