24/09/2015
Canonisation
Hier, au Sanctuaire national de l’Immaculée Conception à Washington, le pape François a canonisé Junìpero Serra. On a donc un nouveau saint.
Qui était donc Junìpero Serra ?
Commençons d’abord par la question « C’est quoi un saint ? ». Selon Wikipedia, « C’est, ou plutôt c’était, un être exemplaire proposé comme modèle de vie aux croyants. » Les saints sont, nous dit-on, avec les anges quelque part à la droite de Dieu. A sa gauche, il n’y a personne. Pas loin, il y a aussi des petits saints que l’on appelle des béatifiés.
Qu’avait donc Junìpero de si exemplaire pour avoir mérité la béatification par Popaul II et la canonisation par François I ? Selon Wikipedia :
Junípero Serra entra chez les Franciscains en 1730. En 1749, il part pour le Mexique. C’est à l’âge de 55 ans que ce petit homme, pas particulièrement robuste et marchant à l'aide d’une canne, accepte la tâche de coordonner les activités missionnaires en Californie.
En décembre 1774, le Vice-roi lui propose de participer à une expédition en Californie centrale, sous le commandement du capitaine de marine Juan Bautista de Anza. C'est ainsi qu'un premier camp militaire est établi. On y célèbre la messe. Ceci est le prélude à la création de nombreuses missions.
Selon un article publié ici, lors de l'ère missionnaire espagnole, le système a contribué directement ou indirectement à la mort de la moitié de la population Indienne de la Californie, population qui était estimée entre 300.000 et 1 million de personnes avant le premier contact avec les missionnaires catholiques. Les Indiens de la Californie, assujettis dans ces missions, parlaient entre 64 et 80 langues différentes et faisaient partie de la région la plus peuplée et variée parmi tous les autochtones de l'Amérique du Nord avant la colonisation. Les épidémies, les guerres et les conditions de vie dans les missions les ont décimés. Missions où ils se tuaient à la tâche et mourraient de faim. A partir de 1910, après un siècle et demi de missions, de ruées vers l'or et de réserves, il ne restait que 15.850 Indiens en Californie.
On peut donc en conclure que Junipero Serra a contribué au génocide des indiens de Californie. Et c'est cet homme que le pape François propose comme exemple aux fidèles.
Pendant ce temps on se bouscule à La Mecque.
Et que fait Dieu dans tout ça ?
12:21 Publié dans Religion | Lien permanent | Commentaires (6) |
15/07/2015
Régime
Pour entrer en contact avec Dieu sans trop se fatiguer, certains dans l’Himalaya utilisent des moulins à prière.
Grâce à la technologie, pour maigrir on a maintenant la possibilité d'utiliser des moulins à régime. Tranquillement assis dans son fauteuil, on peut voir son propre avatar s’alimenter sainement et faire du sport. Selon le Journal of Diabetes Science and Technology cela peut marcher. Étonnant non ?
La nouvelle date un peu mais vous l’avez sans doute ratée et si vous êtes en surcharge pondérale, elle doit vous intéresser…
« Les chercheurs américains ont montré à des femmes obèses des vidéos mettant en scène leur avatar. Dans ce DVD, le double virtuel apprend à remplir son caddie de produits sains ou à préférer des portions normales aux portions pantagruéliques. L’avatar vertueux pratique le tapis de course à l’allure ad hoc, montrant la quantité d’exercice nécessaire pour brûler des calories. Les candidates à l’amaigrissement, qui tentaient de perdre du poids depuis un an, ont visionné leur alter ego un quart d’heure par semaine pendant un mois, note le site américain ABC News. Au terme des quatre semaines, elles avaient perdu 1,6 kilo en moyenne. Un résultat prometteur, se félicite Melissa Napolitano, professeure associée à la George Washington University. Seuls bémols, la courte durée de l’expérience et le maigre échantillon étudié : huit femmes seulement ont pris part à cette étude pilote. »
On ne sait toujours pas si les moulins à prière donnent des résultats, il serait temps de faire une étude scientifique sérieuse comme celle de Melissa Napolitano pour savoir si les prières, moulin ou pas, sont vraiment exhaussées. A moins que Dieu ne soit qu'un avatar de plus. Allez savoir.
11:30 Publié dans Au fil de la toile, Religion | Lien permanent | Commentaires (1) |
16/03/2015
Et Dieu dans tout ça ?
Est-ce que la prochaine encyclique du pape François sera bannie dans l’administration de l'état de Floride ? La question se pose.
Nicolas Hulot, las de s’adresser à des politiques intéressés par leur seule réélection, a décidé de parler à Dieu par le truchement* de ses représentants. Pas sectaire le Hulot, il vise aussi bien le Dieu des catholiques et des protestants via le pape et les pasteurs que Allah via les mollah ou Jéhovah via ses rabbins et sans doute Bouddha* via ses lamas. Le pape l'a déjà reçu trois fois et va même nous pondre une encyclique.
Une encyclique est une lettre adressée par le pape à tous les fidèles. C'est une lettre « circulaire », même racine que bicyclette qui est un cycle à deux roues comme chacun sait. L'encyclique ne doit pas être confondue avec la bulle du pape ni d'ailleurs avec la mule du pape Boniface, un écrit d'Alphonse dans les lettres de son moulin.
Pendant ce temps, en Floride, les employés du ministère de la protection de l'environnement ne peuvent plus utiliser des termes tels que "réchauffement climatique" et "durabilité" dans leurs e-mails et rapports officiels, sous peine de sanctions graves. Le gouvernement ne croit pas au dérèglement climatique, il attend les cyclones de pied ferme.
Donc la lettre circulaire du pape ne pourra pas circuler au ministère
On se demande pourquoi le gouverneur de Floride, Rick Scott, [photo] garde un ministère de l'environnement. Il y a là des économies à faire. Pour éviter la prolifération des alligators, ils suffit d’envoyer des chasseurs bien armés.
Truchement : J'aime bien ce mot qui nous vient de l'arabe ترجمان, turǧumān. C'était un traducteur à l'époque des croisades. Avant de s'estourbir, il arrivait que l'on cause.
Je sais que Bouddha n'est pas Dieu mais en extrême-orient il arrive d'en douter.
16:24 Publié dans Religion | Lien permanent | Commentaires (3) |
11/03/2015
Amalgame
Café citoyen l'autre soir au Rouge et Noir sur le thème "Charlie, deux mois déjà". Le débat est resté dans les généralités sur les grands concepts du vivre ensemble. J'en suis ressorti frustré. C'est de ma faute, je pouvais m'exprimer. Je n'ai rien dit ou presque. Tant pis !
J'aurai aimé que l'on parle un peu plus de l'affirmation "Pas d'amalgame* (entre l'islam et l'islamisme)" qui me semble de plus en plus mise à mal par une grande partie de l'opinion publique. Ce point me tracasse depuis les événements. Je viens de trouver sur la toile une déclaration d'un journaliste de la télé égyptienne. C'est malheureusement en arabe sous-titré anglais. Le texte français est dessous. Ce monsieur Issa posent les vraies questions. L'Islam est bien en cause, tout ce que dit Daech est vrai ! Votre mission de chefs religieux est d’affirmer que si cela fait partie de notre religion, alors c’est que l’interprétation est fausse. Ne dites pas que l’islam n’a rien à voir avec cela. (ndlr : Au boulot les imams si vous ne voulez pas d'amalgame* !) Source
Ibrahim Issa: Chaque fois que l’EI commet des actes de barbarie, tels que décapiter, égorger ou brûler vive une personne, comme ils l’ont fait aujourd’hui, différents cheikhs déclarent – lorsqu’ils prennent la peine de s’exprimer – que cela n’a rien à voir avec l’islam, que l’islam n’est pas en cause, etc. Pourtant lorsque les membres de l’EI massacrent, assassinent, violent, immolent et commettent tous ces crimes barbares, ils affirment se fonder sur la charia. Ils déclarent que leurs actes sont fondés sur un certain hadith, sur un chapitre du Coran, sur une affirmation d’Ibn Taymiyyah ou sur une source historique. Il faut dire la vérité : tout ce que dit l’EI est exact.
Cela ne devrait surprendre personne, et personne ne devrait être choqué par ce que je vais dire. Toutes les preuves et les références que l’EI apporte pour justifier ses crimes, sa barbarie et sa violence horrifiante, criminelle et condamnable… Tous les preuves et les références qu’apporte l’EI, affirmant qu’elles peuvent être trouvées dans les livres d’histoire, de jurisprudence et de droit, s’y trouvent effectivement, et celui qui dira le contraire commet un mensonge.
[…]
Lorsqu’ils tuent quelqu’un en le qualifiant d’infidèle, lorsqu’ils violent une femme, qu’ils tuent des prisonniers et qu’ils massacrent et décapitent des gens, ils disent que le Prophète Mohammed leur a ordonné ! Dans quel contexte ? Quelle interprétation ? C’est une tout autre histoire. Aucun des [cheikhs d’Al-Ahzar] qui prétendent être modérés et qui ont demandé au président Al-Sisi de modifier le discours religieux n’ont eu le courage – pas une once de courage – de reconnaître que ces choses se trouvent effectivement [dans les sources islamiques] et qu’elles sont [moralement] erronées. Lorsqu’on prétend qu’un certain Compagnon du Prophète a fait ceci ou cela, vous devez répondre qu’il était moralement dans l’erreur. J’aimerais bien voir un seul cheikh d’Al-Ahzar avoir le courage de reconnaître qu’Abou Bakr a brûlé vif un homme. C’est vrai. Il a brûlé Fuja’ah [Al-Sulami]. C’est un épisode historique bien connu.
[…]
Abou Bakr était-il moralement dans l’erreur lorsqu’il a brûlé vif cet homme ? Personne n’ose le dire. Aussi nous sommes dans un cercle vicieux, et on peut s’attendre à de nouvelles barbaries, car toute cette barbarie est sacrée. Elle est sacrée. Cette barbarie se drape dans la religion. Elle est immergée dans la religion. Elle se fonde uniquement sur la religion. Votre mission [de chefs religieux] est d’affirmer que si cela fait partie de notre religion, alors c’est que l’interprétation est fausse. Ne dites pas que l’islam n’a rien à voir avec cela.
Selon Alain Rey, le mot amalgame vient d'un mot latin amalgama ou du grec ama - ensemble gamein - marier. Mais il pourrait aussi venir de l'arabe عمل الجمع āmal al-jamāa (« le fait de rassembler, d'unir ou de mélanger », « coït »)
19:42 Publié dans Religion | Lien permanent | Commentaires (3) |
12/02/2015
Blasphème
On a beaucoup parlé de blasphème à propos de Charlie. A l’origine, le mot blasphème avait le sens de « faire injure à la réputation de quelqu'un » donc le diffamer*. Progressivement le mot ne s’appliqua plus qu’à des paroles ou discours qui outragent la divinité.
En général les blasphémateurs sont des mécréants. C’est quand même étonnant que ceux qui ne croient pas ressentent le besoin d’attaquer la divinité qu’ils nient, il est encore plus surprenant que ceux qui croient s’en offensent. En réalité, c’est parce que ces derniers s’en offensent qu’il est bon de blasphémer pour montrer que l’on pense librement. Et bien sûr, si la menace des croyants devient très forte voire meurtrière il est d’autant plus important d’affirmer le droit au blasphème… C’est la confrontation de la violence et de la raison arbitrée par la liberté.
Zut, j'ai encore raté le côté humoristique de ma note. Tant pis ! Je ferai mieux le prochaine fois. Promis.
Dans Blasphème, il y a phème (dirait RV) et PHÈME c’est le mot grec pour dire mot, parole… Euphémisme vient donc de eu bon/bien et phéme mot/parole). Mais qu’est ce que le BLAS ? Ce pourrait être blaptō, injure ou blax stupide ou encore blabos qui veut dire dommage ou tort Mais blas ne vient pas de blabla qui est une onomatopée.
Quant à diffamer, il vient du latin fama, rumeur, bruit qui court, réputation. Fama a aussi donné infame, fameux, famé dans mal famé.
18:52 Publié dans Religion | Lien permanent | Commentaires (1) |
29/01/2015
Théière
En dépit de ma conversion en 2011 au pastafarisme et donc au culte du Monstre Spaghetti Volant Invisible, le MSVI, qui a créé l’univers après une bonne cuite, je continue ma quête des religions.
Comme l’Islam me préoccupe pas mal en ce moment, mon ami Dominique m'a fait découvrir « Pourquoi je ne suis pas musulman » d’Ibn Warrak. Il est en PDF ici. Un bon gros livre qui démonte les mécanismes de la croyance vu par un musulman avec analyse et exercices pratiques pris dans le Coran.
Ibn Warraq est un pseudo, il serait né en Inde en 1946, élevé au Pakistan et vit au Etats-Unis. Pseudo inspiré de Al Warraq qui était un érudit du IXième siècle qui contestait la notion de religion révélée. Al Warraq disait qu’on n’a pas besoin de prophète pour nous montrer comment on fait des flûtes ni comment en jouer.
Tout ça, c’est du pipo !
Le titre du livre serait calqué de « Pourquoi je ne suis pas chrétien » du mathématicien philosophe Bertrand Russell un athée militant. Avant le Monstre Spaghetti, Russell avait mis en orbite la Deus Ex-Théière.
Si je suggérais qu'entre la Terre et Mars se trouve une théière de porcelaine en orbite elliptique autour du Soleil, personne ne serait capable de prouver le contraire pour peu que j'aie pris la précaution de préciser que la théière est trop petite pour être détectée par nos plus puissants télescopes.
Mais si j'affirmais que, comme ma proposition ne peut être réfutée, il n'est pas tolérable pour la raison humaine d'en douter, on me considérerait aussitôt comme un illuminé.
Cependant, si l'existence de cette théière était décrite dans des livres anciens, enseignée comme une vérité sacrée tous les dimanches et inculquée aux enfants à l'école, alors toute hésitation à croire en son existence deviendrait un signe d'excentricité et vaudrait au sceptique les soins d'un psychiatre à une époque éclairée, ou de l'Inquisiteur en des temps plus anciens. »
Richard Dawkins ajoute :
« La religion organisée mérite la plus vive hostilité car, contrairement à la croyance en la théière de Russell, la religion organisée est puissante, influente, exemptée de taxes et systématiquement transmise à des enfants trop jeunes.
Si vous voulez croire aux licornes, aux petites souris, aux théières ou Yahvé, il vous incombe de le justifier. Il n'incombe pas au reste d'entre nous de dire pourquoi nous n'y croyons pas. Nous, les athées, sommes aussi des a-souristes et des a-théièristes. »
Et j'ajoute : même des a-pèrenoëlistes.
18:43 Publié dans Pastafarisme, Religion | Lien permanent | Commentaires (0) |
21/01/2015
Adonis
Je n’arrive pas à lâcher prise* avec cette histoire de Charlie. Nous sommes allé voir TIMBUKTU d'Abderrahmane Sissako. Des djihadistes imposent leur loi à Tombouctou. Un film très dur sur le fond et très beau sur la forme. Allez lire la critique de Pascale.
J’ai aussi beaucoup aimé l’analyse que fait Adonis, Ali Ahmed Saïd Esber (علي أحمد سعيد), un poète syrien qui vit chez nous, au sujet de la difficulté qu’ont les arabes a instaurer une société de progrès.
L’interdiction de la parole bloque tout. Le moindre mot, la plus petite opinion est considérée comme une crime alors que, dans le Coran, même Allah a écouté Satan. La démocratie exige une réinterprétation du Coran. La liberté n’est pas facile à vivre. Il est plus simple de faire confiance à un homme providentiel... On a connu ça.
18:02 Publié dans Mots, Religion | Lien permanent | Commentaires (6) |