Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

03/02/2009

Miroir

Encore une oeuvre d'Arso qui expose

du 26 janvier au 11 mars 2009, Galerie L’Usine, 49 route de la Libération, Lyon Ste Foy.

Jean-Paul à l'Usine qui regarde Jean-Paul en train de regarder une toile au Moma.

Le Musée d'art Moderne de New-York

Ci-dessous une photo d'Arso entouré de deux de ses photos.Ca-vient.jpg

La photo ne s'affiche pas toujours...

Ca-vient.jpg

10:07 Publié dans Arso | Lien permanent | Commentaires (0) |

01/02/2009

Préface

michelR.jpg

Dans un livre oublié et recouvert de poussière, je retrouve une préface dont voici la fin.

Pourrez-vous en retrouvez l’auteur ?

 

Chaque homme, chaque femme doit cesser d'être un sujet soumis dans chacun des aspects de sa vie, comme travailleur, consomma­teur, habitant, usager des transports publics et pa­rent d'élèves aussi bien que dans ses activités de cul­ture et de loisirs. Réconcilier travail et création, donner à chacun la chance de la responsabilité par­tagée, préserver les différences enrichissantes entre les individus, les groupes et les peuples plutôt que de se laisser aller à une société de robots, tel est le sens du projet autogestionnaire et la raison pour laquelle il doit fonder non seulement l'organisation de la pro­duction mais celle de la société tout entière.

Utopie ? Peut-être, si l'on s'en tient à la révolte indi­viduelle et au rêve généreux. La réalité de demain, s'il est possible de transformer la volonté autogestionnaire en un projet politique, en une force collective capable de renverser l'Etat de la bourgeoisie pour imposer une organisation nouvelle qui rendra possibles le pouvoir des travailleurs et la liberté du peuple.

Il semble que nos sociétés habituées à l'abondance ne sachent plus comment se débarrasser des contraintes du progrès industriel, comment se délivrer des chaînes d'une éco­nomie de profit, tant le capitalisme a marqué les struc­tures, les institutions, les mentalités le socialisme n'apparaît plus guère que comme un capitalisme moins injuste. Par-là même il perd sa force de contestation. Il enferme les forces populaires dans le jeu des reven­dications et il déserte le terrain de l'Histoire.

Et pour­tant, le capitalisme ne cesse pas de montrer son véri­table visage la guerre et la misère, la division et la haine, la mort lente dans les campagnes et l'étouffe­ment dans les villes, l'oppression et la répression. La multiplication des révoltes, qui renouent avec bien des traditions historiques en France même manifeste la capacité des hommes à résister à leur propre exploi­tation. Elle ne permet pas de les en libérer.

Aujourd'hui, la recherche de l'autogestion popu­laire, malgré toutes ses ambiguïtés, est bien la voie nouvelle qui redonne son sens historique à la révolu­tion socialiste. Il revient aux militants révolutionnaires de donner à l'autogestion un contenu plus précis, qui corresponde mieux aux exigences de la lutte économique, politique et idéologique, contenu plus offensif aussi qui se nour­risse de toutes les luttes que mènent aujourd'hui les travailleurs pour imposer leur contrôle sur le travail et la vie sociale.

Contrôler aujourd'hui pour décider demain cette formule résume à la fois le but et le moyen de la révolution socialiste ; elle rappelle que seuls les travailleurs sont à même d'imposer leur pro­pre pouvoir et qu'ils ne sauraient le déléguer à aucun parti ni à aucun homme. La révolution se fera par les travailleurs et tout le peuple ou elle ne se fera pas. Le rôle des militants aujourd'hui est de permettre que se fasse cette révolution qui réconciliera enfin socialisme et liberté.

(selectionnez avec la souris)

Michel ROCARD Fin de la préface du manifeste du PSU

adopté par le 8ième congrès à Toulouse en décembre 1972

12:36 Publié dans Textes | Lien permanent | Commentaires (2) |

30/01/2009

Poissons

Ca-vient.jpg

Si l'on ne voit pas pleurer les poissons
Qui sont dans l'eau profonde
c'est que jamais quand ils sont polissons
Leur maman ne les gronde

Chantait Bobby Lapointe.

[photo demoiselle à trois points]

Et pourtant les poissons discutent dans la mer depuis la plus haute antiquité. Aristote en parlait déjà. Aujourd'hui, on entend toujours plus de bavardages dans les bancs. On connaît le pétillement de l’anguille, le grognement du grondin et du maigre. Le maigre (Argyrosomus regius ou grogneur) se pêche dans l'estuaire de la Gironde notamment. Le bruit qu'il produit en période de fraie, en agissant sur un muscle qui fait résonner sa vessie natatoire, est audible depuis un bateau.

On raconte que, durant la Seconde Guerre mondiale, lorsque les Etats-Unis devaient faire face aux attaques des submersibles allemands, des truites de mer de la famille des Scianidae, qui s’étaient regroupées dans un port pour frayer ont fait tellement de bruit qu’elles ont fait exploser toutes les mines marines acoustiques qui y avaient été déployées. Du coup, jusque dans les années 70, les militaires étaient les seuls à étudier les bruits de poissons. Aujourd’hui, les biologistes du civil ont pris le relais des écoutes et ils font des découvertes.

Non seulement les poissons pètent dans l’eau mais ils parlent nous disent-ils. Ce n’est pas très mélodieux, c’est vrai, c’est entre le tac-tac-tac et le grondement de centrale électrique. Des cris longs et des cris courts à vitesse variable façon langage morse. A la différence de l’oursin ou de la crevette-pistolet au QI limité nos savants pensent que ces signaux peuvent être produits dans l’intention de communiquer. Enregistrements de poissons sur écoute disponibles sur Libelabo.fr.

Il existe à Liège une phonothèque ichtyologique qui dispose des sons propres à chaque espèce. Sons qui sont toujours émis dans une gamme de fréquences audible pour l’homme, le plus souvent produits en période de frai. Ils varient suivant la taille et le sexe de l’individu et ils présenteraient même parfois… des particularismes régionaux, des accents quoi ! C’est le cas de la demoiselle à trois points (photo), un Pomacentridae qui s’exprime avec des bruits de crécelle plus ou moins allongés de 10 millisecondes suivant qu’il cause avec l’accent de Tahiti ou celui de Madagascar.

Les poissons-chats étudiés dans le laboratoire liégeois par Gregory Fabri, doctorant, produisent des sons de stridulation en déployant leur épine pectorale. Les poissons-clowns claquent des dents (font un bruit de) pour éloigner les intrus. Les Carapidae jouent du tambour avec leur vessie natatoire, les maigres la compriment en rythme comme un ballon de baudruche, tandis que les anguilles expulsent bruyamment de l’air par la bouche, et les harengs par l’anus. Les pétarades des harengs ont mis en émoi la marine suédoise en mer Baltique durant deux ans. Les Suédois étaient persuades d’avoir affaire à une forme furtive de sous-marins de l’Armée Rouge. On pense que les harengs pèteraient ainsi pour rassembler le banc et même l’arrière banc.

Article inspiré de Libération - Paroles de poissons

29/01/2009

Manège

Ca-vient.jpg Le vocabulaire change. La preuve, si on ne veut pas paraître trop ringard, on ne dit plus

Décrocher le pompon

on dit

Attraper la queue du Mickey. »

 

 

Paraît que dans son livre dont Gala publie les bonnes feuilles, Ségolène tire sur tout ce qui bouge. Une attitude quelle partage avec son ex-concurrent. Petit propos au sujet de Sarko :

"Il est bien plus fade qu'on ne le croit. Sa force vitale est impressionnante, mais c'est vraiment un m'as-tu-vu (...). Un petit gamin heureux d'être au milieu de ses nouveaux jouets, vous savez, le môme qui a gagné le pompon sur le manège. Avec sa petite étoile de shérif et son pistolet en plastique, son déguisement de cow-boy. Il est monté sur le plus grand cheval et il a décroché le pompon.»

27/01/2009

Page 48

Je me souviens que Joe Brainard avait écrit un livre qui s’intitulait

"I Remember".

Je me souviens que Perec en avait fait un variante française.
Je me souviens d’avoir commis sur ce blog quelques notes sur ce thème :
à madame Mario,
à l’informatique d’avant,
à Jean-Marie,
à Jean-Pierre
et un bout de Sami Frey.

Dans son livre Joe Brainard disait : “Je me souviens d'avoir projeté de déchirer la page 48 de tous les livres que j'emprunterais à la bibliothèque publique de Boston mais de m'en être vite lassé.” Et bien Pierre Ménard à décidé de publier sur son site les pages 48 des gens qui voudront bien lui envoyer. Donc je lis la page 48 des dernières nouvelles de l’homme ici.

Ca-vient.jpg

Cela tombait bien, c’était le début de la chronique intitulé le Client. Je vous en met un morceau plus bas pour ceux qui ont le temps de lire aujourd’hui.

On y retrouve le Vialatte un peu réac, amusant  et scro- gneugneu qu'on aime tant dans sa critique des progrès du progrès.

LA STATUE DU CLIENT


Le plaisir d'obéir pousse l'homme à faire des rois et le plaisir de changer, à leur couper la tête. Ensuite, les rois lui manquent. Il célèbre ceux des autres, leur femme, leur belle-soeur, leurs amours, leur sentinelle, leur valet de chambre. Il publie les Mémoires de leur maître d'hôtel. Il cite les bons mots de leur basset. Il en emplit les journaux les plus lus. Il loue pour sa nuit de noces, dans le palais défraîchi de quelque prince teuton, la chambre humide où mourut une vieille dame qui était cousine de deux empereurs. Il cherche à se frotter aux idoles pour que la dorure lui en reste aux doigts. Il chante l'égalité, sans doute, mais le coeur n'y est pas : ce qu'il voudrait, c'est d'être plus égal que les autres, ce qu'il aimerait, ce serait d'être roi. Pour pouvoir le devenir, il veut que tout le monde le soit. Il crée des rois du poisson sec, du rock'n roll, du bout dur et du chapeau mou, de la prose, des vers et du n'importe quoi. Des monarques qui durent deux jours pour qu'un autre leur succède plus vite ; des trônes accessibles à tout le monde, des prix pour tous, des couronnes, des honneurs. Un prix Goncourt, au temps passé, « faisait » quinze ans ; il « fait trois mois. On crée des rois avec des gagnants de mots croisés, des vedettes avec le monsieur qui a cru voir l'assassin, avec l'expert en chaises cannées, l'homme qui a mangé une tête de veau en douze minutes, et celui qui a été guéri par les petites pilules Kinétoi.

S'il est une chose insupportable au démocrate, c'est le plaisir de l'égalité. Il veut des records, des stars, des personnages mythiques. Il veut, à la limite, que son Premier ministre mange à la foire une vache en sucre grandeur nature, comme dans la Cavalière Elsa. Et il aime les records dans l'absurde parce que, en même temps, il les méprise, et qu'il a l'espoir de succéder. Il faut que le champion passe vite, qu'il y en ait d'autres et que son tour vienne, pour qu'il ait lui aussi sa photo dans le journal. Il désire des rois de jeu de massacre. Parce qu'il vaut mieux que le titre aille au mérite douteux ; autrement, ce ne serait pas juste ; le même aurait tout, titre et mérite. Le mérite à l'un, la place à l'autre, c'est une bonne loi. J'ai vu des gens attendre à leur fenêtre de voir passer, pour s'esclaffer, tant ils trouvaient la chose bouffonne, le député qu'ils avaient élu !

Parallèlement, on valorise le rien ; c'est une façon de multiplier les rois. On appelle le collège lycée, collège l'école complémentaire. On donne du galon au néant. Dans le vocabulaire communiste, le poinçonneur du métro s'appelle un « travailleur » ; le chirurgien, qui a ouvert deux ventres et quatre têtes dans sa journée et qui recommencera le lendemain, n'a pas droit à ce titre éminent. Le valet de ferme s'appelle un auxiliaire technique » (« auxiliaire technique agricole »). Pour quoi faire ? Pour le rendre grotesque ? Le valet de ferme est un homme utile et compétent ; pourquoi chercher à le rendre ridicule ?

Quant au bachot, on a donné son nom à une parodie d'examen qui ne réclame même pas du gagnant la connaissance de l'orthographe. Un député a sagement proposé une loi qui le donnerait à tout le monde, d'autorité, à l'âge de dix-huit ans. Ce serait une grosse économie. Partout, c'est la haine de la chose, et le culte de son apparence. On n'aime plus que la grenouille parée des plumes du bœuf.

Ce qu'il y a de curieux, c'est que le public, qui connaît pourtant le processus, qui l'a voulu, et qui en est responsable, finit par croire à la grenouille qu'il a gonflée, à l'orthographe du bachelier qu'il a voulu sans orthographie, à l'autorité générale de l'immense M. Testevuide qui n'a pourtant son portrait dans le journal que pour avoir été sauvé de l'engorgement du foie par le dépuratif Kiguéri. C'est lui qui atteste en tout. Il fait autorité. Autrefois, on aurait demandé la publicité d'un stylo à la marquise de Sévigné, d'un tailleur à Brummel (célèbre dandy anglais), d'un fourneau à Landru. Maintenant, c'est à M. Testevuide. Il est interchangeable, il est universel. C'est lui qui cautionne toutes les gloires. C'est la perfection même de son anonymat qui lui confère toute compétence. « Regardez bien cet homme, dit la publicité : c'est un expert en chaises cannées. » On le regarde, on ne remarque rien. On cherche sur son front la marque du génie, une lueur, je ne sais quoi, quelque protubérance qui serait la bosse des chaises cannées. Ou du capsulage des bouteilles. Mais rien ne distingue sa bonne physionomie de celle du monsieur qui a appris les langues au moyen de disques, ou raffermi son buste avec la « pierre de Lune », sinon parfois la légère calvitie qui s'acquiert par le sérieux des préoccupations. C'est exactement le même expert qui remercie M. Galuchot de lui avoir vendu sa table de cuisine: « Merci, monsieur Galuchot, dit-il, ça, c'est du meuble. » C'est encore lui qui achète le savon Chose. C'est sur sa tête que repoussent les cheveux, grâce aux produits du Grand Laboratoire Machin, la montrant Avant et Après et prouvant même par là que non seulement le grand produit fait repousser la chevelure, mais qu'il rectifie le noeud de cravate, nettoie le col et rase le menton, car, Après, toutes ces choses sont beaucoup mieux qu'Avant. Oui, c'est lui le grand homme anonyme. C'est le roi du jour. C'est l'Expert Inconnu. Comme on comprend que tout le monde s'incline devant l'autorité de sa vaste insignifiance ! Ce n'est plus l'homme quelconque, c'est le Client. Plus il est banal, plus il plaît, plus il rassure, plus il pensera comme on pense soi-même. Et c'est là le point.

Il ne lui manquait que sa biographie. C'est une lacune qui vient d'être comblée. Avec éclat. Par l'éditeur qui a fait le livre le plus cher du monde : L'Apocalypse, illustrée par Dali. L'Apocalypse de Dali est en vente pour deux cents millions. C'est un de ces livres qui font date. On ne l'ouvre qu'avec un concierge. On n'en parle qu'avec des chiffres, comme du Quid ', qui a nécessité l'exploration de huit mille volumes par deux cent soixante-cinq auteurs pour répondre à toutes les questions qui empêchent de dormir l'homme moderne telles que le nombre des jésuites et le prix de l'hectare de terre arable dans le Loiret ; ou comme le Guinness Book, le Livre des Extrêmes', qui sait la vérité sur l'âge du plus vieux chat ; ou encore comme l'Histoire du Sud, le livre le plus grand du monde, qui a plus de deux mètres de haut, et un moteur de douze chevaux pour tourne-pages.

L'Apocalypse de Dali n'a que soixante-quinze centimètres de long, mais sa seule couverture pèse quatre-vingts kilos ; elle est en bronze incrusté de fourchettes. Le texte de l'ouvrage a été manuscrit par une dame poliomyélitique, avec quatre-vingt-trois mille lettres, pas une rature et deux années de travail. Pour ne rien laisser au hasard, Dali avait réalisé en plâtre une grosse bombe, incrustée d'une montre, d'une croix, de clous et de médailles de piété, qu'il avait lancée sur un cuivre où les objets s'étaient gravés. Au Vélodrome d'Hiver. Et c'était sur ce cuivre qu'il avait tracé sa Pietà.

Tels sont les progrès de l'Industrie.

On a d'ailleurs inventé, depuis, le pinceau à air comprimé, un pinceau rotatif de mille cinq cents tours-minute, qui va sept cent quatre-vingt-dix-huit fois virgule cinq plus vite que Michel-Ange lui-même, et la peinture à la hache de bûcheron qui sera suivie très prochainement, n'en doutons pas, de l'aquarelle au sabre d'abordage.

Quoi qu'il en soit, c'est l'éditeur Foret qui, misant à la fois sur le talent, le travail, la qualité, la badauderie et le snobisme, le prestige de l'ésotérisme et le succès des moustaches de Dali, a fait faire, à la bombe, ce livre prodigieux qui se raconte avec des anecdotes, au prix desquelles l'intérêt du texte n'est plus qu'un prétexte léger. On voit par là qu'il connaît son siècle et son métier ; un siècle où ce qui passionne, plutôt que l'information, c'est le nom du speaker qui annonce (d'une voix aimable, avec quelque chose d'engageant!) la perte de quelque territoire grand quinze ou vingt fois comme la France ; où le metteur en scène vous explique qu'une pièce est une « proposition que l'auteur fait au metteur en scène »... (c'est-à-dire que Molière, Shakespeare ou Euripide sont des prétextes retouchables aux inventions de M. Durand, à ses humeurs et ses enjolivures) : où Mlle Machin, célèbre pour son buste, a plus de droits que l'auteur sur le texte d'une oeuvre qu'on veut adapter à l'écran ; où le tailleur, autrement dit, a le droit de vous couper les jambes plutôt que d'allonger le pantalon ; où ce n'est plus au peintre des décors de faire valoir une oeuvre de Hugo, mais à Hugo de faire valoir le peintre ; à M. Tartempion de raconter Racine, mais à Racine de raconter M. Tartempion.

C'est du moins ce que j'apprends par une annonce de presse qui propose, pour un prix d'ailleurs assez sérieux, à tout homme désireux d'avoir sa biographie, de la commander aux Editions Foret, à quelque écrivain distingué, avec portrait et illustrations. Elle lui sera livrée sans délai « dans un emboîtage de haut luxe ».

Attendons-nous à voir bientôt paraître, sous la plume d'Henry de Montherlant, de Jean Paulhan ou d'André Maurois, la Vie de M. Testevuide. On y lira l'histoire de sa rougeole et de son certificat d'études, peut-être même de ses oreillons. Leacock' avait prévu la chose en écrivant, dans ses nouvelles, cette belle Vie de John Smith où le client du métro et le parfait abonné du gaz peuvent mirer en eux-mêmes leur grisante aventure.

C'est ainsi que la célébrité sera mise à la portée de tout le monde.
Il ne restera Plus qu'à faire faire par Rodin une statue de l'usager de l'autobus. En bronze moulé. Très légèrement pensive. Et à la mettre dans un square important.

Ne riez pas, mais saluez au passage. C'est le monument du roi de l'époque. C'est la vraie statue du Client.

18:10 Publié dans Vialatte | Lien permanent | Commentaires (1) |

26/01/2009

Genre

Ca-vient.jpg

Les grammairiens sont des farceurs.

Illustration : « Généralement, le genre des noms communs est indiqué par leur déterminant. » Les noms devant lesquels on peut mettre un, le ou ce sont de genre masculin.

Ex. : Un fauteuil.

Les noms devant lesquels on peut mettre une, la ou cette sont de genre féminin.

Ex. : Une table.

Messieurs (et mesdames) les anglais apprécieront.

Doit-on dit du coriandre ou de la coriandre, de l’orge perlé ou de l’orge perlée ? Voir la fin de la note précédente.

Les mots amour, délice et orgue sont masculins au singulier et féminins au pluriel. Mais doit ont dire : Le plus grand de mes amours ou la plus grande de mes amours ?

Illustration dans L’année du Dragon d’Alain Bagnoud page 54. Alain qui choisit d’écrire et c’est bien ainsi :

« Ce baiser semblait la plus petite des délices exquises qu’il avait savourées pendant sa promenade. »

Pour les anglais j’ai trouvé sur fourmilab une analyse par terminaisons.

Si vous apprenez les 40 terminaisons de mots qui suivent, vous pouvez deviner les genres de 75% des noms français avec une précision d'environ 95%. Ces règles prédisent correctement les genres de plus de 13398 noms vous devriez mémoriser sinon. Ne tenez aucun compte des accents en utilisant ce tableau.

Liste mieux formatée Fourmilab

Masculin

Termin. Nombre Exception

-age .964 99% cage plage image nage page rage
-an ..104 95% median maman
-c ...128 98% fac
-d ...184 97%
-eme ..51 90%
-g ....83 99%
-i ...216 91% merci fourmi foi loi
-in ..293 96% main fin
-is ..189 93% brebis fois souris oasis
-iste 147 97% modiste liste piste
-k ....48 98%
-l ...389 89%
-lon ..89 98%
-m ...156 97% faim
-non ..35 97%
-o ...186 82% meteo dactylo dynamo steno magneto moto
-ome ..50 96%
-r ..1556 89% mer chair minceur douceur froideur grandeur
--------------profondeur odeur largeur valeur fleur

--------------couleur soeur peur vapeur erreur horreur
--------------cour tour
-ron ..73 100%
-sme .407 100%
-t ..1976 98% foret nuit dent part plupart
-taire 34 94%
-ton ..65 100%
-tre .195 87% fenetre huitre vitre rencontre montre lettre
-u ...332 97% eau peau vertu
-us ..100 95%

Féminin

Term. #Mots %Prec Exceptions principales

-ade ...128 95% jade grade stade
-aison ..37 100%
-ce ....500 89% espace crustace exercice benefice office
----------------
artifice precipice dentifrice armistice
----------------
vice service silence prince commerce pouce
-ee ....233 89% lycee perigee trophee pedigree musee
-ie ...1034 98% incendie cryptographie perihelie genie foie
-iere ..110 97%
parapluie arriere derriere cimetiere
-ine ...277 91% domaine capitaine cine pipeline moine
----------------
patrimoine magazine
-ion ..1530 97% ion million billion camion dominion lampion
----------------scorpion espion demilitarisation
----------------
antivivisection bastion attribution avion
-ite ...739 94% trilobite anthracite plebiscite gite graphite
----------------satellite theodolite comite ermite termite
----------------granite rite merite site opposite
-lle ...303 87% intervalle vermicelle scelle braille mille
----------------gorille vaudeville
-se ....533 85% vase malaise suspense sconse oppose expose gypse
----------------inverse colosse carrosse pamplemousse
-tte ...327 98% squelette
-ude ....47 94% prelude interlude coude
-ure ...339 90% dinosaure centaure kilowattheure sulfure
----------------
nitrure parjure murmure

21/01/2009

1280 âmes

Ca-vient.jpg Merci donc

à Trelk / Bukowski (son avatar)

qui à « oublié » 1280 âmes

au Rouge et Noir.

Ca-vient.jpg

Donc 1280 âmes racontent l’histoire d’un libraire érudit Pierre de Gondol qu’un de ses copains appelle Epictète de Gondol. Le ton est donné, on est en plein Perec. Le mot érudition est un peu faible pour quelqu’un qui vous sort de la citation de Chateaubriand, de Madame de Lafayette, de Simenon ou de Simonin, aussi facilement que Sarko ou Ségo nous assènent des déclarations narcissiques.

Notre libraire a l’habitude de répondre à des questions littéraires de ses clients. Un jour, on lui demande pourquoi le numéro 1000 de la série noire s’intitule 1275 âmes au lieu des 1280 âmes de la version originale écrite par Jim Thomson. Gondol va mener l’enquête qui le mènera au Texas et en Oklahoma, à la recherche de la bourgade de Pottsville qui sert de cadre au roman de Thompson. Les jeux de mot s’accumulent, Pouy est un maître en la matière, il est question du méchoui de Hendell et des souffrances d'une jeune vertèbre, des digressions littéraires fantaisistes tendant à prouver que la maison Poulaga fut construite par Hiéronimus Poulaga à Bruxelles ou que Pétaouchnok est une vraie ville située à 450 km de Vladivostok.

A noter 5 mentions de Perec. En voici une : "J'ai été alors interrompu dans toutes ces pérégrinations mentales par l'arrivée intempestive de Serge, énervé comme un pereckiste ayant enfin trouvé le seul "E" qui, paraît-il, existe dans La Disparition."

1280 âmes m’a fait pensé au petit vélo au guidon chromé, dont j’avais fait la lecture publique à l’Ouie Dire à Genève, c’est plein de figures de style. A propos de la langue ricaine à la télé, Pouy écrit : « Un sabir plein d’aphérèses, d’épenthèse, de syncopes et d’apocopes. » A propos de la nourriture aéronautique : "La bouffe, à bord, avait été du genre incompréhensible, il y avait eu une sorte de gâteau ressemblant à de l'agglo de douze arrosé d'alcool de sapin, et le champagne, servi dans des flûtes en plastique, avait dû être récupéré à Monaco juste après que Coulthard eut secoué la bouteille."

Un très bon livre selon moi et si vous n'aimez pas c'est assez vite lu.

10:59 Publié dans Papous | Lien permanent | Commentaires (0) |