24/12/2008
Noël
Morale
et
Darwinisme
Une des thèses de l’ultra libéralisme s’appuie sur la théorie dite du darwinisme social. Thèse qui consiste à appliquer aux sociétés humaines l’adage darwinien «Seuls les plus aptes survivent » Applicables donc aux classes sociales et aux nations. Justifiant la colonisation, le racisme, les monstrueux écart de revenus… Une thèse que critiquent les religieux hypocrites et néocons pour démontrer la perversion de la théorie de Darwin.
Le problème c’est que les deux ont tort. Les ultras libéraux, parce que Darwin a dit au contraire que la solidarité était un facteur d’adaptation important qui avait donné à l’homme un avantage. Les religieux, parce que Darwin pose ainsi les bases d’une morale indépendante de toute divinité très hypothétique et de toute superstition.
Extrait de La filiation de l’homme Chapitre V
"A mesure que l'homme avance en civilisation, et que les petites tribus se réunissent en communautés plus larges, la plus simple raison devrait aviser chaque individu qu'il doit étendre ses instincts sociaux et ses sympathies à tous les membres de la même nation, même s'ils lui sont personnellement inconnus. Une fois ce point atteint, seule une barrière artificielle peut empêcher ses sympathies de s'étendre aux hommes de toutes les nations et de toutes les races. Il est vrai que si ces hommes sont séparés de lui par de grandes différences d'apparence ou d'habitudes, l'expérience malheureusement nous montre combien le temps est long avant que nous les regardions comme nos semblables."
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22/12/2008
Dragon 3
J’avais beaucoup aimé la leçon de chose, j’ai trouvé encore plus de plaisir à lire Le jour du dragon. Je trouve que dans ce livre Alain Bagnoud a encore affiné son pinceau. Il multiplie les touches de couleur pour nous faire ressortir ce coin de Valais et ce temps essentiel de la vie où l’adolescent se transforme en adulte.
Dans la leçon de chose, j’étais sensible au tableau parce que j’y retrouvais le monde de mon enfance à Abondance, pas bien loin de Chermignon, un monde disparu. Dans le jour du dragon, je retrouve toute la révolte de mon adolescence et le souffle de mai 68 avec juste ce qu’il faut de distance pour ne pas se prendre au sérieux.
Si un écrivain est quelqu’un qui crée un univers tout en nous restituant de façon transcendé son vécu comme l’ont fait à merveille, dans des registres si différents un Proust ou un Céline, alors oui, Alain Bagnoud est un écrivain et un tout bon à mon avis.
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21/12/2008
Dragon 2
Avec Le jour du dragon, Alain Bagnoud nous refait le coup de concentrer en un jour symbolique quelques années de sa vie. Dans La leçon de chose en un jour, il s’autofictionnait le jour de ses sept ans, dans le jour du dragon, il se met en scène vers 17 ou 18 ans le jour de la Saint Georges, la fête du village à Aulagne, alias Chermignon.
Cela se passe donc en Valais au début des années septante. Un vent souffle depuis quelques temps et a atteint les vallées les plus reculées, un vent qui vient de Woodstock, de l’île de Wright, de Berkeley, des pavés de 68, un vent porté par les guitares des Doors, des Whos, des Byrds, qui exhale une petite odeur de haschich et amène des hippies, des filles avec des fleurs plein les cheveux.
C’est le choc des cultures. Le vent souffle sur le village de la leçon de chose qui vit ses traditions et ses querelles ancestrales entre dorés et argentés. C’est dans la fanfare des dorés, une des deux cliques du village, que notre héros marche au pas en jouant du tambour. Ce jour là, il assiste au prêche du curé qui parle du démon terrassé par Saint Georges, au discours du maire, il s’extasie devant trois donzelles nouvellement admises dans la fanfare et que drague sans vergogne son copain Benny, il nous parle d’un prof marxiste renvoyé du lycée, il rencontre un artiste peintre, un vieux de trente cinq ans, il assiste à une boum et expérimente les effets à la fois hilarants et anxiogènes que procurent la fumée de chanvre. On retrouve Dogane, l’étranger, son meilleur ami, et aussi Richard Mitte de Lucien, le politicien et entrepreneur tireur de toutes les ficelles locales. On assiste à un repas familial dans la maison neuve de l’oncle futur politicien où vit un grand-père déclinant qui veut aller à l'hôpital pour qu'on s'occupe un peu de lui.
On est témoin de la construction d’un adulte et d’un écrivain. Un adulte conscient de tout ce qui le relie à ses racines et aussi de ce qui fait de lui un être un peu à part, un peu contre. Un écrivain qui fourbit les mots de sa différence pour pouvoir peindre le monde dans lequel il évolue avec la conscience de ses faiblesses qu’il tente de transformer en forces et qui trouve en tâtonnant la distance nécessaire par rapport aux passions qu’il dépeint.
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19/12/2008
Phrases
Christian Estrosi est député, maire de Nice et secrétaire adjoint à l’UMP. C’est un fidèle du président, un homme de cour. Rama Yade, la secrétaire d'état aux droits de l'homme, a refusé de prendre la tête de liste UMP d'le-de-France aux européennes. Le président en a pris ombrage. Estrosi a prononcé à ce sujet une phrase qui dénote bien où se situe l’humanisme de ce temps :
"Rama Yade existe parce que Sarkozy l’a fabriquée. On fait un placement, on le fait fructifier, et au moment où on veut en tirer les bénéfices, voilà !"
Pas de bol. Placement pourri. Junk bond. Faut placer ailleurs. C’est décevant... Le président serait bien inspiré de dire tout le dégoût que lui inspire son courtisan, voire même de prendre une sanction significative.
Un texte circule sur le net que m’a envoyé Pascal .On le dit extrait de Napoléon, le petit un pamphlet de Victor HUGO sur Napoléon III. En fait le texte qui circule est un pastiche. J’ai trouvé ici des extraits du livre qui a inspiré le texte. Il y a dans l’original des choses étonnantes [illustration de Daumier] :
Que peut-il ? Tout. Qu’a-t-il fait ? Rien. Avec cette pleine puissance, en huit mois un homme de génie eût changé la face de la France, de l’Europe peut-être.
(…)Seulement voilà, il a pris la France et n’en sait rien faire.
(…)En vérité, on est tenté de plaindre cet eunuque se débattant avec la toute-puissance. Certes, ce dictateur s’agite, rendons-lui cette justice ; il ne reste pas un moment tranquille ; il sent autour de lui avec effroi la solitude et les ténèbres ; ceux qui ont peur la nuit chantent, lui il se remue. Il fait rage, il touche à tout, il court après les projets ; ne pouvant créer, il décrète ; il cherche à donner le change sur sa nullité ; c’est le mouvement perpétuel ; mais, hélas ! Cette roue tourne à vide.
(…)Il aime la gloriole, le pompon, l’aigrette, la broderie, les paillettes et les passe-quilles, les grands mots, ce qui sonne, ce qui brille, toutes les verroteries du pouvoir.
(…)Il a pour lui l’argent, l’agio, la banque, la bourse, le coffre-fort. et tous ces hommes qui passent si facilement d’un bord à l’autre quand il n’y a à enjamber que de la honte.
(…)Non, cet homme ne raisonne pas ; Il a des caprices, il faut qu’il les satisfasse. Ce sont des envies de dictateur.
(…)Quand on mesure l’homme et qu’on le trouve si petit et qu’ensuite on mesure le succès et qu’on le trouve énorme, il est impossible que l’esprit n’éprouve pas quelque surprise.
(…)Ce que nous voyons depuis le 2 décembre, c’est le galop, à travers l’absurde, d’un homme médiocre échappé. Ces hommes, le malfaiteur et ses complices, ont un pouvoir immense, incomparable, absolu, illimité, suffisant, nous le répétons, pour changer la face de l’Europe. Ils s’en servent pour jouir. S’amuser et s’enrichir, tel est leur « socialisme ». Ils ont arrêté le budget sur la grande route ; les coffres sont là ouverts, ils emplissent leurs sacoches, ils ont de l’argent en veux-tu en voilà. Tous les traitements sont doublés ou triplés …
10:52 Publié dans Au fil de la toile | Lien permanent | Commentaires (2) |
18/12/2008
Dragon 1
Je suis en train de terminer le dernier livre d’Alain Bagnoud, Le jour du dragon. Alain est un écrivain originaire du Valais qui habite Genève. Je l’ai rencontré sur la toile. Il a son lien depuis ce blog. J’avais eu le plaisir de lire son précédent livre « La leçon de chose en un jour » et d’en faire trois notes ici au mois de juin 2006.
Alain fait de l’autofiction, un genre qui se situe entre le roman et l’autobiographie. Genre que prétend avoir inventé Serge Doubrovsky que Jacques m’a fait connaître. Comme pour la leçon de chose qui correspondait aux sept ans du héros, le jour du dragon se passe se un jour qui pourrait être les seize ans du héros. C’est un récit d’adolescence dont je parlerai bientôt ici.
En attendant, je vous offre ce morceau de bravoure par des tambours suisses et virtuoses, envoyé par Jean-François. Quand vous lirez les notes suivantes vous comprendrez pourquoi.
11:49 Publié dans Lecture | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : bagnoud |
16/12/2008
Rhume
Nouvelle du jour.
** Attention ""
âmes sensibles
s'abstenir
Aucun licenciement annoncé ce matin. Aucun dirigeant nouveau ne s’est tiré avec la caisse après une gigantesque partie d'avion de plus de 10 ans à 50 milliard de dollars. A la radio, aux infos de huit heures, ils n’ont pas parlé du Nikkei, du Dow Jones ni du CAC40. Pas de nouveaux milliards jetés en pâture aux banques ou aux constructeurs de bagnoles. Pas d'indices de confiance en chûte vertigineuse. Mais que se passe-t-il ?
Pourtant, il y a des nouvelles qui peuvent vous gâcher la journée encore plus sûrement que la crise, surtout si vous êtes enrhumé. Alors, si c’est votre cas, ne lisez pas le suite de ce billet…
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« Kuala Lumpur - 11 décembre - Mohammad Eseryad, un habitant de la capitale de la Malaisie atteint d'un banal rhume de cerveau, est mort d’une hémorragie cérébrale après s’être mouché trop violement. »
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Vous n’auriez pas dû... je vous avais prévenu.
08:32 Publié dans Au fil de la toile | Lien permanent | Commentaires (2) |
13/12/2008
Gaston
Le 11 décembre, je reçois un mail qui contenait une info de première bourre "Aujourd’hui, Gaston a 70 ans." J’ai tout de suite pensé à Lagaffe sauf qu’il me semblait que Lagaffe n’avait que 50 ans. Alors de qui s’agissait-il ?
Petite recherche sur des Gaston plus ou moins célèbres…
Saurez-vous trouver le bon parmi eux ?
Le pays des Gaston, c’est le Béarn. Ils ont eu plus de 10 Gaston, tous vicomtes de Béarn, sans compter Gaston Bayrou. Bayrou qui d’ailleurs ne s’appelle pas Gaston mais François parce qu’il ne veut pas être simplement vicomte de Béarn mais carrément roi de France comme Henri IV un béarnais qui s’appelait d'ailleurs Henri III de Navarre, avant la messe, pour brouiller les pistes.
Les vicomtes de Béarn s’appelaient tous Gaston ou Centulle. Gaston rime avec y a le téléphon qui son. Centulle, je ne sais pas. Au hasard de la toile, je découvre Morlaàs. Pas très connue Morlaàs, qui rime avec hélas, fut pourtant la capitale du Béarn. « Morlaàs entretient une certaine originalité, à savoir qu’elle est une commune à la fois semi-rurale et semi-urbaine qui sait conserver une identité forte et autonome. » C’est sur leur site, avec cette très pensée forte : “ Depuis que le monde est monde, chaque année est faite de cortèges de joies et de peines ” pensée que le maire morlanais souligne par : « Cette maxime s’avère être des plus justes ! » Comme quoi la semi-ruralité française a encore des ressources. Sacré Gaston !
10:14 Publié dans Au fil de la toile | Lien permanent | Commentaires (2) |