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01/02/2012

Paule Thevenin

En 1946, Antonin Artaud sort de l'asile de Rodez où il vient de passer neuf ans. Des amis, Arthur Adamov et Marthe Robert entre autres, s'entremettent pour lui trouver un hébergement en milieu médical, proche de Paris. Une jeune interne en psychiatrie, Paule Thévenin, âgée de vingt-trois ans, rend visite au docteur Delmas qui a une maison de santé à Ivry. Delmas va accepter de loger Artaud dans un bâtiment à l'écart où il pourra écrire en toute liberté. 

Peu de temps avant sa mort en 1948, Artaud, qui a l'habitude de dicter ses textes une fois rédigés, demande à Paule Thévenin de les taper à la machine. Il lui dicte différents textes, dont le célèbre Van Gogh le suicidé de la société.

A sa mort, Paule Thévenin va vouer sa vie à la publication des œuvres complètes d’Antonin Arthaud. Recherche de textes, d’articles, de lettres, assemblement des écrits et des centaines de cahiers saturés d'encre où même le blanc des interlignes pouvait être crayonné. Va-et-vient entre les manuscrits, les dactylographies, les ajouts, les transformations, les ratures, déchiffrement de l'écriture qui fut bien souvent un démêlement des lettres, des néologismes voire des glossolalies, c'est-à-dire de tous les outils sonores employés par Artaud pour parvenir à retrouver le chantonnement de la langue. 

Personnage secret et discret, Paule Thévenin n'aura jamais cessé d'être au carrefour des « avant-gardes » de son temps, dans l'amitié d'œuvres aussi diverses que celles de Louis-René des Forêts et de Pierre Guyotat, de Pierre Boulez et de Jacques Derrida, ou encore de Tel quel et de Jean Genet – qu'elle avait su paradoxalement apprivoiser au point d'en devenir l'intermédiaire, l'intercesseur et, pour ainsi dire, l'imprésario au sens moral du mot. [copié ici]

Mais que serait devenue Paule Thévenin, l’arbitre des avant-gardes littéraires et artistiques, sans cette rencontre avec Arthaud ? Une bonne psychiatre ou même une mauvaise. Qui sait ?