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22/05/2014

Le NON d'Anna

 299Bien que spécialiste des débris d'URSS, je n'ai jamais fait de note sur la Tchétchénie.

En 2005, j'ai mentionné sur ce blog les attentats de Beslan et de Natchlik.

Hier soir, je suis allé voir « Au NON d'Anna » une pièce tirée du livre de Stefano Massini, « Une femme non-rééducable »

 

 

 

 

On parle beaucoup de la Tchétchènie ces jours-ci  :

  • avec le film de Michel Hazanavicius avec Béatrice Béjo présenté et chahuté à Cannes.
  • avec le procés des 5 accusés de l'assassinat de Politkovskaïa jugés coupables. Procès contesté par les enfants d'Anna.
  • avec Le NON d'Anna, la pièce mise en scène par Marie-Laure Berchtold

S'il y avait un championnat de France des pièces de théâtre issues d'atelier-théâtre, nul doute que Marie-Laure remporterait la palme chaque année. En mettant en scène cette année l'histoire d'Anna Politkovskaïa, on frise la perfection. Les 14 ou 15 comédiens de l'atelier (j'ai compté 10 femmes dont plusieurs disent les paroles d'Anna et 4 hommes) déroulent dans une chorégraphie et une musique fluide un texte superbe qui relate les atrocités de cette deuxième guerre de Tchétchénie et l'engagement d'Anna au service de l'information. Le tout sans pathos dans un décor dépouillé. C'est dur, c'est émouvant, c'est magnifique !

La pièce a droit à un article dans le journal de l'ONU. Article que voici:

Où et comment l’Atelier-Adultes de la Compagnie de théâtre Thalie à Ferney-Voltaire porte haut les principes des Nations Unies : droit à la liberté d’expression et droit à la vie

Née en 1959, elle fut la seule journaliste russe à avoir couvert la seconde guerre en Tchétchénie (1999-2009). Plusieurs fois primée en Russie, elle a reçu au Danemark en 2003, le prix du Journalisme et de la Démocratie décerné par l’OSCE (Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe). Elle s’est rendue régulièrement dans les zones de combat tchétchènes et dans les camps de réfugiés au Daghestan et en Ingouchie. Souvent menacée, elle n’a eu de cesse de faire connaître au monde les horreurs dont elle a été témoin.

Le NON d’Anna est principalement inspiré de Femme non rééducable par Stefano Massini. En relatant sans aucune concession la réalité de cette guerre, côté tchétchène et côté russe, Anna Politkovskaïa s’est vue assignée le titre de sujet « non rééducable » par l’Etat-major Russe : « Les ennemis de l’État se divisent en deux catégories : ceux que l’on peut ramener à la raison et les incorrigibles. Avec ces derniers, il n’est pas possible de dialoguer, ce qui les rend non-rééducables. Il est nécessaire que l’État s’emploie à éradiquer de son territoire ces sujets non-rééducables. »

Admirable et déconcertant itinéraire d’une femme à la fois simple et hors du commun qui refusa de céder aux menaces, au chantage et au mensonge. Anna ne prenait pas parti, elle se gardait de tout prosélytisme, elle ne choisissait pas son camp. Son combat était un combat sans merci pour la défense des droits humains : « Je me limite à raconter des faits. Les faits tels qu’ils se produisent, tels qu’ils sont. Et ça coûte un prix fou. Quel prix ? Le prix que tu payes quand tu ne pratiques plus un métier mais que tu entres en guerre. Tu combats. Tu te sens un combattant. » Stefano Massini, Femme non rééducable.

Le Non d’Anna, ensemble de notes, de correspondances et d’interviews, basé sur le texte original de Stefano Massini, est enrichi de passages et de scènes inspirés des différents ouvrages de la journaliste. Dans un décor épuré, les mots vibrent et bouleversent, des mots contre la mort, des mots pour la liberté, dont la liberté d’expression, des mots au service de la vie. Rendre hommage à la journaliste, c’est aussi honorer tous ces autres grands reporters qui osent faire de leur métier un combat pour la Vérité. Reporters sans frontières a dénoncé sans cesse et encore aujourd’hui des assassinats de journalistes à travers le monde, des journalistes à l’image d’Anna, libres à en mourir.

« La liberté d’expression n’est pas un luxe, c’est l’oxygène de la démocratie » disait Eric Bergkault, réalisateur d’un fi lm sur Anna. À travers une superbe écriture ironique et radicale, Le Non d’Anna est le récit courageux et troublant d’une prise de parole, une leçon de vie universelle et actuelle dans un monde où les valeurs humaines sont bafouées, une pièce polyphonique essentielle portée par quinze comédiens réalisant le prodige que leurs voix n’en deviennent plus qu’une, celle d’Anna, prolongée à l’infini.

Du 20 au 24 mai 2014 à 20h30, dimanche 25 à 17h.

Réservations recommandées : www.compagniethalie.org

12 euros. Détail désagréable: les éditions de l'Arche qui publient le livre de Stefano Massini prennent la moitié de la maigre recette.

Une partie de la troupe avec Marie-Laure debout à droite et Anne-Marie assise  au milieu.

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Commentaires

Hello Joël,

Merci d'être venu hier soir et pour tes commentaires élogieux.
Je dois dire que j'ai un plaisir fou à jouer dans cette pièce et d'y incarner avec mes autres partenaires féminines le personnage d'Anna. J'ai une profonde admiration pour cette femme jusqu'au boutiste....

Bise
Anne-Marie

Écrit par : Anne-Marie | 22/05/2014

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