16/02/2016
Pensée latérale
En anglais on les appelle Bean-Counters, les compteurs de haricots. Ce sont les comptables qui sont concentrés sur les dépenses et uniquement les dépenses.
De ce point de vue, pas mal d’économistes me semblent être des bean-counters. De leur point de vue, rien n’est possible dès que cela peut coûter un peu… Ils disent : "Mon bon monsieur, les caisses sont vides et les dettes au plafond ! On ne peut pas le faire, c'est tout ! Fin du débat."
« Point d’argent point de suisse ! » comme dit Petit Jean dans les plaideurs.
Un bel exemple par l'absurde de cette courte vue est la critique d’Hillary Clinton de la proposition de Bernie Sanders de mettre en place un couverture maladie universelle « à la française » aux zuesses. "C'est impossible !", disent les économistes associés à Hillary, "C'est bien trop cher !"
Donc une mesure qui fonctionne en France depuis 1945 est trop coûteuse pour le pays le plus riche du monde.*
Je crois qu’il faut former des économistes, et même former tout le monde, à penser « Hors cadre ». La pensée latérale est nécessaire.
Jetons aux poubelles de l'histoire les politiques et les économistes qui disent « ça ne peut pas marcher... c’est trop cher... c’est impossible... c’est pas réaliste... c’est stupide… »
Ecoutez Alexandre Jardin sur les faiseurs, c’est ici. C'est étonnant ! Il nous faut de drôles de zèbres pour changer de cadres.
Si ça vous tente, c'est ici les zèbres...
17:09 Publié dans Au fil de la toile | Lien permanent | Commentaires (0) |
14/02/2016
Annonay D4
3000 nuits
Palestine – Mai Masri
avec : Maisa Abd Elhadi, Nadera Omran, Raida Adon, Karim Saleh, Abir Haddad, Khitam Edelbi
Injustement incarcérée pour avoir aidé un jeune homme blessé, la jeune Layal se fait immédiatement malmener, voire torturer par tout le personnel. Accrochée par les bras, tirée par les cheveux, on l'empêche entre autre de dormir.
Terrorisée, elle doit partager la cellule de plusieurs autres détenues israéliennes qui l'accueillent aussi avec violence. Lors des interrogatoires, elle ne peut rien révéler puisqu'elle est innocente et refuse de témoigner contre le jeune homme qu'elle a aidé et qui est suspecté d'une attaque terroriste. Après une parodie de jugement, elle est condamnée à 8 ans de prison. Et c'est dans les premiers jours qu'elle découvre qu'elle est enceinte. Son mari lui demande d'avorter, elle refuse.
Prix du public. C’est un bon film qui montre que la radicalisation et la répression israélienne vis-à-vis des palestiniens est une impasse. Femme tranquille Layal va devenir en prison une militante de la cause palestinienne et donc une vraie terroriste aux yeux des israéliens.
Pikadero
De Ben Sharrok – Pays Basque
avec : Joseba Usabiaga, Barbara Goenaga, Lander Otaola, Zorion Eguileor, Itziar Lazkano, Peio Arnaez
Pikadero/picadero 1. École d’équitation. 2. Lieu de rencontres sexuelles. En espagnol mais le k doit être basque
Gorka approche de la trentaine et habite toujours chez ses parents. Touché par la crise qui secoue l’Espagne, il est satisfait de son poste temporaire dans une usine d’outils. Il a récemment fait la connaissance d’Ane. Du même âge que lui, elle aussi vit chez ses parents. Arrive le moment de leur première fois. Mais où aller ? Tous deux ne bénéficient d’aucune intimité chez eux, et l’hôtel s’avère trop cher. Les amoureux partent alors en voiture à la recherche d’un «pikadero». Mais entre les plans d’émigration d’Ane et la peur de Gorka face à l’avenir, difficile de trouver le bon moment.
On s’ennuie ferme dans ce film qui n'est vraiment pas une bonne promotion de l'Euskadi sinistrée.
12:04 Publié dans Cinéma, Festival d'Annonay | Lien permanent | Commentaires (0) |
13/02/2016
Annonay D3
Belgique – Suisse – France Guillaume Senez
avec : Kacey Mottet Klein, Galatéa Bellugi, Catherine Salée, Sam Louwyck, Laetitia Dosch, Aaron Duquaine, Léopold Buchsbaum
Maxime et Mélanie s’aiment. Ensemble, ils explorent, avec amour et maladresse, leur sexualité. Un jour, Mélanie apprend qu’elle est enceinte. Maxime accepte mal la nouvelle mais peu à peu se conforte dans l’idée de devenir père. Il convainc alors Mélanie de garder l’enfant. C’est maintenant décidé, du haut de leurs 15 ans, Maxime et Mélanie vont devenir parents…
La famille de Maxime accepte plus ou moins la situation, la mère de Mélanie devient hystérique. Max joue au foot, il est gardien de but (goal keeper). Un moment on croit au salut par le foot mais heureusement non. Notre petit couple s’enfonce dans les problèmes. Mélanie accouche. L’enfant est mis en orphelinat et on assiste à un scène dans laquelle Max vient voir son enfant. J’étais très mal à l’aise et je ne suis pas arrivé à croire à cette histoire. Dommage. Il aura quand même le prix spécial du jury.
Theeb
Jordanie – Naji Abu Nowar
avec : Jacir Eid, Hassan Mutlag, Hussein Salameh, Jack Fox, Marji Audeh
1916, au loin la guerre fait rage, mais les échos n’atteignent pas la province ottomane de Hijaz. Leur père mort, Hussein a pris en charge l’éducation de son petit frère Theeb à qui il apprend à survivre dans cette contrée ingrate.
Une nuit, surgissent un officier britannique et son guide bédouin. Ils sont à la recherche d’un vieux puits abandonné. Hussein est désigné par les anciens pour les mener à destination. Theeb est fasciné par cet homme blond en uniforme et décide de les suivre.
On suit Theeb dans ces magnifiques paysages de désert. Une histoire pleine de rebondissements. Ce décor nous emmène dans une histoire plus grande qu’elle n’est en réalité, on est séduit. On apprend que ce film a été nominé pour l’oscar du meilleur film étranger, c’est d’autant plus déconcertant que le film, comme Melbourne, ne recevra aucun prix à Annonay.
Sleeping Giant
Canada – Andrew Cividino
avec : Jackson Martin, Reece Moffett, Nick Serino, David Disher, Erika Brodsky, Rita Serino
Adam est un adolescent qui passe l’été avec ses parents au bord du vaste Lac Supérieur, à la frontière des Etats-Unis et du Canada. Sa routine se brise quand il se lie d’amitié avec Riley et Nate, deux cousins qui jouent aux petits malins en passant leur temps libre entre débauche, insouciance et sauts périlleux du haut des falaises.
La révélation par l’un d’eux d’un blessant secret sur Adam entraînera plusieurs événements irréversibles qui mettront à rude épreuve leur amitié.
Parfois mal à l’aise, j’ai eu un peu de peine à suivre ces trois ados souvent insupportables ce qui m’a amené à mettre des restrictions sur ce film qui obtiendra le prix à Annonay.
Je me tue à le dire
Belgique – Xavier Seron
avec : Jean-Jacques Rausin, Myriam Boyer, Serge Riaboukine, Fanny Touron, Franc Bruneau, Catherine Salée, Jackie Berroyer
Michel Peneud a peur de mourir. Il contemple sa mère malade, son visage blafard, son sein amovible. Il n’a pas envie de finir comme elle. Or depuis qu’il a décidé de mettre en vente la maison familiale et de placer sa mère dans une maison de retraite, Michel commence à perdre des plaques de cheveux, une grosseur inquiétante est apparue à sa poitrine.
Symptômes qui ne sont pas sans rappeler le cancer de sa mère. Le médecin lui assure que c’est bénin. Mais si tel est le cas, pourquoi propose-t-il à Michel d’effectuer un prélèvement ? Désormais, Michel en est certain : il est foutu.
On se marre dans ce film. De l’humour belge en veux-tu en voilà. Le film est découpé en six chapitres. Les scènes surréalistes s'enchaînent avec de grands moments tels que cette palpation de quatre velus dans les vestiaires d'une salle de sport...
18:41 Publié dans Cinéma, Festival d'Annonay | Lien permanent | Commentaires (0) |
12/02/2016
Annonay D2
La vanité – Sortie septembre 2015
De Lionel Baier
David Miller veut en finir avec sa vie. Ce vieil architecte malade met toutes les chances de son côté en ayant recours à une association d’aide au suicide. Mais Espe, l’accompagnatrice, ne semble pas très au fait de la procédure alors que David Miller tente par tous les moyens de convaincre Tréplev, le prostitué russe de la chambre d’à côté, d’être le témoin de son dernier souffle, comme la loi l’exige en Suisse. Un film désopilant sur un sujet mortel. Les trois personnages de ce huit clos sont super bien campés et on se marre. Mention à Ivan Gorgiev qui joue le prostitué.
Les deux amis – Premier film hors compétition de Louis Garrel
Clément, figurant de cinéma, est fou amoureux de Mona, vendeuse dans une sandwicherie de la gare du Nord. Mais Mona a un secret, qui la rend insaisissable. Quand Clément désespère d’obtenir ses faveurs, son seul et meilleur ami, Abel, vient l’aider. Ensemble, les deux amis se lancent dans la conquête de Mona.
On y croit pas et on s’ennuie très vite. N’en parlons plus.
Melbourne – En compétition – Iran
avec : Payman Maadi, Negar Javaherian, Mani Haghighi, Shirin Yazdanbakhsh, Elham Korda, Roshanak Gerami, Alireza Ostadi
Amir et Sarah, jeune couple, sont sur le point de quitter le pays pour poursuivre des études à Melbourne, en Australie. Ils finissent de vider leur appartement. La baby-sitter de leur voisin, ayant eu un besoin urgent de s’absenter, leur a confié le bébé endormi.
Comme elle tarde à revenir, Amir appelle le père de l’enfant pour lui demander de venir le prendre. OK, n’en disons pas plus. Rarement vu un film avec une telle tension dramatique augmentée par les sonneries de l’interphone, des smart phones, de Skipe. On est à cran. Un bon film en huit clos passionnant et dire qu’il n’aura même pas de prix.
In your arms de Samanou Acheche Sahlstrøm
Avec : Lisa Carlehed, Peter Plaugborg, Kirsten Olesen, Gustav Giese, Johanna Wokalek
Maria, 35 ans, est infirmière dans une maison de repos. L’un de ses patients, Niels, est un jeune homme atteint d’une maladie incurable. Il veut aller en Suisse pour mourir par suicide assisté. Bien qu’elle soit contre son projet, Maria décide de l’accompagner.
Deuxième film de la journée sur le suicide assisté en Suisse où il est légal. Ce film ci est beaucoup plus dramatique. Je suis bien rentré dans l’histoire qui se termine cette fois par la vraie fin du héros. La confrontation du désagréable Niels et de la gentille et transparente Maria m’a paru possible, donc j’ai été pris par l'histoire.
17:48 Publié dans Cinéma, Festival d'Annonay | Lien permanent | Commentaires (0) |
Annonay D1
Annonay 2016 – Les films que j’ai vu, dans l’ordre
14:00 – Sea Fog – Les clandestins - Film coréen hors compétition de Sun Bo Shim sorti en avril 2015.
La vie privée du Capitaine Kang est une catastrophe. Seul son bateau de pêche lui donne satisfaction. Mais le propriétaire, jugeant l'activité du rafiot peu rentable, menace de le vendre. Pour éviter d'en arriver à cette extrémité, Kang accepte de transporter des clandestins chinois pour renflouer les caisses.
Après un début de voyage relativement calme, la tempête se lève et les imprévus se succèdent conduisant à une belle boucherie et pas mal de rebondissements. Un bon film, un peu glauque mais bien fait en pleine tempête sur la bateau et dans les crânes.
16:15 Wedding Doll – Israël – Nitzan Gilady
Hagit handicapée physique et mentale a un emploi d'ouvrière dans une petite fabrique de papier toilette.
Sa mère Sarah, divorcée, s'occupe seule de la jeune femme qui lorsqu'elle n'est pas au travail, fabrique de petites poupées de mariées. Sarah a un travail qu'elle met en péril en arrivant régulièrement en retard et un amant qu'elle doit sans cesse repousser pour rester avec sa fille.
Quant à Hagit, elle est très attirée par le fils du patron Omri qui lui rend son affection mais le jeune homme a honte devant ses amis d'être amoureux d'une handicapée. Leurs rendez-vous secrets sont bien gardés.
Mais l'usine va fermer, Hagit risque de perdre son emploi, Omri va partir...
Un bon film sur le handicap tourné dans le Negueev, je dirai vers la ville de Mitzpe Ramon en dessus du cratère. Le personnage de Hagit est très bien vu, l’actrice est excellente ansin que celle qui joue sarah. Le personnage de Omri n’est pas assez fouillé.
18 :30 Je suis à vous tout de suite. Le film de la présidente du jury.
Hanna a 30 ans, beaucoup de charme et ne sait pas dire non : elle est atteinte de la névrose de la gentillesse. Ce drôle de syndrome familial touche aussi son père, Omar, « épicier social » et sa mère, Simone, « psy à domicile ». Avec son frère Hakim, focalisé sur ses racines algériennes et sa religion, le courant ne passe plus vraiment. Mais un événement imprévu oblige Hanna et Hakim à se retrouver…
Le film marche bien au début et puis progressivement on n’adhère plus à l’histoire et on commence à s’ennuyer et à devenir passablement critique. Peut-être qu’avec une bonne demie heure en meoins cela eut été un bon film. Un plus pour Vimala Pons excellente.
16:56 Publié dans Cinéma, Festival d'Annonay | Lien permanent | Commentaires (0) |
11/02/2016
Églises
A la lecture de la lettre de Cavanna aux culs-bénits qui stigmatise le retour des religions on peut induire que le siècle verra le retour du religieux dans ses pires expressions. Je cite :
« Un climat d’intolérance, de fanatisme, de dictature théocratique s’installe et fait tache d’huile. L’intégrisme musulman a donné le "La", mais d’autres extrémismes religieux piaffent et brûlent de suivre son exemple. Demain, catholiques, orthodoxes et autres variétés chrétiennes instaureront la terreur pieuse partout où ils dominent. Les Juifs en feront autant en Israël. »
Je ne suis pas philosophe mais, à la réflexion, je pense que cette vision est sans doute fausse. Il me semble que les massacres de l’intégrisme islamique et le bruit et la fureur des défenseurs de la catholicité à la mode Marion Maréchal-Nous-Voilà-Le Pen ne sont que des soubresauts d’une guerre perdue par les culs-bénits.
Il est évident que dans les sociétés occidentales la religion a terriblement régressé ces deux derniers siècles. On démolit les églises (et le patrimoine voir Thairy ci-dessous) et les temples ou on les transforme en salle des fêtes pour mariages païens. De toute façon ces lieux de cultes sont quasi vides ou à la rigueur parcouru par des touristes munis de guides verts. Plus un seul curé pour célébrer une messe d’enterrement… C’est la fin, n’en déplaise à mademoiselle MMNVLP et à la manif pour tous, conduite ou pas par Frigide Barjot.
Pour ce qui concerne l’Islam, ce sursaut de religiosité cache des problèmes plus anciens. Pour commencer cette religion, dans les pays où elle est majoritaire est totalement liée à l’espace politique. Notons que c’était le cas sous nos rois, le gallicanisme et l’anglicanisme en sont des restes pas très en forme. D’autre part, l'islam étant liée à l’état, le succès économique et militaire des pays de tradition chrétienne face aux pays musulmans et arabes en particulier est vécu, sans toujours oser se l’avouer, comme une défaite. Et comme Allah et le Coran ne peuvent pas perdre la bataille, c’est dur à vivre. D’où les soubresauts violents et un peu d'entrisme dans la politique de nos pays. On peut d’ailleurs se demander si le renouveau de la religion orthodoxe dans les pays de l’ex-URSS ne cache pas aussi une volonté de nier le capitalisme triomphant.
Voilà, c’est ma thèse. Un peu réac peut-être dans la mesure où elle admet le succès du système libéral, capitaliste et consumériste. A dire vrai, ce pseudo succès ne me réjouit pas plus que ça mais un retour du religieux me panique encore plus. Entre deux maux...
Zut encore un texte qui manque d’ironie. Vialatte revient !
* Catholicisme - De Katholicos universel
* Orthodoxie - La doctrine juste, authentique (ortho - droit)
* Oumma - Assemblée des croyants (sunnites only)
* Eglise - Grec ekklesia - Assemblée des fidéles. Par métonymie le lieu de cette assemblée
05:23 Publié dans Religion | Lien permanent | Commentaires (7) |
10/02/2016
Annonay 2016
Festival international du premier film Annonay 2016
Une sélection de 9 films en compétions cette année. Sélection qui nous a semblé parmi les meilleures de ces dernières années. Presque 300 films reçus, toujours un gros boulot pour Gaël, l’excellent directeur artistique de ce festival, et son équipe de bénévoles. Du monde et même des refus dans les salles confirmant le succès année après année.
Un vrai plaisir le dimanche matin de confronter les metteurs en scène, comédiens ou producteurs venus présenter leur film, le tout très cosmopolite, animé par Gaël... évidemment. Je vais poster trois ou quatre notes pour mémoire mais allez plutôt sur l'excellent site cinéma de Pascale si vous voulez des détails,c'est d'ailleurs chez elle que je vais piquer pas mal de textes pour ces notes...
Les films :
3000 nuits – Film palestinien, français et jordanien
In your Arms – Film danois
Je me tue à la dire – Belge
Keeper – France – Belgique – Suisse
Melbourne – Iranien
Pikadero – Espagne – Royaume uni
Sleeping Giant – Canada
Theeb – Jordanie
Wedding Doll - Israël
16:11 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) |