15/08/2013
Addiction
Georges Simenon confiait un jour à son ami Fellini qu'il avait couché avec dix mille femmes. Parmi ces femmes, beaucoup de prostituées que son épouse lui procurait pour satisfaire son addiction au sexe.
Homme de tous les records, Georges Simenon, marié à 19 ans, fut très vite dévoré d'appétits sensuels. Devenu une célébrité, il se faisait une gloire de ses prouesses sexuelles. Amateur de putains rieuses, de bonnes rondelettes et de «coups de fusil» dans les hôtels, il fut un don Juan impudique.
Il dissimulait à peine sa bigamie lorsqu'il partagea sa vie entre sa cuisinière et sa seconde épouse. «Nous faisions l'amour tous les jours, trois fois par jour, avant le petit déjeuner, après la sieste et avant de se coucher», a rapporté cette dernière.
Il fallait avoir les moyens d’un Simenon (ou ceux d’un DSK) pour satisfaire un tel appétit. Encore que si on se contente de rapports virtuels, le Web est là pour satisfaire (ou pas) cette addiction très répandue.
Il y aurait 4.2 millions de sites Web porno soit 12% de la totalité des sites web recensés (1/8ème du Web) et les recherches de contenus pornographiques représentent 25% (1/4) de toutes les recherches faites
sur Internet et provoquent, à elles seules, la visite de près de 400 millions de pages "classées X" par jour. Enorme !
Devant l’affluence de patients qui se considèrent comme malades du sexe, un grand nombre de cabinets se sont ouvert au US ces dernières années. Cabinets qui pratiquent des prix conséquent. Alors, que faire quand on est sexe addict et qu’on n’a pas les moyens de se soigner ?
Pour l’addiction au jeu, on peut se faire interdire de casino. On peut aussi se faire interdire de site porno. On peut aussi attendre que la loi prennent des mesures d’interdiction. Ce sera bientôt le cas en Islande. Au royaume Uni, David Cameron a un projet de ce style mais l’Europe s’y refuse. Affaire à suivre...
Petite référence à Ferré:
Heureusement il y a le lit: un parking!
Tu viens, mon amour?
Et puis, c'est comme à la roulette: on mise, on mise...
Si la roulette n'avait qu'un trou, on nous ferait miser quand même
D'ailleurs, c'est ce qu'on fait!
Je comprends les joueurs: ils ont trente-cinq chances de ne pas se faire mettre...
Et ils mettent, ils mettent...
Le drame, dans le couple, c'est qu'on est deux
Et qu'il n'y a qu'un trou dans la roulette...
Extrait d'Il n'y a plus rien
Le mot addiction a remplacé assuétude. Addictus en latin signifiait abandonné, solitaire. En droit romain l'addictus était le débiteur insolvable adjugé comme esclave au créancier. Faire des dettes est donc une addiction qui entraine rapidement la solitude.
Assuetudo signifiait habitude. La solitude de l’homme dépendant et esclave des ses mauvaises habitudes.
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13/08/2013
LBSJS
Dans des temps post soixantuitards, j’avais un camarade de militance qui développait de belles idées altruistes et marxistes mais qui traitait sa femme comme une boniche. J’avoue que je ne supportais pas bien la contradiction.
Vous avez sans doute entendu parler des déboires de Daniel Mermet, grand pourfendeur d’injustice, qui est accusé de maltraiter ses collaborateurs. C’est une accusation récurrente puisqu’en 2003, une assistante de production de Là-Bas Si J’y Suis (LBSJS) a fait une tentative de suicide et que deux reporters ont eu des ennuis pour n’avoir pas signer la pétition qu'avait écrite Daniel lui-même en soutien à Mermet.
Difficile d’attaquer le grand timonier des après-midi de France Inter, la caution d’extrême gauche d’une radio que Le Pen traite de bolchevique, le prêcheur de la croisade du peuple contre les patrons, l’ayatollah de l’alter mondialisme, le défenseur médiatique officiel du prolétaire, de la veuve et de l’orphelin (si issus de la classe ouvrière). Si on l’attaque, on est immédiatement soupçonné d’être tombé dans le camp de la réaction. Eh bien tant pis !
C’est ce que s’est dit un journal que l’on ne peut pas accuser d’être réac, Article11. L’article est ici très documenté.
Du coup, François Ruffin, ami et collaborateur de Daniel s’est fendu d’un texte pour défendre Mermet avec des arguments dignes du plus beau réalisme soviétique souci d'efficacité politique... Comme disait Mao « Qu’importe que le chat soit noir ou gris pourvu qu'il attrape des souris » Les souris étant ici les patrons, les économistes libéraux et tous les bousilleurs de planète…
Article 11 n’a pas publié le texte de Ruffin. Ils expliquent en détail pourquoi… extrait :
Non, nous pensons juste que le talent et le succès ne sauraient compenser des pratiques autoritaires et humiliantes. En aucun cas. Au contraire, il appartient aux gens doués et dotés d’une certaine puissance, d’une influence et d’un pouvoir sur les gens (et c’est bien le cas du taulier de LBSJS), de se montrer exemplaires. A fortiori quand ils ont bâti toute une carrière en défendant la veuve et l’ouvrier. Si ceux qui se font les étendards de notre cause se comportent plus ou moins régulièrement comme ceux qu’ils dénoncent, il faut le dire et l’écrire - et tant pis pour les dents qui grincent. À quoi bon se battre, sinon ? En quoi croire encore ? Autant se mettre au tricot, au jardinage ou à la spéléologie (activités fort respectables par ailleurs). Et laisser définitivement la politique de côté.
Ceci dit, LBSJS est une excellente emission bourrée d'excellents reportages. A mon goût, Mermet devrait moins y jouer au prècheur mais depuis que les gens ne vont plus à la messe, ils ont, semble-t-il, besoin de sermons.
Selon moi, monsieur Mermet, 71 ans, qui a beaucoup milité pour la retraite à 60 ans, devrait donc lâcher la rampe médiatique. On trouvera bien un autre défenseur des plus démunis. D'ailleurs ses proches collaborateurs plus jeunes sont des gens de grand talent. L'antenne a horreur du vide.
On espère qu’il ne s’accrochera pas comme le sénescent Bouvard, sinon il faudra bien le traiter de Pécuchet
23:17 Publié dans Au fil de la toile | Lien permanent | Commentaires (5) |
11/08/2013
à la nabocoque
Un lecteur qui se dit « somme toute assidu » de ce blog, sans doute interpellé par mon interjection « Va te faire cuire un œuf, hé banane ! », m’a gentiment envoyé cette petite recette que l’on doit à Nabokov. Une preuve que les grands esprits ne négligent pas les détails de la vie quotidienne qui font la joie des petits matins blêmes.
A noter que perso, plutôt que de Tapoter en rond autour de la coquille avec une petite cuillère, puis enlever ce couvercle en faisant levier, j’utilise ce coupe-œuf-coque, assez pratique à condition que l’œuf ne se fasse pas la malle.
Œufs a la nabocoque
Faire bouillir de l'eau dans une casserole (quand des bulles apparaissent, c'est que ça bout !). Prendre dans le frigo deux œufs (quantité pour une personne). Les passer sous l'eau chaude courante pour les préparer à ce qui les attend. Les placer l'un après l'autre dans une cuillère, et les faire glisser silencieusement dans l'eau (bouillante). Consulter sa montre. Se tenir au-dessus d'eux avec une cuillère prête à les empêcher de heurter les fichus bords de la casserole (ils ont tendance à rouler). Si malgré tout un oeuf se fissure dans l'eau (qui bout maintenant comme une enragée) en commençant à dégorger un nuage d'une substance blanche, comme un médium de l'ancien temps, le retirer et le jeter. En prendre un autre et faire plus attention. Au bout de 200 secondes ‑mieux vaut compter 240 avec les interruptions ‑ entreprendre de repêcher les œufs. Les placer chacun dans un coquetier, le gros bout vers le haut. Tapoter en rond autour de la coquille avec une petite cuillère, puis enlever ce couvercle en faisant levier. Prévoir du sel et du pain (blanc) beurré.
Montreux, 13 novembre 1972
Texte inédit paru dans le Magazine Littéraire N° 379, septembre 1999
Traduit de l'anglais par Hélène Henry
NB: Il existe des versions plus travaillées du coupe-œuf-coque. L'auteur de ce blog n'acceptera aucune réclamation.
21:21 Publié dans Au fil de la toile | Lien permanent | Commentaires (1) |
10/08/2013
Muray et sa blonde
Philippe Muray (1944-2006) était sans doute un sale type. Mais un sale type qui savait écrire. Il était plus réac qu'Eric Zémour. Il savait mettre en valeur les idées les plus rétrogrades. C'était un réac de toutes obédiences, anti progrès, anti société, anti règles, anti tout, misanthrope, misogyne, misandre, misengarde, misenbière, misosocialo, misantout et même limite fascho.
Cependant, il faut bien admettre que les idées réacs font des textes plus marrants que les idées de la bien- pensance de gauche. Les exemples pullulent dans la littérature du siècle dernier... Chardonne, Nimier, Laurent, Blondin...
En effet, la littérature comme le théâtre est beaucoup plus attirante quand elle est nous fait nous poiler. Une figure de style qui essaye de nous convaincre du bien fondé de la générosité, de l’altruisme, des bons sentiments, de la compassion est toujours plus affligeante que la même figure qui transperce d’un trait la carapace de vertu d’une dame patronnesse ou d'un politicien compatissant.
Muray savait comme personne poser des questions et dégonfler les baudruches de la modernité et de la post modernité. Il s’en prenait au clinquant, au faussement charitable, aux dévouements bidons, aux lois protectrices, au désintéressements factices... Et forcément, il s’en dégageait une impression de haine de tout ce qui est gentillesse, douceur et bonté, d'où mon qualificatif de "sale type".
Lucchini, après avoir dit Lafontaine et Céline, s’est attaqué à Muray. Il a notamment dit sur scène le poème « Tombeau pour un touriste innocente » qui, il faut bien l’avouer est un petit bijou. Mon passage préféré « Petit poulets de grain ayant accès au pré ». Fabrice dans sa loge :
Rien n´est jamais plus beau qu´une touriste blonde
Qu´intervieuwent des télés nippones ou bavaroises
Juste avant que sa tête dans la jungle ne tombe
Sous la hache d´un pirate aux façons très courtoises
Elle était bête et triste et crédule et confiante
Elle n´avait du monde qu´une vision rassurante
Elle se figurait que dans toutes les régions
Règne le sacro-saint principe de précaution
13:52 Publié dans Humour, Textes | Lien permanent | Commentaires (5) |
09/08/2013
Inch'Allah
Il y a indiscutablement un problème de fierté arabe ou plutôt de fierté mal placée qui conduit plutôt à une mésestime de soi que perçoivent beaucoup d'arabes. Ceci peut s’expliquer par les dictatures, le développement économique en panne, des libertés publiques en berne, etc… Certes ! On nous dit que les « révolutions » pourraient changer tout ceci.
Bien sûr, bien sûr !
A condition qu’elles ne s’enferrent pas dans un retour à des traditions d’un autre âge, les soi-disant « spécificités culturelles » voire génétiques prônées par Ehnarda ou les supporter de Morsi. Pour illustrer la chose, j’ai trouvé ce petit texte de Joumana Haddad publié le 17 juin dans Now de Beyrouth et reproduit par Courrier International :
Au bout d’une heure de retard, le pilote de Tunis Air a finalement pris le micro pour nous assurer que notre avion décollerait bientôt “bi iznillah” (si Dieu le permettait), que nous arriverions à destination plus tôt que prévu “inch’Allah” (si Dieu le voulait bien) et que le climat de la capitale serait chaud et ensoleillé “alhamdulillah” (grâce à Dieu).
Il est intéressant de noter que la version anglaise de son message ne reprenait pas exactement les mêmes termes. Ce pilote était apparemment d’avis que les passagers étrangers (les “infidèles”) préféraient croire que leur avion volerait grâce à ses compétences de pilotage et quelques lois physiques ; que la durée de notre vol serait raccourcie grâce à des vents favorables ; et que les conditions météorologiques locales seraient du genre estival du fait des saisons et de cette chose qu’on appelle “la rotation de la Terre autour du Soleil”.
Voilà résumé en deux paragraphes, ce qui fait problème. Tant que les avions continueront de voler alhamdulillah, décolleront bi iznillah et arriveront inch’Allah, les révolutions continueront de battre de l’aile.
Et c’est ainsi qu’Allah est grand aurait conclut mon ami Vialatte.
12:37 Publié dans Au fil de la toile, Religion | Lien permanent | Commentaires (4) |
06/08/2013
Pharmaciens
Pharmaciens fuyant l'orage Analyse de l'oeuvre de Chaval ci-dessus par Alexandre :
Hélène Babu - Lecture - Les pharmaciens fuyant... par Alexandre_Vialatte
07:45 Publié dans Vialatte | Lien permanent | Commentaires (0) |
04/08/2013
Le lion
C'est les vacances, alors je vialattise un peu...
qu'est-ce donc qu'Alexandre essaye de dessiner...
un lapin ?
un kangourou peut-être ?
un chameau ?
ou encore le fameux colin de Virginie
à moins qu'il ne croquasse un Lion :
C’est un vertébré d’un beau roux qui a la couleur du lièvre, avec l’oreille plus courte et la crinière plus forte, et le seul mammifère qui naisse les yeux ouverts. Il marche obliquement et lentement, comme le homard, mais légèrement, et en portant la tête plus haut, ce qui lui confère plus de majesté. Le Dictionnaire de Dupiney de Vorepierre ajoute qu’ « il ne monte pas aux arbres pour attraper le cynocéphale » : on voit par là que les recherches pourront se limiter au sol quand le lion s’échappe des ménageries.
François Marthouret - Lecture - Lion par Alexandre_Vialattess
22:21 Publié dans Vialatte | Lien permanent | Commentaires (1) |