08/04/2012
Kychtym, Lucens
Connaissez vous l’échelle INES ?
INES, initiales pour International Nuclear Event Scale, une échelle qui mesure l'importance des incidents ou accidents survenants dans les installations nucléaires.
Au sommet, accidents majeurs, on trouve Tchernobyl et Fukushima. No comment !
Au niveau 6, on a un seul accident grave, moins connu que les deux autres, qui s’est produit en 1957 non loin de Kychtym. Accident très peu connu car, en pleine guerre froide, les russes et les américains (la CIA) s’entendirent comme larrons en foire pour le cacher au monde entier.
Aujourd'hui 55 ans après, Kychtym* est l'endroit le plus contaminé de la planète. Les rejets radioactifs provenant du centre nucléaire, déversés au cours des années dans les lacs et les rivières atteingnent le chiffre record de 120 millions de curies, soit deux fois et demie les doses relâchées par Tchernobyl. Il faudra attendre six cents ans pour que le niveau de radioactivité redescende au taux encore dangereux de 120 curies.
Encore aujourd'hui, quelqu'un qui resterait sur le site à l'endroit le plus contaminé serait exposé à une dose de 500 rad/heure, suffisante pour tuer un homme en une heure seulement. Le plus surprenant est qu'actuellement il y a encore des gens qui habitent dans ce coin avec un complexe désormais civil et militaire qui y retraite notamment de l’uranium usagé pour des centrales nucléaires suisses !!
Au fait, en Suisse**, que se passe-t-il ? En 1969, le 21 janvier, le cœur de la centrale de Lucens, non loin de Lausanne a fondu. Un accident de niveau 4 sur l’échelle INES. L'accident de rien du tout, donc. Eh bien figurez vous que 43 ans plus tard, l’eau de la Broye, la rivière locale, contient de plus en plus de tritium. En dix ans, elle est passée de 15 à 230 becquerels par litre, a annoncé mercredi l’Office fédéral de la santé publique (OFSP), qui a enregistré un pic fin 2011.
Et dire qu'un certain président veut nous faire croire au nom de la sacro-sainte Economie, qu’il serait criminel de freiner les centrales nucléaires ces joyaux de la couronne française. Et bien, je dis qu'avant de laisser autant de saloperies à nos enfants... il faut réfléchir ! Au moins réfléchissons !
*Kychtym est à cent kms au sud de Ekatarinenbourg et mille kms au nord-est de Savatov.
**A noter que la Suisse comme l'Allemagne a décidé de dire "Halte au nucléaire !"
La centrale de Lucens, fermée en 1969, après que son réacteur a complètement fondu, est sous surveillance continuelle.
09:08 Publié dans Echelles, Rudologie, Science | Lien permanent | Commentaires (0) |
04/04/2012
Triton
On connaît le proverbe :
pour vivre heureux vivons cachés
que certains adeptes de la méthode couette, donnant tous les signes extérieur de paresse, ont transformé en :
pour vivre heureux vivons couchés.
Certains tritons du Laos avaient jusqu’à peu appliqué la méthode. Ils étaient si bien planqués dans la forêt pendant des millénaires que ce n’est qu’en 1999 que Brian Stuart, un herpétologiste (reptiles et amphibiens) les découvrit. Super content l’herpéto prit 3 ans pour étudier la bête en détail. Il l'a baptisé Laotriton laoensis. On le connait aussi sous le nom de triton verruqueux*
En 2002, il publie son papier annonçant la nouvelle au monde ébahi de l’herpétologie batracienne.
Hélas ! Six ans plus tard, en 2008, une publication scientifique annonce que le triton du Laos est en voie d’extinction. Les trafiquants d'animaux se sont servis de ses études pour vendre un nouveau produit ! Capturés par les villageois qui les vendent moins de un euro pièce, les tritons sont ensuite revendus à des collectionneurs pour 200 dollars. Brian en a retrouvé en Allemagne et au Japon. Bien triste nouvelle de ce monde de cinglés !
* Verruqueux, qui a des verrues. Comme (Warty Warthog) le phacochère qui a servi pour une version d'Ubuntu.
On découvre encore des batraciens de nos jours telles ces grenouilles apparues récemment (glass frog et orange leg rain frog, un peu verruqueuse).
10:26 Publié dans Au fil de la toile, Science | Lien permanent | Commentaires (1) |
30/03/2012
Moho
Un mot nouveau le Moho
(le mot ho)
La terre a un cœur de fer, un manteau rocheux plutôt plastique et une croûte de granit… ceci en gros. Le cœur ou noyau, se compose d’une partie solide au centre et d’une partie liquide un peu moins au centre. Votre wikipedia vous en dira plus mais sachez qu’ils n’y sont jamais aller et que, même, ils ne sont jamais allé jusqu’au Moho.
Pour forer jusqu’au Moho, il faudrait un puits de plusieurs kilomètres car le Moho se situe entre 6 et 60 kms sous la surface de la terre. On sait forer des puits de 6 kilomètres si il y a du gaz ou du pétrole dessous mais pour « voir » le Moho, on ne va pas mettre des millions dans un trou. Faut pas déconner.
Alors comment sait-on qu’il y a un moho sous la croûte. Eh bien, les scientifiques, habitués à travailler sans trop de moyens, ont trouvé des parades. C’est donc grâce à Andrija Mohorovičić (Moho pour les intimes), un croate né en Istrie, qui suite au tremblement de terre de 1909 à Zagreb, a analysé les ondes sismiques captées par les sismographes et a trouvé qu’il y avait une discontinuité quelques kms plus bas. Un peu comme le bâton trempé dans l’eau qui semble brisé.
Mais si, jusqu'à présent, les géologues utilisaient les ondes sismiques pour calculer la profondeur locale du Moho, depuis mars 2009, ils disposent d'un autre outil, d'une extraordinaire précision pour de très nombreuses applications : GOCE. Un satellite de l'Agence spatiale européenne qui, à la suite d'autres, réalise une cartographie dynamique du champ de gravité de la planète avec une précision époustouflante. On voit que c'est dans l'Hymalaya que la croute est la plus épaisse, plus de 60 kms.
(voir la carte, cliquez pour agrandir)
Les plaques (tectoniques) qui composent la lithosphère (croûte) rigide reposent donc sur le manteau (asthénosphère) plus ductile (mou) séparées par le Moho. A l’échelle de la terre, ces plaques sont la fine écorce qui recouvre la terre (bleue comme un orange). Suite à la découverte de Mohorovičić, d’autres géologues ont trouvé d’autres discontinuités entre les couches inférieures. Plus on s’enfonce, plus il fait chaud. Au centre, il ferait plus de 5000 degrés, ceci est dû à la fission des atomes (uranium et autres…) Ceci dit, comme les sondages, ces infos sont à prendre avec précaution, car seul Jules Verne y est allé.
Suite à l'article sur le lent écoulement des fleuves publié en janvier, je me permets de vous signaler que dû à la forme de la terre, enflée à l'équateur, le Mississipi prend sa source (très au nord) plus près du centre de la terre que son embouchure qui, elle, est plus près de l'équateur. Donc, en coupe (de terre), il coule à l'envers, du bas vers le haut. Il me paraissait important que vous le sussiez.
15:43 Publié dans Au fil de la toile, Science | Lien permanent | Commentaires (1) |
22/03/2012
Chaleur et goût
Tous ceux qui ont fait un peu de cuisine savent que la réussite d’une recette tient à peu de chose. Une tarte, c’est simple une tarte. Et pourtant la même tarte si délicieusement réussie lundi était ratée samedi alors que vous aviez des invités. Même proportions, mêmes ingrédients, même four, même minuterie… Alors, un peu plus de chaleur, un peu moins ?
Tout ça, c’est la faute à Maillard. Louis Camille Maillard, un chimiste mort en 36 et un peu oublié. JC Maillard avait analysé un ensemble complexe de réactions chimiques qui se produisent entre les protéines (gluten) et les sucres (amidon) dès qu'on commence à chauffer. Il voulait comprendre pourquoi la tarte change de couleur.
Puis, Maillard fut un peu oublié...
Dans les années 90, des espagnols soucieux de comprendre le secret des jambons (ramone) serrano ont montré que des acides aminés libérés lors du salage étaient dégradés pendant la longue période de maturation qui suivait, entre autres par la réaction de Maillard.
Celle-ci produit de nombreux composés, qui s’accumulent dans la viande. La quantité de ces produits croît avec la durée de la maturation, ce qui explique la longueur de celle-ci, qui permet d’obtenir plus de composés, donc plus de goût.
En cuisine, cette réaction génère donc un grand nombre de molécules cycliques et polycycliques très aromatisées, qui ajoutent toutes sortes de parfums nouveaux au plat en train de cuire. Le durcissement des pâtes à base de farine est dû à la pénétration de l'eau ajoutée dans la pâte dans les grains d'amidon, ce qui libère les molécules d'amidon, lesquelles, très avides d'eau, s'approprient toute celle qui est disponible. La pâte, privée d'eau, devient donc dure.
Ceci est un exemple des applications qui touche tous les aspects culinaires, pâtisseries, viandes…
Mais la réaction de Maillard agit aussi dans le processus de bronzage car les crèmes autobronzantes utilisent cette réaction par fabrication de réductone (enol alcène-alcool)*
La chaleur provoque aussi une perte d’acides aminés et la dégradation des vitamines. En plus des arômes, le changement de couleur s’accompagne d’une production d’acrylamide, présentant un risque pour la santé (cancer et lésions des tissus nerveux). La commission européenne finance un projet nommé HEATOX (Heat-generated Food Toxicants) dont l’objectif est d’identifier les risques induits par les composés chimiques nocifs qui apparaissent lors de la cuisson des aliments.
Voir aussi : tautomères, tautomérismes des bases azotées de l'ADN, tautaldéhydes, cétone énolisables… carbonyle… alcanes ramifiés...
09:37 Publié dans Au fil de la toile, Science | Lien permanent | Commentaires (4) |
25/02/2012
e-Cat
Oui, Aredius, c’est bien une histoire de transmutation mais ce n’est plus de la recherche théorique sur la fission mais des produits bientôt disponibles basés sur la fusion. Ce sont bel et bien des engins qui sont en train d’être commercialisés et devraient révolutionner notre vie très bientôt.
En mars 1989, Martin Fleischmann et Stanley Pons, deux scientifiques anglais et américain exposent le résultat de leurs expériences qui concluent que, en présence de palladium, il se produit une réaction nucléaire sur des atomes d’hydrogène, ceci à température ambiante, des neutrons sont libérés. Ils avaient observé une élévation de température et donc une création d’énergie (plus d’énergie produite que d’énergie fournie). Je me souviens avec émotion de Rafael Carreras, le grand vulgarisateur, qui avait fait venir des spécialistes dans l’amphi du CERN, pour nous expliquer la chose à tous les béotiens curieux comme moi.
On parlait alors de fusion froide. Mais, les expériences de Pons et Fleischmann étant difficilement reproductibles, la communauté scientifique (ceux de la fusion chaude dotée de millions de crédit pour des engins énormes Tokamak et ITER) vinrent à la rescousse des pétroliers pour tuer la chose dans l’œuf* et discréditer nos deux inventeurs (vidéos). Mais, il semble que ce ne fut qu’un coup de frein. Les recherches ont continué. Par exemple, l’académie des sciences de la fédération de russie organise tous les ans, depuis 20 ans, des conférences sur les transmutions nucléaires à froid.
Je vous laisse lire les articles sur Wikipedia de ce qu’on appelle aussi LENR (réaction nucléaire à basse énergie) CANR (Réaction nucléaire assistée chimiquement, LANR, CNT (Transmutaion Nucléaire à Froid)
Mais, il y a mieux. Un italien, Andrea Rossi, a fabriqué un appareil appelé e-Cat, dont 100 mille exemplaires ont déjà été précommandés. Une entreprise concurrente, située en Grèce, Defkalion, issue du même groupe que Rossi propose aussi un réacteur nommé Hyperion, du nom d’un des titans assimilé au soleil dans la mythologie. Par ailleurs, d’autres études ont depuis 89, montré la réalité de la fusion froide. Est-il encore possible que l’on ait affaire à une mystification ?
Difficile à dire. Malheureusement Andrea Rossi a refusé poliment l’offre de Brian Josephson, d’analyser son e-Cat. Josephson, prix nobel de physique en 1973, est un défenseur de la fusion froide. Josephson, était un adepte de la mémoire de l’eau du professeur Benveniste prouvant que l’homme fait preuve d’une grande curiosité en matière de théories physiques. La Nasa reconnaît l’existence de la fusion froide. Bref, le monde scientifique est chaud bouillant sur le sujet de la fusion froide. La réponse sur la véracité de la chose ne devrait pas tarder. Fin 2012, on devrait être fixé.
Demain, je vous parlerai plus en détail des hypothèses sur ces expériences / produits nouveaux sans doute basés sur la transmutation du Nickel en Cuivre mais avant ça, je crois que je vais commander mon e-Cat.
* A propos d'oeuf, en 1799 Louis-Nicolas Vauquelin décrit le phénomène de transmutation biologique, par lequel les poules transformeraient la silice en calcium lorsqu'elles vivent sur un terrain non calcaire afin de produire une coquille d'œuf dure. En 1959, Corentin Louis Kervran, physicien, émet l'hypothèse que cette transformation de silice en calcium serait une manifestation du phénomène de fusion froide.
10:28 Publié dans Au fil de la toile, Science | Lien permanent | Commentaires (2) |
24/02/2012
Elixir
Il se peut que dans très peu de temps, quelques mois, une année, la face de la planète change du tout au tout.
Ce qui est assez curieux, c’est que personne n’en parle et donc que peu de monde est au courant. Il faut dire que ce bouleversement est encore un peu conditionnel et qu’il s’applique à un domaine ou les promesses datent de la plus haute antiquité et n’ont jamais été tenues.
OK, vous me direz que si il suffisait que les promesses ne soient pas tenues pour que les gens se désintéressent d’un sujet, on ne ferait pas autant d’émission de télé sur les Présidentielles. Vous auriez raison.
Vous séchez ? Allez, je vous donne une piste. Cela à quelque chose à voir avec la pierre philosophale. Vous connaissez la pierre philosophale ? On l’appelait aussi élixir (ai-iksîr) dans l’alchimie médiévale arabe. C’était alors une substance liquide que savait produire le mage Ostanès, un disciple de Zarathoustra, rien de moins. Pierre ou liquide, c’est une substance alchimique qui a trois propriétés :
- Changer un vil métal en métal précieux
- Guérir les maladies,
- Prolonger la vie
On a fait un bout de chemin sur les deux dernières, mais la grande transformation, que je vous annonce, concerne une variante de la première qui consiste à changer un corps en un autre mais surtout en produisant le graal moderne : De l’énergie.
La transmutation, notez qu’on sait déjà le faire dans de grands chaudrons mais, bien que sophistiquée, la manière n’est pas satisfaisante. La preuve Tree Miles Island, Tchernobyl et les chaudrons de Fukushima qui laissent un goût amer à certains japonais. Bon, OK les plus informés auront compris de quoi je veux parler. Non, ce n'est pas de la substance que veut produire Gargamel. Allez, demain, je vous stroumphe tout.
11:47 Publié dans Au fil de la toile, Science | Lien permanent | Commentaires (2) |
11/02/2012
Déformatique
Dans le petit fascicule que m’a donné Claude Birraux, dont j’ai parlé hier, Yves Meyer, médaille Gauss, dit : Dans une école primaire de Nice, Gérard Berry dispense un enseignement expérimental : il apprend paradoxalement aux enfants la pensée informatique sans ordinateur, avec un très grand succès. Je renvoie la balle à Gérard Berry, que je vous suggère de convoquer ici pour qu’il vous fasse part de sa réflexion absolument prodigieuse sur ce sujet. Sur ce, Claudie Haigneré, première astronaute française et ex-ministre affirme : Les cours de désinformatique de Gérard Berry, devant le collège de pataphysique, sont tout à fait étonnants !
Moi, toujours à l’affût dès qu’on parle de pataphysique, je me précipite sur l’homme et sur le mot. Le mot, comme je n’en doutais est "déformatique". Que dit Google ? Presque rien du mot. Pourtant, déformatique, ça sonne vachement prometteur comme mot valise. L’informatique qui forme et qui déforme, même sans ordinateur, tout un programme.
On pense au robot à Ducros (le vulgarisateur scientifique d’Europe I), gros robot dont se moquait Boris Vian en 1953 dans un lettre à André Parinaud, grand arbitre des élégances littéraires au Figaro qui semblait inquiet à cause du robot… Une lettre écrite par Boris en tant que grand satrape du collège de pataphysique. Lisez l'extrait sur le site et la référence à Pic de la Mirandole, célèbre pantomathe.
Donc, rien ou presque sur le mot. Peu de chose sur l’homme, polytechnicien et informaticien qui semble être un bon vulgarisateur plutôt conventionnel (Le numérique c’est l’avenir… Ben oui !) du moins à première vue googlisante. Si vous avez des infos ou des désinfos, je suis preneur… Les commentaires sont faits pour ça.
18:16 Publié dans Mathématique, Science | Lien permanent | Commentaires (6) |