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03/02/2012

Sur un petit violon

La version clown-clown :
Raymond Devos le Clown se meurt par aandre_danyel

La version clown triste:
Giani Esposito - "Le Clown" par RioBravo

22:07 Publié dans Musique | Lien permanent | Commentaires (1) |

02/02/2012

L'éléphant s'évapore

ElephantEvapore.jpg

Pour Vialatte, l’éléphant est irréfutable, chez Murakami, il s’évapore. C’est le titre d’un recueil de nouvelles publié il y a 20 ans au Japon et que je n’avais pas lu.

C’est un bonheur rare de découvrir un Murakami point encore lu. En plus j’aime particulièrement les nouvelles.

Celles-ci ne sont pas toutes du même niveau mais celles qui sont bonnes, sont superbes et il y en a pas mal sur les 17 du recueil.


Cela commence par une nouvelle qui a sans doute servi d’esquisse pour l’oiseau à ressort. On y retrouve le chat Noboru Watanabe nommé ainsi parce qu’il « ressemble » à son beau-frère, pas vraiment un compliment. D'ailleurs dans la nouvelle Family affair, on découvre ce fameux beau frère pas trop sympathique au narrateur.

Toutes les nouvelles sont racontées à la première personne, ce qui fait surgir souvent des récits étranges comme ce préposé aux lettres de réclamations dans une entreprise qui se met à répondre à une cliente en lui faisant d'étranges digressions sur les kangourous... La force de Murakami, c’est de nous décrire des chose banales, boire une bière, peler des oignons… et de passer soudain dans une autre dimension, on adore la bière et on prend son pied avec le bizarre qui lui succède. Un écrivain ! Un grand. Il se dit admirateur de John Irving, j’espère juste qu’Irving se dit admirateur de Murakami. Ils se ressemblent, ce sont des tous grands.

Même si tous les personnages ne sont pas déjantés, ils sont souvent en phase de déstabilisation: hommes au chômage au foyer, femmes seules noyant leur mélancolie en contemplant leur jardin, femme qui n'arrive plus à dormir, homme mono maniaque dont le passe-temps favori est de brûler des granges abandonnées. Cela donne des nouvelles au bord du vertige, très poétiques, comme cet homme "obsédé" par les chinois et qui s'assoit sur le port et attend à l'horizon, en vain, un cargo pour la Chine.

Des coups de coeur pour quelques nouvelles comme les granges brûlées ou ce nain qui danse, raconté par un "fabricant d'éléphant" ! En effet, les éléphants ne se reproduisent que tous les cinq ans ; des adorateurs pressés fondent une société d'approvisionnement en éléphants pour pallier à ce handicap ! Dans cette usine, un nain qui danse merveilleusement bien passe un pacte avec l'ouvrier pour qu'il puisse séduire une jeune ouvrière... Je crois qu’il n’y a que Murakami pour me faire avaler un truc pareil en me donnant autant de plaisir de la lecture.

Une nouvelle un peu décevante les TV people.

08:07 Publié dans Murakami | Lien permanent | Commentaires (0) |

01/02/2012

Paule Thevenin

En 1946, Antonin Artaud sort de l'asile de Rodez où il vient de passer neuf ans. Des amis, Arthur Adamov et Marthe Robert entre autres, s'entremettent pour lui trouver un hébergement en milieu médical, proche de Paris. Une jeune interne en psychiatrie, Paule Thévenin, âgée de vingt-trois ans, rend visite au docteur Delmas qui a une maison de santé à Ivry. Delmas va accepter de loger Artaud dans un bâtiment à l'écart où il pourra écrire en toute liberté. 

Peu de temps avant sa mort en 1948, Artaud, qui a l'habitude de dicter ses textes une fois rédigés, demande à Paule Thévenin de les taper à la machine. Il lui dicte différents textes, dont le célèbre Van Gogh le suicidé de la société.

A sa mort, Paule Thévenin va vouer sa vie à la publication des œuvres complètes d’Antonin Arthaud. Recherche de textes, d’articles, de lettres, assemblement des écrits et des centaines de cahiers saturés d'encre où même le blanc des interlignes pouvait être crayonné. Va-et-vient entre les manuscrits, les dactylographies, les ajouts, les transformations, les ratures, déchiffrement de l'écriture qui fut bien souvent un démêlement des lettres, des néologismes voire des glossolalies, c'est-à-dire de tous les outils sonores employés par Artaud pour parvenir à retrouver le chantonnement de la langue. 

Personnage secret et discret, Paule Thévenin n'aura jamais cessé d'être au carrefour des « avant-gardes » de son temps, dans l'amitié d'œuvres aussi diverses que celles de Louis-René des Forêts et de Pierre Guyotat, de Pierre Boulez et de Jacques Derrida, ou encore de Tel quel et de Jean Genet – qu'elle avait su paradoxalement apprivoiser au point d'en devenir l'intermédiaire, l'intercesseur et, pour ainsi dire, l'imprésario au sens moral du mot. [copié ici]

Mais que serait devenue Paule Thévenin, l’arbitre des avant-gardes littéraires et artistiques, sans cette rencontre avec Arthaud ? Une bonne psychiatre ou même une mauvaise. Qui sait ?

30/01/2012

Banane Bleue

Banane_bleue.jpg

Est-ce que Vialatte aurait commencé ce sujet sur la banane bleue en disant que les villes existent depuis la plus haute antiquité ? Je ne sais pas, mais je suis sûr que lui, n’aurait pas confondu mégaLOpole et mégapole, ni bien sûr métropole (la ville-mère de nos pères).

 

La ville grecque de Mégalopolis n’est pas une mégalopole ni même une mégapole. Une mégapole se doit d’avoir 10 millions d’habitants* (norme onusienne que satisfont moins de 30 villes dans le monde). Une mégalopole est un espace urbanisé polynucléaire formé de plusieurs agglomérations dont les banlieues et couronnes péri-urbaines s'étendent tellement qu'elles finissent par se rejoindre. (pas mal Wikipedia !) Les plus connues sont : celle qui va de Boston a Washington, celle de Toronto-Montréal-Chicago-Détroit, le continuum Rio-Sao-Paolo, celle de Hong-Kong-Chenzen-Canton, celle de Tokyo-Fukuoka… 

300px-Blaue-banane.pngLa banane bleue est donc notre mégalopole à nous. Inventée par R. Brunet, elle englobe Londres, le Randstad Holland (Utrecht, Amsterdam, La Haye et Rotterdam), la zone Rhin-Ruhr (Cologne, Bonn, Dusseldorf, etc…), Strasbourg, Luxembourg, Francfort, Stuttgart, Zurich, Bâle, Turin, Milan) C’est un mégalopole pleine de trous. Elle a surtout un inconvénient, elle n’englobe pas Paris.

Alors on si on prend Paris dans le cercle, ou plutôt l'ellipse orange sur l'illustration, on parle du ring. Un mot qui rappelle l'anneau du Niebelung de Wagnerm, des opéras dont le prélude est  l’or du Rhin, le fleuve qui se trouve au cœur de ce système. Les capitales européennes Bruxelles et Strasbourg sont au centre. 

 

 

220px-Pentagone_europ%C3%A9en_European_pentagon.pngUne autre vision est le pentagone que forment les villes de Londres-Paris-Milan-Munich-Hambourg.

Quand aux métropoles, allez donc consulter vous-même la définition. Il est quand même étonnant de penser que métro vient du sanscrit meter, la mère. La psychanalyse y verrait sans doute un signe de l’inconscient collectif aux galeries méandreuses, vermiculaires et souterraines. 

* Megalopolis, la ville d’Epaminondas en Grèce, a aujourd’hui 5 mille habitants et n'en avait probablement guère plus dans l’antiquité.

17:17 Publié dans Géographie | Lien permanent | Commentaires (4) |

28/01/2012

Nombril

Question intéressante posée par Arédius : Nantes est-il le centre du monde ? Vous me connaissez, si on m’interroge, je ne réponds pas toujours mais je cherche toujours. Première réponse, pas trace de centre à Nantes à l'exception du centre d'état civil ! En fait, on se demande si Arédius ne se prendrait pas pour le nombril du monde. Non, il est trop modeste pour ça.

1999956789.jpgOn sait que les anciens grecs tenaient Delphes pour le nombril du monde (l’omphalos). On sait aussi que Salvator Dali tenait la gare de Perpignan pour le centre du monde. A mon grand ravissement, je découvre que Roger Brunet, éminent géographe toulousin s’est posé la question et donne quelques réponses dans le numéro de ce mois de Sciences Humaines consacré à Bourdieu.

Chaque point du globe est le centre sur une sphère. La question d’Arédius est plutôt de trouver le centre des terres émergées. Le centre serait alors le point où le parallèle 23° N rencontre le méridien 28° E, mais cette rencontre se fait en deux endroits : en plein désert égyptien d'une part, en plein océan Pacifique de l'autre. Deux centres du vide en quelque sorte !

images?q=tbn:ANd9GcQgAtPdf7VZDykwm7-ZeCdqMtL_m3ULvpQUTZWCa-Maz79fCTlJPas génial. Peut-être vaut-il mieux adopter l’île Dumet, non loin de Nantes comme le suggère Arédius. Une île de 8 hectares qui fut sans doute un jour rattachée au continent (massif armoricain). Aucun doute cette petite île est une vraie terre de légendes et d’énigmes diverses, un bien meilleur candidat que le gare de Dali. Lisez l’article. Elle aurait remplacée Rome comme centre des terres émergées.

festivalduNombril-Pougne.pngL’île Dumet est en forte concurrence avec Pougne-Hérisson. Ce village du Poitou, source de tous les mythes au logis.Une commune unique et double à la fois. Pougne, sa mairie, son église dédiée à St Pou (guérisseur des maladies nerveuses provoquées par la peur), son bistrot… un point très très Yang et Hérisson, sa chapelle, ses prés humides, son Nombril, fondamentalement Yin. Pougne-Hérisson est le ventre historique de la naissance des histoires du monde. Tous les mayas vous le diront.


images?q=tbn:ANd9GcTLIQOdQSmaNey5NKNnznol_H8Cni0eUV1ymRODaawwncE2jPoZDRtUgpONRoger Brunet dit que si l'on regarde le monde du point de vue du nombre d’humains qui l'habitent, il faut trouver un centre de gravité à partir des zones les plus peuplées. Il faut se rendre en Asie. « La moitié de l'humanité vit dans un large fuseau qui englobe la plus grande partie de l'Inde et de la Chine, mais aussi la quasi totalité du désert du Tibet et une bonne partie de la Sibérie ». En tenant compte du foyer européen et américain, le centre du peuplement se trouverait au Rajasthan. Exacetment au Yantra Mandir à Jaïpur au nord-ouest de l’Inde, l'observatoire astronomique construit sur ordre du mahârâja Jai Singh II pour son guru dans le but de déterminer les moments les plus propices pour les grands événements. Il est inscrit depuis 2010 sur la liste du patrimoine mondial de l'UNESCO.

Un autre calcul le donne à la frontière sud du Qatar, un centre de l'humanité en plein désert. Si Roger Brunet avait pris comme critère la richesse mondiale, il serait sans doute tombé sur la Rue du Mur ou éventuellement dans une salle de conférence de Davos à cette époque de l’année. D'autres idées ?

Ma grande crainte serait que ce centre du monde ne devienne vraiment que virtuel et commercial !

A la réflexion, je vote pour Pougne-Hérisson !

27/01/2012

Sphère cornue

Connaissez-vous les sphères cornues ?

Savez-vous ce qu’est un espace connexe ?


La France n’est pas connexe, L’Espagne non plus. Par contre la France métropolitaine sans la Corse et les enclaves est connexe et ce que les espagnols appellent La Peninsula est aussi connexe à condition de ne pas considérer les Baléares comme partie de la Peninsula... En topologie, un espace connexe est donc un espace d’un seul tenant. Facile !

 

 

Jordan_curve_theorem.png

Le mathématicien lyonnais Camille Jordan (1838-1922) tenait absolument à démontrer qu’un lacet posé sur un plan partageait l’espace en deux parties. En effet, contrairement à Kant qui pensait que les mathématiques sont fondées sur l'évidence intuitive des choses, Jordan croit en la démonstration à tout prix... et donc...



 

Jordan-curve-%283%29.jpg

Il démontre très difficilement et plus ou moins bien le coup du lacet. Notamment, il explique qu’une droite (verte) tracée d’un point à l’intérieur du lacet (bleu) le coupe un nombre impair de fois, et une droite (rouge) tracées d'un point extérieur le coupe un nombre pair de fois.

D’autre feront d’autres démonstrations et bien sûr tenteront d’étendre le problème aux dimensions supérieur à 2. C’est une manie chez les mathématiciens de tenter des généralisations. Mais en réfléchissant aux surfaces fermées de l’espace*, Alexander a découvert en 1923 qu’il existait une drôle de bestiole qui ne se laissait pas enlacer même avec le meilleur lacet ou lassot. C’est la sphère cornue d’Alexander. Une fractale. Voilà comment on la construit... Photo et video.

alex.jpg

 

La sphère cornue est appelé une surface pathologique. En mathématiques, un objet pathologique désigne un objet qui s'oppose à l'intuition que l'on a de la situation générale. Un peu malade quand même.

Je vous laisse méditer la phrase de Poincaré :

« La logique parfois engendre des monstres. On vit surgir toute une foule de fonctions bizarres qui semblaient s'efforcer de ressembler aussi peu que possible aux honnêtes fonctions qui servent à quelque chose. Plus de continuité, ou bien de la continuité, mais pas de dérivées [...] Autrefois, quand on inventait une fonction nouvelle, c'était en vue de quelque but pratique ; aujourd'hui, on les invente tout exprès pour mettre en défaut les raisonnements de nos pères, et on n'en tirera jamais que cela. »

* Quel est le nombre de dimensions d’une surface fermée de l’espace, surface fractale, comme la sphère cornue, 2 ou 3 ?

On peut penser que la réponse est 2, virgule des bricoles. Les fractales définissent des espaces à dimensions non entières. Les matheux comprendront pourquoi.

06:43 Publié dans Mathématique | Lien permanent | Commentaires (2) |

26/01/2012

вода - voda

L’eau coule lentement, à preuve le Dniepr (Днепр) dont je parlais hier. D’une longueur de 2290 kilomètres, il naît dans les collines de Valdaï (Валда́йская возвы́шенность) aux environs de 220 mètres d’altitude et se jette dans la mer noire en passant par Kiev. Ce qui fait un dénivelé de 1 mètre tous les 10 kilomètres ou encore 1 cm tous les 100 mètres. Même en vélo, on ne sentirait pas la pente.

280px-The_Bridge_through_the_Volga.jpgMais, il y a mieux, la Volga (Волга), le plus grand fleuve d’Europe, qui fait 3700 kilomètres (1 cm tous les 180 mètres). La Volga naît au même endroit ou presque dans ces collines et se jette dans la Caspienne après être passé entre les villes de Saratov (Саратов) et Engels (Энгельс) reliées par un pont de 3 kilomètres (photos).

Les collines de Valdaï se trouvent à mi chemin entre Moscou et Saint Petersbourg. C’est le paradis des pécheurs paraît-il. La Volga, Le Dniepr y prennent leur source mais aussi la Daugava, fleuve qui se jette dans la Baltique et traverse Riga ainsi que la rivière Msta (Мста) qui nait dans le lac Mstino se jette bien plus loin dans la courte Neva (74km seulement) via trois lacs le lac Ilmen, la (rivière ?) Volkhov (Во́лхов) puis le lac Ladoga (Ладожское озеро)

carte-europe-fleuves.jpg

Errata : La Soukhona se jette en fait dans la Dvina qui elle-même se jette dans la Mer Blanche (Artique).

Que d'eau ! Que d'eau ! Disait Mac Mahon face à la Loire en crue. 

03:07 Publié dans Géographie | Lien permanent | Commentaires (0) |