04/05/2014
Drôle de drone
En lisant un article sur la protection des orangs-outans de Sumatra menacés de disparition comme on sait, je découvre qu’on peut fabriquer un drone pour la bagatelle de 1100 euros en 4 semaines. Ensuite on peut survoler la canopée à Sumatra ou surveiller les voies ferrées.
La recette : des éléments de modèles réduits disponibles du commerce, des systèmes de pilotage pas cher issus de start-up américaines et des logiciels open source pour programmer ce bazar et un brin d'ingéniosité voire de passion, si possible.
Avec un peu de pratique de l'engin, on peut facilement détecter les braconniers de Sumatra, protéger les faons allemands, faire la guerre au Pakistan, pister les voleurs de cuivre en suivant les rails ou même suivre sa femme/son mec de sortie avec ses copines/copains. Si le cœur vous en dit, vous pouvez commencer la bricole ici, c’est en français.
Étymologie: Drone veut dire faux-bourdon en anglais. En allemand faux-bourdon se dit drohne et le verbe drohnen veut dire vrombir. Drone comme le mot bourdon ou le verbe vrombir ont sans doute une origine onomatopéique comme faire vroum vroum, drelin-drelin, dring-dring ou ding-ding-dong.
La danse des drones :
07:44 Publié dans Au fil de la toile, Science | Lien permanent | Commentaires (1) |
02/05/2014
Co-génération
Il y avait une présentation intéressante sur la co-génération l’autre soir au meeting de Nouvelle-Donne. Intéressante mais mal foutue. Pas de définition du sujet et pas d'explication sur la possible mise en œuvre. C'est quoi la co-génération ? C'est une autre manière, plus économique, d'utiliser les sources d'énergie.
La co-génération consiste à produire de l’électricité en même temps que l’on produit de la chaleur. Dans une centrale thermique ou nucléaire, plus de 60% de l’énergie est perdu en chaleur sauf si la centrale est proche d’une ville et que de bons esprits ont imaginé de récupérer une partie de cette chaleur pour chauffer des bâtiments.
L’idée de la co-génération consiste à prendre le problème dans l’autre sens. On commence à se préoccuper du chauffage et ensuite on produit de l’électricité avec la centrale. La perte peut ainsi se limiter à plus ou moins 15%. Pour que ce système soit efficace, il faut imaginer des chauffages collectifs.
Et donc il faudrait remplacer les grosses centrales nucléaires ou thermiques, productrices d’électricité ainsi que les chaudières individuelles, productrices de chaleur, par des centrales de moyennes puissance qui fournirait les deux énergies avec bien moins de perte. Simple sur la papier. Pas facile quand il s'agit de changer les infrastructures existantes.
Pourtant, les hongrois le font.
A Pécs, 120'000 personnes sont chauffées avec une centrale à paille et bois. La centrale utilise 400.000 tonnes de copeaux de bois et quelques 200.000 tonnes de paille par an. La vapeur issue de la combustion de la paille permet de produire de l’électricité et la chaleur dégagée est ensuite utilisée pour chauffer la ville de Pécs. Cette centrale remplace une centrale de l’ère communiste qui était déjà pionnière.
En fait ceci nécessite une économie planifiée au niveau de l'énergie et c'est le contraire que l'on est en train de faire en lâchant le domaine à la concurrence et au court terme. Par exemple, la construction d'incinérateurs d'ordures ménagères qui produisent déjà de l’électricité devraient être couplées avec la construction de logements pas trop éloignés des fours. Pas facile à faire dans une économie libérale. A Bellegarde, par exemple, les fours du Sidefage ne sont pas loin de la ville mais la chaleur est perdue pour tout le monde.
http://www.sidefage.fr/valorisation-energetique
13:17 Publié dans Ressources, Science | Lien permanent | Commentaires (0) |
26/03/2014
Bismuth
Au téléphone, notre ex-président se faisait appelé Paul Bismuth. Un nom qui appartient à quelqu’un et a quelque chose. Mais qu’est ce que le bismuth ?
Le bismuth est un métal, un corps simple et radioactif. Simple parce qu’il fait parti du fameux tableau périodique des éléments qui commence par l’hydrogène, l’hélium… C'est un sous-produit de l'extraction du plomb, du cuivre, de l'étain, de l'argent et de l'or. Le bismuth a pour numéro 83, juste après le plomb 82, non loin du mercure 80 et de l’or 79. Comme l’eau, il est plus dense liquide que solide. Il a une résistance électrique élevée.
Problème d’alchimiste : comment transformer Bismuth en or.
C’est le premier élément radioactif avec une demie vie d’un milliard de fois l’âge de l’univers. Ce qui veut dire qu’il perd des protons et des neutrons à très très petite vitesse pour donner du thallium. Le plomb est donc le corps radioactif le plus lourd.
Questions : Est-ce que le faux Paul Bismuth roule sur l’or ? Va-t-il durer plus longtemps que l’univers ou va-t-il se faire plomber par les affaires ?
Cristaux de Bismuth. L'aspect brillant est dû à la rouille.
10:04 Publié dans Au fil de la toile, Science | Lien permanent | Commentaires (4) |
03/03/2014
Anneaux
Doit-on se faire du souci à cause du futur anneau du CERN ?
On se souvient des risques mortels de trous noirs dont je vous ai parlé au moment de la mise en route du LHC. A peine des piqures de moustique disaient certains, la fin de la planète disaient d'autres. Et bien figurez-vous qu’ils (les dangereux physiciens) ont en projet un anneau de 100 kilomètres et que ma maison serait pile au centre de cet anneau. Ça fout la trouille.
Grimper au Salève en sachant que sous nos pieds passent des bosons de Higgs furieux d’être accélérés à la vitesse de la lumière et contraints à collisionner avec Dieu-sait quelles particules hostiles, ça inquiète. Ils visent le 100 tera ElectronVolts
A dire vrai, il y a bien peu de chance que je grimpe encore le Salève quand cet engin sera en service. Cela fait bien plus de 20 ans qu’ils bossent sur le LHC et ils n’ont pas encore atteint l’énergie prévue de 14 Tera ElectronVolts. A noter que cette énergie est minuscule. C’est des millions de fois moins que ce que consomme votre ordinateur en une heure mais elle est concentrée sur un minuscule proton. Un pauvre tout petit proton. On ne sait pas vraiment ce qu'il pense lui, le proton, qu’on le collisionne à cette furieuse énergie avec une particule qu’il ne connaît même pas, qu'il n'avait jamais vu.
Peut-être est-il temps de créer une ligue de protection des particules martyrisées par les physiciens du CERN avant que Brigitte Bardot ne s'en charge ?
08:35 Publié dans Humour, Science | Lien permanent | Commentaires (4) |
25/01/2014
Un tala s'en est aller
Aredius nous signale qu’un pionnier de l’informatique vient de disparaître
Jacques Arsac
Après des études de physique, Jacques Arsac s’est plongé dans l’informatique naissante. C’était l’époque des ordinateurs gros comme des immeubles avec une puissance de calcul plus faible qu’une calculette gratuite que l'on distribuait naguère pour convertir les francs en euros.
En lisant sa biographie, j’aime bien l’idée qu’il se définisse comme un programmeur. Il y a dans la programmation une satisfaction d’artisan qui fait un bel objet. Arriver à mettre en œuvre un algorithme simple et élégant est un plaisir d’horloger. Malheureusement, l’horlogerie comme l’informatique finissent dans les mains des marqueteurs à la Séguela… (ces gars là ne sont que des mercantis* et des casseurs de rêve).
Autre aspect de Jacques Arsac, c’était un épistémologiste* de l'informatique et un tala. Tala, c’était le nom que se donnaient les étudiants catholiques de normale sup qui allaient à la messe. Les TALA messe. Donc un scientifique et un croyant qui pensait que l’on ne peut réduire l’homme à une machine. Sa grande crainte était qu’un de ces jours les développements de l’Intelligence Artificielle (IA) ne démontrent que l’esprit humain n’est qu’une machine.
On parle ici de la vraie IA, celle qui remplacerait un cerveau dans toute sa complexité. Jacques Arsac sera mort avant d’avoir une preuve de l’existence de la vraie IA. Pour moi qui suis un patala, je crois que la vrai IA démontrera effectivement que le matérialisme de Diderot est la seule philosophie possible et que cette vie est une histoire sans signification racontée par un idiot... mais qui peut avoir beaucoup de charme certain jour.
Il faudra encore des années avant d’arriver à la vraie IA, peut-être sera-ce juste avant l’Apocalypse. Il est trop tôt pour savoir s’il n’est pas déjà trop tard.
Citations extraites des Machines à penser :
Je serais déshumanisé s'il venait à être prouvé qu'une intelligence artificielle existe. (p.217)
Pour moi, il n'y a pas d'échappatoire. Si une intelligence artificielle existe, je suis une machine.
Nous ne pouvons pas vivre dans un univers sans signification. Comme l'a dit Paul Ricoeur, « l'homme a besoin d'amour, certes; il a besoin de justice plus encore; mais il a surtout besoin de signification ».
* Mercantis: Marchand sans scrupule.
"On croit mourir pour la patrie, et on crève pour des combines de mercantis, prompts à engraisser, à travers tous les charniers, leurs dividendes." — (Victor Margueritte, Debout les vivants !, 1932)
* Epistémologie, philosophie de la connaissance (de le science).
10:04 Publié dans Au fil de la toile, Science | Lien permanent | Commentaires (0) |
07/12/2013
Knuth
Un terabyte vaut 1 million de megabytes. Dans mon premier job, en 1973, on avait un IBM 1130 qui disposait royalement de 2 mégabytes de disque. Avec ce bijou, on gérait une entreprise de 250 personnes, on faisait des planning PERT de 2000 tâches, on faisait des calculs de structure pour le barrage de la Grande Dixence, on a dessiné les profils en long et en travers plus les vues en perspective de l’autoroute de contournement de Genève, des calculs de caténaires... etc...
En 1982 un PC d'IBM avait 5 megabytes de disque dur.
L’autre jour, on m’a proposé un ordinateur domestique à moins de 400 euros qui disposait d’un terabyte sur disque.
La loi de Moore avait prévu un facteur mille en 12 ou 13 ans, un facteur un million en 25 ans. On y est… Et c’est comme ça que les jeunes cons deviennent des vieux cons bien plus vite qu’avant. L’informatique satisfait donc le principe bouddhiste de l’impermanence. Avec un telle accélération des flows (flux en anglais), les flots risquent de nous noyer. A quelle bouée se raccrocher ? La bouée Knuth ?
Donald Knuth, américain né en 1938 est professeur émérite de « l'art de programmer » à Stanford University. Pionnier de l'algorithmique, il est l'auteur d'une centaine d'articles et d'une dizaine de livres sur l'algorithmique et les mathématiques discrètes. Les 3 premiers volumes de The Art of Computer Programming (TAOCP – l’art de programmer des ordinateurs) demeurent des ouvrages de référence. A lire en anglais, avec un bonne dose d'aspirine a chaque page.
Eh oui, la manière dont fonctionnent les ordinateurs est à peu près la même qu’au début. Ils déroulent toujours plus vite des algorithmes toujours les mêmes ou presque, et c’est ainsi que Don Knuth ne vieillit pas… ou presque.
J'aimerais voir des milliers de programmeurs libres de faire ce qui leur plaît. C'est ce qui fait vraiment avancer le domaine.
Knuth jouant de l'orgue, merci Aredius
18:29 Publié dans Mathématique, Science | Lien permanent | Commentaires (3) |
14/10/2013
Science
Café philo ce soir avec Alain Gentil. C'est toujours un plaisir d'écouter Alain dans les fauteuils de la salle des 400 coups au rouge et noir. Alain s'attaque ce soir à un sujet difficile "Science et démocratie". Il va le traiter en deux étapes.
Petit rappel de la démarche de Descartes qui fonde la modernité de la science.
Le premier précepte : ne recevoir jamais aucune chose pour vraie, que je ne la connusse évidemment être telle : c’est-à-dire, d’éviter soigneusement la précipitation et la prévention ; et de ne comprendre rien de plus en mes jugements, que ce qui se présenterait si clairement et si distinctement à mon esprit, que je n’eusse aucune occasion de le mettre en doute
Depuis Descartes la science s'est imposée comme indiscutable et pour certains, entre autre les scientistes du XIX et XXième, elle est devenue une sorte de base unique et indiscutable. Le scientisme veut, selon la formule d'Ernest Renan (1823-1892), organiser scientifiquement l'humanité. Il s'agit donc d'une confiance (mais pas de foi) dans l'application des principes et méthodes de la science expérimentale dans tous les domaines.
Est-ce que cette vision est encore valable au XXI ième siècle ? L'accélération des progrès scientifiques n'est il pas devenu un problème qui rend la science dangereuse. Peu de gens comprennent vraiment les enjeux. Non seulement la physique fondamentale n'est compréhensible que par un petit nombre mais le vulgum pecus peut-il vraiment se prononcer sur le nucléaire civil en connaissance de cause ? Les questions sont sans fin.
Alain Gentil cite aussi un texte de Hans Jonas (1903-1993), philosophe allemand, texte extrait de son livre Le Principe responsabilité. Dans ce livre, Hans Jonas part de la question « pourquoi l'humanité doit exister ? ». Question reprise par Yves Paccalet. L'existence de l'humanité dont l'impératif semble aller de soi, n'est plus du tout un fait assuré de nos jours. Au contraire, par son énorme pouvoir qu'il a avant tout grâce à la technique moderne, l'homme a désormais les capacités de s'autodétruire en peu de temps — c'est pourquoi il y a ici une nouvelle question qui doit entrer dans le domaine des considérations éthiques.
En se référant à sa philosophie de la biologie, Hans Jonas fonde l'impératif que l'homme doit exister, vu qu'il a, comme tout être vivant, une valeur absolue qui lui est inhérente et qu'il s'agit par conséquent de protéger quoi qu'il en coûte.
J'ajouterai que pour expliquer aux scientismes de tous poils les dangers de la science, on peut aligner les mots eugénisme, clonage, organisme génétiquement modifiés, manipulation de virus, zones définitivement irradiées...
Alain mentionne aussi le transhumanisme dont j'ai parlé ici dans 3 notes consécutives sous le titre singularité. Voir aussi Raymond C. Kurzweil. Alain Gentil souligne le fait que pas mal de scientifiques et des philosophes pensent que l'avènement du transhumanisme est ni plus ni moins inévitable.
15:04 Publié dans Planète, Science, Simplicité | Lien permanent | Commentaires (0) |