26/04/2013
Singularité
Croyez-vous à la singularité ? Bien sûr me direz-vous. Chacun est un être singulier. Et il faut éviter de se singulariser. Frigid Barjot en est un bon exemple. Sa singularité la rend ridicule, et c’est une marque de bizarrerie et d’orgueil mal placé.
Il y a aussi la singularité mathématique. Pour la fonction y=1/x, la valeur zéro de x est une singularité qui ne donne aucune valeur pour y.
Mais quand la science fiction parle de singularité, elle traduit une acceptation du terme anglais singularity qui désigne le moment à venir où les machines seront devenues plus intelligentes que leurs créateurs et auront donc pris le pouvoir.
Il se peut que Frigid Barjot soit déjà un avant projet de la machine singulière, un brouillon un peu raté. Il faut avouer que cette hypothèse ne rassure pas vraiment.
La grande Relève
En 1935, Jacques Duboin, crée un mensuel, La Grande Relève.
Pourquoi ce titre ? Parce que, depuis quelques décennies, dans les pays industrialisés, on assiste au remplacement du travail humain dans la plupart des processus de production de biens et de services, par des machines, par des automates, par des commandes, par des informations.
Ainsi, consciemment ou non, l'humanité est-elle en train de vivre une véritable mutation, qui est l'aboutissement des recherches faites par les hommes pour diminuer leur peine à produire ce dont ils ont besoin pour vivre. Ils ont été «relevés» par la machine. Et du coup, il faut que l’économie devienne distributive.
La machine pense(ra)-t-elle ?
Malgré sa fabuleuse capacité d’anticipation, le génie de Duboin ne pouvait pas prévoir qu’un jour les machines pourraient résoudre avec autant de facilité un grand nombre de problèmes intellectuels que se pose l’homme. Il ne pouvait pas prévoir la fameuse loi de Moore qui explique que la vitesse des processeurs double chaque un an et demi. Et pas que les processeurs. La mémoire des ordinateurs a été multipliée par mille chaque 13 ans. 1983, 256K ; 1996, 256 Mega ; 2011 : 256 Giga.
Et on n'en connaît pas encore la limite.
Dans son roman Rainbows End, Vernor Vinge nous parle à travers une fiction du moment où la machine va finir par prendre son essor, disons vers 2025-2035.
Vernor Vinge est un informaticien et écrivain de science fiction très représentatif des adeptes de la singularité. Est-ce que ses prédictions auront autant de succès que celles des voyages extraordinaires de Jules Verne, un siècle plus tôt ? Ce serait inquiètant, je crois.
La singularité, est-elle possible ?.
13:24 Publié dans Duboin, Science | Lien permanent | Commentaires (0) |
25/04/2013
Surdité
Aujourd’hui, je me suis fait traiter de sourd par celui qui articule mal. C’est vexant. Faut-il que je fasse un bilan auditif ou est-ce lui qui doit prendre un cours de diction ? Du coup, il bredouille que pour le cours de diction, il n’est pas d’accord.
Il n’est pas plus sourd que celui qui ne veut pas entendre.
La surdité est une perte partielle ou totale du sens de l'ouïe. On parle aussi d'hypoacousie qui peut devenir pour les sourds totaux l'anacousie ou la cophose. Dans le cas de personnes âgées, on parle de presbyacousie qui commence à partir de 18 ans, paraît-il, et qui peut être aggravée par l’exposition trop proche et fréquente des baffles diffusant du rock à plein tube.
La cophose, surdité totale, peut être due à une fracture du rocher. Le rocher est la partie pétreuse de l’os temporal qui contient les fameux osselets, le marteau, l’enclume et l’étrier. Ces osselets transmettent et amplifie les vibrations du tympan jusqu’à la cochlée. Voir aussi cette note.
Curieusement, lors de Guitare en scène, célèbre festival de guitare de Saint Julien en Genevois, on croise des jeunes munis de bouchons d’oreille. Il arrive même que presque tous les auditeurs soient munis de ces bouchons. On penserait que baisser le son soit un solution, mais non…
Pour finir une digression sourde : Mon coeur est lourd... mon corps est sourd mes doigts sont gourds. Pour mourir, je pourrais me jeter du haut d’une tour et tomber dans la cour. Mais le sourd ne court-il pas le risque de ne pas entendre sonner sa dernière heure. Alors, réflexion faite, je cours.., boire une bière place du Bourg de Four.
16:17 Publié dans Mots, Textes | Lien permanent | Commentaires (0) |
23/04/2013
Sauna
Cela fait plusieurs années que j’envisage d’installer un sauna chez moi. J’aime bien le côté délassant des séances qui permettent selon Wikipedia :
- D'éliminer poux, puces, parasites et autres morpions.
- De calmer les nerfs.
- De chasser le stress.
- D’éliminer la fatigue.
- De stimuler la circulation sanguine
- De renforcer le système immunitaire
- De dégager les voies respiratoires.
- De suer et de nettoyer la peau.
- D’assouplir les muscles.
- De rêvasser au chaud ou encore de méditer peinard.
Se pose la question cruciale : A quelle température faut-il faire fonctionner le sauna pour profiter de tous ces bienfaits ?
Tentative de réponse avec une variante russe : la bania. On distingue la bania noire (баня по-чёрному) de la bania blanche (баня по-белому). La noire consiste à faire monter la température jusqu'à 60 °C, la fumée qui se dégage du poêle en brique sort à l'intérieur même du bain afin d'exterminer tous les microbes et germes qui peuvent s'y trouver.
La fumée est ensuite évacuée à l'extérieur afin de permettre aux visiteurs d'entrer sans être asphyxiés. Cette technique complexe nécessite entre 3 et 6 heures de préparation On comprend pourquoi les russes choisissent la bania blanche moins fumeuse.
Une température normale d'un sauna filandais (le mot est le seul emprunt français au finnois) est de 80%. Russe ou finlandais, il est de bon ton de se rouler dans la neige après avoir passer 15 minutes environ à 80° ou 20 minutes à 60°.
Mais, le fin du fin pour un finlandais (ou pour un finnois pas fini) est de laisser monter la température à 110°. Depuis 1998 à Heinola, charmante ville finnoise, on organise des championnats de saunas surchauffés. A 110°, on verse de l'eau sur les pierres toutes les trente secondes. C’est très horrible la sensation de chaud due à l’eau sur les pierres à plus de 100°.
Lors de l'édition 2005, le vainqueur homme est resté 13 minutes et 6 secondes dans l'étuve contre 8 minutes et 38 secondes pour la femme. En 2010, l'un des finalistes meurt de ses brûlures, tandis que l'autre est grièvement brûlé. Ils étaient tous deux restés six minutes dans la cabine chauffée à 110°C. L’histoire ne dit pas si le match était télévisé. Télé réalité à la finlandaise.
* pour la différence entre finlandais et finnois, prière de se reporter à son dictionnaire français-suomi ou suomi-lapon. Attention, le dictionnaire finno-suédois contient des erreurs de sémantique en confondant saamis et suomis. C'est peut-être la raison du drame ci-dessus, un manuel d'emploi du sauna écrit en suomi, traduit en coréen et lu par un suédois de langue maternelle bièlorusse, d'où brûlures... (simple hypothèse ma foi !)
23:14 Publié dans Au fil de la toile, Insolite | Lien permanent | Commentaires (1) |
21/04/2013
Bacon
On croit généralement que depuis feue Maggie Thatcher, l’Angleterre cache une économie libérale et que les patrons y sont rois. C’est un peu vrai sauf que… selon les directives pondues par la Commission pour l’égalité et les droits de l’homme (EHRC), les employeurs britanniques doivent respecter les convictions profondes de leurs employés.
Les végétariens peuvent donc refuser de nettoyer un frigo contenant de la barbaque, les végétaliens de s’asseoir sur une chaise en cuir. Ils peuvent aussi refuser de travailler dans cette nouvelle usine qui brûle du bacon et toute sorte de graisses de porc pour faire de l’électricité.
Les écologistes, qui se réjouiront sûrement de cette centrale à bacon, pourront critiquer leurs collègues motorisés, ou être exemptés de voyages d’affaires en avion et autres activités augmentant les émissions de CO2. Bref, l’ouvrier, pour peu qu’il sache choisir son prétexte peut tenir la dragée haute à son patron.
Attention, ces croyances doivent être sincères, souligne le EHRC. Pas de pitié pour les végétariens mangeurs de bacon !
Notez que la consommation de bacon au petit déj date de Edward Bernays, le père des Relations Publiques modernes et donc un bel escroc. Il travaillait pour des industriels du porc et il réussit à convaincre les américains que manger du bacon était excellent pour leur santé. C’est le même Bernays qui entre autres ladreries convainquit les américaines que fumer était très sexy.
A noter qu'en Arpitan on dit aussi bacon pour du lard.
23:25 Publié dans Au fil de la toile | Lien permanent | Commentaires (3) |
20/04/2013
Pokarekare Ana
Il y aura sans doute moins d'émotion mardi prochain en France qu'il n'y en a eu mercredi dernier en Nouvelle-Zélande lors du vote de la loi sur le mariage pour tous.
La chanson que chantait les tribunes s'intitule Pokarekare Ana, c'est une sorte d'hymne bis de la NZ. Ecoutez cette superbe version par la soprano Hayley Westenra
Les vagues déferlent sur la côte de Waiapu,
Mon cœur se languit de ton retour, mon amour.
O bien-aimée, reviens-moi, mon cœur se brise d'amour pour toi.
Je t'ai écrit une lettre, et y ai joint mon anneau,
08:55 Publié dans Au fil de la toile | Lien permanent | Commentaires (0) |
17/04/2013
Myrmécophages
Un grand morceau de la chronique 490 qui nous parle de l’oryctérope mais aussi d’autres myrmécophages. Étymologie: du grec murmêkès, fourmi. Lire la note savante de feu le Gardes Mots sur le mot myrmidon.
(…) Cette chronique a toujours fait le plus grand cas de l’oryctérope et de son caractère rêveur. (…) jamais ici nous ne sommes passés devant lui sans lui tirer l'oreille ou lui flatter le museau. L’oryctérope et le vrai premier homme se sont toujours trouvés au coeur de nos soucis.
Tamanoir (Myrmecophaga tridactyla)
Pourquoi ? parce qu'ils sont admirables. Et scientifiques. Presque incroyables. Regardez l’homme changer de chaussettes ou faire la queue devant un cinéma de quartier. C’est un spectacle magnifique. Mais que dire de l’oryctérope. « Il faut le prendre tel qu'il est », écrit M. Leloup dans un grand magazine. Il a raison : tel qu‘il n‘est pas, l’oryctérope serait moins beau. Il a un groin de cochon et des pieds de kangourou, des oreilles d‘âne et une mâchoire de crocodile. Sa chair sent la fourmi. Sa nature est timide profondément méditative. I1 mérite 1'amitié de toutes les personnes sensées. Il vit sa vie dans des terriers profonds. Il s‘y livre à des songes informes, des songes d’oryctérope. Il sort au crépuscule et sautille en Afrique du Sud. Dans la forêt. Parmi les ombres. De termitière en termitière. Elles sont dures comme la céramique.
I1 vit de cadavres au fond d‘un noir terrier et grogne quand on le contrarie. Citons aussi tous les myrmécophages qui posent le pied sur le coté, parce qu‘ils marchent les poings fermés, si bien qu‘ils avancent très lentement.
(Tamandua mexicana)
Ainsi le fourmilier à crinière, appelé aussi tamanoir, qui se sert de sa queue majestueuse comme d'un balai et d‘une ombrelle, d'un parapluie, d‘une ramasse-miettes et le tamandua à queue prenante qu’on dénomme aussi « frère prêcheur » parce qu’à la moindre alarme il ouvre ses deux bras, en position de « Dominus Vobiscum ». Ainsi le fourmilier didactyle ; ainsi le pangolin à grosse queue, qui est doux, qui pousse de faibles cris, qui est myope, pas plus gros qu‘un gros chien et peut traîner, sans ralentir sa marche lente, dix hommes attaches à un câble.
Fourmillier didactiles en haut - Tamanoir en bas et pangolin à droite
Tels sont les songeurs myopes qui tuent les fourmilières.
Mais le plus beau est l'oryctérope, parce que nul ne sait d'ou il vient. Il a dû sortir d’un oeuf d'ange. Inclassable. Tombé de la Lune. C‘est la plus grande aventure de Dieu.
Résumons-nous : l’oryctérope fourmille ; et, guidé par un songe informe qu‘il a fait au fond de son terrier, il assassine les fourmilières. Nul ne sait d‘où il vient mais on voit où il va. Craignez ses rêves et sa myopie. Regardez-le, et vous aurez peur. Sa petite tête de lézard géant, son groin de porc et ses oreilles d‘âne ornent d‘effrayants crépuscules.
11:28 Publié dans Vialatte | Lien permanent | Commentaires (2) |
16/04/2013
Oryctérope
Certains lecteurs me reprochent d’être beaucoup trop cryptiques et disent ne rien comprendre à mes notes parce que trop savantes (gentil), pédantes (moins gentil), cuistres (pas gentil). A la relecture je constate que je suis parfois cuistre, quelquefois pédant, à l’occasion savant et la plupart du temps informatif. Je tente de me limiter à une page d’écran pour certaines lectrices un peu fainéantes qui me reprochent les notes trop longues (ce qui ne les empêche pas de dérouler des kilomètres de pages facebook).
En fait, ma limite, c’est Vialatte. Comme je ne peux pas être aussi bon que lui, je ne voudrais pas me montrer plus savant. Aredius a eu la bonne idée de lancer des notes sur la base de petits textes de Vialatte. C’est ici. Je le mets aussi colonne de droite sous Vialatte du jour.
Exemple de Vialatte court et très savant piqué chez Arédius.
Elles (les fourmis) reviennent, poussant devant elles les prisonniers et les troupeaux pris à l'ennemi; (Certaines espèces font des esclaves. On a vu des fourmis sanguines mourir de faim plutôt que de se servir elles-mêmes, faute de fourmis cuniculaires pour venir leur donner la pâtée ! Tel est le polyergue roussâtre.) L'oryctérope entre là-dedans au clair de lune comme l'éléphant parmi la porcelaine et détruit rêveusement toutes ces aristocrates. Il est contre "le mythe de l'élite". La République n'a pas besoin de savants. "
Chronique 490
L'oryctérope est le fourmillier/termitier en photo. Notez qu'Alexandre n’avait pas le Web. Polyerque roussatre, fourmis sanguines. Quant à cuniculaires, je n'ai pas compris ce que le lapin (coniglio en italien) venaient faire chez les fourmis. J'avais cru trouver un lien mais je l'ai perdu. A votre bon coeur donc messieurs les savants.
L'Oryctérope du Cap (Orycteropus afer), aussi appelé cochon de terre, est un mammifère fourmilier d'Afrique, qui joue un rôle écologique important en contrôlant l'extension des populations de termites. Orycteropus afer est la seule espèce vivante du genre Orycteropus, unique membre de l'ordre des tubulidentés. Sacré Vialatte !
18:20 Publié dans Vialatte | Lien permanent | Commentaires (0) |