20/05/2014
Vin gagaouze
J'ai déjà parlé ici de la Gagaouzie turcophone fortement russifiée (les confettis jaunes sur la carte). En février dernier, les gagaouzes ont voté pour une intégration dans l'Union douanière avec la... Russie.
J'y reviens suite à un article de Courrier International qui nous apprend que comme le reste de la Moldavie, la Gagaouzie est productrice de vin...
L’ancien maire, Dmitri Stamat, confirme que Tomaï, bourgade fière de son exploitation vinicole, Tomaï-Vinex, qui emploie quelque 120 villageois, se vide un petit peu plus chaque jour. Il ajoute qu’il vaudrait mieux que le village disparaisse, surtout si le pays se rapproche de l’Union européenne. “Il y a quelques années, il y avait environ 1 400 enfants, il en reste 372 aujourd’hui. Et plus qu’une seule crèche. L’école aussi est vide. Il n’y a plus de jeunes, ils partent tous. Les femmes travaillent en Turquie, les hommes à Moscou.”
J'avoue que je ne comprends pas très bien pourquoi ils sont si hostiles à une entrée dans l'Europe alors qu'ils sont voisins des ukrainiens de l'ouest, ceux de la place Maïdan, qui eux semblent être très favorables à l'UE. Récemment, une délégation de la Fédération de Russie a promis d’accorder 300 bourses d’études aux enfants de Gagaouzie. Les gagaouzes sont inquiets d'une possible flambée du gaz russe en cas d'adhésion de la Moldavie en Europe...
Par ailleurs, je n'arrive pas à trouver de vin moldave en France. En fait, c'est peut-être l'explication. S'ils arrivaient à écouler leur production à l'ouest au lieu de vendre à bas prix en Russie ou au Kazakhstan, ils seraient peut-être plus enclins à nous trouver sympathiques. D'autant que ces dernières années les russes refusent leur vin au prétexte qu'il contiendrait des pesticides. Affirmation sans preuve pour punir les sympathie moldaves pour l'UE.
Bref, il faudrait aller faire un tour à Comrat et pousser jusqu'à Chisinau et Tiraspol et surtout goûter leur vin pour se rendre compte.
09:32 Publié dans Courrier International, Géographie | Lien permanent | Commentaires (5) |
05/02/2014
Vote gagaouze
J'ai commencé à parler sur ce blog de la sagesse gagaouze en 2003 puis de la Gagaouzie en 2005.
Dans le cadre de ces débris d'URSS, voici un nouvel épisode Gagaouze.
On sait que les Gagaouzes, qui sont moldaves, ne sont pas chauds pour une intégration de la Moldavie, roumanophone à la roumanie.
Eh bien le 2 février, les habitants turcophones de ce mouchoir de poche (en jaune) ont voté à plus de 95% pour une intégration dans l'Union douanière avec la Russie.
Ces ilôts en jaune seront-ils un jour de nouvelles enclaves russes dans l'UE comme l'est déjà Kaliningrad ?
10:29 Publié dans Géographie | Lien permanent | Commentaires (0) |
24/12/2013
Ij
En France nous avons le fleuve de mots croisés le plus court du monde, l’Aa.
En Russie, ils ont la rivière la plus courte, l’Ij, Иж en russe, et Оӵ, Otš en oudmourte. Cette rivière traverse l’Oudmourtie et le Tatarstan. C'est un affluent droit de la Kama, donc un sous-affluent de la Volga.
L’Oudmourtie (en rouge) est un sujet de la Fédération de Russie (en blanc), capitale Ijevsk (la ville sur la Ij)
Pourquoi je vous parle de l’Oudmourtie, c’est parce qu’à Ijevsk, se trouve le plus grand musée du monde d’armes. C’est aussi parce que c’est là que l’on a fabriqué le plus grand nombre de Kalachnikov dans l’usine Ijmash où travaillait Michaël Kalachnikov, décédé hier, et son fils.
Ijevesk est aussi connu pour son usine Ijmekh/Izhmekh qui a produit un grand nombre de motos et de voitures. Renault y a construit une usine à la fin des années 60. Cette année les deux usines Ijmash and Ijmekh ont fusionnées sour le nom de "Kalashnikov Concern" (usine, complexe ?). Espérons que les voitures qui en sortiront seront moins meurtrières que la mitraillette éponyme.
09:03 Publié dans Géographie | Lien permanent | Commentaires (3) |
21/10/2013
La vache !
On connaît
la longue histoire
de la vache
dont voici
la version courte:
La vache a deux sous-produits... le lait et la bouse
Oublions le lait,
Quant à la bouse... de deux choses l'une,
Soit elle tombe dans le pré, soit elle tombe sur le chemin
Si elle tombe dans le pré, aucune importance
Si elle tombe sur le chemin... de deux choses l'une,
Soit elle est sèche, soit elle est fraîche
Si elle est sèche, aucune importance
Si elle est fraîche... de deux choses l'une,
Soit on la voit, soit on ne la voit pas
Si on la voit, aucune importance
Si on ne la voit pas... de deux choses l'une,
Soit on ne marche pas dedans, soit on marche dedans
Si on ne marche pas dedans, aucune importance
Si on marche dedans... de deux choses l'une,
Soit on ne s'en aperçoit pas, soit on s'en aperçoit
Si on ne s'en aperçoit pas, aucune importance
Si on s'en aperçoit... on s'écrit :
"Oh la vache..." qui a deux sous-produits... le lait et la bouse
Blague à part, on apprend sur Courrier International, le seul journal vraiment sérieux, que la vache relâche 300 kilos de méthane (CH4, encore appelé gaz naturel) par jour. Le méthane est des dizaines de fois plus créateur d’effets de serre que le CO2 habituellement incriminé.
1,5 milliard de vaches sur la planète relâchent donc 165 milliards de tonnes de méthane par an. Ceci pourrait permettre à 1,5 milliard de voitures de parcourir 100 km par jour ou encore de faire fonctionner toute l’année 1,5 milliard de frigo de 100 litres.
Les scientifiques argentins se sont penchés sur la question et ils ont réussi à pomper les gaz digestifs dans la panse de l’animal à l’aide d’un système de canules pour en isoler le méthane. Capturées, les flatulences sont stockées dans un réservoir en plastique accroché au dos du ruminant. Le méthane recueilli est séparé des autres gaz, puis comprimé. Il peut alors servir de carburant pour voiture ou de gaz de ville.
Quand le méthane brûle, il donne de l’eau et du gaz carbonique bien moins dangereux pour le climat. J’entends d’ici votre commentaire vous vous dites « Ah la vache argentine ! », qui a trois sous-produits…
Ceci dit, sans méthane, la bouse produite donne-t-elle un engrais de qualité ? De deux choses l'une...
Encore un mot : attention aux expérience stupides.
18:46 Publié dans Au fil de la toile, Géographie, Planète, Questions essentielles | Lien permanent | Commentaires (4) |
03/10/2013
Commonwealth
Je découvre que le Cameroun fait partie du Commonwealth des Nations depuis 1995. J’aurais dû le savoir car je me souviens que Ron, un cousin par alliance, était allé donner des cours d’anglais à Yaoundé. Il m’en est resté une phrase « Il n’y a pas d’hôtel central à Yaoundé ! » prononcée avec un fort accent camerounais par un douanier immense qui voulait un pot de vin (bakchich en arabe, bribe en anglais) que Ron refusait obstinément au risque de rater son avion. Preuve que l’anglais même intellectuel, même mort de trouille (frightened to death) refuse la corruption avec vaillance (with bravery). Ron était bien descendu à l’Hôtel Central, encore une preuve que le gouvernement du Cameroun prenait au sérieux les cours d’anglais. Il a finalement pu embarqué de justesse pour rentrer sain et sauf (safe and sound) dans sa banlieue londonienne.
A vrai dire, cette note concerne la Gambie car la Gambie vient de quitter le Commonwealth sans préavis réduisant ce groupement de nations de 11'300 km2 en surface et de près de 2 millions d’habitants. Il reste encore une bonne surface avec, entre autre, l'Australie, le Canada, le Nouvelle-Zélande, tous fidèles au roi et à la reine depuis 1931.
Pour ceux qui ne le sauraient pas la Gambie est un état longiligne qui borde le fleuve Gambie, état enclavé dans le Sénégal, à l’ouest de l’Afrique donc. Sénégal et Gambie ont même formé l’état de Sénégambie de 1982 à 1989. Imaginez un état formé de la France et de l’Angleterre. Ça ne peut pas marcher. Just impossible !
La capitale de la Gambie se trouve à l’embouchure du fleuve Gambie. « Je chanterai les fleuves de la terre, Que serait la terre sans ses fleuves ? Les ponts les plus beaux y perdraient beaucoup de leurs charmes, on ne saurait plus sur quoi les bâtir... Où se suiciderait le comptable infidèle ? Plus de promenades en bateau-mouche (…) On voit par là l’importance des fleuves. Ils vont tous se jeter dans la mer* » disait Vialatte. La Gambie ne fait pas exception. C'est donc un fleuve exoréique*. A noter que le fleuve comme le pays sont féminin (non Greg, il n'y a pas de règles, on dit le Rhône).
Sa longueur est de 1 130 km, dont 500 km sont navigables. Son débit à Gouloumbou (entre Sénégal et Gambie) varie de 1m3/s à 1150 m3/s. Avant Gouloumbou, le fleuve traverse le Parc national du Niokolo-Koba et on peut y voir des hippos (l’hippo est un mammifères cétartiodactyle** proches génétiquement de la baleine mais moins gros). Après Gouloumbou, le dénivelé est très faible. La Gambie prend sa source dans le massif du Fouta-Djalon, en Guinée. Comme le fleuve Méandre cher à Vialatte, la Gambie effectue de nombreux méandres. À partir de la frontière entre la Guinée et le Sénégal, la pente est faible.
* Vialatte ne connaissait pas les fleuves endoréiques qui ne se jettent pas bêtement dans la mer : le Tarim, la Volga, le Syr-Daria, l’Amou-Daria et l’Oural pour ne citer que les plus grands qui s'abandonnent au milieu des terres.
** Les Cétartiodactyles (Cetartiodactyla) forment un ordre de mammifères ongulés dont la principale particularité est de posséder un nombre pair de doigts (2 ou 4) aux membres inférieurs, contrairement au équidés (cheval 1 doigt), aux rhinos (3 doigts) et à l’homme (5) qui sont périssodactyles. Les tapirs (seuls représentants des tapiridés aurait ajouté Vialatte) sont contrariants, ils possèdent trois doigts aux membres postérieurs et quatre aux antérieurs. Le tapir herbivore ne doit pas être confondu avec le tamanoir qui a cinq doigts aux pattes de devant ainsi qu'à celles de derrière et qui, lui, est myrmécophage.
Vocabulaire en + : Commonwealth est un mot anglais qui date du xve siècle. Commonwealth vient des mots wealth, anciennement « bien-être », et common, « commun ». Il peut être considéré comme la traduction de « res publica » en latin qui donne notre république.
A noter le glissement de sens de wealth qui de bien-être devient richesse. Preuve que la sémantique des mots suit la logique de la civilisation. Aujourd'hui, seul le fric compte pour mesurer le bien-être. A noter que les québécois utilisent le mot « bien-être » pour désigner l’aide sociale versée aux personnes dans le besoin.
17:44 Publié dans Au fil de la toile, Géographie, Mots | Lien permanent | Commentaires (2) |
25/08/2013
Monnaie de Yap
selon Courrier Intenational, l'ETG a achèté Yap
ETG est un groupe chinois, Exhibition and Travel Group. Non, Evian-Thonon-Gaillard n’est pas devenu chinois.
Yap (ou encore Wa'ab) est un groupe d’îles de Micronésie dans le Pacifique au nord de la Papouasie Nouvelle Guinée, plus ou moins à la latitude du milieu de l’Australie et proche de l'équateur.
Une superficie de 102 km2, plus petit que Jersey.
Yap a aujourd'hui 11'000 habitants. Le contrat prévoit 10'000 lits d’hôtel et 12'000 emplois.
Pas sûr que la tranquillité de l’archipel y gagne. Quand on connaît les groupes de touristes chinois, on regrette les allemands bruyants, les français hâbleurs et les ricains outranciers.
En quelle monnaie les chinois ont-il acheté tout ça ? Yap a une monnaie originale, La monnaie de pierre, en langue yap Rai.
Les pierres de Yap sont de grosses pierres rondes semblables à des meules, comportant un trou en leur milieu, et dont la taille peut aller de 80 centimètres à 4 mètres de diamètre. Elles sont taillées dans un matériau natif composé d'aragonite et de calcite. Elle pèsent du quintal à plusieurs tonnes.
Répertoriées, elles sont au nombre de 6 600 exemplaires et uniquement destinées aux gros achats (c’est donc le cas) Ce système empêche l'inflation car la quantité de monnaie est limitée et le vol quasi impossible. Lire les détails ici.
Brisées, ces pierres n'ont plus aucune valeur aux yeux des autochtones. Les habitants de Yap, pour ne pas risquer de les casser pendant un transport périlleux, laissent les plus lourdes au même endroit et notent mentalement à qui la pierre appartient.
Donc, aujourd’hui, dans la tête des yapais (ou des yapiens, yapites, yapois allez savoir) elles doivent être toutes chinoises. Ils ont brader leurs îles. Faut-il leur jeter la pierre ?
07:38 Publié dans Géographie | Lien permanent | Commentaires (3) |
19/05/2013
Scalp
L’homme voyageur s’est fait scalper par un grand sorcier. Normalement le sorcier ne scalpe pas. La scalpation est l’affaire des guerriers. La valeur du peau-rouge se mesure au nombre de scalps récoltés.
Le scalp peut être pris sur un ennemi mort ou vivant, peu importe. Ce qui compte c’est le trophée.
Dans le cas de notre voyageur, c’est le sorcier de Dijon qui a marqué un point.
En fait, le découpage du scalp ne remonte pas au amérindiens et encore moins à la chirurgie moderne appliquée à notre ami voyageur. Cette sympathique coutume remonte aux Scythes. C’est du moins ce que nous narre Hérodote qui est quand même le papa de l’histoire et même de la géographie et donc le saint patron du voyageur.
Voici ce qu’il nous rapporte dans son Histoires au livre 4, chapitre 64 : « Quant à la guerre, voici les usages qu'ils observent. Un Scythe boit du sang du premier homme qu'il renverse, coupe la tête à tous ceux qu'il tue dans les combats, et la porte au roi. (…) Pour écorcher une tête, le Scythe fait d'abord une incision à l'entour, vers les oreilles, et, la prenant par le haut, il en arrache la peau en la secouant. Il pétrit ensuite cette peau entre ses mains, après en avoir enlevé toute la chair avec une côte de bœuf ; et, quand il l'a bien amollie, il s'en sert comme d'une serviette. Il la suspend à la bride du cheval qu'il monte, et s'en fait honneur : car plus un Scythe peut avoir de ces sortes de serviettes, plus il est estimé vaillant et courageux. Il s'en trouve beaucoup qui cousent ensemble des peaux humaines, comme des capes de berger, et qui s'en font des vêtements.
Les amers indiens avaient donc tout appris des scythes qui pourtant vivaient au Kirghizstan sur la route de la soie. A noter que l'homme kirghize protège habilement son scalp [photo].
A noter encore que français et anglais du nouveau monde, toujours avides de progrès, offraient, eux aussi, des primes élevées en récompenses des scalps ennemis.
Par contre, ils gardaient la côte de bœuf pour le barbecue.
18:31 Publié dans Au fil de la toile, Géographie | Lien permanent | Commentaires (2) |